Aube
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Albert-Robert
Art. Ri
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Aube
Sur tes épaules l'aube
se pose comme un geai bleu,
tu mets ton écharpe autour de mon cou
et l'hiver tiédit sous cette moisson de laine.
Le murmure des oiseaux tire notre coracle.
Discrètement des araignées d'eau jouent à la marelle près du rivage.
Des brumes légères jouent au peintre avec le soleil,
le tamisent,
estompent son bas ventre,
l'embuent comme un soupir près d'une vitre
et sa lueur bleuit tendrement.
Ta main sur la mienne est une rosée sur l'herbe
Un vent doux s'enroule autour des bois voisins et chatouille les arbres.
- Entends-tu rire leurs feuilles ?
- Je les entends pleurer de joie,
la peau des branches frémir,
les roseaux s’égoutter avant la gelée
et, là-bas,
les flocons danser comme un présage.
Une étoile se dissipe dans la lumière fraîche,
je fais un v avec le doigt pour la remplacer.
Je dis
"vole !"
pour t'impressionner.
Un passereau noir s'en échappe comme une ombre.
Tu me regardes avec des yeux de violette
restons silencieux pour ne rien gâcher
Ecoute ce chuchotis... penses-tu soudain
le monde parle plus doucement à ceux qui s'aiment...
Notre bateau migre.
Il fait beau.
Il fait tendre.
Il fait flou, il fait chaud,
mais seulement sur tes lèvres.
Nous continuons au hasard des marées,
décrivant sur le large une ligne de ruisseau,
j'écoute tes secrets.
Ils vont à moi comme des fleuves ténus.
Ils me rendent meilleur,
triste aussi,
triste comme une nuit blanche...
Ils me disent :
- rémi l'aube meurt et bientôt nous la porteront en deuil,
rémi la ville repousse le rêve, rémi la réalité enfle !
voilà... l'obésité morbide du soleil...
la lune étouffe sous son poids.
voilà... le gras froufrou des nuages,
et notre ruisseau aux bras fragiles comme des pétales
fane
il fait si tiède soudain !
regarde croupir notre rosée
crier les mobylettes
cracher les pigeons
Et moi de me dire :
- Le jour n'a plus de pudeur.
Où est l'enfance des choses, des vertiges, des brûlures...
Où sont tes hésitations blessantes comme des flèches ?
Le monde ne murmure plus.
Il ne tient pas parole.
Et notre monde,
frai,
nos chaudes larmes,
coulent à nos pieds,
sèchent,
durcissent,
macadam glissant comme le mauvais sel.
Marchons.
Nous avons le jour cru et dru pour oublier.
Mais nous n'avons pas appris à marcher ici.
Nous piétinons.
se pose comme un geai bleu,
tu mets ton écharpe autour de mon cou
et l'hiver tiédit sous cette moisson de laine.
Le murmure des oiseaux tire notre coracle.
Discrètement des araignées d'eau jouent à la marelle près du rivage.
Des brumes légères jouent au peintre avec le soleil,
le tamisent,
estompent son bas ventre,
l'embuent comme un soupir près d'une vitre
et sa lueur bleuit tendrement.
Ta main sur la mienne est une rosée sur l'herbe
Un vent doux s'enroule autour des bois voisins et chatouille les arbres.
- Entends-tu rire leurs feuilles ?
- Je les entends pleurer de joie,
la peau des branches frémir,
les roseaux s’égoutter avant la gelée
et, là-bas,
les flocons danser comme un présage.
Une étoile se dissipe dans la lumière fraîche,
je fais un v avec le doigt pour la remplacer.
Je dis
"vole !"
pour t'impressionner.
Un passereau noir s'en échappe comme une ombre.
Tu me regardes avec des yeux de violette
restons silencieux pour ne rien gâcher
Ecoute ce chuchotis... penses-tu soudain
le monde parle plus doucement à ceux qui s'aiment...
Notre bateau migre.
Il fait beau.
Il fait tendre.
Il fait flou, il fait chaud,
mais seulement sur tes lèvres.
Nous continuons au hasard des marées,
décrivant sur le large une ligne de ruisseau,
j'écoute tes secrets.
Ils vont à moi comme des fleuves ténus.
Ils me rendent meilleur,
triste aussi,
triste comme une nuit blanche...
Ils me disent :
- rémi l'aube meurt et bientôt nous la porteront en deuil,
rémi la ville repousse le rêve, rémi la réalité enfle !
voilà... l'obésité morbide du soleil...
la lune étouffe sous son poids.
voilà... le gras froufrou des nuages,
et notre ruisseau aux bras fragiles comme des pétales
fane
il fait si tiède soudain !
regarde croupir notre rosée
crier les mobylettes
cracher les pigeons
Et moi de me dire :
- Le jour n'a plus de pudeur.
Où est l'enfance des choses, des vertiges, des brûlures...
Où sont tes hésitations blessantes comme des flèches ?
Le monde ne murmure plus.
Il ne tient pas parole.
Et notre monde,
frai,
nos chaudes larmes,
coulent à nos pieds,
sèchent,
durcissent,
macadam glissant comme le mauvais sel.
Marchons.
Nous avons le jour cru et dru pour oublier.
Mais nous n'avons pas appris à marcher ici.
Nous piétinons.
Art. Ri- Nombre de messages : 314
Age : 26
Date d'inscription : 28/10/2010
Aube
Quijze ans !! Comme quoi "la valeur n'attend pas le nombre des années"
Albert-Robert- Nombre de messages : 492
Age : 82
Localisation : Drôme
Date d'inscription : 21/04/2012
Re: Aube
je lis cette promenade comme un reader-digest poétique
alors continue à laisser trotter le cheval
ses piétinements voleront plus léger
alors continue à laisser trotter le cheval
ses piétinements voleront plus léger
Re: Aube
C'est beau et mélancolique. Certaines phrases me dérangent ou ne m'atteignent pas mais elles sont noyées dans l'ensemble, une ambiance brumeuse et aquatique qui me plaît beaucoup. Cela m'évoque un peu Les Vagues de Woolf, non pas dans l'écriture elle-même mais dans les images invoquées (mais il faut se méfier des associations, c'est sûrement aussi parce que j'y pensais récemment). Bravo en tout cas.
Re: Aube
j'aime bien quand les brumes légères estompent le bas ventre du soleil, et l'embuent comme un soupir près d'une vitre.
et puis ceci, que je trouve très beau:
"Tu me regardes avec des yeux de violette"
"j'écoute tes secrets.
Ils vont à moi comme des fleuves ténus.
Ils me rendent meilleur,
triste aussi"
"Il fait beau.
Il fait tendre.
Il fait flou, il fait chaud,
mais seulement sur tes lèvres"
"Marchons.
Nous avons le jour cru et dru pour oublier.
Mais nous n'avons pas appris à marcher ici.
Nous piétinons."
il y a des agencements plus convenus qui viennent diluer le potentiel de ce poème, et c'est dommage car on ressent bien pourtant la...condensation.
et puis ceci, que je trouve très beau:
"Tu me regardes avec des yeux de violette"
"j'écoute tes secrets.
Ils vont à moi comme des fleuves ténus.
Ils me rendent meilleur,
triste aussi"
"Il fait beau.
Il fait tendre.
Il fait flou, il fait chaud,
mais seulement sur tes lèvres"
"Marchons.
Nous avons le jour cru et dru pour oublier.
Mais nous n'avons pas appris à marcher ici.
Nous piétinons."
il y a des agencements plus convenus qui viennent diluer le potentiel de ce poème, et c'est dommage car on ressent bien pourtant la...condensation.
Invité- Invité
Re: Aube
Il y a d'excellents passages. je ne les citerai pas tous mais j'ai aimé particulièrement ces deux premiers vers qui m'ont incitée à poursuivre ma lecture :
Sur tes épaules l'aube
se pose comme un geai bleu,
Ta main sur la mienne est une rosée sur l'herbe
le gras froufrou des nuages,
- Le jour n'a plus de pudeur.
Où est l'enfance des choses, des vertiges, des brûlures... etc.
Mais il y a aussi des choses plus banales, plus lourdes et sur un texte aussi long cela me paraît inévitable.
Je crois qu'il te faudrait gratter un peu, "dégraisser", pour que ressortent mieux ces belles images. En particulier supprimer ce genre de petites phrases : Et moi de me dire ou penses-tu soudain qui me paraissent trop du domaine de la conversation en prose.
Ecoute ce chuchotis...penses-tu soudain
le monde parle plus doucement à ceux qui s'aiment...
Ce genre de poème avec ses réflexions induites par une promenade qu'on suit avec plaisir demande à reposer un peu avant d'être repris pour n'en garder que la quintessence. Enfin, c'est mon avis et ma manière de procéder
Sur tes épaules l'aube
se pose comme un geai bleu,
Ta main sur la mienne est une rosée sur l'herbe
le gras froufrou des nuages,
- Le jour n'a plus de pudeur.
Où est l'enfance des choses, des vertiges, des brûlures... etc.
Mais il y a aussi des choses plus banales, plus lourdes et sur un texte aussi long cela me paraît inévitable.
Je crois qu'il te faudrait gratter un peu, "dégraisser", pour que ressortent mieux ces belles images. En particulier supprimer ce genre de petites phrases : Et moi de me dire ou penses-tu soudain qui me paraissent trop du domaine de la conversation en prose.
Ecoute ce chuchotis...
le monde parle plus doucement à ceux qui s'aiment...
Ce genre de poème avec ses réflexions induites par une promenade qu'on suit avec plaisir demande à reposer un peu avant d'être repris pour n'en garder que la quintessence. Enfin, c'est mon avis et ma manière de procéder
Re: Aube
De temps en temps, j'ai ce plaisir, comme vous partagé, je suppose, de retrouver... comme un ami perdu de vue... il revient faire un tour dans votre vie puis s'en retourne faire sa vie, ailleurs...
Je lis mais ne commenterai pas.
Je relirai, et encore...
et encore...
Je lis mais ne commenterai pas.
Je relirai, et encore...
et encore...
Pussicat- Nombre de messages : 4841
Age : 56
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
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