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Quand le sage montre la lune…

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Polixène
Mugen
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Message  Mugen Mar 25 Juin 2013 - 11:54

Je viens de terminer mon second roman. Je vous en proposerai les chapitres, et si le coeur vous venait de les lire et de les commenter, ne prenez pas de gants!

Titre : Quand le Sage montre la lune...

Synopsis :
Quand deux petits escrocs tombent sur un plus gros poisson qu’eux, la désillusion est plutôt rude. Reste la vengeance, mais à quel prix ?
Une histoire de sagesse en forme de farce – à moins que ce ne soit le contraire – qui mêlera cynisme, violence, humour potache et fantastique. Le second degré serait un minimum requis pour se lancer sereinement dans cette lecture…




Partie 1

"L’observateur des hommes et de la vie qui n’aboutit pas au comique est un observateur bien incomplet."
Paul Léautaud



1

Toutes les histoires vraies se terminent mal, ceci est inhérent à la condition humaine. Il suffit pour cela d’en pousser le récit suffisamment loin dans le temps, et alors, sans aucun doute possible, un événement fatal finira par venir y poser son barrage implacable.
L’histoire que nous nous proposons de raconter ici ne fait pas exception. Et aussi vrai qu’il ne faudra pas s’attendre à un dénouement heureux, il serait vain d’espérer voir Karl Loiseau cesser par miracle d’être un connard fini.
Qu’est-ce que ce Karl Loiseau ? Nous l’allons dire sans tarder, l’occasion semblant trop belle : Karl était un connard, effectivement. Car il faut bien appeler les choses par leur nom. Mais attention, un vrai connard ! De ceux qui ne planifient jamais rien plus de deux secondes à l’avance. Considérez la mémoire d’un poisson rouge, mais que l’on appliquerait au futur, et vous aurez le principe. Un pauvre bougre qui aurait tenté de lui faire comprendre les possibles conséquences de ses idioties aurait eu autant de chance de succès qu’un alchimiste essayant d’obtenir de l’or en enfonçant une cucurbitacée dans le fondement d’un canidé… Si l’on veut bien nous permettre cette comparaison. Dans le cerveau de Karl, il n’y avait tout simplement pas de place pour le principe de cause à effet.
L’on pourrait d’ores et déjà nous objecter, à l’évocation de ce premier énoncé, que cela est tout bonnement impossible, et que si c’eût été vrai, le pauvre garçon n’eût tout simplement pas pu survivre au quotidien. Une protestation certes juste mais par trop aisée, puisque s’attaquant de façon méticuleuse à une vérité se voulant générale. Car effectivement, les capacités cognitives de Karl lui permettaient tout à fait de savoir que s’il se plantait un couteau dans l’œil, alors il aurait mal. Tout comme il était conscient que s’il flanquait un grand coup de marteau dans l’écran de son téléviseur, celui-ci ne fonctionnerait plus. Mais voilà tout ce dont il était capable. Uniquement ce genre de petites anticipations, rendues automatiques lors de l’apprentissage de l’enfance.
Et finalement, tout cela n’aurait pas posé trop de problèmes s’il avait eu un comportement calme, poli, bienveillant… Seulement ce n’était pas le cas, loin s’en fallait. Si nous nous permettons d’affirmer que c’était un connard, c’est que c’en était un. Pas d’exagération. Simple et pur comme un monochrome qui n’aurait pas même valu l’euro symbolique. Et si vraiment nous désirions complexifier un peu le tableau, alors nous y rajouterions une touche d’alcoolisme, de crétinisme, de cruauté, et une dernière pointe d’absurdité.
Pourtant, malgré tout, nous devons bien admettre qu’un observateur impartial et objectif n’eût pas pu le détester totalement. Il eût immanquablement fini par ressentir un peu de fascination à son égard, et sans doute par envier ce lâcher-prise et cette insouciance. Peut-être qu’au fond, tout le monde aurait aimé être le titulaire d’une semblable inconséquence. Cela doit être reposant pour l’intellect, à n’en point douter.

Nous aimerions stopper là la présentation, l’essence même du personnage étant déjà dévoilée, mais les règles de la visualisation mentale étant ce qu’elles sont, nous sommes conscients qu’il nous faut donner au lecteur un peu plus de détails afin qu’il puisse se le représenter de façon plus fidèle.
Ajoutons donc que Karl, à l’époque qui nous intéresse, avait 27 ans. Il était de taille moyenne, plutôt sec, doté de muscles noueux qui s’accordaient bien avec son tempérament nerveux, et possédait une chevelure noire qu’il ne laissait jamais pousser de plus d’un centimètre. Dans son entourage, personne, de mémoire, ne l’avait vu habillé d’autre chose que d’un treillis, de rangers, et d’un marcel, auquel il fallait ajouter un blouson en cuir si la saison l’exigeait. Sa façon de marcher – il nous amuse de le dire – suffisait presque à laisser deviner son crétinisme. C’était une démarche trop déterminée, un déplacement trop obtus, comme-ci une seule destination était possible. Toujours rapide, la tête pointant vers l’avant, avec ce petit truc en plus, indéfinissable, qui évoquait directement l’absence de réflexion.
Karl vivait depuis toujours dans le même village, dans la campagne normande, comme tous ces braves gens trop fiers d’être nés quelque part pour pouvoir seulement envisager d’aller voir ailleurs.
Et cela va sans dire, il détenait une certaine réputation parmi les villages alentours… Car déjà qu’en temps normal, les ruraux sont très portés sur l’échange de ragots, l’on imagine aisément que quand il y a du dossier de la trempe de notre ami, cela anime joliment les discussions du PMU et des files d’attente des boulangeries. « Connard » était certes un mot qui revenait souvent dans ces fameuses palabres, mais ça n’était jamais sans avoir bien vérifié auparavant que l’intéressé ne trainait pas dans les parages. Car s’il n’était pas respecté, au moins était-il redouté.

Mais assez de formalisme, il nous plaît mieux de poursuivre cette tâche de présentation en la traitant par l’exemple et l’anecdotique. Le lecteur en apprendra presque autant, et sans doute avec moins d’ennui.

Un jour d’été donc, alors qu’il n’avait que 9 ans, l’espiègle petit Karl trouva bonne l’idée de tuer à coups de pierres toute une portée de canetons fraîchement nés dans la mare de son village, d’en enfiler les petits cadavres sur une cordelette pour en faire une sorte de guirlande morbide, et d’accrocher cette dernière sur la barrière d’un voisin quelconque. Comme il était toujours très appliqué dans ce genre d’ouvrage, le résultat fut, disons, aussi bon qu’il pût l’être. Et même si la démarche artistique nous échappe un peu, nous ne nous permettrions pas de la juger. Seulement tout le monde n’est pas aussi ouvert d’esprit, et il semble que le fameux voisin, heureux nouveau possesseur de ce cadeau inattendu, n’apprécia guère le geste. Etait-ce à cause du sang qui s’écoulait au goutte à goutte ? Des corps des poussins rendus difformes par les chocs des cailloux ? Ou bien des mouches qui commençaient à arriver en nombre dans l’espoir de pouvoir pondre tranquillement dans les plaies des volatiles assassinés ? Nous ne saurions le dire. Toujours est-il qu’il saisit le jeune farceur à l’oreille tandis que celui-ci songeait déjà aux modalités de l’organisation du vernissage de son œuvre, auquel il pensait convier quelques copains, amateurs d’art avertis, sans doute, et triés sur le volet. L’homme sermonna vertement l’enfant, ménageant peu son pavillon auditif en lui appliquant force secousse, et le mena ainsi jusqu’à son domicile, afin de discuter un peu avec ses parents. Nous ne retranscrirons pas cette conversation, celle-ci n’apportant rien de bien intéressant. Nous préciserons juste que pour les parents, ce n’était pas la première situation de ce genre, et qu’ils étaient bien démunis face au comportement de leur rejeton. Ce qui va nous intéresser par contre, c’est le dénouement de cette anecdote. Car en effet, dans la tête du jeune Karl, ce voisin avait outrepassé ses droits. Et de loin. C’est pourquoi dès le soir même, quand la nuit fut tombée, l’enfant revanchard, empli d’un sentiment total de légitimité, offrit une nouvelle décoration à son voisin. Mais quand le lendemain, ce dernier découvrit son chat mort, cloué à cette même barrière, il fut évident que sa sensibilité en matière d’art moderne ne s’était pas développée durant la nuit.

Faisons un bond dans le temps et retrouvons notre ami à l’âge de 13 ans. Il était alors en 6ème (ayant redoublé deux fois auparavant), dans un collège un peu plus éloigné de chez lui, car il avait été récemment viré du précédent (une sombre histoire d’excréments dans des casiers de filles, si nous nous rappelons bien). Il était dans le cadre scolaire comme en dehors, incontrôlable. Haïs par les enseignants, traqué par les surveillants, et adulé par ses camarades – exception faite des autres mâles alpha en herbe qui voyaient en lui un concurrent un peu trop déjanté, et évidemment de ses victimes trop récurrentes – voilà la place qu’il s’était donnée en peu de temps dans son nouvel établissement.
Inutile de préciser que les cours ne trouvaient pas grâce à ses yeux. Pour lui, ça n’était que perte de temps. En quoi apprendre le théorème de Pythagore aurait pu l’aider dans sa mission consistant à renverser toutes les poubelles du quartier ? Comment le fait de connaître la date de l’armistice de la 1ère Guerre Mondiale aurait pu améliorer sa façon de distribuer des coups de poings dans les visages des camarades qui ne lui revenaient pas ? Voilà pourquoi les heures de cours étaient plutôt pour lui l’occasion de tenter des expériences de psychologie de terrain, dont les seuls domaines d’étude étaient invariablement l’humiliation et l’énervement. Et force était de reconnaître qu’il possédait un don tout particulier à ce sujet. Ses cobayes étaient alternativement les professeurs et les élèves, mais comme ramené à l’individu, le tour des professeurs revenait bien plus régulièrement – simple question de nombre composant les échantillons – ceux-ci se sentaient parfois injustement ciblés, alors que le protocole expérimental de Karl n’était pas attaquable sur ce point.
C’est malgré tout une pauvre enseignante qui fut prise pour cible lors de notre anecdote, même si cela ne doit en aucun cas infirmer ce qui vient d’être dit.
Il s’agissait d’un cours d’anglais dirigé par une certaine Mme Robichon, tantôt surnommée Mme Reblochon, tantôt Mme Gros-nichons, selon que l’inspiration de la piétaille estudiantine fût d’origine culinaire ou anatomique. Karl était installé, sans grande surprise, au fond de la classe.
Ah ! Le fond de la classe… Emplacement stratégique s’il en est, qui a vu défiler le fleuron des citoyens en devenir au fil des générations. Rendez-vous immuable des fauteurs de trouble et des paresseux qui y ont toujours trouvé un bastion aussi éloigné que possible du représentant de l’autorité. Encore que le terme « autorité » s’applique mal à nombre d’enseignants qui, soit erreur d’aiguillage, soit absence totale de lucidité, se sont laissés entraîner dans une voie qui allait à l’encontre de leurs capacités. Pain béni pour les cancres agitateurs que ces gens faibles, qui voyaient sans doute une certaine sécurité dans le fait de ne jamais sortir de l’école de leur vie… Mme Robichon était de ceux-là.
Elle lisait, au moment qui nous intéresse, un petit dialogue en anglais, et posait de temps en temps des questions à ses élèves. Persévérance admirable, conscience professionnelle poussée à son paroxysme, ou bien simple erreur d’inattention ? Nous ne savons pas ce qui poussa l’enseignante à finalement interroger l’élève Loiseau :
— Karl, what is the daughter’s name ?
— Je sais pas, répondit-il sans créativité, brusquement interrompu dans ses exercices de jonglage avec stylo.
— Tu n’as pas écouté ou tu ne comprends pas ? Quel est le nom de la fille ?
— En fait Madame, je ne peux pas vous répondre parce que je suis malade. Je peux vous faire tout de suite un faux certificat médical si vous voulez.
Alors qu’il joignait l’acte à la parole en se mettant à griffonner sur un bout de papier, et que toute la classe commençait à s’esclaffer, Madame Robichon se leva, contourna son bureau, et vint à hauteur du médecin improvisé.
— Arrête ton cinéma maintenant, ou bien je vais te punir, dit-elle sur un ton dénué de crédibilité.
— Mais je vous dis que je suis malade !
A peine avait-il prononcé ces mots qu’il se tourna vers l’enseignante, s’enfonça deux doigts profondément dans la gorge, et envoya une gerbe épaisse sur le pantalon et les chaussures d’une Mme Reblochon pleine d’effroi. Karl releva ensuite la tête, arborant un large sourire auréolé de vomi, et lança fièrement :
— Je vous l’avais bien dit pourtant !


Nous terminerons avec une dernière anecdote, par crainte de faire trop traîner en longueur. Le choix de ces petits faits divers est d’ailleurs difficile et soumis à la plus totale subjectivité, car il faut bien que le lecteur ait en tête que ce genre d’événements que nous rapportons depuis quelques lignes survenait quotidiennement dans la vie de Karl Loiseau. Aussi idiot qu’il semblait être – et il l’était – il n’en était pas moins pourvu d’un incontestable génie créatif en matière de délinquance et de comportement déviant en général.
C’est sur l’année de ses 18 ans que nous avons finalement jeté notre dévolu. Année de la majorité, et donc d’un premier passage par la case prison. Karl avait pris un mois ferme qu’il tirait dans le centre pénitencier de Rouen, ceci à cause d’une rouste un peu trop appuyée, en tout cas selon les critères du juge qui l’avait eu en charge. Les goûts et les couleurs ne se discutent pas, le nombre idéal de dents cassées et la superficie adéquate des hématomes, si.
Le jeune homme n’avait jamais envisagé de finir en prison, l’anticipation n’étant pas sa qualité première, nous croyons l’avoir dit déjà. Il n’en fut pourtant pas alarmé le moins du monde. Il était de ces gens qui se sentent à l’aise à peu près partout, capacité appréciable, qui peut soit être due à une grande intelligence, permettant une analyse et une adaptation optimales, soit au contraire au fait d’être bas de plafond, ce qui implique de pouvoir vivre sans se poser de questions. Nous n’insulterons pas le lecteur en lui désignant laquelle de ces deux options était la bonne. Karl se sentit donc dès le début, nous ne dirons pas « comme un poisson dans l’eau », mais plutôt « comme une mouche sur une merde », cela colle mieux à la réalité.
Le milieu carcéral est fascinant en ce qu’il réunit les pires prédateurs de la société. Mais comme au sein même de ce panier de crabes, certains sont plus gros que d’autres, des individus qui autrefois étaient des prédateurs se retrouvent à l’état de proie, et c’est souvent un spectacle réjouissant que d’observer cette dégradation dans la chaîne alimentaire.
Comme tous les nouveaux arrivants, Karl fut donc testé pour savoir à quelle catégorie il appartenait. Il ne le fut qu’une seule fois.
Cela se passa lors d’un repas du midi, dans le réfectoire. Karl s’était installé seul en bout de table, et deux détenus vinrent s’asseoir en face de lui. Celui qui prit la parole, un grand type au crâne rasé, gérait la majorité du trafique de drogue dans la prison, et était réputé pour son extrême violence :
— Dis-donc mon mignon, ça a l’air bon ce que t’as sur ton plateau. Alors tu sais quoi, tu vas être gentil et tu vas tout mettre sur le mien.
Karl se mit à pouffer de rire sans même prendre la peine de répondre. Le grand rasé, un peu étonné, s’accouda sur la table en se penchant vers lui, et reprit :
— Ecoute-moi bien petite pédale, pour la dernière fois, je te dis de me filer toute ta bouffe.
— Oui, et moi je te dis d’aller te faire enculer, mais tu ne vas pas le faire pour autant non plus. Donc on est quitte.
A peine Karl eut-il lancé sa réplique qu’il se saisit de sa fourchette en plastique et la planta en un éclair dans l’œil de son interlocuteur. Ce dernier, qui n’avait rien vu venir – un comble pour ce nouveau borgne – se rejeta en arrière sous le choc de la décharge de douleur, hurlant, la fourchette toujours plantée dans son globe oculaire.
— Non, en fait, maintenant on est quitte espèce de grosse merde, conclut Karl.

Comme les gardiens n’avaient rien vu et que les témoignages étaient contradictoires, notre ami ne fit que quelques jours de trou pour fêter son exploit.
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Message  Invité Mar 25 Juin 2013 - 20:19

Je serais curieuse de savoir combien de pages comporte le roman, parce pour une mise en route, ça me semble déjà assez long.

A priori, le récit ne correspond pas vraiment à mes goûts, pas tant concernant le fond que par rapport au traitement, second degré ou pas.
Cela dit, je reconnais une plume déliée, une facilité dans l'expression pas dénuée d'un certain charme.

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Message  Polixène Mar 25 Juin 2013 - 22:29

La verve est sympathique, vivante, le sujet  ennuyeux; dommage! Je ne tiendrai pas plus d'un chapitre  ou deux...
Mais franchement, vous avez la plume alerte, peut-être explorez-vous d'autres genres?
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Message  Mugen Mer 26 Juin 2013 - 8:42

Bonjour, et merci pour les retours.

Easter (Island) : Il s'agit d'un petit roman, qui ne fait que 100 pages au format Word.

Polixène : Oui, je comprends que ça ne plaise pas. C'est justement ce qui m'amusait, c'est-à-dire essayer de bien raconter des choses idiotes.
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Message  Jean Ahlmas Mer 26 Juin 2013 - 11:31

J'aime beaucoup ce traitement au second degré.

Des petites bricoles, peut-être, à revoir :

"Toutes les histoires vraies se terminent mal, ceci est inhérent à la condition humaine."
La deuxième partie de la phrase est un peu lourde, selon moi. Peut-être "c'est bien connu", ou "c'est sûr" conviendrait mieux ?

"Aussi idiot qu’il semblait être – et il l’était – il n’en était pas moins pourvu d’un incontestable génie créatif en matière de délinquance et de comportement déviant en général."

Le "et il l'était" ne va pas, je pense. pendant tout le récit vous le décrivez de manière se voulant objective -même si ce n'est pas vrai...-, et vous le rappelez ("nous ne nous permettrions pas de [...] juger"...) avec son "crétinisme".
Cependant cette affirmation tend vers la subjectivité, en ce qu'elle assure l'idiotie du héros de la part d'un narrateur qui se voulait objectif, et qui va vers la subjectivité. Cela n'apporte rien de plus (on a bien compris qu'il était "crétin"), et est contre productif : le sourire qui se dessinait sur le visage du lecteur au début de la phrase est brisée par l'ajout de cette remarque...

J'aime beaucoup l'anecdote de "l'art", les deux autres un peu moins...

Et en effet, une belle plume !
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Message  Invité Mer 26 Juin 2013 - 11:41

Mugen, je pense que votre premier devoir est de remercier vos lecteurs pour être arrivés au terme de votre texte au prix d'un incommensurable inconfort dû à la taille de votre police. Grâce à vous, je suis atteinte de strabisme qui j'espère ne durera pas trop longtemps. Merci, Mugen !
A propos de mgen, j'ai bien aimé votre passage sur la motivation des professeurs à entrer dans la carrière :

Encore que le terme « autorité » s’applique mal à nombre d’enseignants qui, soit erreur d’aiguillage, soit absence totale de lucidité, se sont laissés entraîner dans une voie qui allait à l’encontre de leurs capacités.

Pour résumer, mis à part l'inconfort oculaire ressenti, j'ai apprécié, à la lecture du texte, votre verve et votre style.

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Message  Pussicat Jeu 27 Juin 2013 - 0:02

je n'ai pas du tout, mais alors pas du tout aimé ce "nous" qui m'a pris la tête autant que la police les yeux.
quant au reste, j'attends la suite...
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Message  Pussicat Jeu 27 Juin 2013 - 0:09

Mais assez de formalisme, il nous plaît mieux de poursuivre cette tâche de présentation en la traitant par l’exemple et l’anecdotique. Le lecteur en apprendra presque autant, et sans doute avec moins d’ennui.

je n'aime pas ce genre de construction. C'est du vide pour remplir du vide.
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Message  Mugen Jeu 27 Juin 2013 - 9:54

Jean : C'est noté, merci pour les remarques.

Iris : Navré pour la taille, j'agrandirai effectivement pour la suite, et j'espère que votre ophtalmo finira par me pardonner.

Pussicat : Je comprends la réticence. Moi j'adore ça :-) C'est une sorte de cabotinage du narrateur, dont l'inspiration me vient de Victor Hugo (même si le résultat est lontain !)
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Message  Pussicat Jeu 27 Juin 2013 - 19:50

Mugen a écrit:
Pussicat : Je comprends la réticence. Moi j'adore ça :-) C'est une sorte de cabotinage du narrateur, dont l'inspiration me vient de Victor Hugo (même si le résultat est lontain !)
je comprends le "cabotinage", ce n'est que cela, mais cela a ses limites.
quand la préciosité croise la langue parlée cela donne :
Mugen a écrit:Qu’est-ce que ce Karl Loiseau ? Nous l’allons dire sans tarder, l’occasion semblant trop belle : Karl était un connard, effectivement.
de plus, je me suis pris les pieds dans le tapis des "nous", "on", "il"...
qui est quoi et qui est qui... ?
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Message  Pascal-Claude Perrault Sam 29 Juin 2013 - 15:46

Pas mal. Ça relève plutôt des chroniques que du roman.
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Message  Mugen Sam 6 Juil 2013 - 14:04

Chapitre 2

Nous espérons qu’à ce stade, le lecteur se fait déjà une idée plus précise de ce personnage. Quoi qu’il en soit, l’image s’affinera encore, car nous allons avoir le plaisir de le voir évoluer dans notre histoire sans plus tarder.
C’est donc à l’âge de 27 ans, nous le rappelons, que nous retrouvons ce cher Karl. Il jouait une partie de flipper – martyrisait un flipper serait plus juste – dans un petit bar-tabac de village. Sa pinte de bière était posée sur une table à côté et il tirait convulsivement sur une cigarette, ces événements se déroulant en 1999, avant l’interdiction de fumer dans les lieux publics. En plus du comptoir, seuls quatre tables et un baby-foot complétaient le mobilier. La décoration murale n’était pas en reste, se composant d’une affiche à la gloire de l’équipe de foot locale, d’un carton annonçant fièrement le gain record au tiercé dans l’établissement, et d’un poster d’un tableau de Van Gogh aux couleurs passées. Mais non content d’enchanter ainsi la vue, ce troquet était également un plaisir de tous les sens : de subtiles effluves de tabac, de graisse et de sueur régnaient dans toute la salle ; une douce mélodie, composée de la musique à cinq notes du flipper et de ses claquements secs, des frottements des chaises et des chocs des verres, venait flatter les oreilles des mélomanes présents, qui eux-mêmes y ajoutaient leur contribution en parlant un peu trop fort ; et une chaleur moite se chargeait d’envelopper délicatement les corps suintants.
Trois clients étaient installés au comptoir, buvant du mauvais rouge et discutant avec le barman. Aussi absorbé par sa partie de flipper que fût Karl – c’était comme s’il jouait sa vie à chaque fois – il ne put s’empêcher d’entendre la conversation qui avait lieu dans son dos :
— Dites les gars, vous êtes au courant du cambriolage qu’il y a eu hier chez le parigot ?
— Le voisin de Thierry ? J’en ai entendu parler ouais, mais j’ai pas eu les détails.
— Bah y a deux branques du coin qui sont entrés chez lui le soir en défonçant la lourde à coups de pied. Le parigot et sa grosse n’étaient pas là, mais ces deux blaireaux ont tellement fait de boucan qu’ils se sont fait griller par la voisine. Elle a appelé les flics, qui ont déboulé en cinq minutes et qui les ont chopés pendant qu’ils étaient encore dans la baraque.
— Ah ! Ah ! Et il ne manquait rien ?
— Non, juste quelques trucs de pétés. En fait, les poulets sont arrivés au moment où ils essayaient d’embarquer le coffre-fort et la collection d’armes. Et j’aime mieux te dire que le proprio il est blindé de thune.
— Pour un coup que les flics font leur boulot… Au lieu de nous voler avec des amendes à la con, pour enrichir l’Etat parce qu’on dépasse d’1 km/h la vitesse en bagnole…

Le reste de la discussion, nous l’occulterons volontairement, chacun ayant déjà eu le loisir d’en entendre le clone plusieurs fois dans sa vie. Pendant ce temps, Karl, qui n’avait rien manqué de ces paroles, finissait sa partie, sa clope et son verre, tout ceci dans la précipitation, comme à chaque fois qu’il avait une idée en tête. Il lâcha ensuite une poignée de monnaie sur le comptoir et quitta les lieux.
Pour lui, la situation était simple : il fallait se rendre rapidement à cette maison et finir le boulot. S’il y avait un coffre-fort, peu importe ce qu’il contenait, et des armes probablement coûteuses, alors autant que ce soit lui qui en profite. C’était d’ailleurs grâce à ce genre de méfaits qu’il subvenait en grande partie à ses besoins depuis quelques années, car il se refusait formellement à trouver un travail, et encore plus à le garder.
Et comment pourrions-nous l’en blâmer ? Car qui, s’il en avait vraiment le choix, accepterait de vivre une vie de travailleur moyen ? Se lever le matin, cinq jours sur sept, pour aller exécuter les mêmes tâches répétitives et inintéressantes à longueur de temps, sous les ordres de petits chefs pathétiques, et ce durant quarante-cinq ans ; gagner juste assez d’argent pour pouvoir payer le crédit d’une voiture qui aura perdu toute sa valeur à l’issue du remboursement, et partir en vacances quand c’est enfin autorisé, toujours aux mêmes endroits, à se disputer un coin de sable avec le reste du troupeau ; faire gentiment ses crises existentielles préprogrammées environ tous les dix ans, sans pour autant jamais oser prendre de véritables décisions de changement salvatrices et se libérer d’un carcan accepté depuis le début ; finalement parvenir à une retraite tant attendue et se rendre compte qu’il est trop tard pour en profiter, les projets étant réservés à la jeunesse, au moment même où ils sont irréalisables ; laisser alors passer le temps en se voyant vieillir et dépérir, puis finir en maison de retraite dans laquelle s’engouffrent toutes les économies de cette vie de labeur, entouré d’autres grabataires, et attendre la mort dans un mélange de peur et de soulagement…
Ce n’était pas suite à un tel constat que Karl avait choisi de vivre en marge du système, cela parait évident. Cela avait seulement été le fruit du comportement inné et basique qui nous fait fuir les choses désagréables. Mais parfois, ce sont les gens les plus simples et les plus rustres qui prennent les meilleures décisions.

Karl, après être sorti du bar, enfourcha sa mobylette et fila droit chez lui pour y prendre un peu de matériel. Une fois son kit du parfait petit voleur réuni, il se rendit chez un ami vivant quelques maisons plus loin. A peine eut-il sonné et fut-il accueilli par l’hôte qu’il lança avec un débit de paroles rapide et confus :
— Joe ! Prends ton matos, on va s’faire une baraque pas loin, y a un coffre, on va tout ramasser pendant que c’est encore là !
— Attends, attends mon gars. Du calme. De quoi tu me parles là ? D’une, tu vas mieux m’expliquer de quoi il s’agit, et de deux, si tu crois qu’on va se pointer comme-ça en plein jour, la gueule enfarinée, prendre ce qu’on veut et dire « Merci ! Au revoir ! », bah j’ai le regret de t’annoncer qu’une fois encore, tu as oublié de connecter ton cerveau ce matin et que tu n’agis que grâce à ta moelle épinière, ce qui n’est déjà pas mal au passage hein, y a même des métiers où c’est une qualité, par exemple tu pourrais faire une belle carrière dans l’armée.
Karl avait écouté cette sentence en se contenant à grand peine et en se tapotant les cuisses d’impatience.
— Fais pas le con mec, dit-il. Faut pas attendre que tout soit sécurisé là-bas.
— Ecoute-moi bien, l’interrompit Joe. Il y a autant de chances que je te suive comme-ça, sans poser de questions, qu’il y a de chances que tu obtiennes un doctorat de mathématiques cet après-midi. En d’autres termes, je préférerais me faire poncer le fion au papier de verre à gros grain plutôt que d’adhérer à ton plan. Donc, assieds-toi, et raconte-moi tout en détails, on gagnera notre temps.
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Message  Invité Mar 9 Juil 2013 - 11:01

je ne suis pas à l'aise avec le "nous" collectif du narrateur, qui englobe ainsi le lecteur sans lui demander son avis ; je préfère de façon générale qu'on laisse le lecteur à l'extérieur de la narration, question de goût personnel.
je tique aussi sur les considérations d'ordre général sur le sens de l'existence, cette vie qu'on perd à la gagner, comme chacun sait depuis longtemps.
là où le texte fonctionne bien, c'est dans l'action, même si le personnage principal reste assez flou et peu sympathique, même si je ne vois pas encore où on va.
et bien sûr, l'écriture spontanée, décomplexée, fait beaucoup pour le récit.

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Message  Pascal-Claude Perrault Mar 9 Juil 2013 - 14:23

Hè Mugen, t’as vu ce qu’elle t’a mis dans la figure Easter ?

Moi je voudrais juste ajouter : fais gaffe, la police rode, principalement sur le coup d’un sage qui veut montrer sa lune...

Faut faire attention...  
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Message  Pascal-Claude Perrault Mar 9 Juil 2013 - 14:24

Nan, je déconne, c'est bien ce que tu fais.
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Message  amarilys Mar 9 Juil 2013 - 14:43

Et si  cette version de Jean de la lune dit le  connard de première racontait lui-même sa vie de connard à la façon d 'un connard ? Triple challenge  pour un changement de focalisation.  
La perception du narrateur omniscient  trop perceptible  glisserait ainsi vers celle du point de vue interne et le lecteur serait alors seul juge  de ses conneries monumentales...
le sujet est plaisant, la bêtise comme le bon sens étant la seule chose la mieux partagée !
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