Chercher à voir ailleurs

"De l'illusion grinçante extraire le sourire
Et s'arracher la gueule sur le goût de la vie."


Bon. Forcément, ces deux vers me touchent. Mais je salue surtout le ryhtme du poème, ce balancier. Pis je sais pas, ça me parle comme directemeny, alors forcément, j'aime.

ça me parle coline, touchée, direct...
le rythme, oui, bien sûr...
mais pas seulement,
il y a du sens, aussi, du lourd,
concis,
une pause sur :
Quelle transe
Nous fait nous substituer...
un je ne sais quoi,
mais j'y reviendrai,
...
j'aime !

Le plus notable, c'est la période de plus en plus large de cette petite mélodie entêtante que dessine l'anaphore ("Il faut regarder mieux."), comme un écho qui trouverait à étendre progressivement son champ de résonance. On pense, évidemment, tout au long de ce poème, à la formule lapidaire et paradoxale : "Je ferme les yeux pour mieux voir." Démarche éminemment poétique qui s'apparente, en quelque manière, à celle de la maïeutique, du dépouillement ("Sans manteau de colère", "Déferrer la monture"), de l'accouchement ("sortir", "engrossée", "cueilli", "extraire", "s'arracher"). Accouchement menant à la naissance de l'insoupçonné qui s'offre comme un quasi-miracle ("au bord de la jachère"), comme la réalisation d'un pari pour le moins audacieux ("De l'illusion grinçante extraire le sourire"). Cependant, une exigence très particulière doit être remplie pour parvenir à cet état si profond de réceptivité ("transe"). Seul l'oubli passager du caractère volatile de notre condition ("Ranger l'inéluctable", "sans y penser", "Ce qu'on pleure sur soi / Et pourquoi.", "Nous substituer / Au fond du trou sans fond") pourra nous faire retrouver, comme au premier jour, cette perception première de l'univers ("regard orphelin").

Merci pour le voyage !

Oui, il me plait à moi aussi, ton poème.
La manière et l’idée.
L’idée qui revient lancinante marée lécher les pieds nus du lecteur.

Ultime mélodie, petit bonheur papier
Cueilli sans y penser au bord de la jachère.


(Les cinq derniers vers me paraissent  améliorables du point de vue musical, mais ce n’est que mon oreille, hein)

"Sortir,
Sans manteau de colère,"
c'est beau ça, et quelle belle leçon de vie.

Les 2 derniers vers me semblent moins réussis
orphelin erre me tape sur les oreilles
et curieusement la rime "cible" aussi.

Un texte percutant, lucide.
Je rejoins Annie, les deux derniers vers, formellement, m'ont un peu déçu.

Tout ce dont on se charge et tout ce dont on se dépouille
ce paysage qui change
chagrins illusions espérances lucidité érosion
et notre regard sur ces choses là
un texte cru cruel, émouvant

"Il faut regarder mieux
De plus près, en silence
Ce qu'on pleure sur soi
Et pourquoi."

Peut-être est-ce la première chose à faire avant de regarder ailleurs.
Un texte sur lequel j'aime bien revenir pour tout ce qu'il chuchote entre ses lignes

Je n'avais pas lu... pour cause d'absence.
Voilà qui est fait et ma lanterne s'allume... merci Coline !