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Un soir au resto (exercice)

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Un soir au resto (exercice) Empty Un soir au resto (exercice)

Message  Sahkti Mar 17 Jan 2006 - 17:26

La boteca (restaurant brésilien) 21h50
Voilà ce que Peggy Sue avait laissé comme message sur mon bureau. Un rendez-vous galant? Un client peut-être? Quel dossier? De jolies jambes, Peggy Sue, mais pas grand chose dans le cerveau. Il va falloir que j'engage quelqu'un de plus efficace. Et tant pis pour le galbe des gambettes.

C'est bien ma veine, il pleut. Et me voilà à attendre je ne sais quoi devant ce restaurant à la façade minable. J'ai beau scruter par la fenêtre, je ne vois rien ni personne. Pas de Peggy Sue. Pas de tronche de cake qui ressemblerait à un client. Il y a bien une femme seule à une table, qui noie son ennui en allumant cigarette sur cigarette. Pas mal. Si c'est elle, la soirée ne sera peut-être pas fichue.
Au moment où je m'apprête à entrer, un groupe quelque peu éméché me bouscule. Une brunette assez nerveuse parle plus fort que les autres.
J'ai une idée, tous les quarts d'heure, on note les phrases qui sont dites
Une concurrente? Quelqu'un d'autre serait déjà sur l'affaire? Pas discrète en tout cas la donzelle.
Je finis par pousser la porte, on m'installe à une table voisine de celle occupée par le joyeux groupe.
Un garçon m'apporte la carte. Je regarde discrètement autour de moi. La dame seule ne semble pas me voir. Lui faire un petit signe...
Dites-moi un peu ! La choucroute, vous la mangez avec la purée ou pas ?
Voilà l'énergumène qui remet ça. Elle en tient une bonne on dirait. De la choucroute purée dans un brésilien, il faut le vouloir! D'ailleurs je n'en vois pas sur la carte. Qu'est-ce qu'elle raconte?
Voilà ! va falloir noter ça
Un message codé? Je ne comprends rien!
Absorbé par ce charabia, je ne remarque pas ma proie qui se lève et fait mine de s'en aller. Que faire? La même chose pardi! Garçon, ma veste, une urgence! Bonjour la discrétion...

En me retournant, je remarque à la table des rigolos un type dont la mine me dit quelque chose. Impossible de savoir où et quand je l'ai rencontré, mais je suis certain de l'avoir déjà vu. Flûte, voilà que ma mémoire me joue des tours, il va falloir que je songe à la retraite si ça continue. Et la garçon qui prend tout son temps pour me rapporter mon vêtement. La prochaine fois, pas question de laisser quoi que ce soit au vestiaire. De toutes façons, il n'y aura pas de prochaine fois. Ma cliente s'est tirée, mon flair commence à faire défaut... l'heure du trépas professionnel approche.

T'as rêvé de Sahkti, toi ?
Pas besoin, c'est ma femme

Mon sang ne fait qu'un tour! Sahkti! Ce nom-là, je m'en souviens! Une de mes anciennes clientes. Drôle de femme au sale caractère, constamment partagée entre l'ivresse et la colère. Trompée par son mari, John MacCormack, un gros caïd de la pègre, un sale type qui n'hésite pas à lever la main sur elle quand il a bu un coup. Elle voulait que je le suive, que je découvre qui était sa nouvelle maîtresse. Au bout de quelques heures, les gros bras du Jojo m'ont repéré. Un bras cassé et deux dents de moins. Je m'en souviendrai longtemps de cette affaire!
Et voilà que ces gugusses parlent de Sahkti. A coup sûr, ils font partie du métier. Mais tout de même, pas discrets les amis... Des flics?! Bien sûr, qui peut-être assez idiot pour parler aussi haut et se saouler en mission?! Ainsi donc la grande maison est sur le coup, ça doit être un gros dossier, il y a peut-être moyen de leur griller la politesse. Je sais où crèche MacCormack, pourquoi ne pas monnayer l'info, ça me fera un petit bas de laine pour la retraite qui approche.
Mais qui est ce type qui affirme que c'est sa femme? Jamais vu cette tête-là. Aux dernières nouvelles, elle n'avait pas changé de mari. Un amant peut-être? Courageux alors! Risquer sa peau pour une mégère pareille...
Mais, il raconte tellement de conneries, c'est normal
A coup sûr, ils causent de Jojo, ça leur va bien de faire les forts derrière son dos. Je serais curieux de les voir si ils avaient toute sa racaille devant eux prêts à leur refaire le portrait.

Quand il me retrouve assis à la même table, le menu entre les mains, le garçon semble un peu perdu, il ne dit rien. Après tout c'est son job, il en a vu d'autres. Ma veste retourne au vestiaire.
J't'en ressers un peu ?
Un centimètre seulement

Et les autres remettent ça. Scotch à volonté. Avant même d'avoir commencé à becqueter. C'est beau la police!
Le temps passe, la conversation s'éternise, ils ne m'apprennent rien de neuf, je m'aperçois que j'ai une longueur d'avance sur eux. Leurs informations datent même un peu. Je souris.
Ils ont fermé le donjon, chaque année y en avait un qui se suicidait, ça faisait tache dans la cour
Le grand type, celui dont le visage m'est familier, parle à voix basse. Il chuchote presque, comme sil détenait un secret énorme sur la fille cachée du président ou le nom du dernier petit ami du Ministre de l'Intérieur.
Là j'ai franchement envie de rire! Cette histoire de donjon, tout le monde la connaît! La résidence d'été de MacCormack, superbe manoir à l'écossaise avec un authentique donjon médiéval. Régulièrement, des corps en tombent, déguisés en suicide ou en accident. Les traîtres que Jojo élimine sans scrupules. C'est sa femme qui m'a raconté ça, elle m'a tout balancé, il y avait de quoi faire tomber ce type pour trente ans. Mais elle n'a rien voulu entendre, tout ce qui l'intéressait était de savoir avec qui il couchait.
Elle a un visage innocent, on imagine mal une perfidie sarcastique
Aucun doute, ils parlent d'elle.
Bourdon butineur… Ouais, quand j'ai vu ça, j'ai pensé : « c'est quoi ce gros lourd »
Et là de MacCormack. Tu parles d'un couple assorti!

Le temps passe toujours. Tiens, revoilà la femme seule de tout à l'heure. Elle n'est plus seule cette fois, une autre femme, grosses lunettes noires, visage caché par un épais foulard. Là encore, je me dis que je l'ai déjà vue. Mais impossible de me souvenir de quoi que ce soit. Cette fois c'est décidé, je raccroche dès que j'ai réussi à soutirer un peu de pognon à MacCormack. Profiter un peu de la vie avant de devenir sénile.
Elle passe à côté de moi sans me regarder, toise mes voisins de table et laisse tomber ce qui ressemble à un bouquin sur la table. Je n'arrive pas à lire le titre, le grand à l'air malin s'en saisit.
Le procès de Kafka, c'est une relecture de la chèvre de Monsieur Seguin
Le procès de Kafka, le procès, un procès...
Loup, t'as une lecture des contes particulière

Loup! Loup Stanfield dit Le Bigleux. Une petite frappe au service de MacCormack depuis des années. Je savais que je l'avais déjà vu quelque part! dans le dossier de Sahkti. Un type dangereux. Qu'est-ce qu'il fout là avec les flics? Il est passé de l'autre côté!
Bon sang, si MacCormack apprend qu'un de ses apôtres le trompe, il va rappliquer. Et le descendre. Et peut-être moi aussi! Faut que je me tire. En douce. Je n'ai rien vu. Rien entendu.
Il faudrait trouver un Dalaï Lama totalitaire
Je n'écoute plus, j'étale des billets fripés sur la table, je veux m'en aller. Tant pis pour le fric de Mac Cormack, je me contenterai d'un pavillon à Palaiseau avec une bobonne et un chien.
Enfin !... C'était bien chouette !
J'entends à peine ces mots, j'ai déjà franchi la porte. Ne pas courir, faire semblant de rien. Une voiture s'arrête à ma hauteur. Vitre teintée baissée. Un visage. La femme de MacCormack. Quelques secondes plus tard. Loup Stanfield quitte le resto. Seul. Il me regarde. Me lance un cordial "Ça va Preston?" avant d'afficher son plus beau sourire à Sahkti et l'appeler "Ma chérie".
Qui joue avec qui... Il faut que j'aille boire un coup!
Sahkti
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