Paris sans tour Eiffel (exercice)
2 participants
Page 1 sur 1
Paris sans tour Eiffel (exercice)
Je regarde par la fenêtre de la maison, que m'a prêté un ami français à moi, et je la vois. C'est qui cette bécasse, cette impertinente au long nez qui me reluque jour après jour, passante sur le trottoir ? C'est qui cette femme qui s'accoutre étrangement, l'air niaise dans sa robe d'été bleue aux motifs d'oranges et de pamplemousses ? D'où sort cette silhouette qui au lever du soleil comme au coucher se plante comme une asperge devant la maison ? Pourquoi m'observe-t-elle, ce soir, pendant que je mange mon délicieux aligot, et par le fait même me coupe l'appétit ? J'arrive à peine dans un Paris sans tour Eiffel, au ciel cyan, moins photogénique que sur les cartes postales, morne et décevant, et je me fais déjà dévisager, comme si par ma seule apparence, par mon unique démarche, on devinait déjà que suis Québécois. Je n'ai même pas encore ouvert la bouche, ne leur ai jamais adressé la parole, de sorte qu'ils n'ont pas encore entendu l'accent symptômatique qui afflige mes mots, mais ils ont deviné. J'habite à côté d'un garage, vieille bâtisse qui sent l'essence et l'huile à moteur, deux odeurs qu'un piéton comme moi ne peut que haïr. Un bâtiment cyan, justement, perdu dans le cliché, et d'où jaillit dès six heures du matin, la musique cinglante des perceuses, des compresseurs à air et tous ces bidules terriblement dérangeants dont je ne me rappelle plus le nom. Je ne dors que très peu la nuit, suivant l'horaire impossible du garage, guettant à mon tour la femme fruitée, vêtu d'un peignoir qui ne m'appartient pas. Parfois, la femme est rejointe par un garagiste à casquette cyan - je commence à remarquer une thématique parisienne, ici - qui à son tour m'observe, me regarde avec insistance. Un jour, je trouve le courage de sortir (en peignoir) et de leur demander pourquoi ils restaient là toute la journée. Ils me répondent alors dans une langue qui m'est inconnue. Ce n'est pas de l'argot parisien, quoique ce fut tout aussi incompréhensible, ça j'en suis convaincu. Un homme qui passe par là s'arrête en nous voyant gesticuler et crier comme si ça nous aide à mieux nous comprendre. Il parle français. Ravi, je lui explique la situation. Il répète mes mots aux deux bozos dans leur langue et les écoute attentivement tandis qu'ils lui répondent. Puis, il se tourne vers moi.
- Monsieur, je crois qu'il y a un malentendu.
- En effet, c'est ce que je crois également.
- Vous n'êtes pas chez vous, ici.
- Vous ne m'apprenez rien, Monsieur ; j'ai emprunté cette maison à un ami français qui...
- Justement. Cette maison appartient à Madame, ici.
- Impossible.
- Cette femme a trouvé refuge dans la maison d'un des garagistes en attendant votre départ, croyant que vous étiez un sans-abri.
- Un sans-abri?
- Vous devriez la remercier pour son hospitalité. Ah! Et un dernier détail, Monsieur...
Je le regarde, silencieux, confus.
- Vous n'êtes pas à Paris... ici, c'est Moscou.
- Monsieur, je crois qu'il y a un malentendu.
- En effet, c'est ce que je crois également.
- Vous n'êtes pas chez vous, ici.
- Vous ne m'apprenez rien, Monsieur ; j'ai emprunté cette maison à un ami français qui...
- Justement. Cette maison appartient à Madame, ici.
- Impossible.
- Cette femme a trouvé refuge dans la maison d'un des garagistes en attendant votre départ, croyant que vous étiez un sans-abri.
- Un sans-abri?
- Vous devriez la remercier pour son hospitalité. Ah! Et un dernier détail, Monsieur...
Je le regarde, silencieux, confus.
- Vous n'êtes pas à Paris... ici, c'est Moscou.
Jonjon- Nombre de messages : 2908
Age : 40
Date d'inscription : 21/12/2005
Re: Paris sans tour Eiffel (exercice)
C'est évidemment un exo.
Jonjon- Nombre de messages : 2908
Age : 40
Date d'inscription : 21/12/2005
Re: Paris sans tour Eiffel (exercice)
je trouve ton petit texte assez comique dans son genre et surprenant, j'aime être surprise
juste une chose, je vois mal la femme en robe à moscou, mais c'est certainement un préjugé de ma part, lol
juste une chose, je vois mal la femme en robe à moscou, mais c'est certainement un préjugé de ma part, lol
acie- Nombre de messages : 8
Date d'inscription : 17/01/2006
Re: Paris sans tour Eiffel (exercice)
Non en effet les robes ont été bannies de Moscou en 1948 et sont seulement autorisées dans les orgies. :-P
Jonjon- Nombre de messages : 2908
Age : 40
Date d'inscription : 21/12/2005
Re: Paris sans tour Eiffel (exercice)
je suis écroulée de rire
je pensais plus au fait qu'il fait froid en fait, lol, pour la robe
je pensais plus au fait qu'il fait froid en fait, lol, pour la robe
acie- Nombre de messages : 8
Date d'inscription : 17/01/2006
Re: Paris sans tour Eiffel (exercice)
Bah! Il fait froid au Québec aussi, mais y'a toujours une période de l'année où il fait plus chaud et où les femmes portent des robes...
Jonjon- Nombre de messages : 2908
Age : 40
Date d'inscription : 21/12/2005
Re: Paris sans tour Eiffel (exercice)
oui jonjon, je sais
enfin c'etait pas vraiment ca le plus important dan smon commentaire
c'était un bon texte
enfin c'etait pas vraiment ca le plus important dan smon commentaire
c'était un bon texte
acie- Nombre de messages : 8
Date d'inscription : 17/01/2006
Sujets similaires
» Notre rencontre sous la Tour Eiffel
» Proposition d'exercice : Paris attend demain
» Trois rails de coca sans un pli (sans « e »)
» Sans excuse, sans drame, sans amour
» Narbah poussière
» Proposition d'exercice : Paris attend demain
» Trois rails de coca sans un pli (sans « e »)
» Sans excuse, sans drame, sans amour
» Narbah poussière
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|