Le visage du passé
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Le visage du passé
C’est le soir la ruelle est vide. De chaque côté de la chaussée des voitures en stationnement devant des maisons ,pourtant la plupart inhabitées. Un fil téléphonique traverse la chaussée en hauteur. Sur le poteau un merle attend. Qui ne chante même plus pour lui-même
Il arrivera par le bas, d’un pas si discret que personne ne l’aura entendu. Le corps rigide dans un imperméable bleu marine du temps de la Stasi, feutre gris et mains dans les poches, une démarche presque mécanique. Jamais sa tête ne se détournera pour observer tel ou tel détail d’un côté ou de l’autre de la rue. Jamais il ne modifiera son rythme afin de contourner un obstacle ou chercher le numéro exact de la maison où il se rend.
Sur la droite de la chaussée un escalier au fer forgé écaillé laissant deviner quatre ou cinq passages successifs de peintures autrefois vives peut-être. Qu’il montera sans la moindre affectation dans la démarche. A l’étage de la maison, on entendra par une fenêtre ouverte les variations Goldberg, ou peut-être les Diabelli. Mais ça n’aura pour lui pas la moindre importance. Arrivé en haut de l’escalier il ouvrira la porte de la boutique, déclenchant les deux notes musicales d’un timbre. Dans cette galerie d’art il y aura des tableaux, des affiches, des gravures. Il n’y prêtera pas la moindre attention en se dirigeant vers le bureau.
Une femme sans âge s’y tiendra assise. Une fraction de seconde quelque chose trahira dans son regard une sorte de surprise ou de l’émotion, une angoisse vite réprimée. Mais ce ne pourra être une bonne nouvelle que l’arrivée de cet homme. Il est vrai que posant son chapeau et son imperméable sur le plus proche fauteuil il sera alors bien visible qu’il n’a pas de visage, qu’il y a un simple espace vide entre la racine de cheveux lisses et bruns et le col de chemise serré par la cravate.
Ah, lui eût -t elle dit sans doute, il y a longtemps qu’on ne vous avait revu
Il arrivera par le bas, d’un pas si discret que personne ne l’aura entendu. Le corps rigide dans un imperméable bleu marine du temps de la Stasi, feutre gris et mains dans les poches, une démarche presque mécanique. Jamais sa tête ne se détournera pour observer tel ou tel détail d’un côté ou de l’autre de la rue. Jamais il ne modifiera son rythme afin de contourner un obstacle ou chercher le numéro exact de la maison où il se rend.
Sur la droite de la chaussée un escalier au fer forgé écaillé laissant deviner quatre ou cinq passages successifs de peintures autrefois vives peut-être. Qu’il montera sans la moindre affectation dans la démarche. A l’étage de la maison, on entendra par une fenêtre ouverte les variations Goldberg, ou peut-être les Diabelli. Mais ça n’aura pour lui pas la moindre importance. Arrivé en haut de l’escalier il ouvrira la porte de la boutique, déclenchant les deux notes musicales d’un timbre. Dans cette galerie d’art il y aura des tableaux, des affiches, des gravures. Il n’y prêtera pas la moindre attention en se dirigeant vers le bureau.
Une femme sans âge s’y tiendra assise. Une fraction de seconde quelque chose trahira dans son regard une sorte de surprise ou de l’émotion, une angoisse vite réprimée. Mais ce ne pourra être une bonne nouvelle que l’arrivée de cet homme. Il est vrai que posant son chapeau et son imperméable sur le plus proche fauteuil il sera alors bien visible qu’il n’a pas de visage, qu’il y a un simple espace vide entre la racine de cheveux lisses et bruns et le col de chemise serré par la cravate.
Ah, lui eût -t elle dit sans doute, il y a longtemps qu’on ne vous avait revu
'toM- Nombre de messages : 278
Age : 68
Date d'inscription : 10/07/2014
Re: Le visage du passé
Très graphique, c'est ce qui me vient à la lecture.
On est dans la ruelle ou on regarde l'escalier. Et puis on est sans âge.
En dehors et à la fois dans la toile.
J'aime aussi ces échos qui s'immiscent dans le texte.
Est-ce un morceau d'un ensemble plus grand ou un instantané?
On est dans la ruelle ou on regarde l'escalier. Et puis on est sans âge.
En dehors et à la fois dans la toile.
J'aime aussi ces échos qui s'immiscent dans le texte.
Est-ce un morceau d'un ensemble plus grand ou un instantané?
Re: Le visage du passé
Va pour un instantané, en atelier.
Laurence V. aime nous demander de sortir de la salle, dans l'immeuble, ou dans la rue,
et de nous attarder sur un détail.
Puis de le faire vivre, avec une consigne; là, l'idée d'un handicap.
Je trouve très bien son intention de nous faire écrire des pages arrachées....
Tu viens quand ?
Laurence V. aime nous demander de sortir de la salle, dans l'immeuble, ou dans la rue,
et de nous attarder sur un détail.
Puis de le faire vivre, avec une consigne; là, l'idée d'un handicap.
Je trouve très bien son intention de nous faire écrire des pages arrachées....
Tu viens quand ?
'toM- Nombre de messages : 278
Age : 68
Date d'inscription : 10/07/2014
Re: Le visage du passé
Les pages arrachées- presque feuilles volantes entre deux cahiers.Presque comme les traces sur les volets.
Nouvelle figure à l'atelier donc :), même endroit mythique ?
Courant de mai, ou juin. Tu peux quand?
Nouvelle figure à l'atelier donc :), même endroit mythique ?
Courant de mai, ou juin. Tu peux quand?
Re: Le visage du passé
On se prend très vite au jeu, c'est bien mené jusqu'au bout.
J'aurais peut-être terminé sur l'absence de visage.
Sinon, futur pour futur, autant l'employer dans la dernière phrase, non? ce passé simple m'a fait sursauter.
(Ben dites les potes-poètes, quand vous avez atelier, balancez-nous donc les consignes qu'on s'a-muse aussi, loin des embruns. WhatsApp, vous connaissez? Ou Viber, ou même skype... ya même VE!
mais non, Laurence ne dira rien... )
J'aurais peut-être terminé sur l'absence de visage.
Sinon, futur pour futur, autant l'employer dans la dernière phrase, non? ce passé simple m'a fait sursauter.
(Ben dites les potes-poètes, quand vous avez atelier, balancez-nous donc les consignes qu'on s'a-muse aussi, loin des embruns. WhatsApp, vous connaissez? Ou Viber, ou même skype... ya même VE!
mais non, Laurence ne dira rien... )
Polixène- Nombre de messages : 3287
Age : 61
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Le visage du passé
C'est bien écrit, on suit tout du long et la brièveté me paraît aller avec cette mobilité immobile.
Je trouve aussi qu'il faut en rester au futur, mais pour moi il faut que cette femme dise quelque chose, pour que la rencontre ait vraiment lieu, et j'aime l'idée d'un arrière-plan passé.
Je trouve aussi qu'il faut en rester au futur, mais pour moi il faut que cette femme dise quelque chose, pour que la rencontre ait vraiment lieu, et j'aime l'idée d'un arrière-plan passé.
Re: Le visage du passé
Oulah! il est passé des gens....
D'accord pour l'incongru du passé qui fait irruption, à vrai dire je ne sais plus précisément pourquoi. Peut-être un goût pour les histoires circulaires -qui n'a rien à faire ici. J'aime écrire au futur, ça donne une impression de fatalité, même si les personnages essaient de se débattre. Je pense qu'ils viennent de rues très étroites, dans des villes aux murs très hauts. De ça, on ne se tire que par le rêve, ou une imagination qui ne craint pas trop de s'évader vers l'absurde
On a eu r-atelier depuis, Polixène, peut-être le dernier de Laurence (Laurence Vilaine, qui a écrit "le silence ne sera qu'un souvenir"), et c'est bien dommage. Par contre j'ai oublié les consignes, que d'ailleurs le plus souvent elle donne en "improvisant".
D'accord pour l'incongru du passé qui fait irruption, à vrai dire je ne sais plus précisément pourquoi. Peut-être un goût pour les histoires circulaires -qui n'a rien à faire ici. J'aime écrire au futur, ça donne une impression de fatalité, même si les personnages essaient de se débattre. Je pense qu'ils viennent de rues très étroites, dans des villes aux murs très hauts. De ça, on ne se tire que par le rêve, ou une imagination qui ne craint pas trop de s'évader vers l'absurde
On a eu r-atelier depuis, Polixène, peut-être le dernier de Laurence (Laurence Vilaine, qui a écrit "le silence ne sera qu'un souvenir"), et c'est bien dommage. Par contre j'ai oublié les consignes, que d'ailleurs le plus souvent elle donne en "improvisant".
'toM- Nombre de messages : 278
Age : 68
Date d'inscription : 10/07/2014
Re: Le visage du passé
j'aime bien la chute. l'exposition tout en complémentarité était loin de me laisser supposer cette inattendue béance.
hi wen- Nombre de messages : 899
Age : 27
Date d'inscription : 07/01/2011
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