Un cheval anachronique m'emmène au fond de l'après-midi.

Un cheval anachronique m'emmène au fond de l'après-midi.

J'étais dans la voiture à fond d'après-midi
Je rattrapais le temps ; le ciel était très gris
L'ombre de nuit jetait un paravent de pierres
En travers d'une eau-honte (et presque si austère
Que le plus noir des ponts maudits des pauvres puits)
- J'étais entre l'Enfer et hier ; demain se produisait
Sur une scène absente et sous de faux procès.

Ma mère – depuis longtemps m'avait abandonné
Des pages noircissaient de honte mon été
Avait été austère - que le plus noir des puits
Où j'aimerais sauter ; mon été me quittait
l'Individu – inquiet se répétait : (défi
Nativement pendu par son culte au bonheur)
Naïvement accroché (on le lui fait accroire)
Sur le cycle infini des "un an" que l'on sème :
« Je suis perdu, je suis tout seul » - la fille
Au cheveux noirs passait sa complaisance
A un autre. Un choix pendait
Comme une prune mure à l'arbri* des regrets

moi je mordais mes lèvres et ma faim de looser
un matin je levai ma fureur de rôdeur
sur toutes les journées de paresse et d'ennui
elle ne leur a rien fait – elles m'ont mangé aussi

J'avais fait feu de mes amours ; les cendres,
Abandonnées, je les fumais sous l'abat-jour
D'une colère immense ; ma voix était partie
Je sondais les désirs que salissait ma vie
le savoir d'intuition qu'un devoir obscurcit
qu'on ne suit pas qu'on perd qu'on trahit et qui suit
De ses rêverynies ses regrets de pouvoir

Je vivais au mensonge comme dans l'univers :
réfléchi au tambour des angoisses fossiles,
comme sur une peau tape un être de papier
pour vous clamer « voici » ou pour vous arrêter ;
Je trépanais mon cœur qui meurtrissait la fête
d'un succès de forain au destin d'un raté

J'étais une victime sans être un nuisible
Je croyais sans le faire à l'avenir possible
J'étais un criminel sans la gloire du bagne
J'étais un animal mais je sortais de khâgne
Je me voulais sauvage, j'étais un enfant sage
Déçu de n'avoir su pour un jour décevoir.

Parfois, je songeais, moi aussi, le soir
-Et le soir est partout quand le cœur de dégoût
se penche et s'abrutit – aux partirs délétères
et aux repos sereins. Mais, là, que faire ?!
Quand la bohème fut un rêve de bourgeois ?
Que l'entreprise est libre d'être son entreprise
Que l'aventure est née comme produit que l'on vise
Quand c'est l'Into the Wild des pauvres sans une âme
Et quand je suis surtout une âme sans courage
Qui trouve des excuses au marxisme sans rage
De sa vie ? Quand ma Révolution muette
Est comme un homme nu sur une plage vide ?

Un enfant court dans le lointain
un cerf-volant le noie

Même la dérision (la fidèle compagne
de l'Histoire qui se brise et des moindres campagnes
Des hommes de tristesse) - même c'trébuchant d'âne
Aux dents écartelées, aux bottes de héros
Ne m'est plus qu'un prétexte pour pouvoir être infâme,
M'est une complaisance à pouvoir être faux.

Que je déboule un jour de cette vie en faux !
et pour dire à la mort que je n'ai pas vécu,
Je montrerais la trace des feuilles non écrites
Sur une vie d'Hiver où leur lanterne brûle
Je deviendrai alors mon propre oiseau de nuit
Perdant l'homme du Jour à l'absence de vie
Dans une combustion de poèmes non dits.

Mourir ! Confusion ! Et renaître en Lecteur !

tu as un style très personnel, le mélange épicé de classicisme et d'impertinence (en particulier les vers boiteux, qui me semblent assumer l'infirmité de leur galop dans le titre) est inconfortable et plaisant...des fois je comprends pas tout.
J'aime la fin...oui, renaître en Lecteur ! se livrer à ce fleuve, quitter les questions qui tournent en rond.

Des tonalités intéressantes avec un beau mélange de douleur lancinante, qui creuse et ronge, et de vivacité, telle une petite claque.
La présence très forte du JE ne m'a point parue gênante; le narrateur sais se faire oublier au profit de son propos et c'est bienvenu, car ce propos, dur et fort, emporte pas mal de choses sur son passage.