C'est comme ça que l'on survit
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C'est comme ça que l'on survit
Ce poème en trois parties est issu d'une époque où j'étais fou. En fait je me suis replongé dans un vieux projet qui s’appelait Cindy. Je suis désolé, c'est un peu long, mais ça restitue bien l'époque, je ne me souvenais absolument pas de ces écrits.
C'est comme ça que l'on survit
il fait bien gris
par la persienne
je vois la pluie
qui s'abat même
nous désintègre
et la pluie est
la seule chose
qui m'intéresse
ou me délasse
la pluie (toum toum)
est la seul' chose
que je connaisse
par
rencontrée elle
la pluie un soir
de juin et par
erreur alors
qu'on voulait me présenter
le soleil et la santé
la beauté tout le gratin
et raffarin
mais à la place
voici qu'arrivent
la pluie la toux
et la dérive
toute une armée
de mecs tout seuls
et puis jospin
la pluie apaise
mon âme en chien
toute une armée
de mecs tout seuls
qui comme moi
regardent la pluie tomber
tranquillement
presqu'un peu tristes
mais détachés
n'ayant rien d'autre à faire que de penser
tiens
j'espère que demain
j'aurai deux bouts de pain
c'est comme ça que l'on survit
c'est comme que l'on se se soigne
bien
plutôt bien malgré tout malgré la vie
en unité de psychiatrie
rachida dati
*
tu manges ce bonbon
avec le plus grand sérieux
du monde
un délicieux bonbon
au caramel
bonbon qui fond tout seul tout seul
dans ta p'tite bouch' d'enfant tout seul
devant eux les grands
ces deux humains se méprisant
et te parlant comme on s'essuie
les paluches sur un torchon
tu es enfermé avec deux êtres
qui se détestent sans passion
enfermés qu'ils sont eux-mêmes
dans leur malheur le malheur que tu es
et le bonbon
libère
sa fine saveur
deux être qui pleurent
beaucoup plus que toi
lui qui dit que me veux-tu
elle qui répond j'en ai marre de me taire
lui qui dit quoi que me dis-tu
elle qui s'écrie non mais regarde cet enfer
dans lequel tu m'as mise
et alors le papier d'or
de ta friandise
te fascine et tu t'amuses
à compter les rayons de soleil
qui tombent dans la pièce
dans la pièce où tu es
où ils te tuent
habitués
à te déplaire
mais ton regard s'éclaire
soudain
et le bonbon réchauffe ta condition
il apaise ton enfer
un bonbon extraordinaire
un bonbon grandiose
une équinoxe de sucre
une éclipse de fondant
et les cris mêlés de tes parents
se taisent pour un instant
et tu es l'enfant
le plus chanceux du monde
d'avoir un bonbon sous ton palais
un cadeau sur la langue
une poignée d'éternité
en cinq minutes de miracle
*
dis-moi tout
dis-moi ce qui chagrine
ton cœur
dis-moi ce qui se cache
derrière cet air songeur
parle-moi
parle-moi de toutes tes forces
parle-moi de tes erreurs
et de tes peurs
d'enfant
à présent que tu es une grande personne
sois digne de tes choix
à la hauteur de ta vie
je suis la chaise sur laquelle
tu es assis
je suis la terre
je suis la pulpe de ton doigt
l'enfer la neige ton toit
ton abris tes rêves et le dernier jouet
que tu n'as pas cassé
je suis ta poésie
je reste ta poésie
et je sauverai le monde
pour que tu ailles juste
un peu mieux
2013
Re: C'est comme ça que l'on survit
C'est bien que tu présentes le poème, que tu t'en retires un peu dans le temps, parce que ça lui donne une autre dimension, il dit autre chose, comme un récit de voyage.
J'ai été frappée au début par la ressemblance avec le poème de Verlaine
"il pleure
dans mon cœur
comme il pleut sur la ville
quelle est cette langueur
qui pénètre mon cœur". Tout le début du poème semble dire, comme le sien, l'apaisement qui vient quand le monde autour de soi est accordé à ce qui est intérieur.
J'ai beaucoup aimé l'enfant et son caramel, au milieu de la scène de ménage. La façon dont - au contraire - cette délicieuse perception, ces délicieuses perceptions (il y a aussi la beauté du papier dans la lumière), lui permettent de s'éloigner, ou de s'abstraire en partie du déchirement qui pourtant l'environne. C'est peut-être le "en partie" qui est le plus frappant, car l'intensité du conflit est extrêmement présente aussi. Cela coexiste ; il existe entre ces deux réalités.
Enfin la dernière strophe, surtout à partir de
"je suis la chaise sur laquelle
tu es assis…
est très belle.
J'ai été frappée au début par la ressemblance avec le poème de Verlaine
"il pleure
dans mon cœur
comme il pleut sur la ville
quelle est cette langueur
qui pénètre mon cœur". Tout le début du poème semble dire, comme le sien, l'apaisement qui vient quand le monde autour de soi est accordé à ce qui est intérieur.
J'ai beaucoup aimé l'enfant et son caramel, au milieu de la scène de ménage. La façon dont - au contraire - cette délicieuse perception, ces délicieuses perceptions (il y a aussi la beauté du papier dans la lumière), lui permettent de s'éloigner, ou de s'abstraire en partie du déchirement qui pourtant l'environne. C'est peut-être le "en partie" qui est le plus frappant, car l'intensité du conflit est extrêmement présente aussi. Cela coexiste ; il existe entre ces deux réalités.
Enfin la dernière strophe, surtout à partir de
"je suis la chaise sur laquelle
tu es assis…
est très belle.
Re: C'est comme ça que l'on survit
Je suis toujours touchée par ce qu'il y a de déchiré dans tes textes, tout en déplorant ce goût immodéré qu'on a des victimes ! Mais il y a dans tes écrits de vrais bonheurs d'écriture qui redonnent de la vitalité à tout ce morbide... Si un jour tu arrives à parler du bonheur avec la même force, tu seras un maître !
coline dé- Nombre de messages : 353
Age : 24
Date d'inscription : 24/12/2019
Re: C'est comme ça que l'on survit
"Un peu de douceur dans un monde de brutes" Ce deuxième poème illustre bien comment un enfant désemparé peut s'extraire d'une réalité cruelle et fuir en demultipliant ses sensations pour être happé totalement par elles et par la même sauvé l'espace d'un instant...Il peut suffire d'un bonbon qui vous avale tout entier et vous rapproche du paradis...Fragile instant suspendu , en attendant le retour en enfer...Quand le bonbon ne suffira plus à procurer cet apaisement, on voit bien le petit enfant devenu grand s'adonner à des expériences plus destructrices pour fuir encore...mais la c'est la lectrice qui part en vagabondage mental :-))
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: C'est comme ça que l'on survit
Le premier poème m' à désarçonnée avec l'arrivée inopinée de Raffarin Jospin et Dati...comme un court circuit neuronal...une pensée qui se déchire , un Syndrome de la Tourette très personnel...
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: C'est comme ça que l'on survit
Troisième : on a le bonbon , quelque chose qui sauve "ta poesie " et le syndrome encore "Va voir bobonne " completement barré....occulté comme quelque chose d'inguerissable mais de maitrisable
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: C'est comme ça que l'on survit
Merci à vous, j'avais vraiment oublié ces poèmes. Bon, j'avoue tout de même que je les ai un peu remodelé. Mais ces phrases barrées, cet espèce de tourette effectivement, de bugs, ces débordements étaient déjà présents. Je pouvais, à l'époque, remplir un cahier en quelques jours, puis ne plus rien écrire pendant 6 mois. J'étais en fait tributaire de la psychose, et cela dans la peinture aussi. Voilà pourquoi je suis ému que vous aimiez. C'était un autre monde.
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