Un sentiment dangereux

Aujourd'hui j'ai reçu une balle dans la poitrine.

Il était à peine onze heures du matin,

quand le projectile m'a atteint.

Il faisait un temps splendide,

quand j'ai reçu le projectile.

Mon sang a commencé à s'échapper de mon corps

qui le maintenait pourtant,

depuis plus de vingt ans,

à l'abri du monde au dehors.

Une colombe s'est envolée,

Quand, à terre, j'ai plongé

pour nager dans la mare de sang

qui prenait source dans mon dedans.

J'ai fait quelques brasses,

puis j'ai bu la tasse.

J'ai coulé vers le fond, de la,

droit vers le coma.

J'ai quand même eu le temps

de voir mon agresseur

s'enfuir en courant,

apparemment indemne, pour l'heure.

Mais quelques gouttes de sang

séchaient dans son sillage.

Elle survivra sans doute

à ce coup de foudre en retour.

Mais moi, couché sur la route,

j'agonise, je meurs d'amour.

Assez ordinaire, je dirais. Un thème archi-rebattu, que l'expression à la simplicité agréable ne suffit pas à rajeunir selon moi...

J'ai bien aimé le traitement, sans prétention et sans surprise ; un peu déçue peut-être que ce ne soit pas plus substantiel.

Ce découpage, ce rythme, ressemblent à des battements de coeur et à une respiration saccadée. On peut imaginer que cela correspond à ce qui se passe dans la tête et le corps du narrateur; sur ce point, cela me semble tenir la route.
Toutefois, je regrette que tout soit ainsi expliqué, ça manque un peu d'âme pour quelqu'un qui vit un tel drame, ça manque de tripes (pas dans le sens sanguinolant, bien entendu...). Je pense qu'il faudrait choisir une autre manière d'exprimer tout cela, soit en jouant la carte du non-dit, soit en y allant plus franchement dans le ressenti brutal de ce qui se passe.

Beaucoup d'idées dans ce " goutte à goutte " par moments j'ai un " dormeur du val " à d'autres une métaphore filée à l'hémo, mais j'ai oublié que l'amour, encore lui, était maître du je.