AVENT : La farce de Noël

— Bonjour Docteur Noël!
— Ah bonjour ma chère Marie, cela va t-il mieux cette semaine?
— Ben c'est pas la forme! Pour tout dire, je crois que je suis au bord du gouffre. Mon mari ne me respecte plus, il me délaisse et mes enfants me cachent des choses, j'en suis pratiquement sûre. J'en peux plus docteur! Cette situation m'épuise. J'ai encore besoin de votre aide…
— Mmmm Marie, allongez-vous sur ce divan. Détendez-vous et racontez-moi les derniers événements.
— Et bien Antoine, mon mari, ne veut plus me toucher. C'est bien simple docteur. Les soirs où j'en ai envie, ce goujat prétexte la fatigue, son boulot épuisant passé à faire signer des contrats à la banque. Je ne sais même pas ce que je lui ai fait pour mériter une telle humiliation. J'ai bien tenté de suivre vos conseils mais ça ne marche pas….
— Et en ce qui concerne vos enfants?
— Et bien, je crois que mon fils Jeremy se drogue. En nettoyant sa chambre, pour une fois qu'il l'avait laissé ouverte, je suis tombé sur un cendrier et une odeur assez bizarre qui emplissait la pièce. Un peu comme des épices de barbecue en été. Lui qui ne fumait pas. Et puis, je le trouve fort mou ces temps-ci. C'est bizarre tout de même, vous ne trouvez pas docteur?…
— Mmmm, poursuivez Marie, et votre fille dans tout cela?
— Elle c'est bien simple, je ne la reconnais plus. Elle, il y a peu si sage, si gentille, dont tout le monde disait que c'était mon portrait craché à cet âge-là. Aujourd'hui, c'est un vrai monstre. A peine un bonjour, qu'il faut arracher. Elle revient de plus en plus tard le soir et elle, qui était, il n'y a pas si longtemps, distinguée se complaît maintenant dans les tenues les plus débraillées. De plus, je suis pratiquement sûr qu'elle fréquente ce petit rocker à la gomme de Pascal qui terrorise le quartier. Vous croyez que je suis folle, docteur , c'est ça?…
— Mais non Marie, vous n'êtes pas folle… Juste légèrement surmenée. Je vais vous prescrire quelques produits qui ne pourront vous faire qu'aller mieux, vous verrez et ne vous inquiétez pas pour votre mari, vous êtes sur la bonne voie. Avec une femme telle que vous, il ne pourra plus résister bien longtemps et retrouver l'ivresse de vos débuts. Quant à vos enfants, ce n'est que passager croyez-moi..
— Oh merci docteur, qu'est-ce que je ferais sans vous
— (Je me le demande)
— Je vous quitte, docteur, je dois préparer le souper de ce soir, ça me calmera. Vous savez, mes beaux-parents viennent comme chaque année. J'espère que ça ira malgré les problèmes
— Mais oui Marie , tout ira bien, allez Joyeux Noël chez vous!
— Merci, joyeux Noël à vous aussi docteur…. Noël
— (Pfffffff…. Quelle cruche celle-là, j'ai cru que ça ne s'arrêterait jamais ce moulin à paroles. Ca m'apprendra à recevoir des patients le 24)




— Quelle dinde!
— Tu veux parler de ta femme, Antoine?
— Oui, je te jure quand elle s'y met celle-là! J'en vois des vertes et des pas mûres depuis que son charlatan de psy lui a mis dans la tête qu'il fallait qu'elle réactive sa vie sexuelle. Mais j'y peux rien moi si elle ne me fait plus grimper au rideau. C'est tout. Est-ce que je me mêle de ses affaires de coeur à ce tocard en blouse blanche.
— Calme –toi Antoine. Viens près de moi, on va régler ça à ma façon. Et je sais que tu aimes mes façons…
— Oh que oui, toi au moins tu me comprends, tu sais ce que je veux! Fallait absolument que je te voie aujourd'hui. Je n'aurais pas supporté de la voir faire ses mille chimagrées pour préparer le souper de ce soir
— Ahahahaha, mon pauvre Antoine, on peut dire que tu as de la chance de m'avoir toi….



— Ah que tu sais que tu es très jolie Delphine.
— Arrêtes, Pascal, j'aime pas quand tu fais le con comme ça
— Je te dis juste que tu es la femme de ma vie et c'est comme ça que tu le prends. Merci…
— Mais non…Tu sais bien que je t'adore.
— Dis, tu fais quoi ce soir pour la veillée de Noël?
— Ben en famille comme d'hab…
— Cache ta joie!
— Si tu savais, ça va être l'enfer : ma mère est complètement givrée, mon père n'est pratiquement plus qu'une ombre dans la maison et mon frère défoncé jusqu'à la moelle. Et cerise sur la bûche, mes grands-parents seront là. Pffff je suis sûr qu'ils vont encore m'offrir l'une de ces robes nunuches et dire que je suis leur petite princesse…
— Et ben! Ta famille c'est la Sagrada Familia
— C'est encore en dessous de la vérité. Bon Pascal, faut que je te laisse. Je dois encore acheter mes cadeaux pour la crèche…



— Dis, Pascal, t'aurais pas une petite dépanne? Trois fois rien hein, juste de quoi tenir le coup ce soir. Sinon, ça va être l'enfer.
— Si Jerem', mais va falloir allonger. C'est Noël aujourd'hui.
— Ben justement si c'est Noël..
— Tu crois encore au Noël blanc mon pauvre vieux. La demande est forte aujourd'hui. Il y en a beaucoup qui veulent voir des étoiles filantes ce soir. La belle nuit de Noël et tout ça…. Donc tu allonges ou nada. Ok ?
— Ok, ok.



— Tu pourrais au moins venir me donner un coup de main Denise?
— Non, Raymond! Je n'ai pas envie de donner l'occasion à cette cruche qui me tient lieu de belle-fille de m'humilier devant mes petits-enfants, sous prétexte d'une tâche de cambouis sur ma merveilleuse robe de soirée. Déjà que je ne la mets pas souvent!
— ( C'est sûr que j'ai plus souvent droit à la collection Damart qu'à du Yves Saint Laurent)
— Tu disais Raymond…?
— Non rien, chérie, j'ai presque fini la réparation.
— Ben oui dépêche-toi un peu à la fin, on va louper les petits fours si ça continue. C'est déjà ce que Marie fait de mieux… (Normal, elle doit sans doute les acheter tout préparés vu qu'elle sait rien faire de ses dix doigts)




— Ah ça fait plaisir de se retrouver tous réunis, non les enfants?
— Mmmmmmm
— Vous n'êtes pas très bavard
— Je crois qu'on va entamer la distribution des cadeaux. Je crois que ça déliera les langues.
— Allez Jeremy, réveille-toi un peu! Offre ton cadeau à ta sœur!
— Merci frangin
— ….
— Et mais t'es barge, tu crois quand même pas que je vais écouter le CD de Magalie. Ce serait la honte. J'écoute plus ça moi. Fini. Je suis passé à Bloc Party, Franz Ferdinand et tout ça moi… J'espère que t'as gardé le ticket de caisse au moins que j'aille échanger. Mais merci, c'est l'intention qui compte. Ah moi de t'offrir mon cadeau!
— ….
— Il te plaît au moins?
— Un cendrier design. C'est trop gentil Delphine. Merci. ( Quelle conne celle-là! Maintenant, c'est clair, maman va me harceler).
— Delphine, j'ai quelque chose pour toi!
— Oh merci Mamy, une robe bleue. J'en avais déjà une rouge, une verte et une jaune. Me manquait plus que le bleu. Merci
— Ben oui ma petite princesse…
— Bon et si nous passions à table, qu'on s'attaque à la dinde farcie. On continuera la distribution plus tard. J'ai une faim de loup moi.
— Oh, magnifique Marie! Comme chaque Noël, vous avez encore réussi votre farce!

Ou tout ce qu'il ne faut pas faire à Noël! -)) Je vous souhaite évidemment un Noël bien différent de ce texte, fait de joie et de sentiments partagés!

Tu postes avec un jour d'avance Not??
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1h30 d'avance , j'ai pas pu attendre -). Mais au moins elle sera là pour demain -)

Ben ça! 100% dialogues! C'est vivant au moins! Pour ceux qui n'apprécient pas trop les longues descriptions, c'est tout bon!
J'ai bien aimé ces petites dialogues séparés qui préparent la grande rencontre annuelle si attendue par tous! ;-)
Un reflet de notre société? Peut-être un peu, oui. Et c'est pas la joie!
Donc c'est assez réaliste à part quelques maladresses dans le ton parfois, un peu éloigné du langage de tous les jours. Mais le dialogue est un exercice très compliqué en littérature je crois.
Et c'est quoi des chimagrées?! ;-) J'adore ce mot!
C'est bon Not, bien enlevé et bien construit. Pas d'ennui.
Merci.

Oui, c'est bien difficile, le dialogue. Personnellement, je n'arrive pas à faire parler les gens. Ce que j'aime dans celui de Nothingman, c'est le réalisme des relations familiales - un réalisme un peu cinématographique tout de même, on se croirait dans du Bacri-Jaoui - et puis le "montage" (encore un mot du cinéma) par petits plans bien ajustés, le puzzle bien raboté d'une déglingue.

C'est bien construit, Noth, parce que ce n'est pas facile de tout expliquer rien qu'avec des dialogues.
Mais c'est bien imaginé : ça commence par une présentation de la famille chez le psy et puis c'est l'entrée en scène des personnages et puis la famille réunie.
Mais quelle famille dis donc !
Le texte est bien écrit, très vivant, une part d'humour et puis la fin un peu abrupte mais c'est, comme on dit, une tranche de vie ! Et c'est un beau "conte" de Noël.

Ha ha ! Maintenant explique à Mentor ce que c'est : des chimagrées ! ;-))
Chez moi on fait des simagrées...

sé moi aussi. Pardon: chez moi auchi. M... Chez moi aussi! ;-)

Voilà pourquoi il était indiqué en rougé sur word!! -) C'est bien entendu des simagrées, je ne me rappelais plus très bien. Les simagrées, ce sont des pitreries, des manières un peu trop ostensibles Le Robert : "Comportement affecté destiné à attirer l'attention, à tromper". Synonimes : chichi, minauderie, manières....

Une très bonne idée que ces points de vues croisés. La construction est bien menée, à aucun moment je ne me suis perdue. Les dialogues animent le texte, le rendent à la fois vivant et drôle. Tu nous offres là une chouette satire!
Quelques maladresses toutefois, des répétitions surtout.

J'ai pas trouvé où tu avais planqué la narration. Que des dialogues, des enchainements de situations qui me font penser à du théâtre de boulevard. Il ne manquerait plus que le médecin soit l'amant de la fille et qu'il soit caché dans le placard

Que du dialogue, j'aime ça! Cela donne tout de suite un petit air différent au texte, de la vie, une situation en temps réel et puis on se glisse dans la peau des personnages. Un Noël pénible tel que je les conçois ;)) On s'y croirait, pas de doute là-dessus!

Ambiance bien plombée, bien triste, bien lourde... C'est bien rendue mais ce n'est pas vraiment mon idée d'un conte de Noël. J'attendais quelque chose pour égailler tout ça... Non pas viré dans le tout beau tout rose mais juste changer un peu d'ambiance. C'est pas mon genre préféré.

J'aime beaucoup aussi les dialogues, ça donne une tournure enlevée au texte de même que les différents plans. Bonne idée que de planter le décor et de présenter les personnages par la consultation chez le psy. J'ai juste trouvé ceux-ci un peu trop caricaturaux mais sans doute difficile d'affiner autant de personnages dans un texte court. Et puis il fallait oser présenter la caractère contraignant de Noël dans une famille au sein de laquelle on échange plus grand choses sauf des vannes et encore pas en face. Original Noth.

— Ah que tu sais que tu es très jolie Delphine.

Ah ah ah !

J'ai bien rigolé Not', alors que finalement quand on en ressort, on est plutôt déprimé :0(
Trés sympa cette idée de dialogue, c'est vif, ça change, et j'aime beaucoup la situation que tu donnes à chacun, et puis aussi ce que pensent les gens des uns des autres, et puis cette espèce d'obligation morale d'être en famille à Noël alors que tu n'en as pas forcément envie. Trés agréable !