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Edification

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silene82
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Message  silene82 Ven 12 Juin 2009 - 6:11

Gobu a écrit:et pourquoi vous aurez à cœur aussi de poursuivre cette sympathique hagiographie sans négliger de tenir compte des éléments lexicographique et sociologiques que je me ferai un plaisir de vous communiquer si nécessaire, n’en déplaise à tous les avocats de tous les diables.

En l’attente du plaisir de vous lire encore, je reste, cher 82, votre dévoué

Gobu
Cher monsieur Gobu,
m’arrive à l’instant une mention d’un certain Onésime Gorbukoff, dont Heinrich Schliemann, qui l’avait bien connu du temps qu’il était membre de la Guilde des Négociants de St Pétersbourg, parle dans ces termes :
« un colosse au propre comme au figuré, infatigable danseur, qui après avoir crevé le bataillon de cosaques du Don qu’il commandait en leur faisant ramasser, en plein galop, les épingles à cheveux que les dames perdaient sur les pavés jouxtant la perspective Nevski, dînait légèrement d’un esturgeon de 6 livres, de deux douzaines de côtelettes Pojarski, d’un petit gigot de Kiev, délicatement parfumé a l’aneth et mariné à la crème aigre, passait la soirée au club des officiers à chanter en s’accompagnant d’un théorbe, car il avait l’âme hellénistique (Note du transcripteur, ce qui ne pouvait manquer d’enchanter Schlieman, futur exhumeur de Mycènes, et peut-être inverti), filait de là dans les tavernes des bords de Volga défier au bras de fer et au pet-qui-tue les marins baltes, combats dans lesquels sa supériorité d’homme gros consommateur de cornichons marinés et de bortsch aigre éclatait aux yeux de tous. Une de ses maîtresses, la grande Ekaterina Dourakina, forte comme un cocher, et qui soutenait une charrette tandis qu’on en changeait la roue, confiait entre deux à ses intimes que c’était le premier qui l’avait fait crier grâce pour un autre motif que l’ennui. » Compte tenu de l’extrême divergence de points de vue entre le rabbin tchèque que vous considérez comme directement relié au saint, et l’initiateur de pogroms susdit, pensez-vous que l’âme, dans ses habitats successifs, soit à même de garder mémoire de ses logis antérieurs ? En effet, il est surprenant qu’après avoir suivi les strictes règles kosher de Prague, on puisse avec tant de légèreté les transgresser au son des violons tziganes.
Dans l’attente de votre opinion, et réservant néanmoins une stèle en attente dans la longue cohorte des avatars de saint Gobbo, j’ai l’honneur….
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Message  silene82 Ven 12 Juin 2009 - 6:33

Arielle a écrit:
-chassez le néo-ligure, il revient par la fenêtre.-
Poursuivons, poursuivons cet édifiant voyage dans notre sombre et lointain passé. Nous en avons tant à apprendre et nous en sortirons grandis, je n'en doute pas un instant.
Merci, Arielle, mais craignant qu'à trop tirer du tonneau je n'en atteigne le douzil, je préfère clore. Le vaste monde est si plein d'aventures: tenez, Gobu m'informait, pas plus tard qu'hier, de sa filiation directe avec le saint, par avatars successifs. Lisez plus haut le survol qu'il m'en fait, c'est un régal, ce qui ne surprendra personne. Chacune de ses incarnations pourrait être matière à récit, c'est l'angle de vision du narrateur qui importe.

En tous cas merci pour vos appréciations qui font partie des agréables rétributions de la plume
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Message  Gobu Sam 13 Juin 2009 - 22:27

Très cher 82,

J’ai pris connaissance avec beaucoup d’intérêt – et non sans une pointe d’agacement – que vous étiez au parfum de l’existence – plus que dissolue – et des douteux exploits de mon avatar cosaque de la 2ème partie du XIXème – Le siècle, naturellement, pas l’arrondissement (note du transcrivo) – Quoi ? Il a encore des ratiches en rab, le nabot ? (Note de Mike Tyson) et je vous suis gré de les avoir offerts à un public aussi attentif que friand de croustillant. Je n’ai rien à redire à mon portrait sinon flatteur, à tout le moins acéré, sous les traits rugueux et la carcasse encombrante d’Onésime Stepanovitch – rrrusse trrrès attaché à son prrrénom patrrronymique, parrr Saint Vladimirrr ! – Gobourkoff, sinon qu’il pourrait sembler extravagant pour un russe quelque peu au fait de la géographie de sa Chère Mère Patrie, de voir quelqu’un, surtout un gentilhomme de sa qualité, passer dans la foulée d’un souper léger sur la Perspective Nevski en compagnie de créatures perdues de réputation, à un caboulot des bords de la Volga, à plus de trois mille verstes de là, même avec le dessein honorable de se foutre sur la face grave avec les balèzes du cru. Cette imprécision topographique – surprenante chez un auteur d’habitude aussi sérieux que vous – mise à part, on déplorera aussi l’absence d’éléments biographiques plus récents, qui éclairent d’autres facettes du personnage. S’il est vrai qu’Onésime Stepanovitch, à l’époque où il rencontre Schliemann, c’est-à dire vers 1880, peut être décrit à vingt ans comme un parfait spécimen de jeune brute cosaque bouffeuse de youpins, il a su par la suite, tourner avec le vent de l’Histoire, jusqu’à parvenir à traverser la tête haute les deux révolutions successives de 1917, la guerre civile qu’elles engendrèrent, et même plus de 20 ans de régime communiste musclé. Lorsque éclate la Révolution de février, il est colonel d’un régiment de cosaques de la Garde cantonné à Petrograd, et dès qu’il a confirmation de l’abdication du Tsar, il fait courageusement marcher son régiment sur la Douma afin de garantir la sécurité des représentants du peuple, ce qui lui vaut séance tenante sa promotion au rang de major-général par le gouvernement provisoire à peine formé. Soutenant le Prince Lvov aussi longtemps qu’il est chef du gouvernement, il se rallie avec empressement à Kerenski dès que celui-ci lui pique son bifteck, non sans conserver des liens étroits aussi bien avec les éléments les plus xénophobes et contre-révolutionnaires qu’avec les leaders les plus en vue de l’extrême-gauche. C’est ainsi, que, si on le voit souper dans de discrets cabinets au Dom Pérignon et au Latour, violons tziganes inclus, en compagnie du Général Kornilov, grand bouffeur de rouges, de Pourichkévitch, député d’extrême droite assassin de Raspoutine, ou bien encore de Semenov, ataman des cosaques d’Extrême-Orient, ce qui caractérise à merveille le personnage, on le voit aussi trinquer à la vodka traditionnelle (76°) dans des bouges de la périphérie avec des matelots en rupture d’équipage, des ouvriers en grève ou de maigres et brûlants agitateurs étudiants prêchant qu’on mette la terre à feu et à sang, à commencer par Petrograd. Il n’hésite pas à porter des oranges à Lénine emprisonné, entre comme chez lui à la rédaction supposée clandestine de la Pravda, ou bien, en dépit qu’il soit juif, il se rend volontiers déjeuner avec Trotsky dans une cantine populaire, causer avenir et perspectives. Pour Lev Davidovitch, l’affaire est dans le sac, et la Révolution une question de jours. Le pouvoir est si chancelant, corrompu et impopulaire qu’une chiquenaude suffira à l’abattre. Ce qui compte, c’est après. Onésime Stepanovitch reçoit le message cinq sur cinq. Après, c’est quand tous les requins vont se battre pour le même poisson. Parmi tous les prédateurs qui s’apprêtent à se ruer sur le gâteau, les bolcheviques se distinguent par leur combativité, leur férocité et leur absence totale de scrupules moraux, une composante essentielle de leur idéologie. Personne ne leur arrive à la cheville en matière d’intrigues mais quand il s’agit d’y aller franco, ils ne font pas le détail. C’est pourquoi, le jour où les gardes rouges prennent possession de la ville, il fait au nouveau pouvoir le plus beau des cadeaux : ne rien faire, en dépit des appels du gouvernement légal le suppliant de rétablir l’ordre démocratique. Après l’arrivée au pouvoir des rouges, l’ancien officier de l’armée du Tsar connaît une période quelque peu turbulente. Pour faire court, on le fusille par charretées, on le pend par grappes, on soviétise ses biens après avoir déshonoré son épouse et incendié sa demeure. On procède de même avec le propriétaire, l’exploiteur, le parasite, que sais-je, l’intellectuel. Onésime Stepanovitch, muté en province avec son régiment, principalement pour le tenir à distance, attend son heure. Elle vient quand Trotsky parvient à convaincre ses camarades que pour gagner cette putain de guerre civile, non seulement il faut enrôler tous les officiers de la ci-devant armée impériale encore disponibles, mais qu’au besoin il faudrait les y contraindre par les moyens éprouvés de la dialectique révolutionnaire : persuasion et pistolet Mauser. Le ci-devant major-général se présente, le doigt sur la couture du pantalon, et devient dès 1918, Kommandbrig de la première brigade cosaque de la garde rouge, chargée de missions de sécurité et de répression, une tradition toujours vivace chez les cosaques depuis des siècles. Onésime Stépanovitch sabre du propriétaire, étripe du koulak, embroche du contre-révolutionnaire, pend du défaitiste, que sais-je, il fusille encore de l’intellectuel, bref il nage dans son élément. A la fin de la guerre civile, il est chargé par le Commissaire du Peuple aux Minorités Nationales, un certain camarade Staline, petit costaud moustachu et sympa promis à un bel avenir, de régler l’épineuse question des communautés cosaques, mission dont il s’acquitte avec le doigté et la mansuétude qu’on lui connaît. Adhérent du Parti depuis 1917, il devient membre du Comité Central en 1924, et ne cesse plus dès lors de suivre avec un flair qui confine à la sorcellerie les changements cycliques de ligne de la direction, c’est-à-dire de son pote Staline en personne. Ce qui lui permet de traverser sans encombre toutes les compressions de personnel qui affectent périodiquement le pays en général et le Parti en particulier. Il réussit le tour de force de mourir de sa belle mort à septante-sept ans, en 1937, à l’issue d’un banquet fraternellement offert par les Laboureuses de Choc du Kolkhoze « Joie par le Travail » de Frounzé (République Soviétique d’Ukraine) sans qu’on puisse très bien déterminer la proportion de banquet et de laboureuses dans la cause du décès. Il a droit à des funérailles nationales sur la Place Rouge en présence du Politburo au grand complet, escorté par une garde cosaque en grande tenue à brandebourgs. Son petit-fils, Sémion Pavlovitch né en 1954, est aujourd’hui attaché à la Présidence de la Fédération de Russie, chargé des relations avec les républiques périphériques, responsabilité dont il s’acquitte avec le doigté et la mansuétude qu’on imagine.

Ce qui nous ramène, cher 82, à votre interrogation initiale. Se souvient-on des avatars précédents à chaque réincarnation ? Comment le pieux Israël Gobussenfeld de Prague peut-il survivre sous la forme d’Onésime Stepanovitch, indécrottable mécréant ? Qui sommes nous, au fond, va-t-on nous le dire, à la fin ? Hélas, nous autres pauvres mortels n’avons pas accès à ces vérités transcendantes, aussi ai-je le regret de vous informer que je n’ai aucune réponse à fournir à ces questions au demeurant aussi pertinentes qu’essentielles, sinon qu’à défaut de se souvenir, on peut toujours imaginer.

Votre dévoué,

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Message  silene82 Dim 14 Juin 2009 - 10:05

silene82 a écrit:
Gobu a écrit:et pourquoi vous aurez à cœur aussi de poursuivre cette sympathique hagiographie sans négliger de tenir compte des éléments lexicographique et sociologiques que je me ferai un plaisir de vous communiquer si nécessaire, n’en déplaise à tous les avocats de tous les diables.

En l’attente du plaisir de vous lire encore, je reste, cher 82, votre dévoué

Gobu
Bien cher monsieur Gobu,
je vous remercie avec effusion des preuves généalogiques que vous portez à ma connaissance, et qui étayent, selon vous, la thèse que vous pourriez être le descendant direct de saint Gobbo.
Certaines pourraient être recevables, d’autres le sont moins, voire aucunement : et, pudeur ou calcul, je déplore que vous n’ayez pas eu la franchise d’évoquer tout de go la période quelque peu trouble où, attifé d’un caraco nankin, à fanfreluches dégoulinantes, vous poussiez la cantilène au fond d’un beuglant poussiéreux du Nouveau-Mexique sous le nom de scène de Gobby le Magnifique, pâle artifice pour couvrir du manteau de Noé le fait que votre véritable office était de Go-Gobu-boy, et que, les talons aiguilles sur lesquels vous faisiez osciller la masse considérable de votre édifice corporel ayant poinçonné de manière irréparable le plancher de fur du lieu, vous ayez été remercié avec une prestesse qui n’avait d’égale que la pingrerie du tenancier.
Vous comprendrez que, collectant les éléments qui me permettront d’établir indubitablement la filiation que vous revendiquez, j’use de prudence et de circonspection, et que je sois amené à vous poser des questions qui pourraient vous sembler importunes : c’est que, monsieur, les circonstances du miracle sont telles qu’il me faut vérifier si les faits attestés vous sont coutumiers quant à l’utilisation de votre appendice procréateur, et si des témoins honorables et dignes de confiance sont prêts, sous serment, à déclarer qu’ils vous ont vu agir de telle sorte souventes fois. J’ajouterais, à toutes fins utiles, que des témoignages de dames faisant commerce de leurs appas conforterait indubitablement votre requête, car c’en est une, et non des moindres, et vous n’êtes pas sans savoir qu’un procès en descendance de béatifié n’est pas une affaire anodine qui se peut expédier en trois coups de goupillon, même si, comme vous l’affirmez, vous avez été familier des Borgia, et par là même en déduisez que la réalité importe peu, seule compte l’apparence.

Dans l’attente de compulser les éléments nouveaux que vous porterez à ma connaissance,
avec mes meilleures prébendes

Va pour le russkof, mais je n'ai pas eu, sauf erreur, votre retour sur cette facette
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Message  silene82 Dim 14 Juin 2009 - 10:41

Cher monsieur Gobu,
j'ai bien senti à vous lire que vos yeux s'embuaient à lire cette évocation succinte dont, comme je vous l'avais mentionné, je ne détenais que quelques éléments épars, apparus tout à fait fortuitement tandis que je classais quelques papiers provenant du Musée Hellénistique, et qu'un recéleur m'avait porté, pensant en tirer quelque argent. Trouvant mentionné le nom de votre illustre avatar, il n'était que trop naturel que je vous le communique, et je vous sais gré, plus que vous ne me l'êtes, d'apporter cette moisson irremplaçable de faits concordants qui redonnent chair et sang à des êtres si désincarnés, qu'un souffle suffisait à les transporter, comme surrr tapis volant, à plusieurs milliers de verstes. Fort intrigué de cette prodigieuse compilation, j'aimerais savoir si c'est le fruit de bénédictines recherches -et je ne serais pas surpris que saint Gobbo, fort acclimaté aux délices du monachisme, voire des moniales, se soit réincarné soit en carme, soit en capucin- ou une tradition familiale qui ferait de vous le griot d'une épopée. Ayant tout oublié, pour ma part, des campagnes d'Austerlitz et de Waterloo, d'Italie, de Prusse et d'Espagne, je demeure passablement espanté de constater l'alacrité mémorielle dont vous êtes la preuve incarnée. La gueuze -et les gueuses- en seraient-elles le fin mot?
Par ailleurs, particulièrement ravi des éléments déterminants que vous versez au cas Gobbo, je souhaiterais savoir si vous seriez favorable à leur adjonction à un ouvrage à paraître, qu'ils étaieront de manière indiscutable, et avec des faits si patents que les mauvaises langues, dont l'époque est hélas prodigue, ne pourront que rester muettes.
J'attire également votre attention sur le fait que vous ne m'avez rien répondu sur Gobby le Magnifique: j'entends bien que le personnage jette des lueurs nouvelles sur une évolution particulière de l'avatar, dont certains indices peuvent laisser supposer qu'à un moment x, il n'est pas totalement exclu qu'à la faveur d'un coming out éclatant, il soit révélé qu'un des tous derniers avatars de Sa Sainteté Gobbo est la coqueluche d'un club de drag queens berlinois, où sa haute taille et sa démarche assurée, entrouvrant avec une vigueur pleine d'assurance les pans de son lamé florentin, font tourner toutes les têtes.
Quoi qu'il en soit, et dans l'attente, veuillez....
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