Exercice Oulipo Le Tellier : Chimère

Réécriture de l’extrait de Hervé le Tellier à partir des textes suivants :
- Les temps sombres arrivent de Lyra Will
https://vosecrits.1fr1.net/viewtopic.forum?t=511
- La part des anges de Loupbleu
https://vosecrits.1fr1.net/viewtopic.forum?t=496
- Le petit Parisien de Bluewitch
https://vosecrits.1fr1.net/viewtopic.forum?t=493
selon la contrainte dite de la chimère (http://www.oulipo.net/contraintes/document19562.html) quelque peu revue et corrigée par moi.

Texte original:

Trois suffocantes journées de chameau nous ont conduits dans la vallée d’Annan, pays des Vents Éternels. L’air toujours en mouvement charrie des effluves de désert et de mer, et transporte une fine poussière couleur de rouille qui finit par imprégner chaque vêtement. Son sifflement lancinant ne s’arrête jamais, au point d’interdire toute conversation dans la rue. Le Manuel de la Rose des Sables raconte que si le vent devait cesser un jour de souffler, les murs de toutes les villes d’Annan s’effondreraient.
En Annan, au jour de la première pluie de printemps, l’enfant qui va avoir dix ans dans l’année tire au hasard une pierre d’argent hors d’un sac de toile.
Sur cette pierre est gravé son devenir d’adulte. Le sort désigne aussi bien son futur métier, l’identité de son compagnon ou de sa compagne, le nombre de ses enfants que la date de sa mort. Certains destins sont heureux et doux, d’autres d’une effrayante banalité, quelques-uns enfin tumultueux et sanglants. Mais aussi terribles soient-ils, tous les citoyens d’Annan s’y conforment à la lettre, sans amertume ni révolte.
Nous avons fait part à notre guide de notre étonnement. Il a souri.
– Subir le plus tragique des destins n’est rien, si l’on se sait innocent de son propre malheur.

(Cités de mémoire - Hervé Le Tellier - 2002 Berg International)


Selon la contrainte "Chimère":



Trois pluies parisiennes d’attardés nous ont caché des années de taxis, taxis des grosses retouches. Le tableau toujours en gouttes est une bouchée de nuances et de matinées et raconte un exotique déluge de l’arche qui finit par être chaque pinceau. Son jour fier n’est jamais, au point d’écrire tout Monde dans le taxi. Le Musicien de la Demoiselle des Etuis moisirait si la guitare passait un talon, le cou de tous les centimètres du monde se promènerait.
En ce monde, à la corde de la foutue tour de sac, la pluie qui zone, perdue parapluie dans la campagne, est au chevalier un magasin d’électroménager hors d’une table à l’œil.
Sur ce regard est filé son parapluie de Dulcinée. Le do se débarrasse aussi de bien son vieil accord, la Princesse de son pavé ou de sa plage, la mer de ses baleines que la toile de son parapluie. Certains étuis se veulent entiers et courts, d’autres d’une triste guitare, quelques uns enfin avalés et constrictors. Mais aussi parisiens soient-ils, tous les taxis de larmes s’ouvrent au visage, sans douceur ni verre.
Nous en venons à notre temps à notre douleur. Elle est repartie.
— Prendre le plus attardé des instants n’est rien si l’on se rêve caché de son propre sourire.

La dernière phrase est très jolie ! :-)))
Sinon j'ai rien compris, ni au principe de LA CHIMERE ni au résultat.
Bon, va faloir que je revoie ça à tête reposée, là c'est juste trop tard :-(
Enfin, le résultat est marrant, déjanté, abracadabrantesque, pour le moins... ;-)

Amis admins ou modos, comme je ne suis plus à une tricherie près, possible de remplacer Le do débarrasse aussi bien son vieil accord par Le do se débarrasse aussi de bien son vieil accord ?
Mille mercis d'avance :-)

Krystelle a écrit:Amis admins ou modos, comme je ne suis plus à une tricherie près, possible de remplacer Le do débarrasse aussi bien son vieil accord par Le do se débarrasse aussi de bien son vieil accord ?
Mille mercis d'avance :-)

voilà qui est fait !
Mais tu crois vraiment qu'on comprend mieux ?? :-))))

mentor a écrit:
voilà qui est fait !
Mais tu crois vraiment qu'on comprend mieux ?? :-))))

Moi je me comprends, et c'est ça qui compte :-)
Bon ok ça n'a ni queue ni tête, m'enfin pas moi qui aie inventé cette foute contrainte !!!

Bend is donc Chris, t'as pas choisi la contrainte la plus facile!! Chapeau bas. M'a déjà fallu du temps pour piger comment ça fonctionnait, mais en plus le mettre en pratique, faut le faire!
Au final, ça donne un texte très différent de l'original, avec sa touche personnelle, son histoire propre et un rythme bien à soi que j'aime bien. C'est décousu sans l'être trop, une ambiance se dessine en filigrane.
Félicitations pour ce boulot!

Un exercice bien mené, avec, effectivement, une contrainte des plus ardues, pour un résultat quelque peu abscons, mais une dernière phrase magnifique. Et rien que pour celle-là, ça valait la peine.

Ouaw, quel boulot!!
Ceci dit, le résultat vaut le détour, on n'y comprend rien, mais ça, c'est la poésie, m'dame. ;o)
Suis d'accord avec tous ceux qui l'ont dit, cette dernière phrase est succulente. Bien joué, cet exercice, un vrai travail de mathématicien!!

Bel exercice !

Le résultat ressemble un peu à de la poésie ésotérique :-) Et il y a des choses très jolies aussi. En tous cas félicitation pour avoir produit ce texte ! Et c'est très sympa d'avoir pris des textes de "chez nous" pour le réaliser.

aparté :

J'ai toujours un sentiment double en regardant le résultat de ce genre d'exercice. D'une part, on s'aperçoit qu'en remplaçant des mots d'un texte de façon plus ou moins aléatoire, on obtient un résultat qui ressemble bigrement à un truc ésotérique qui aurait pu être écrit. Ce qui montrerait qu'en prenant pour départ un texte au sens obscur, on peut obtenir aussi joli en remplaçant les mots. Ce qui m'invite à penser qu'il faut préférer toujours la clarté.

Par ailleurs, par cet exercice, on arrive à de très beaux résultats, qui font sens, et qui peuvent être très inspirants (voir en l'occurrence la dernière phrase du texte).

Et donc, l'exercice est à la fois une démonstration (amusante) de la fumisterie d'un certain nombre de texte et un acte poétique dans le sens où il peut inspirer des choses inattendues (et peut-être inspirer un nouveau texte !).

fin de l'aparté !

Je rajoute qu'à la fois je suis très honoré qu'un de mes textes soit à la base de cet exo, mais que ça me permet de me rendre compte de la pauvreté des verbes que j'emploie :-)