MST : Le banquier et la marchande d'allumettes

Mes contraintes (de Bluewitch) :

1) Genre : Conte réaliste
2) Thème général : confidences sur l'oreiller, passés inventés, quelque part dans une chambre d'hôtel
3) Nombre de personnages : 2 pour la situation de départ, bien sûr, maximum 4 pour les histoires qu'ils se racontent, caractéristiques libres
4)Ton privilégié : style personnel, pour ne pas changer, humour-émotion, libre
5) Emploi de la 3ème personne

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- Tu dors Fred ?
- … Oui
- Envie de toi.

Froissements de draps, mouvements divers sur matelas multi-soupirs, éclats de rire étouffés.

- Tu m’aimes ?
- …
- Tu veux pas répondre ?
- M’enfin Bibi !… Oui, si faire l’amour c’est aimer, alors oui, oui, oui. Mais on se connaît que depuis hier. M’en demande pas plus !
- Fred, si on s’aime toute une nuit alors qu’on s’est rencontrés hier, c’est qu’il s’est passé un truc très fort non ? C’était pas que pour l’hygiène, rassure-moi !
- Très fort, ça oui, ça a dû commencer avec du 12° pour finir par du 70 !
- Je parle pas de ça Fred !

Ledit Fred se libère de l’étreinte, fait voler le drap, saute sur le parquet, traverse la chambre, écarte le rideau en sky et ouvre la fenêtre au soleil.
Il y a un point commun entre un assassin et un homme qui vient de faire l’amour, les deux se demandent aussitôt comment se débarrasser du corps.(*)
Et celui-là continue à parler…

- T’es fâché ? Tu fais quoi dans la vie, Fred ?
- Hein ? Euh… dans la finance, la banque quoi… Tu vois ! Tu parles déjà du grand amour et on sait rien l’un de l’autre !

Il se sent un peu ridicule, comme tout homme nu qui doit tenir une conversation, les bras ballants, et pas que les bras qui ballent... Heureusement il se sait à contre-jour, la jolie Sabine papillotant des cils pour s’habituer à la lumière.

- Banquier ? Ben dis-donc ! Et puis hein, me dis pas que t’es comme tous les autres : un coup par ci, un coup par là, jamais d’attachement, jamais de…
- Tiens, voilà ! dans attachement y a le mot corde, et j’en veux pas une au cou, ça c’est sûr !
- Mais qui te parle de ça ! J’ai besoin de tendresse moi, tu préfères ce mot là à AMOUR ? Comme tu veux Fred.

Le guichetier à la caisse locale du Crédit Municipal de Villeneuve–Lès-Forges traverse la pièce.

- Me dis pas que tu vas t’habiller pour aller acheter des cigarettes, hein ?
- T’affole pas Sabine ! Je vais me doucher, c’est tout. Calme-toi, on va reparler de tout ça.

Bruits d’eau, sifflotements malhabiles, un peu forcés. Sabine s’étire en souriant à la vie.

(*) juste pour dire : c’est pas de moi ! ;-)
.

Le guichetier à la caisse locale du Crédit Municipal de Villeneuve–Lès-Forges traverse la pièce.
Hahaha! Mentor, j'adore cette phrase!! En soi, rien de terrible, mais placée là, comme ça, après tout ça, elle prend tout de suite une autre dimension et donne un coup de fouet au récit. Le conte de fée recadré vite fait bien fait comme il se devait. Parce que ça m'aurait ennuyée que ça soit un vrai conte de fée tout du long, j'aime pas ça, tandis que maintenant, c'est autre chose ;-))
Un texte qui appelle toutes sortes de suites variées et diverses, hmmm... pourquoi pas?! ;-)

La réflexion sur les corps même si pas personnelle est amusante et puis aussi celle relevée par Sahkti qui m'a sauté aux yeux et filé le sourire, effectivement un bon coup de fouet au récit.
Je pense que toutes les contraintes ont été respectées hormis l'emploi de la 3ème personne mais bon c'est vivant comme ça et ça donne aussi une belle ouverture. Bravo parce que "conte réaliste" perso ça ne m'aurait pas vraiment inspirée.

Joli début ! Chronique du quotidien, pas de fausse note, c'est bien rendu, ouvert, ça peut déboucher sur tout ...

Zou a écrit: les contraintes ont été respectées hormis l'emploi de la 3ème personne

Je retire ;-)

Il y a de ci de là des lourdeurs dans le dialogue, un peu trop écrit, trop explicite. Il y a aussi de vraies belles trouvailles "matelas multi-soupirs", j'adore ça !

Quelques détails :

"Le guichetier à la caisse locale du Crédit Municipal de Villeneuve–Lès-Forges traverse la pièce.", j'adore moi aussi !

J'aurais même mis (si je peux me permettre) à la caisse "principale", avec l'idée que le gars dise plus tard un truc genre "D'accord, je suis que caissier, mais je suis quand même à la caise principale!"


Stylistiquement et structurellement, je trouve que tu tentes plein de choses neuves et c'est chouette !

Pour la suite :

Je trouve ça très bien pour un début : ça part "mal", il va falloir que ça rebondisse, ça fait une bonne dynamique.

Sur la façon de faire évoluer l'histoire : je sens mal les confidences en huis clos, mais je sens bien une suite de saynètes décorellées qui vont s'imbriquer les unes aux autres.
Je serai pour faire varier les sentiments, le gars s'attachant, la fille allant un peu ailleurs (bref, un truc "beau" comme du Rohmer :-)

Loupbleu a écrit:Je trouve ça très bien pour un début : ça part "mal"...

Loup, je peux dire en public ? je t'm ! :-)))

"Et un raton laveur"
Sourire, j'aime (y compris la citation)
"Et un raton laveur"
jaime beaucoup même :-)

Je rejoins le commentaire de Loup sur pas mal de points.
Le dialogue manque parfois de réalisme, sonne faux par moment, cette phrase par exemple :
Tiens, voilà ! dans attachement y a le mot corde, et j’en veux pas une au cou, ça c’est sûr !
Mais dans l'ensemble, je trouve ce texte réussi. Tu commences à prendre un ton plus décalé qui te va bien et donne une vraie dimension à ce texte. On sent que tout peut basculer, que tout peut arriver. Je trouve que ces quelques lignes offiraient un bon début de mille mains.
A mon avis, c'est envisageable d'en faire le début d'une série de confidences à huis clos, et c'est même bien parti pour ça, mais je vois mal encore comment faire coller cette contrainte avec celle de l'univers du conte réaliste.

Tu te trouves un style plus léger et fluide, Mentor, ça me plait. J'aurais peut-être aimé une entrée en matière moins explicite, mais je me rends compte que l'aspect "conte réaliste" semblait difficile pour de nombreuses personnes. Un conte réaliste est juste une histoire réaliste, pas forcément magique, composé de situations ou d'événements qui pourraient très bien se produire, et duquel se dégage une sorte de "conclusion" ou "morale".
Et, en fin de compte, pour l'initiateur du texte, cet aspect-là de la contrainte ne s'applique pas vraiment...
Il y a quelques bonnes trouvailles (qui sont pour moi les mêmes que celles relevées précédemment) dans ton texte, et ça le rend plutôt agréable à lire!

c'est un bon début de comédie (auquel tu as même ajouté la petite blague-aphorisme), sinon, les autres ont tout dit (bon début, agréable à lire, parfois trop explicite, potentiel de développement énorme...).
J'ajouterais seulement que

"- M’enfin Bibi !… Oui, si faire l’amour c’est aimer, alors oui, oui, oui. Mais on se connaît que depuis hier. M’en demande pas plus !"

les hommes sont rarement aussi directs ou alors, juste avant de s'enfuir.

tu as pris le "point de vue" de l'homme, un peu plus décrit son sentiment, sa gêne.
Il serait interessant, à mon avis, que tu accentues celà
qu'une jeune fille reprenne la suite, avec le point de vue de la femme... et alterner femme/homme.
organiser autour de ce conte réaliste une joute véliennes/véliens dans laquelle tous les coups seraient permis :-)

killgrieg a écrit:"- M’enfin Bibi !… Oui, si faire l’amour c’est aimer, alors oui, oui, oui. Mais on se connaît que depuis hier. M’en demande pas plus !"

les hommes sont rarement aussi directs ou alors, juste avant de s'enfuir.

Ben, j'ai fait que retranscrire du vécu... :-)))

killgrieg a écrit:qu'une jeune fille reprenne la suite, avec le point de vue de la femme... et alterner femme/homme.
organiser autour de ce conte réaliste une joute véliennes/véliens dans laquelle tous les coups seraient permis :-)

pas con ça ;-)

Beaucoup aimé, Mentor.

Sinon : suis ok avec la plupart des avis émis ici et je trouve la proposition de Kill de faire alternr le point de vue de la fille avec celui du gars très intéressante.