TEXTES 1500 : Saison 2 - Cordouan so far away

Ces bandits nient l’évidence. Putain, il était bel et bien bu le vin de la jeunesse et monter là haut est, je le crains, au dessus de mes forces ! Cette idée avait surgi un jour que nous parlions de corps doux !
-« Fleur, ça te fait quoi d’être au Phare Ouest ? »
Ça c’est Jo qui demande à la pousse hier pleine de promesses, aujourd’hui, toute décatie, toute flétrie, ce que ça lui fait de ahaner dans ces escaliers, visage violacé, chevilles gonflées, cuisses flageolantes , en plein désarroi hormonal, stomacal, en plein désespoir rhumatismal.
- « Ça me fait pitié mon chou. C’est un rêve qui se réalise trop tard. »
- « Ouais, mais quand même c’est l’Amérique en face ! », croit bon de préciser Orlando, quand enfin nous arrivons au sommet, suant grognant, éperdus.
- « C’est l’amer hic », s’esclaffe Jo, sortant de sa poche une providentielle fiole de gin.
Je me sens cassée, éreintée, pas envie de regarder au large la mer étale ni de me retourner sur les longues plages bordées de pins. Je m’allonge au sol, insensible aux regards des touristes, j’ai juste envie de me brûler les yeux au soleil. Je sombre dans un doux coma, où je me vois jeune, écrivain, reconnue, adulée des critiques, adorée des lecteurs.
Bien plus tard, Orlando me sortit de ma torpeur : « Regardez, la route de Los Angeles passe au dessus de nos têtes ! »
Même mon chien était moins stupide que ces deux ivrognes.
Mais, vrai, on voyait passer les anges et leurs ailes déchirées et toutes flapies me donnaient le bourdon.

Bonsoir Rebecca,

Bel échauffement ...
Je salue la performance et je vais tenter de relever le défi moi-aussi ...
Bon 1er Avril ... très joli le petit poisson bleu jaune, ...

Caresses et Bise à l'Oeil,
Midnightrambler

Des jeux de mots à la Rebecca qui s'insèrent tout naturellement dans un texte vraiment vraiment réjouissant. J'aime le ton, les personnages, et cet humour amer que tu pratiques si bien.

Il y a un jeu de mots à chaque ligne... de coke, bien entendu.

Même shootée à l'Efferalgan, ça reste dur le phare ouest, je sais de quoi je parle !
Merci Rébecca de toujours m'étonner.

la chute est superbe de désillusion

Un texte en montée avec une belle descente finale, sans parler de celle des personnages, qui en ont une bonne. J'aime beaucoup les jeux de mots qui s'emboîtent.
Merci, Rebecca.

aaah, moi j'y suis jamais encore monté à Cordouan.. mais j'y viendrai, j'y viendrai..
en tout cas c'est un bien chouette texte, les jeux de mots sont superbes et je suis ravi. ^^

Du tout bon, comme d'hab.
Pour faire un peu plus constructif je dirais que ce texte assez polymorphe, quant aux chemins qu'il nous fait prendre, réussit habilement à trouver sa cohésion. Le tout sur la plate forme du Cordouan, j'avoue que c'est bien vu.

Fleur pique un fard ! Quand une Fleur grimpe des escaliers, au lieu de tout simplement s’envoyer dans l’air de ses rêves, au firmament de la gloire littéraire, elle en est complètement à l’ouest !
Mais toi, Rebecca, tu gravis sans peine le sommet de la toupie qui fait tourner le sens des mots, sans vertige.
Bravo pour cette escalade et cette escapade.

il y a de la profondeur dans les hauteurs !
très beau texte, Reb

Bravo Rebecca

Tout est bon, tout.
Et en même temps, cela semble si... facile. Tellement ça coule bien, ça passe bien d'un sentiment à un autre.

Oui, bravo !

Pas simple car il y avait pas mal de contraintes à caser et la fluidité n'est pas toujours au rendez-vous dans ces cas-là mais ici, oui. C'est vif, bien mené, rythmé comme il se doitet j'aime les sonorités qui s'enchevêtrent.

Jolie la route au-dessus des têtes ! Pourvu que l'asphalte reste bien accroché...

Deuxième commentaire pour ce texte et pour ne pas le séparer de ses potes : du tout bon.