Il FAUT toujours viser LA TETE

Bonsoir tout le monde, je viens d'arriver sur le forum. L'envie de lire et d'être lu m'a poussé ici.

Alors voici ce que j'ai à partager, en toute modestie. C'est un roman que je tente d'écrire. Il est toujours écrit par petits morceaux pour l'instants non connectés chronologiquement. Il n'y a donc pas de structure, et personnellement, j'aime bien comme ça.


1) Solitude

Rude solitude dure. Trois heures de l'après midi, et encore Charlie dort. Sous la houlette d'une tête de faux, il faut des martyrs de la cause dépressive. Il faut des clowns pour les enfants, même sans visage. Mais quand les clowns se jettent dans la Seine, les martyrs ne montent pas sur scène. C'est à s'en rompre le frein. Charlie ronge le sien car il ne compte pas le faire non plus. Il compte le temps et les tic-tac qui peignent le mur de sa chambre vide. Une vieille chaussure fera taire le pinceau, plongeant l'heure deux mètres plus bas. Ca n'a l'air de rien deux mètres, mais pour une petite horloge, c'est énorme.
Charlie, lui, refuse toujours d'écouter les sages conseils des enfants. Pour s'en détacher, il s'accroche à son exutoire masturbatoire. Et puis, ça occupe. Et puis, ça distrait. Et puis, ça occupe, et puis surtout, ça fatigue. La verge en berne, il s'écroule sur le couvre-lit. Le slip est resté sur la cheville gauche. Charlie est sale, transpirant, mais dort déjà. Charlie est pathétique et le sait, mais il ne le refuse pas. Charlie est encore las. La journée s'achève comme une année à la prison Bonne nouvelle. Et dire qu'il en reste tant... ou pas.

L'opaline naissante, une nuit déjà morte, offerte au passé. Les nuits balaient les erreurs entassées dans les plis de nos rêves. A partir de maintenant, Charlie vit et se prend en main. Quoique. Il ne le fera peut-être que demain. Car encore aujourd'hui, il se lève et enfile les mêmes fringues poisseuses et pisse dans le lavabo. 11h30, le supermarché est ouvert. Même marque de bière, même marque de chips. Charlie, c'est encore hier.

Avant, les rires heurtaient les tympans, mais sans les saigner. Douces caresses auditives, contagion d'affection, lorsque les rires stupides nous dérident, les bétises attisent les feux de jeux d' enfants. Mais le temps est assassin et emporte avec lui le rire des enfants. La cafard gagnant.


2) Coma et feuilles mortes

Et même en pleine forêt, il entendait au loin les AK-47, M 16, déchirer les murs de son, de silence automnal, les chars Leclerc entrer en force dans le bourg écrasé par le froid et les chenilles, les corps sans vie précipités du côté obscur par des vies sans âme. A cet instant, les oiseaux devenaient des rafales, les sangliers des tanks, les feuilles mortes des corps morts. Son cœur s’accélérait, ses yeux le brûlaient, son teint blanchissait et ses mains venaient écraser ses tempes un peu molles seulement tendues par un cri sortit du fond du corps et laissant échapper une pluie d’oiseaux s’échappant vers un ciel ébahit et tellement à l’ouest qu’il en perdait le nord. Alors, parfois, il se laissait tomber dans les pommes acides, en lévitation, se laissant guider par les vents, à trente centimètres du sol, sous les rires joyeux des enfants perdus.
Charlie ne voulait pas mourir, il avait trop de famille. Il voulait juste passer sa vie dans ce coma, avec les enfants perdus, et le son d’une boîte à musique en bois.
Le réveil, le retour à la réalité, le faisait souvent pleurer. Alors qu’il avait déjà baptisé tous ses amis enfants, il revenait dans le monde de la bourse, du CAC 40, de la CEE, de l’espace Schengen, OPEP, organisation mondiale du commerce, FMI, EU, UE.
Etait-il seul au monde à subir ses crises de panique convulsives ? Il se le demandait souvent. Devait-il en trouver d’autres et ouvrir un club qu’ils appelleraient « Club des Déprimés de la vie » ? Le nom, cette première idée ne lui convenait guère, et il prendra plus tard le temps de trouver mieux. Et, de toute façon, les autres ont certainement fini par en finir. Il retourna alors chez lui d’un pas de zombie, faisant valser les feuilles mortes au rythme de ses pas, guidé par Maître Kanter, comme les sirènes guident la proue d’un marin trop abstenu.


Voilà voilà, y'en a d'autres, mais ça va peut-être être chiant à lire

J’aime bien l’écriture. Cette recherche à la fois formelle et de sens. Ça fonctionne plutôt bien la plupart du temps. Et ici en quelques lignes le personnage existe, l'ambiance et le ton sont donnés.
Mais je ne suis pas certaine que ça tienne la route sur la longueur d’un roman.
Bienvenue.

Dans l'ensemble, je trouve cette écriture moderne et assez originale, avec des trucs excellents :

Même marque de bière, même marque de chips. Charlie, c'est encore hier.

En revanche, pas compris ça :

Une vieille chaussure fera taire le pinceau (?), plongeant l'heure deux mètres plus bas

Et ton texte gagnerait sûrement si tu faisais une ou plusieurs relectures : "la cafard" ou "laissant échapper une pluie d’oiseaux s’échappant vers un ciel ébahit " ne me paraissent pas être volontaires...^^
Pour paraphraser quelqu'un que je connais, j'ai envie de te dire " c'est quoi, cette mode de bâcler ses loisirs à toute allure !"

Et bienvenue.

J'ai trouvé ça, comment dire... désincarné. Un goût de trop peu en quantité mais aussi en intensité. Quelque chose que je lis et dont je retiendrai si peu. Mais je sens une qualité sous-jacente que ces courts extraits ne me permettent pas d'apprécier pleinement. Et une promesse d'humour : "Une vieille chaussure fera taire le pinceau, plongeant l'heure deux mètres plus bas. Ca n'a l'air de rien deux mètres, mais pour une petite horloge, c'est énorme."

(Et puis des fautes de participes passés en "i")

J'ai envie de dire un grand merci à vous trois. Parce que les remarques sont très très constructives. Elles changent de celles que j'ai l'habitude d'entendre. D'habitude, soit on me traite de fêlé, soit on me dit que c'est formidable (les proches sont comme ça, ils manquent souvent d'objectivité). Je sens bien qu'ici, je pourrai avancer. Bref, merci pour vos compliments, merci de me souhaiter la bienvenue, et surtout, merci pour vos remarques constructives.
Je vais maintenant tenter de vous répondre.

Elea : Moi non plus je ne suis pas certain que cela tienne tout un roman. C'est mon grand défi. J'ai les idées pour le faire tenir tout un roman ce Charlie. Mais la forme ne tiendra pas. Certainement trop lourd. En plus, je ne maîtrise absolument pas les dialogues, alors qu'ils pourraient alléger. Gros problème donc pour moi.

Coline Dé : Pour l'histoire du pinceau, je n'ai pas d'explication. Parfois, quand j'écris, il y a des choses qui ma paraissent claires, mais beaucoup moins à la relecture. Mais qu'est-ce qu'il vient foutre là quand même ce pinceau? C'est le mystère.
Pour ce qui est des fautes d'orthographe et de syntaxe, je pense que ce n'est en effet pas relu. En fait, j'écris un morceau, je le sauvegarde sur le pc, puis, plus tard, je le retravaille, et je resauvegarde à côté. J'ai peut-être collé ici le mauvais. Par contre, par correction, j'aurais dû relire ici.

Easter : désolé que ça ne te plaise pas plus. Et je ne crois pas qu'il y ait vraiment une qualité sous-jacente. J'ai d'autres morceaux en magasin, et je crois que là, je suis à mon maximum. Mais c'est gentil d'y croire. J'aimerais par contre que tu m'expliques ce que tu entends par "désincarné".

Merci à vous

AAAAAAAaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhh!!!!

J'ai retrouvé pourquoi le pinceau! Parce que les tic-tac peignent les murs!

C'est peut-être pas ce que j'ai écris de mieux...

Tostakyminut, pour répondre à ta question : désincarné... Parce que manquant à mon goût de substance, trop peu à me mettre sous la dent, je reste sur ma faim, et pas seulement à cause de la brièveté des extraits. J'attends d'en lire d'autres pour voir si l'impression se confirme ou pas.

"L'opaline naissante, une nuit déjà morte, offerte au passé. Les nuits balaient les erreurs entassées dans les plis de nos rêves."


Très important : J'ai oublié de préciser que ces deux magnifiques ne sont pas de moi. Elle sont empruntées à une chanson des Têtes Raides. Je vous mets le lien de cette chanson, parce que je trouve le texte magnifique, comme bien souvent avec ce groupe. https://www.youtube.com/watch?v=NWrWrjy_NaM&feature=related

Voilà, ce qui est à César est rendu à César

Hello !

J'arrive après la bataille, les miss ont mieux dit et avant moi.
Pourquoi ne pas tenter une nouvelle avant un roman, pour voir ?
Là, c'est impressionniste, ça parle aux sens, mais il manque, comme le dit Easter, une densité, une direction. On a un échantillon, il plait, il faut davantage à présent, mais ce n'est pas le plus simple ni le plus agréable, structurer, donner forme, quand on a ta façon d'écrire, du moins telle que je la perçois.
Mais quelqu'un qui écrit: "Charlie, c'est encore hier", il devrait faire couler la sueur pour poursuivre, il me semble.
J'attends, curieuse.

Je tente le Roman parce que j'ai toute l'histoire dans la tête, et que ça pourrait faire plus de 100 pages. Le problème, c'est que mon truc à moi, ce que j'aime, c'est jouer avec les mots, avec le style. C'est pour cela que l'on trouve ces allitérations, ces assonances... Pour raconter de une histoire par contre, de lui donner une direction, là, j'ai vraiment l'impression d'être mauvais. Du coup, je n'y prendrais pas de plaisir. Et comme je ne marche qu'au plaisir... Je dis ça, mais je vais quand même tenter je pense.

Moi j'ai compris et apprécié "le pinceau, la godasse et la pendule".
C'est très bien de jouer avec les mots, avec le style, même et surtout dans un roman.
Pour ma part, je préfère une histoire quelconque racontée avec brio qu'une histoire extraordinaire narrée platement.
Ne t'inquiète pas pour l'organisation de ton bouquin. Je pense que cela viendra insensiblement.
Ces débuts me paraissent encourageants.

Merci. J'aime beaucoup les commentaires ici, qui pointent les défauts. C'est très formateur. Mais un commentaire tout positif comme ça, bah j'aime bien aussi. Pour la peine, je remets un extrait.

Les mots font l'écriture. L'écriture est un jeu. Jouons avec les mots.

Un autre extrait, où se dessine un peu l'histoire.

3) Décès de désir, désir de décès

Il broie du noir le soir. Sur un bout de trottoir, un coup d'buttoir pour exutoire, c'est l'espoir d'une mer à boire, mais il est trop tard. Le sexe a disparu. Le désir n'est nulle part. Il est trop tard. Phantasme dans les chaussettes et verge en berne. Elle pend. On croirait voir des vieux seins faisandés, des seins en chaussettes molles. Phallus dépressif. La sensation morbide a supprimé l'envie de procréer et Charlie ne charme plus. Il erre sans air dans les ruelles sombres tel un fantôme de plomb aux jambes lourdes aux genoux écorchés, aux rotules à nu. "Allez Charlie, relève la tête." Il n'expire plus, il soupire. Il n'inspire plus, il se noie dans l'air. Une noyade qui le nourrit en gaz d'échappement, monoxyde de carbone, dioxyde de carbone, souffre, plutonium, octane, butane, butagaz, bouteille de gaz. Puis, idée créative : Le voilà accélérant et approfondissant sa respiration. Il se dit qu'il perdrait peut-être une minute de vie à chaque inspiration, laissant ces gaz pénétrer profondément ses alvéoles pulmonaires jusqu' à la chair intérieure des ses pectoraux. Il sera peut-être ainsi mort dans un mois, une semaine ou demain. "Arrête Charlie! Voie comme tu es ridicule! Il faut lutter contre le gaspillage, mourir utile. Tu peux mourir utile. Tu dois le tuer. Pour les enfants sans nom, pour les enfants prolétaires. Ils en bavent les petits prolos. Tu dois le tuer. Pour les papous, pour les zoulous, pour les immigrés, les sans papiers, les sans culotte, qu'il faut toujours respecter. Toi aussi tu auras ton 14 juillet. TUE LE!"
D'une léthargie, Charlie se réveille. Cette voie le poussera au crime. Il reprend sa respiration normale et soupirante, car il comprend malheureusement que c'est sans espoir, et que le désespoir d'un soir ne laisse entrevoir qu'un bout d'trottoir noir menant à l'abattoir d'une vie terne, en noir et blanc, Truffaut en moins alors qu'il en faudrait plus.

Ok. Je préférais comme c'était, mais je comprends bien les contraintes de gestion d'un forum. Par contre, pour le titre de ce sujet, pourrais-je retrouver la casse originale? "IL FAUT toujours viser LA TETE" est devenu "Il faut toujours viser la tête". Ce n'est pas grand chose, mais j'y tiens. Sinon, bah c'est pas grave quand même.

Casse originale rétablie.

C’est difficile de jouer avec les mots, c’est être en équilibre sur un fil, si on penche d’un côté la grâce touche le texte, de l’autre on risque le plomb qui fait chuter.
Dans ce passage je n’ai pas retrouvé le charme des premiers extraits, parce que le jeu des mots est appuyé et pas par touches subtiles. Et puis, même si les mots sont importants, pour moi ils doivent être au service de l’histoire et non l’inverse c’est-à-dire une histoire prétexte à des mots, et ici c’est l’impression que j’ai eu.
Mais j’en lirais d’autres bouts avec plaisir et intérêt.

Bonsoir,

On peut jouer avec les mots comme vous le faîtes. Mais la nouvelle ou le roman qui doivent permettre à une histoire ou à une intrigue de se développer ne sont peut-être pas, l'une ou l'autre, le cadre le plus propice pour ces jeux de lettres ou de mots.

Amicalement,
midnightrambler

Vrai que c'est plutôt lourd et pas facile à lire mais -en allégé, en raccourci- je vois bien ça comme une digression du narrateur à l'intérieur du fameux roman. En fait, il faudrait surtout dissocier les deux parties de cet extrait, ne pas utiliser le même procédé de jeux de mot pendant et après son errance léthargique.

Sais pas quoi penser; j'ai lu mais j'ai pas accroché. Le titre ne me semble pas approprié; c'est peut être fait express.
Et le truc sur mistral gagnant me parait redondant. J'ai pas aimé.
elea a 100% raison; le style doit se cacher derrière l’histoire et la servir au mieux; pas assez tue, trop double tue.

bon je suis pas une professionnelle de l'écriture mais moi j'ai plutôt bien aimé, juste pour te dire que moi aussi je suis sur un bon morceau mais que c'est dur de relier tout les petits bouts, t'as envie que ça s'écrive comme tu l'as dans la tête. Mais il faut y penser à tête reposée, prendre le temps qu'il faut, s'inspirer de ce qui nous arrive jour après jour et ne pas hésiter à remanier. Moi j'ai écrit un petit plan du début du roman que je suis en train d'écrire, une sorte de synopsis, et je construis tout autour, mais sans toujours le suivre, c'est une sorte de fil conducteur qui range les idées. Si tu as la volonté, donne le meilleur pour arriver à tes fins mais ne sois pas pressé, ce meilleur il arrive au meilleur moment. Moi j'aime bien ton style d'écriture, tu peut faire quelque chose de vraiment bien je pense. Tout ce qu'il faut c'est ordonner et prendre son temps, sans lâcher et suivre les conseils de son entourage(objectifs bien sur! ^^). Bonne continuation! =D

un marin trop abstenu

trop abstenu ou trop abstinent ? :-))

Bon, pas trop fervent de ce genre d'écriture, mais je sens bien une recherche et surtout le plaisir d'écrire.
Et ça c'est bien, donc persiste !
Et essaie quand même un jour d'assembler ce patchwork. ;-)