Un verre de vin rouge
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Un verre de vin rouge
Je ne me souviens plus exactement quand ca a commencé. J’étais en 6eme il me semble. L’un des tournants social que la jeunesse a à nous proposer. C’est d’autant plus vrai du milieu dans lequel j’ai grandi. Les marques, le physique, l’apparence plus généralement prend le pas sur l’humain et vous hiérarchise selon votre chanceuse ou non hérédité. Je persiste à croire que j’en fais peut être un peu trop. Après tout comme on nous l’apprend dés notre plus jeune âge, il y a toujours plus malheureux que nous. Pauvres petits africains dont la nourriture sert de bataille générale à la cantine quand l’âge de raison pousse à l’oublie de cette dernière. Je me demande maintenant comment j’ai bien pu le remarquer. Qu’est ce qui à cet âge aurait pu me l’évoquer ? Surement les dîners d’adultes bien pensant que Maman organisait où mes apparitions suscitaient tant d’intérêts. Ou plus malheureusement l’habitude qui a finit par me convaincre que quelque chose avait changé. Je me lance dans cet écrit en espérant qu’il m’aide à me rappeler. Je pense que je l’appellerais le testament de mes 19 ans si j’arrive à le terminer. Le fait est que j’en ai marre de ne pas me trouver. Je me sens habité par un terrible sentiment de culpabilité dont je n’arrive pas à me débarrasser. Ma mémoire contraste avec les photos du cadre d’à coté. Les sourires innocents et l’envie de jouer me rappellent pourtant que j’ai bel et bien était tout ce qu’il y a de plus enfant. J’aimerais vraiment pouvoir lui parler, à ce petit garçon qui pleurait ses larmes de stress dans sa grande chambre bien emménagée. A peine avait il la place pour s’allonger, dont tellement de jouets il avait été gâté. J’aimerais lui expliquer qu’il n’y est pour rien, j’aimerais prendre sa place pour s’adresser à sa mère. Je voudrais réapparaitre avec ma voix d’aujourd’hui en face de celle que j’aime tant. Lui dire à quel point j’allais souffrir de ces moments, lui dire que je l’aime malgré tout car il n’y a pas un jour où je n’admire l’étendu de son talent. Je voudrais la voir rester la femme pure et respectable d’antan qui inspirait l’ambition de son unique garnement. Je lui dirais qu’outre manche ces souvenirs persisteront, qu’adulte depuis plus d’un an, il n’arrive pas à s’en libérer. J’aimerais tout avoir enregistré et le montrer à mon père qui à finalement bien fait de se casser. J’aimerais qu’il voie dans quel état il me l’a laissé, que pour le fruit de ses entrailles elle a tant donné. Le début du collège avait pourtant très bien démarré. Je me souviens de l’appel des classes dans la chapelle de cet établissement privé. Dieu me faisait le plaisir de me placer en compagnie de mon meilleur ami et des plus belles Vierges dont on aurait pu rêver. La chance ne s’est pas arrêtée là puisque le succès semblait me sourire. Evidemment dans mon existence fataliste le premier chagrin d’amour se fit sentir. Il m’apparaît anodin quant à celui que j’ai affronté, chaque semaine durant, pendant mes premières années. Les joies des retrouvailles ont été remplacées par des regards qui en disaient longs sur l’abnégation dont tu as le secret. Seul enfant de cet appartement bien placé, mon rôle fut vite fixé. Je ne comprend toujours pas pourquoi tu n’as pas retrouvé quelqu’un. L’importance que tu m’as accordée restera mon fardeau de demain. Les soirs à pleurer ont commencé à se succéder, seul avec mon chat qui ne voulait pas me parler, je fuyais tes cris d’horreur sans oser les éviter. L’espoir que tu rentre sobre rythmait mes journées, et la déception qui en découlait à finit par s’effacer. J’ai dû m’y faire, mais comment accepter une telle idée. Je t’ai déclaré une guerre que j’ai encore aujourd’hui du mal à entériner. Je ne comptais plus les clopes et les litres de vin que l’évier à avaler. Je pense qu’il a eu plus de cuite que l’ensemble du quartier et assez de cancers pour le tuer une dizaine de fois. Ton placard a chaussure s’est transformé en cachette de proximité. J’ai remplacé mes soirées Playmobil par des missions d’espion non qualifié. Je passais donc la plupart de mon temps à essayer de te prendre la main dans le sac. J’étais un peu maso quand j’y repense maintenant, et plus j’avais raison plus je me sentais con. Et que dire de ces lendemains de cuite où mes gueules de bois psychologiques ont commencé à entraver mon esprit critique et m’ont obligé à vomir des mots qui n’étaient pas les miens. Comment se placer à la bonne distance de ces amis que l’on croise le matin mais qui ne savent rien du drame de la veille ? Quel attachement refoulé ne doit on pas montrer pour tenter de garder une relation saine. Quelle frustration de se faire traiter de tous les noms et de ne pas trouver la force de répondre. Quelle colère que celle d’assister à l’épanouissement d’une génération dont on arrive à peine à voir le dernier wagon. La peur d’être soi, la peur d’être vrai, la peur de soumettre, la peur de dominer, la peur venue d’un complexe de supériorité rendue à un pur échec d’assertivité. La frustration accumulée ces dernières années à ravaler ses mots et étouffer ses idées au profit d’une démagogie prétendument naïve pour ne pas être de nouveau abandonné. Le réveil nourri d’une volonté démentiel de tous les bouffer, de pouvoir enfin se libérer de cet asservissement de névrosé qui ruine ma vie depuis des années. Marre de compter sur les doigts d’une main le nombre de jours qui s’est « bien passé ». Ras le cul d’être seul dans une chambre de 35 mètres carré. Rendez moi mon âme et balancez mon renouveau vital à perpétuité.
romainv- Nombre de messages : 9
Age : 32
Date d'inscription : 27/06/2011
Re: Un verre de vin rouge
J'ai aimé ce texte. Bienvenue dans le monde de la réflexion existentielle. Je crois que durant toute la vie, on étudie la géographie de sa solitude. Bonne chance!
gaeli- Nombre de messages : 417
Age : 77
Date d'inscription : 21/05/2011
Re: Un verre de vin rouge
Que dire d'autre sinon bienvenue dans le monde des adultes et des questionnements existentiels qui vont avec ?
Ah oui...bienvenue dans l'écriture.
Un homme seul est souvent en très mauvaise compagnie...sauf dans l'exercice de la lecture et l'écriture, précisément.
Voila un texte/témoignage bien écrit à qui il manque de simples retours à la ligne pour l'aérer et de corriger de rares fautes.
Au plaisir de vous relire.
j’ai bel et bien était
il me l’a laissé
Ah oui...bienvenue dans l'écriture.
Un homme seul est souvent en très mauvaise compagnie...sauf dans l'exercice de la lecture et l'écriture, précisément.
Voila un texte/témoignage bien écrit à qui il manque de simples retours à la ligne pour l'aérer et de corriger de rares fautes.
Au plaisir de vous relire.
j’ai bel et bien était
il me l’a laissé
boc21fr- Nombre de messages : 4770
Age : 53
Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008
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