La porte

[Manon Lunalice]

Le monde a les angles trop durs
trop droits

Il y a de ces nuits où les larmes trop dures
trop tues
font mal à la tête
où les paupières crispées du poète se ferment et ferment le rideau sur un monde intérieur
toujours plus froid

Il y a des nuits où le froid sur lui ferme ses bras
des nuits où l'enfant poète-roi
qui aime le ciel et la terre
perd sa foi

En lui l'enfant rêveur a juste peur

Ces nuits ces jours
ces jours ces nuits
ces nuits ces nuits ces nuits
Si nuits trop nuits sont noires trop sombres

Il en perd son style il en perd ses mots
il écrit au feutre il écrit au jaune mais se peint en noir

C'est quand celle qu'il aime est déjà endormie et qu'il lui en veut de dormir
c'est quand il voit des regards lourds et des adultes qui lui disent « C'est pas beau la vie
les gens sont froids
le monde aussi »
et qu'il le sait
c'est quand la porte de Prévert s'ouvre et se claque sans un mot
que l'enfant meurt
et que le poète
en lui
pleure ces mots

[Marvejols]

OUh... Magnifique. Ça vous coupe le souffle. (Tuer l'enfance au coeur de la jeunesse, voilà bien le crime du monde financiarisé actuel).

[Polixène]

J'ai préféré la seconde partie, à partir de "l'enfant"; le début me semble bavard, général, et lent à démarrer.
Par contre après on est vraiment dans le thème, et là les répétitions ont toute leur place. L'émotion naît simplement.

[Maryse]

Superbe Lunalice!

[Marvejols]

Le monde a les angles trop durs

l'enfant meurt
et le poète
en lui
pleure des mots

Ça ne donne pas envie de le lire ou relire?

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