Exo Subjectif : Le Suicide
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Janis
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MisterPlan
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Exo Subjectif : Le Suicide
Noir. Brumeux, rien, vide.
Un battement. Deux, trois, plusieurs. Réguliers et calmes.
Un flux, puis un reflux, encore et encore, un souffle. Mieux une respiration.
Un éclair de lumière, un idée, une volonté et une fenêtre qui s’ouvre sur la réalité.
Je prend conscience que j’existe, j’ouvre les yeux. La Nuit a été longue.
Ce matin, je n’ai pas envie de bailler... Je n’ai pas envie de bouger non plus. Réfléchir et cligner des yeux me demande déjà un effort surhumain, alors, me lever, là, maintenant... Hors de question !
Aujourd’hui, une calme journée m’attend... Dimanche, grasse matinée, pas de petit-déjeuner, ce sera directement le repas du midi. Ensuite, un petit tour au cinéma, peut-être, puis un verre avec des amis, et enfin, retour à la case départ, ici. Au lit.
Mais quelque chose me dit qu’aujourd’hui sera légèrement plus spécial que ce à quoi je m’attend. Une intuition, une petite voix qui veut me préparer à l’imprévu.
Je veux m’étirer. Je pense m’étirer. J’exige de m’étirer.
Mes membres ne répondent plus, mon cerveau marche mais il est séparé du reste de mon corps. Je panique, je veux courir, mais mes jambes restent de plomb, je veux hurler, mais même ma mâchoire refuse de me répondre. Je veux...
C’est tout ce qui me reste. J’ai le droit de vouloir et d’espérer, mais rien à y faire, je n’ai pas le droit d’avoir ou d’agir.
Je veux encore hurler, crier au secours, me concentrant sur des muscles que je ne sens même plus...
Que je ne sens même plus ! Aucune sensation... Fini le poids des mes grosses couvertures, fini les rudes draps en lin.
Plus d’odeurs, plus de goût, je pourrai m’étouffer avec ma propre salive sans même m’en rendre compte.
Seules sensations qui me restent : la vue sur le plafond blanc, le rythme de ma respiration, mes battements de coeur qui cognent dans ma tempe et la présence de l’oreiller derrière ma tête.
Après m’être calmé, les questions affluent : que vais-je faire de ma vie ? Suis-je encore vivant ? Est-ce qu’un tas se steak et un esprits dissocié est considéré comme vivant par la science ? Non, pas par la science. Par moi.
Par moi... Rien qu’en pensant au «moi», je me sens infirmé. Suis-je encore moi ? Suis-je encore ? Mon corps n’est pas mort, mon esprit n’a pas disparu, mais lequel des deux est vivant ?
Vivre comme ça, l’idée m’effleure légèrement, mais je la repousse violemment, je ne préfère pas y penser. Pourtant, elle s’impose et se précise, jusqu’à occuper la totalité de mon «demi-moi» : Suis-je prêt à vivre comme ça ?
Non. Non et non. NON !
Un premier non : je ne veux pas vivre comme ça.
Non et non : Non, je ne peux rien y changer et donc non, je ne veux plus vivre.
NON ! De toutes les manières, comment pourrais-je me suicider. En clignant des yeux jusqu’à épuisement ? Ça promettait d’être long...
Incapable d’avaler du poison, incapable de se tirer une balle ou de sauter du treizième étage. In-ca-pa-ble de mourir. L’idée est invivable. Je suis un mort-vivant, plus vraiment vivant, mais immortel.
Une autre idée apparaît. Je me fiche de mon corps, il n’est plus a moi. C’est avec mon esprit que je veux en finir, le corps suivra.
Il est là l’avantage de l’handicapé mental sur l’handicapé physique.
Mon esprit vient me torturer, me rappeler que je n’ai plus de corps, et je peux en prendre pleinement conscience.
Comme je préfèrerais être fou et en bonne santé, au moins mon corps ne me susurrerait pas que je suis incapable de penser !
Comme quoi, le bonheur appartient bien aux imbéciles. Mais pour moi, plus de bonheur, je refuse d’y croire, je refuse d’espérer qu’il soit possible dans cet état de vivre heureux. Je veux tuer cet esprit, je ne veux plus exister.
Je me concentre. Un ciel bleu. Non, pas totalement bleu, par-ci par-là, quelques nuages, des vapeurs, des éclaircies. Usant de toute ma volonté, je les chasse un à un, mais d’autres apparaissent. Je bataille, je gomme, je peins, mon esprit se transforme en l’atelier d’un dieu qui voudrait créer un monde : un ciel, bleu, seulement et simplement bleu. J’y parviens enfin.
Une boule, sur un plancher. Immobile. Non, elle tourne sur elle-même. Je l’arrête, mais elle commence à rouler. J’incline correctement le plateau : elle continue sa course, défiant les lois de la gravité. Je me calme, comprenant que sa course folle n’est que le reflet de mon esprit tourmenté. Enfin, je l’arrête.
Un fond noir. Complètement noir ? Non, un point blanc au milieu. Trop petit pour que l’on puisse se l’imaginer, mais il est là, compacte, insécable...
Il n’y a plus que ça : un tableau noir, immense, infini ; et ce point blanc, que je fais grossir, que je rapproche de moi, je le tire par la force de ma volonté, toute ma volonté. En l’approchant, le point semble ne pas être «plein». On pourrait même parler d’un cercle.
Je l’attire, de plus en plus, toujours plus près toujours plus grand. Il va finir par me dépasser. C’est bien un cercle : petite membrane lumineuse qui me retient parmi les vivants.
Je vois ce cercle juste au dessus de ma conscience. Un dernier petit effort, et ça y est.
Le cercle disparait de l’esprit de l’homme, qui ne pense plus a rien. Qui n’est plus rien, qui est mort.
Un battement. Deux, trois, plusieurs. Réguliers et calmes.
Un flux, puis un reflux, encore et encore, un souffle. Mieux une respiration.
Un éclair de lumière, un idée, une volonté et une fenêtre qui s’ouvre sur la réalité.
Je prend conscience que j’existe, j’ouvre les yeux. La Nuit a été longue.
Ce matin, je n’ai pas envie de bailler... Je n’ai pas envie de bouger non plus. Réfléchir et cligner des yeux me demande déjà un effort surhumain, alors, me lever, là, maintenant... Hors de question !
Aujourd’hui, une calme journée m’attend... Dimanche, grasse matinée, pas de petit-déjeuner, ce sera directement le repas du midi. Ensuite, un petit tour au cinéma, peut-être, puis un verre avec des amis, et enfin, retour à la case départ, ici. Au lit.
Mais quelque chose me dit qu’aujourd’hui sera légèrement plus spécial que ce à quoi je m’attend. Une intuition, une petite voix qui veut me préparer à l’imprévu.
Je veux m’étirer. Je pense m’étirer. J’exige de m’étirer.
Mes membres ne répondent plus, mon cerveau marche mais il est séparé du reste de mon corps. Je panique, je veux courir, mais mes jambes restent de plomb, je veux hurler, mais même ma mâchoire refuse de me répondre. Je veux...
C’est tout ce qui me reste. J’ai le droit de vouloir et d’espérer, mais rien à y faire, je n’ai pas le droit d’avoir ou d’agir.
Je veux encore hurler, crier au secours, me concentrant sur des muscles que je ne sens même plus...
Que je ne sens même plus ! Aucune sensation... Fini le poids des mes grosses couvertures, fini les rudes draps en lin.
Plus d’odeurs, plus de goût, je pourrai m’étouffer avec ma propre salive sans même m’en rendre compte.
Seules sensations qui me restent : la vue sur le plafond blanc, le rythme de ma respiration, mes battements de coeur qui cognent dans ma tempe et la présence de l’oreiller derrière ma tête.
Après m’être calmé, les questions affluent : que vais-je faire de ma vie ? Suis-je encore vivant ? Est-ce qu’un tas se steak et un esprits dissocié est considéré comme vivant par la science ? Non, pas par la science. Par moi.
Par moi... Rien qu’en pensant au «moi», je me sens infirmé. Suis-je encore moi ? Suis-je encore ? Mon corps n’est pas mort, mon esprit n’a pas disparu, mais lequel des deux est vivant ?
Vivre comme ça, l’idée m’effleure légèrement, mais je la repousse violemment, je ne préfère pas y penser. Pourtant, elle s’impose et se précise, jusqu’à occuper la totalité de mon «demi-moi» : Suis-je prêt à vivre comme ça ?
Non. Non et non. NON !
Un premier non : je ne veux pas vivre comme ça.
Non et non : Non, je ne peux rien y changer et donc non, je ne veux plus vivre.
NON ! De toutes les manières, comment pourrais-je me suicider. En clignant des yeux jusqu’à épuisement ? Ça promettait d’être long...
Incapable d’avaler du poison, incapable de se tirer une balle ou de sauter du treizième étage. In-ca-pa-ble de mourir. L’idée est invivable. Je suis un mort-vivant, plus vraiment vivant, mais immortel.
Une autre idée apparaît. Je me fiche de mon corps, il n’est plus a moi. C’est avec mon esprit que je veux en finir, le corps suivra.
Il est là l’avantage de l’handicapé mental sur l’handicapé physique.
Mon esprit vient me torturer, me rappeler que je n’ai plus de corps, et je peux en prendre pleinement conscience.
Comme je préfèrerais être fou et en bonne santé, au moins mon corps ne me susurrerait pas que je suis incapable de penser !
Comme quoi, le bonheur appartient bien aux imbéciles. Mais pour moi, plus de bonheur, je refuse d’y croire, je refuse d’espérer qu’il soit possible dans cet état de vivre heureux. Je veux tuer cet esprit, je ne veux plus exister.
Je me concentre. Un ciel bleu. Non, pas totalement bleu, par-ci par-là, quelques nuages, des vapeurs, des éclaircies. Usant de toute ma volonté, je les chasse un à un, mais d’autres apparaissent. Je bataille, je gomme, je peins, mon esprit se transforme en l’atelier d’un dieu qui voudrait créer un monde : un ciel, bleu, seulement et simplement bleu. J’y parviens enfin.
Une boule, sur un plancher. Immobile. Non, elle tourne sur elle-même. Je l’arrête, mais elle commence à rouler. J’incline correctement le plateau : elle continue sa course, défiant les lois de la gravité. Je me calme, comprenant que sa course folle n’est que le reflet de mon esprit tourmenté. Enfin, je l’arrête.
Un fond noir. Complètement noir ? Non, un point blanc au milieu. Trop petit pour que l’on puisse se l’imaginer, mais il est là, compacte, insécable...
Il n’y a plus que ça : un tableau noir, immense, infini ; et ce point blanc, que je fais grossir, que je rapproche de moi, je le tire par la force de ma volonté, toute ma volonté. En l’approchant, le point semble ne pas être «plein». On pourrait même parler d’un cercle.
Je l’attire, de plus en plus, toujours plus près toujours plus grand. Il va finir par me dépasser. C’est bien un cercle : petite membrane lumineuse qui me retient parmi les vivants.
Je vois ce cercle juste au dessus de ma conscience. Un dernier petit effort, et ça y est.
Le cercle disparait de l’esprit de l’homme, qui ne pense plus a rien. Qui n’est plus rien, qui est mort.
MisterPlan- Nombre de messages : 46
Age : 29
Date d'inscription : 06/03/2012
Re: Exo Subjectif : Le Suicide
... C’est avec mon esprit que je veux en finir, le corps suivra.
Il est là l’avantage de l’handicapé mental sur l’handicapé physique... Ce passage me fait bondir. Je ne sais pas pourquoi, c'est épidermique. Parler de l'avantage me paraît déplacé. Je reviendrai commenter plus tard.
Il est là l’avantage de l’handicapé mental sur l’handicapé physique... Ce passage me fait bondir. Je ne sais pas pourquoi, c'est épidermique. Parler de l'avantage me paraît déplacé. Je reviendrai commenter plus tard.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Exo Subjectif : Le Suicide
Je te rassure, c'était le but !
MisterPlan- Nombre de messages : 46
Age : 29
Date d'inscription : 06/03/2012
Re: Exo Subjectif : Le Suicide
Thème intéressant, j’ai aimé le début, la découverte de l’état, et la fin avec la volonté qui tente de prendre le dessus sur les éléments.
Entre, les réflexions sur le sens de la vie, le corps et l‘esprit, m’ont semblé un peu longues, une même idée trop étirée et explorée jusqu’à la lie qui perd de sa force pour moi.
Merci pour l'exo.
Entre, les réflexions sur le sens de la vie, le corps et l‘esprit, m’ont semblé un peu longues, une même idée trop étirée et explorée jusqu’à la lie qui perd de sa force pour moi.
Merci pour l'exo.
elea- Nombre de messages : 4894
Age : 51
Localisation : Au bout de mes doigts
Date d'inscription : 09/04/2010
Re: Exo Subjectif : Le Suicide
Ça y est ! Ça recommence ! Après le texte d’elea, je me retrouve à penser de nouveau cinéma…
Là c’est « johnny got his gun » qui prend toute la place.
Pour la situation, l’idée de la situation
Mais dans ton texte, rien de remarquable, un sentiment de « à quoi bon »…
Il me manque beaucoup, aussi bien dans le style que dans le traitement du fond, pour que je sois accroché
Là c’est « johnny got his gun » qui prend toute la place.
Pour la situation, l’idée de la situation
Mais dans ton texte, rien de remarquable, un sentiment de « à quoi bon »…
Il me manque beaucoup, aussi bien dans le style que dans le traitement du fond, pour que je sois accroché
grieg- Nombre de messages : 6156
Localisation : plus très loin
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo Subjectif : Le Suicide
je n'ai pas non plus été emballée, trop explicatif, trop de je pense ceci, je prends conscience de cela, je pense qu'il faut travailler encore pour arriver à la moëlle, à l'os (l'os à moëlle en quelque sorte) de ce que tu veux faire passer
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: Exo Subjectif : Le Suicide
Merci pour cet exo qui nous a mis plus ou moins dans la panade.
Intéressant le point de vue que tu adoptes. Mais la partie questions et idées pourrait être resserrée.
Intéressant le point de vue que tu adoptes. Mais la partie questions et idées pourrait être resserrée.
Invité- Invité
Re: Exo Subjectif : Le Suicide
oui, c'est vrai, quand même, merci pour l'exo !
à peu près impossible à réussir
mais de belles choses à lire
à peu près impossible à réussir
mais de belles choses à lire
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: Exo Subjectif : Le Suicide
Comme moi tu mets en scène une mort en marche.
Oui on pense à Johnny got his gun.
Je pense qu'il y a là une matière dense et puissante qui mériterait que tu retravailles ce texte dans le sens d'une concision. Oui trop d'explications nuit à l'émotion. Il faut tenir ta bride de façon à ne laisser aucune liberté au lecteur à l'empêcher même de reprendre son souffle, une sorte de galop arrêté, dans un espace temps en appesanteur.
Ce que ça fait de n'être plus qu'une pensée torturée.
Un exercice difficile certes. Impossible ?
En tout cas merci encore pour avoir proposé ce thème de travail la subjectivité, on s'est bien amusés je crois.
Oui on pense à Johnny got his gun.
Je pense qu'il y a là une matière dense et puissante qui mériterait que tu retravailles ce texte dans le sens d'une concision. Oui trop d'explications nuit à l'émotion. Il faut tenir ta bride de façon à ne laisser aucune liberté au lecteur à l'empêcher même de reprendre son souffle, une sorte de galop arrêté, dans un espace temps en appesanteur.
Ce que ça fait de n'être plus qu'une pensée torturée.
Un exercice difficile certes. Impossible ?
En tout cas merci encore pour avoir proposé ce thème de travail la subjectivité, on s'est bien amusés je crois.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Exo Subjectif : Le Suicide
J'aime ce mot "insécable". Parfois, un mot, une phrase et le tour est joué.
Cependant, il me manque quelque chose, comme de l'empathie, pour ce narrateur. Du coup, je repars avec ce mot sous mon bras.
Cependant, il me manque quelque chose, comme de l'empathie, pour ce narrateur. Du coup, je repars avec ce mot sous mon bras.
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 46
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Exo Subjectif : Le Suicide
J'ai ressenti la même chose que Lucy, il manque quelque chose dans ce texte. Peut-être parce qu'on a pas le temps de s'attacher au narrateur... Et puis, dès le premier paragraphe, j'ai compris ce qui allait ce passer. Il y a un je ne sais quoi qui le suggère, c'est peut-être voulu, mais ça m'a un peu gênée.
J'ai tout de même pris du plaisir à lire, j'ai bien aimé le passage où le narrateur tente de contrôler ses pensées, il est toujours dur de le faire, si bien que ça a un côté effrayant.
Merci pour cette lecture! :-)
J'ai tout de même pris du plaisir à lire, j'ai bien aimé le passage où le narrateur tente de contrôler ses pensées, il est toujours dur de le faire, si bien que ça a un côté effrayant.
Merci pour cette lecture! :-)
Re: Exo Subjectif : Le Suicide
Je suis d'accord avec les autres concernant le questionnement et la part explicatif peut-être un peu longue. Tu as écrit sur un thème vu et revu, mais tu as mis ta propre marque, entres autres par le rythme bien choisit que tu as adopté.
heartincages- Nombre de messages : 13
Age : 33
Date d'inscription : 11/02/2012
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