Nuits

[Gobu]

NUITS (1)

Nuits
Nuits passées
A disputer aux chats
Le plomb sourd des trottoirs
Sous le regard blafard de maigres réverbères
Nuits
Nuits encore
Volées au crépuscule
Ouvrant leurs ailes de corbeau
Sur les gouffres des rues
Nuits
Nuits toujours
Nuits d’ouate et de mercure
Où pataugent les ombres
Nuits qui s’étirent
Nuits qui se figent
Qui refusent d’en finir
Qui refusent de mourir
Qui refusent d’être nuits



NUITS (2)

A propos
Les as-tu déjà regardés
Bien droit au fond de leurs yeux jaunes
Les grands chiens noirs du Sommeil
Chiens qui aboient
Chiens qui te mordent
Chiens qui s’enfuient, les chiens
T’abandonnant tout nu
Tout mouillé
Tout fripé
Echoué sur le sable de tes draps
A compter tes dix doigts
A compter tes quatre murs blancs

Les as-tu déjà injuriés ?
Les as-tu déjà implorés ?

GOBU

[Maryse]

J'adore ce genre de poèsie
Très bien senti avec les mots qu'il faut.

[Invité]

De bonnes choses, alors il est dommage que les semelles de cette nuit soient si plombées de lourdeurs:
(1)
- le regard blafard des maigres réverbères, s'il est juste ici reste à mon sens un peu trop déjà vu.
- trop de fois de mot "nuit", nuit à la nuit finalement.
- et puis trop de fois "qui".
(2)
- trop de fois "chiens"
- une fois de trop "à compter"
- une fois de trop "les as-tu"

[Invité]

Voilà bien des phrases d'insomniaque.
Dans le 1, un peu trop de mot "nuit" sans doute. Mais partout ailleurs, les répétitions montrent bien le côté excédé de l'auteur, comme si son énervement le forçait à bégayer pour arriver à exprimer ce qu'il ressent.
J'aime beaucoup :
Nuits encore
Volées au crépuscule
Ouvrant leurs ailes de corbeau
Sur les gouffres des rues

Et aussi :
Chiens qui s’enfuient, les chiens
T’abandonnant tout nu
Tout mouillé
Tout fripé
Echoué sur le sable de tes draps

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