Ma colère

[jfmoods]

Ma colère  a criblé d'un coup, comme une averse
De midi. À présent, vain, le coeur pétrifié,
Je pense à la muraille noire que j'ai défiée,
Je pense à ce froid vif, à ce froid qui traverse.

"Je n'aime rien tant que les mots", me disait-elle.
Les tordant hélas plus qu'à son tour. Scrupuleuse
À demi. Un aplomb fou de grande parleuse
Qui met son vis-à-vis d'emblée sous curatelle.

C'est un sourire d'avril, un marbre aux bords tranchants.
Elle vous bien fait connaître l'ampleur  de sa charge.
Foin du frais ! Fi de l'affable, du spontané !

Cette couleuvre-là trône pour des années...
Et nul risque qu'elle aille soudain s'effarouchant.
Qu'y faire ? Oh, peu de chose... sinon passer au large.

[Invité]

Il faut s'être soi-même frotté au genre pour mesurer la difficulté de faire tenir dans un moule aussi exigeant un discours aussi vif.
En s'offrant par-dessus le marché le luxe de rimes léonines.

Bravo l'artiste.

[Rebecca]

Il eut été dommage de passer au large d'une colère
si élégamment décrite
dans le fond comme dans la forme elle est impérieuse et impériale

[Annie]

Superbe!

exploit explosif, du coup - de mitraille, quelques e muets à la césure t'ont échappé!
"Et nul risque qu'elle aille soudain s'effarouchant."
"Je pense à la muraille noire que j'ai défiée, "

[jfmoods]

Ma colère a criblé d'un coup, comme une averse
De midi. À présent, vain, le coeur pétrifié,
Je pense à l'arbalétrière que j'ai défiée,
Je pense à ce froid vif, à ce froid qui traverse.

"Je n'aime rien tant que les mots", me disait-elle.
Les tordant hélas plus qu'à son tour. Scrupuleuse
À demi. Un aplomb fou de grande parleuse
Qui met son vis-à-vis d'emblée sous curatelle.

C'est un sourire d'avril, un marbre aux bords tranchants.
Elle vous bien fait connaître l'ampleur de sa charge.
Foin du frais ! Fi de l'affable, du spontané !

Cette couleuvre-là trône pour des années...
Nul esprit reptatif ne va s'effarouchant.
Qu'y faire ? Oh, peu de chose... sinon passer au large.

[Invité]

la version que je préfère :

"Ma colère a criblé d'un coup, comme une averse
De midi. À présent, vain, le coeur pétrifié,
Je pense à l'arbalétrière que j'ai défiée,
Je pense à ce froid vif, à ce froid qui traverse.

"Je n'aime rien tant que les mots", disait-elle.
Les tordant hélas plus qu'à son tour. Scrupuleuse
À demi. Un aplomb fou de grande parleuse
Qui met son vis-à-vis d'emblée sous curatelle.

C'est un sourire d'avril, un marbre aux bords tranchants.
Êtes-vous faits pour connaître l'ampleur de sa charge.
Foin du frais ! Fi d'affable, ou bien du spontané !

Cette couleuvre-là trône pour des années...
Et nul risque qu'elle aille soudain s'effarouchant.
Qu'y faire ? Oh, peu de chose... sinon passer au large."

[jfmoods]

Ma colère a criblé d'un coup, comme une averse
De midi. À présent, vain, le coeur pétrifié,
Je pense à l'arbalétrière que j'ai défiée,
Je pense à ce froid vif, à ce froid qui traverse.

"Je n'aime rien tant que les mots", me disait-elle.
Les tordant hélas plus qu'à son tour. Scrupuleuse
À demi. Un aplomb fou de grande parleuse
Qui met son vis-à-vis d'emblée sous curatelle.

C'est un sourire d'avril, un marbre aux bords tranchants.
Elle vous bien fait connaître l'ampleur de sa charge.
Foin du frais ! Fi de l'affable, du spontané !

Cette couleuvre-là trône pour des années...
(Sous le feu, la grenaille, point ne s'effarouchant.)
Qu'y faire ? Oh, peu de chose... sinon passer au large.

[jfmoods]

Version alternative...

Ma colère a criblé d'un coup, comme une averse
De midi. À présent, vain, le coeur pétrifié,
Je pense à l'arbalétrière que j'ai défiée,
Je pense à ce froid vif, à ce froid qui traverse.

"Je n'aime rien tant que les mots", me disait-elle.
Les tordant hélas plus qu'à son tour. Scrupuleuse
À demi. Un aplomb fou de grande parleuse
Qui met son vis-à-vis d'emblée sous curatelle.

C'est un sourire d'avril, un marbre aux bords tranchants.
Elle vous bien fait connaître l'ampleur de sa charge.
Foin du frais ! Fi de l'affable, du spontané !

Cette couleuvre-là trône pour des années...
(Corsetée de grisaille, point ne s'effarouchant.)
Qu'y faire ? Oh, peu de chose... sinon passer au large.

[loic]

je découvre ces fin d'idées passant sur le vers suivant, le propos quand à lui m'est presque quotidien, celui d'une colère un peu addictive sans laquelle je crois la vie n'est pas possible.

[Invité]

ah, j'aime quand magma il y a...
:-)

[jfmoods]

Merci pour vos commentaires.

J'aime cette idée de vers alternatifs dans un sonnet.

[Pussicat]

cette arbalétrière ne me dit rien qui vaille : 8 pieds sur 4,
à l'oreille c'est bof, et elle ne s'emboîte pas dans la suite, dans le sens.
Que vient faire une arbalétrière / dans ce froid vif, à ce froid qui traverse.

Je préfère, et de loin, la version originale malgré ces e de césure relevés par Annie.

Et de loin,
et de mieux,
C'est superbe !

[Arielle]

Comme Pussy l'arbalétrière ne me convainc pas. Elle manie une arme de jet et je lui préférerais une empoignade au corps à corps, plus violente à mon goût mais ça se discute, les mots de la colère peuvent tuer à distance aussi ...
Le reste s'améliore de version en version et n'est pas loin de la perfection. Corsetée de grisaille la couleuvre a fière allure !

[Invité]

Idem
On est ici en néo-classique et les (e) à l'hémistiche ne me gênent nullement
en tout cas moins que cette p... d'arbalétrière qui l'enfourche carrément (l'hémistiche)

[jfmoods]

L'arbalétrière est une ouverture étroite pour tirer avec l’arbalète. Dans mon esprit, c'est un approfondissement de la notion de muraille par l'idée de protection totale de celle qui lance ses flèches depuis l'intérieur d'une tour.

Je l'avoue... j'aime autant enfourcher les hémistiches que les caler sagement, autant les vers qui glissent harmonieusement que le jeu des enjambements, des rejets et des contre-rejets.

Le sonnet idéal ? Sans doute admettrait-il, pour chaque vers, 14 entrées différentes...

[Pussicat]

Tu abuses jfmoods :

L'arbalétrière est une ouverture étroite pour tirer avec l’arbalète.

C'est vrai ?

[Invité]

L'arbalétrière est une ouverture étroite pour tirer avec l’arbalète.

Cette acception ouvre de nouveaux horizons à cette colère.
Je vote pour.

[Gemüth]

Belle expression.
Cela me donne envie d'être en colère avec vous, ou comme vous.
(Je vote aussi pour le raffinement de l'arbalétrière, qui fait son et sens)

Colériquement,

- Gemüth

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