Exo « Train » : Les oranges de la colère
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obi
Legone
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Exo « Train » : Les oranges de la colère
Maria vit chichement. Ce ne sont pas les maigres ménages qu'elle fait qui arrivent à remplir avec décence les assiettes de sa progéniture. Maria est seule pour l'élever et bien souvent, à l'heure du souper, ce sont quatre estomacs tourmentés qui gargouillent alors qu'il faut se partager un quignon de pain rassis symboliquement tartiné de graisse rance.
Aujourd'hui, sa décision est prise. Elle va se rendre à la gare et solliciter un emploi de transbordeuse d'oranges. Cela ne devrait pas être trop pénible. Toujours moins pénible que de récurer une écurie en maniant une fourche à purin, par exemple !
Elles sont si belles, si parfumées, si juteuses, ces oranges qui arrivent de Murcia ou de Valence ! Il s'agira de les décharger des wagons venant d'Espagne et de les recharger dans les wagons d'autres trains qui repartiront à travers la France, l'Allemagne et d'autres pays encore.
Et pourquoi ce travail qui parait stupide ? Il se trouve que les voies ferrées d'Espagne n'ont pas le même écartement que celles du reste de l'Europe. Moralité, tout train venant d'Espagne, qu'il soit de marchandises ou de voyageurs désirant franchir la frontière est obligé de s'arrêter pour transborder dans d'autres trains voyageurs ou marchandises.
Maria se rend donc à la gare de Cerbère, petit joyau d'architecture à la belle verrière et à la structure métallique, que l'on doit à Gustave Eiffel.
Maria connait d'autres femmes qui travaillent au transbordement des oranges. Toutes se plaignent de la pénibilité du travail. Mais la mère qu'elle est ne peut s'arrêter à ce détail. On crie famine à la maison.
Dés le lendemain, elle prend son poste.
Munie de simples paniers d'osier, elle doit remplir puis vider ailleurs des kilos et des kilos d'oranges, à en avoir la nausée. Mais ce qui l'excède surtout, c'est le rythme infernal imposé par un surveillant aussi aimable et menaçant qu'un pitbull.
La colère monte. On s'organise. On, ce sont les femmes, car seules des femmes effectuent ce travail. Elles finissent par demander une augmentation de salaire. Non accordée. Quitter cet emploi ? Pour trouver quoi ?
Le temps passe. Quelques vélléités de révolte avortent.
Et puis un jour, c'en est trop. Une grève est décidée. Ce sera la première grève initiée par des femmes en France.
Le jour de la grève, les femmes balancent sur le quai leurs paniers comme on rend son tablier, d'un geste rageur.
Toutes se couchent en travers de la voie ferrée pour empêcher les trains de passer. Les trains s'arrêtent. Les transbordeuses obtiennent gain de cause.
Formidable et novateur mouvement dû au courage et à la détermination de quelques femmes !
* Histoire inspirée par un fait historique réel en 1906
Aujourd'hui, sa décision est prise. Elle va se rendre à la gare et solliciter un emploi de transbordeuse d'oranges. Cela ne devrait pas être trop pénible. Toujours moins pénible que de récurer une écurie en maniant une fourche à purin, par exemple !
Elles sont si belles, si parfumées, si juteuses, ces oranges qui arrivent de Murcia ou de Valence ! Il s'agira de les décharger des wagons venant d'Espagne et de les recharger dans les wagons d'autres trains qui repartiront à travers la France, l'Allemagne et d'autres pays encore.
Et pourquoi ce travail qui parait stupide ? Il se trouve que les voies ferrées d'Espagne n'ont pas le même écartement que celles du reste de l'Europe. Moralité, tout train venant d'Espagne, qu'il soit de marchandises ou de voyageurs désirant franchir la frontière est obligé de s'arrêter pour transborder dans d'autres trains voyageurs ou marchandises.
Maria se rend donc à la gare de Cerbère, petit joyau d'architecture à la belle verrière et à la structure métallique, que l'on doit à Gustave Eiffel.
Maria connait d'autres femmes qui travaillent au transbordement des oranges. Toutes se plaignent de la pénibilité du travail. Mais la mère qu'elle est ne peut s'arrêter à ce détail. On crie famine à la maison.
Dés le lendemain, elle prend son poste.
Munie de simples paniers d'osier, elle doit remplir puis vider ailleurs des kilos et des kilos d'oranges, à en avoir la nausée. Mais ce qui l'excède surtout, c'est le rythme infernal imposé par un surveillant aussi aimable et menaçant qu'un pitbull.
La colère monte. On s'organise. On, ce sont les femmes, car seules des femmes effectuent ce travail. Elles finissent par demander une augmentation de salaire. Non accordée. Quitter cet emploi ? Pour trouver quoi ?
Le temps passe. Quelques vélléités de révolte avortent.
Et puis un jour, c'en est trop. Une grève est décidée. Ce sera la première grève initiée par des femmes en France.
Le jour de la grève, les femmes balancent sur le quai leurs paniers comme on rend son tablier, d'un geste rageur.
Toutes se couchent en travers de la voie ferrée pour empêcher les trains de passer. Les trains s'arrêtent. Les transbordeuses obtiennent gain de cause.
Formidable et novateur mouvement dû au courage et à la détermination de quelques femmes !
* Histoire inspirée par un fait historique réel en 1906
Invité- Invité
Re: Exo « Train » : Les oranges de la colère
L'écriture est simple, directe, efficace.
Journalistique, dans le bon sens du terme.
Journalistique, dans le bon sens du terme.
Invité- Invité
Re: Exo « Train » : Les oranges de la colère
Décidément j'en apprends des choses grâce à toi. Bien raconté ce fait historique.
Legone- Nombre de messages : 1121
Age : 50
Date d'inscription : 02/07/2012
Re: Exo « Train » : Les oranges de la colère
Le courage des femmes... Un fait historique que j'ignorais, moi aussi.
Invité- Invité
Re: Exo « Train » : Les oranges de la colère
Je me suis dit: "C'est bien trouvé dans le contexte de ce qu'elle veut raconter!"
Et puis je vais vérifier quand même et je trouve que la gare de Cerbère existe! c'était pour que tu en racontes l'histoire, Iris . Sobre et touchant (mais militant quand même!)
Et puis je vais vérifier quand même et je trouve que la gare de Cerbère existe! c'était pour que tu en racontes l'histoire, Iris . Sobre et touchant (mais militant quand même!)
obi- Nombre de messages : 553
Date d'inscription : 24/02/2013
Re: Exo « Train » : Les oranges de la colère
La précision sur la raison de ce travail de transbordement casse un peu le rythme de la narration (simple avis perso, bien sûr). En même temps, je comprends sa présence, la raison d'expliquer mais j'aurais aimé alors que ce sens du détail soit appliqué au reste de l'histoire, afin que nous puissions davantage en profiter; ça me paraît aller très (trop ?) vite pour expliquer un fait historique méconnu et pourtant si important. Merci d'ailleurs de l'avoir fait découvrir et nous avoir permis de voyager quelques minutes en compagnie de Maria, un destin que tu as bien croqué. J'apprécie particulièrement ta manière d'évoquer la misère de sa famille, tout est dit mais avec pudeur et respect.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo « Train » : Les oranges de la colère
Le fait historique est intéressant, je n'en connaissais rien. Un petit regret sur le final qui relève plus de l'anecdote que de la nouvelle. J'aime quand on montre à quel point les femmes ont pu faire bouger les choses. C'est toujours bien apprécié. J'aime, également, que la protagoniste doive rester à quai.
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 46
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Exo « Train » : Les oranges de la colère
Ha mais je ne connaissais pas cette histoire !
La simplicité, la limpidité, même, du style est très agréable.
Je suis néanmoins d'accord pour trouver qu'il faudrait rééquilibrer, entre l'histoire personnelle assez longuement évoquée et l'histoire collective de ces femmes. Je ne sais pas trop comment, peut-être en gardant jusqu'au bout le point de vue de ton personnage, que tu abandonnes à la fin ?
La simplicité, la limpidité, même, du style est très agréable.
Je suis néanmoins d'accord pour trouver qu'il faudrait rééquilibrer, entre l'histoire personnelle assez longuement évoquée et l'histoire collective de ces femmes. Je ne sais pas trop comment, peut-être en gardant jusqu'au bout le point de vue de ton personnage, que tu abandonnes à la fin ?
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: Exo « Train » : Les oranges de la colère
que tu abandonnes à la fin
je parle du point de vue, pas du personnage !
je parle du point de vue, pas du personnage !
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: Exo « Train » : Les oranges de la colère
Après le début qui m'a donné envie de suivre les aventures de Maria, j'ai trouvé la fin un peu trop "journalistique", tirant vers l'article et non pas la nouvelle. Et c'est un peu court pour moi, je pense que le fait historique mérite un développement insérant plus Maria, preuve que le personnage et l'histoire sont assez prenants et bien écrits pour avoir envie de plus.
elea- Nombre de messages : 4894
Age : 51
Localisation : Au bout de mes doigts
Date d'inscription : 09/04/2010
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