Début de roman dont c'est aussi la fin

[Cerval]

tout ne vaut que s'il est banal

J'entre dans le langage Les mots me saluent d'une façon Lassante Adorable et connue La fraîcheur des églises Au détour des phrases Interrompues Les palmiers tiennent les promeneurs dans la géométrie de leurs paumes votives Ici le décor m'interrompt

la vie passe si bien qu'on ne la qualifierait de [courte] ou de [longue] Catégories euclidiennes propres aux tailleurs Elle s'épuise à ne pas se ressembler si bien qu'il n'y a que l'insomnie qui permette de reprendre son souffle C'est un exercice du malgré-soi J'apprends patiemment à manifester ma joie par des flammes

ma mémoire me bouscule impoliment

et donc il ne faisait pas beau
d'autres jours il le faisait au même endroit
à s'ouvrir des yeux supplémentaire si enfin accepter la peau était possible
et ce ciel désert je le commentais d'un poème ironiquement qui lui y mettait nuages & oies sauvages
il était 7 ou 8 heures du matin je marchais dans une compagnie négligeable qui n'était là que pour le souvenir

nous étions allés à ce café
c'était si peu qu'il faille le décrire
la longue lumière rouge des braseros du chauffage suspendu au dessus des têtes comme des soleils de fin du monde mais surtout l'épouvantable chaleur des conversations alentour ce grand mouvement de soi-même que rythme le manger et le boire
je fumais comme on fait des décomptes
à quoi fallait-il que la conversation se heurte
on ne peut dire que choses passées
comme une chevelure sans fin caressée
par pur plaisir d'y perdre l'idée de ses doigts

- bonjour
- bonsoir
toutes les pensées au même endroit
elles ne ressemblent guère qu'à celui où elles s'exercent
comme la voix se charge des matières qu'elle traverse

de notre-dame à l'île saint-louis ça fait à pieds tout au plus la longueur d'un poème
où l'on peut trouver dans une rue plus étroite des immeubles coloriés au pastel derrière une cour pudique puisqu'un mur la cache Et il y a pour y accéder une façon de passage Où dort un fronton qui est imaginairement là pour rappeler à ce qu'il couronne l'idée d'une pluie possible Que je n'ai jamais tenue dans mes bras Afin qu'on s'y abrite Car cela faisait une marge comme dans la ville Endroits à forme de repos où l'on ne s'arrête pas


lieux en forme de bras
squares & jardins & ruelles
le ciel renversé une après-midi au dessus des buttes chaumont comme si la vision ce jour-là épuisait les couleurs On n'en aurait pas imaginé d'autres exemples possibles Et ne jamais finir de se perdre jusqu'à ce que le ciel changeant retrouve votre chemin Mais où allais-je les choses vous reconnaissent muettement
Le vent mêle les objets à sa voix cela fait un pouls qu'on appelle ODEURS Les lignes cherchent sans le montrer leur principe Et retournent bientôt à leur idée claire Comme si elles suggéraient le dessin d'elle-même Et sous leurs yeux il y avait encore leurs mains

UN autre soir
tout commençait à quai-de-la-gare
la mémoire est malgré tout géographique
un autre jour église d'auteuil
et sans dormir
il fallait s'asseoir pour se souvenir de la marche
les feuilles comme des pensées tombées
et un ciel immobile où tout finissait

ceux où le soleil recommence
la merveilleuse fermeté de son balbutiement
le revers de la cendre et
comme tout y venait ensemble
tout ce qu'on dit
pour n'en être que doté

et prendre ta voix ici ou là
laissée aux quais
l'ennui qui par pur amour ne finissait

tout cela ne fait ni sens ni ordre
et partout pourtant
la même lumière
qu'en conclure

RIEN

[Cerval]

ah merde, je voulais le poster dans "prose"

[Cerval]

supprimez-le ce sera aussi bien

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