Après la gym - classe de 3ème – naissance d’un masochiste.

[Mano]

Après la gym - classe de 3ème – naissance d’un masochiste.

Assis sur un vieux banc à lattes en bois, sous les portemanteaux, je fouillais dans mon sac U.S. siglé "Metallica",
coupe au bol sous les néons, quand un fils d'espagnol nommé Michel a lancé ses chaussures de sports sur mes côtes nues.

Ma douleur a déclenché les rires, j'ai levé la tête - Tous les autres, bouches tordues, yeux avides, tous autour en U - encourageaient au combat. Appelant le sang, la chique et les mollards. Michel, ses muscles et son torse poilu,
exultait.

Je n'ai pas bougé. Si ce n'est pour glisser lentement les chaussures en retour, effleurement des trois bandes sur le plancher ciré.

Je ne me rappelle plus combien de fois j'ai répété la manœuvre, mais très bien par contre, dans le secret de ma chambre, les heures passées entre la douleur et la joie, fasciné par l'évolution des bleus, de leur pigmentation.

[Jonjon]

Je n'y crois pas une seconde. Désolé.

[Loupbleu]

Je suis réservé sur l'utilisation fonctionnelle systématique de clichés (le sac US, la coupe au bol pour la localisation dans les années 80, la bouche tordue et les yeux avides pour cette foule avide de bagarre, et le torse poilu du "méchant" - sacrément hormoné visiblement pour un petit troisième !). Je ne déteste pas la façon, mais ici je suis géné par le côté systématique de la chose.

Peut-être l'idée de rajouter des éléments plus précis donnerait plus de "crédibilité" ?

Je n'ai pas compris "Je ne me rappelle plus combien de fois j'ai répété la manœuvre" (quelle manoeuvre ?)

Je pense que ça mérite un développement plus long, notamment dans les sensations.

Le thème ne m'intéresse pas. Même si je suis réservé sur le traitement, j'ai vu des intentions très intéressantes sur la façon d'écrire.

[Jonjon]

Si l'envie te prenait de retravailler ton texte, de le développer, j'effacerais ce titre qui en dit trop et je laisserais le texte parler de lui-même.

[maniak']

Moi, en tant que fils d'espagnol, je te le dis : les bleus je les aurais certainement eu sur la gueule et Michel il aurait un dentier à l'heure qu'il est. :0)

Sérieux, c'est du vécu ?

[Orakei]

J'aime beaucoup beaucoup la dernière phrase ! Le reste n'est pas mal raconté mais je ne visualise pas.

[Yali]

c'est bien tenté mais vrai qu'il manque quelque chose, pas grand chose mais…

[Invité]

Trop caricatural le combat de coqs. Mais une idée à travailler.
A part le "j'ai répété la manoeuvre" obscur, je trouve le dernier paragraphe percutant, il donne toute sa force au texte.

PS : il a besoin d'être fils d'espagnol ?

[outretemps]

Ca dit très bien ce que ça veut dire. Au point que même les "non dits" y sont dits. Du vécu, qu'a pas du être sans conséquences. Ou si c'est vanne, c'est très fort.

[Reginelle]

"Je ne me rappelle plus combien de fois j'ai répété la manoeuvre"

j'en ai déduit que la provocation s'est répétée plusieurs fois, avec toujours la même riposte (ou non riposte)... gagné ???

Mais j'imagine très bien la fascination devant les bleus... et ce qu'ils impliquent.

[Invité]

Mitigé sur ce texte. Le propos ne m'interesse pas .
Vécu pas vécu encore moins, je considère que ton talent est assez étoffé pour t'engager dans une fiction réussie, bien transmise.
C'est l'avantage de la littérature, nager entre les strates du moi/pas moi.

[Anne Veillac]

J’aime bien. Je pense que c’est un texte à retravailler, mais j’aime bien. J’aime bien sa concision. Tellement de choses sont dites en si peu de mots.
Moi aussi, je crois que je changerais de titre (mais c’est à voir). Ou le garder mais le mettre à la fin ?
Et je détaillerais « j’ai répété la manœuvre ». En lisant, je me suis demandé ce que c’était. J’ai un peu deviné (à cause du titre), mais j’aimerais que tu sois plus précis. C’est sûr, lorsqu’on écrit, il ne faut pas trop en dire. Montrer plutôt que dire. Mais là, il n’y en a pas assez. Le narrateur s’envoie une chaussure à la figure. Comment ? Une chaussure, ce n’est pas un boomerang.
En tout cas, j’y crois à cette histoire. Je me dis que ça ne s’invente pas. Mais ça peut-être crédible et inventé. Qu’importe.
Quant aux clichés… ça va bien avec l’adolescence. Moi aussi, j’avais les mêmes accessoires que les autres. J’étais un cliché à moi toute seule. Et quand on regarde les ados dans la rue… Quelquefois, je vois une fille de dos, ou arriver en face, et je crois que c’est ma fille. Même démarche, même style de vêtements, même ligne, même façon de tenir son sac. Mais non, ce n’est pas elle. Une autre ado. Pareille.
En espérant relire ce texte, un peu modifié.

[mentor]

Bizarre ce texte, pour le moins, je parle du propos, du thème
Gênant, mais pourquoi ne pas en parler, ça existe

Quant à la "manoeuvre répétée", je me dis que le garçon s'est repassé le film de la scène plus d'une fois dans sa chambre, après, comme pour sentir encore et encore la douleur du choc et le plaisir qu'il en a retiré, mais j'ai peut-être faux

[Mano]

Merci à tous...

Encore un texte à reprendre et m...

Vous me donnez trop de boulot depuis que je viens par ici !

Au début c'était un poème écrit en anglais :

Saint Sebastian after the gym class

Because I was weak in body,
because I was Gallic,
because of my homemade haircut,
my male schoolmates liked to humble me.

An afternoon in seventh grade,
under the pallid neons of a stinky locker room,
a hairy spanish guy named Michel
took my naked torso as a target for his sport shoes.

I was going through my bag when impacts occured
and my surprise and my pain started the laughter.
I looked around and they wanted more,
with twisted mouths screaming for "blood, chew and spits",
and voracious eyes cheering for combat.

On the other side of the room Michel exultated,
his large muscles in view, is supremacy affirmed.
I softely slipped the shoes back.
When the first one hit me again, shortly followed by the second,
I didn't move except to slip the shoes back.

I don't remember how many times this happened
but later, in the privacy of my bedroom,
I spent hours divided between pain and joy
fascinated by the weird evolution of the bruises,
Flamish primitive colors of my flesh.

Because I was weak in body,
because I was Gallic,
because of my homemade haircut,
my male schoolmates liked to humble me
and I don't know if I did not.

Le passage dans une autre langue que la mienne m'a autorisé l'autofiction (il y a donc des faits et de la mise en scène...), des choses plus personnelles grâce à de la distance par la langue justement. La traduction dans l'autre sens (vers le français) et les coupes ont fait le texte que vous avez eu sous les yeux.
Toujours ces hésitations entre poésie et prose...

Bref, je vous mets ça mais c'est pour ceux que ce genre de prise de tête intéresserait. Je me rends bien compte du coupage de cheveux en quatre que c'est et du fait que le texte final n'est pas abouti...

[bertrand-môgendre]

Parfait l'ami.
Le film est là, sur mon écran, avec ledit gamin, têtu qui repousse le projectile d'un imbécile.
Non. Image très nette.
Aurions-nous vécu dans les mêmes vestiaires ?

[Sahkti]

Le poème en anglais me plaît davantage que son adaptation française.
Il y a une bonne idée dans ton texte, même si ce thème m'intéresse moyennement. Cependant, je trouve que ton traitement ne la développe pas suffisamment, il me manque des émotions, brutes, à l'image de la haine ou de la peur qu'on peut ressentir dans ces cas-là.

[lol47]

Moi, il me parle.

Sûrement parce que ça va faire un moment que je connais ton écriture...aussi.

Car je me retrouve, dans cette non-confiance.

Il n'est pas forcément abouti ( tu aurais pu faire croire que...).

Bon, je ne sais si je me fais bien comprendre.

[Orakei]

Oui, ça me parle plus en anglais. J'adore cette langue, tu la manies bien !

[Anne Veillac]

Merci pour la chanson en anglais. Je crois que maintenant je comprends l’histoire de la manœuvre. En fait, ce que refait plusieurs fois le narrateur, c’est de renvoyer la chaussure à Michel. Est-ce que j’ai bien compris ?
A la première lecture, je croyais qu’il répétait la manœuvre dans sa chambre. D’où l’incompréhension. Pour lever l’ambiguïté, je crois qu’il suffirait de changer la mise en page. Ecrire quelque chose du genre :

Je n'ai pas bougé. Si ce n'est pour glisser lentement les chaussures en retour, effleurement des trois bandes sur le plancher ciré.

Je ne me rappelle plus combien de fois j'ai répété la manœuvre.

Plus tard, dans le secret de ma chambre …

[ninananere]

Pour le texte français, il y a quelque chose qui m'a échappé...

[ninananere]

Et en anglais aussi, mais là, c'est un problème de vocabulaire. Où est le dico ?

[Mano]

Puisque j'y suis je fini de répondre à tous :

Merci Anne Veillac pour cette suggestion qui est adoptée.
Ninananère : il y a toujours quelque chose qui nous échappe et c'est bien comme ça. Moi aussi ça m'échappe.

[Contenu sponsorisé]