pensée à la caféine
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pensée à la caféine
Le café est clair, noyé de crème et d’odeurs, chaud dans la paume de ma main. Ma petite cuillère tinte légèrement en touchant les bords de la porcelaine, son bruit noyé dans le tumulte des autres clients tout autour de moi. La salle est pleine. Des rires, des voix, la musique noyée au milieu des effluves de cigarettes et des courants d’air, le bruissement de pages qui se tournent, des gorges qui se serrent.
Au milieu de tous ces bruits, la porte s’ouvre et le vent dehors pousse une vieille femme à l’intérieur du restaurant. Comme sortie d’un livre pour enfant, elle a des boucles blanches et des étoiles dans ses yeux fatigués ; un chapeau et un manteau rose, une petite robe agitée. Un vieux dossier sous le bras. Elle s’assied non loin de moi, sort un livre, commande une bière, la boit. Seule, un petit être qui occupe son temps en s’immergeant de chuchotements, ceux des autres.
A nouveau, la porte s’ouvre et le vent se décharge d’un jeune homme maigre, flanqué d’un long manteau beige couvert de neige. Une barbe vieille d’une semaine caresse sa peau fatiguée, son grain respire l’air enfumé, son teint est gris, ses habits aussi. Il a le regard indigné des contestataires, de ceux qui ont manifesté dans la rue. Comme un air de jeunesse révoltée dans sa démarche, une histoire tapie sous ses cils, une bravade qui n’en peut plus.
Je l’imagine déjà prendre un journal, s’agacer, prendre une bière qu’il avale. Mais il se dirige vers la vieille dame, s’assoit, l’embrasse. Il la regarde et rallume les étoiles de ses yeux, lui sourit en ouvrant son dossier qui l’embarrasse. A l’intérieur, des factures se dispersent et des coups de téléphones commencent. A force de post-its, d’explications, de rires et de regards, ils referment le vieux dossier et oublient sa présence.
Mon café est clair, toujours noyé de crème. Désormais froid dans la paume de ma main. J’aime cette façon qu’ont les gens de nous étonner, un rebelle qui aide sa grand-mère à faire ses comptes, tandis qu’elle boit sa bière. Elle s’est tue la petite cuillère, le bruit s’est noyé, seul résonne le rire d’un drôle de couple, disparu dans le vent qui souffle derrière la porte refermée.
Au milieu de tous ces bruits, la porte s’ouvre et le vent dehors pousse une vieille femme à l’intérieur du restaurant. Comme sortie d’un livre pour enfant, elle a des boucles blanches et des étoiles dans ses yeux fatigués ; un chapeau et un manteau rose, une petite robe agitée. Un vieux dossier sous le bras. Elle s’assied non loin de moi, sort un livre, commande une bière, la boit. Seule, un petit être qui occupe son temps en s’immergeant de chuchotements, ceux des autres.
A nouveau, la porte s’ouvre et le vent se décharge d’un jeune homme maigre, flanqué d’un long manteau beige couvert de neige. Une barbe vieille d’une semaine caresse sa peau fatiguée, son grain respire l’air enfumé, son teint est gris, ses habits aussi. Il a le regard indigné des contestataires, de ceux qui ont manifesté dans la rue. Comme un air de jeunesse révoltée dans sa démarche, une histoire tapie sous ses cils, une bravade qui n’en peut plus.
Je l’imagine déjà prendre un journal, s’agacer, prendre une bière qu’il avale. Mais il se dirige vers la vieille dame, s’assoit, l’embrasse. Il la regarde et rallume les étoiles de ses yeux, lui sourit en ouvrant son dossier qui l’embarrasse. A l’intérieur, des factures se dispersent et des coups de téléphones commencent. A force de post-its, d’explications, de rires et de regards, ils referment le vieux dossier et oublient sa présence.
Mon café est clair, toujours noyé de crème. Désormais froid dans la paume de ma main. J’aime cette façon qu’ont les gens de nous étonner, un rebelle qui aide sa grand-mère à faire ses comptes, tandis qu’elle boit sa bière. Elle s’est tue la petite cuillère, le bruit s’est noyé, seul résonne le rire d’un drôle de couple, disparu dans le vent qui souffle derrière la porte refermée.
puce- Nombre de messages : 30
Age : 40
Localisation : suisse
Date d'inscription : 19/04/2008
Re: pensée à la caféine
aïe aïe aïe mes yeux! désolée pour le "sont teint", pourtant je l'avais relu, oooouupps!!! :-) Corrigé! (sahkti)
puce- Nombre de messages : 30
Age : 40
Localisation : suisse
Date d'inscription : 19/04/2008
Re: pensée à la caféine
Celui-là je l'aime bien, empreint de douceur, de sensibilité mais sans être mièvre. La description de la vieille dame est très réussie :
Il me semble que ces mots ne sont pas nécessaires,
Comme sortie d’un livre pour enfant, elle a des boucles blanches et des étoiles dans ses yeux fatigués ; un chapeau et un manteau rose, une petite robe agitée
Il me semble que ces mots ne sont pas nécessaires,
l'intervention directe du narrateur casse l'ambiance réconfortante induite par le paragraphe précédentJ’aime cette façon qu’ont les gens de nous étonner, un rebelle qui aide sa grand-mère à faire ses comptes, tandis qu’elle boit sa bière.
Invité- Invité
Re: pensée à la caféine
Tiens, ça me fait penser aux fragments de textes que je viens juste de lire (de Anne Veillac), dans le bus, le train, le métro
toi tu fais plus long et dans un bistrot
mais je trouve que ça se rejoint un peu
en plus étoffé
l'explication de la fin n'est pas indispensable à mon goût
bien écrit et plaisant
toi tu fais plus long et dans un bistrot
mais je trouve que ça se rejoint un peu
en plus étoffé
l'explication de la fin n'est pas indispensable à mon goût
bien écrit et plaisant
Re: pensée à la caféine
Une écriture sensible, parsemée d'images agréables. Ce petit moment de vie est bien décrit même s'il lui manque peut-être un peu d'aplomb.
L'explication finale n'est peut-être pas inutile mais elle me semble formulée trop explicitement justement !
L'explication finale n'est peut-être pas inutile mais elle me semble formulée trop explicitement justement !
Re: pensée à la caféine
Un texte sensible et touchant, puce, avec de belles images et des descriptions intéressantes. Ces personnages sont bien présents et j'ai eu du plaisir à les regarder évoluer sous ta plume.
La précision sur la grand-mère et le petit-fils ne me gêne pas vraiment, mais casse malgré tout un peu le rythme de douceur que tu as insufflé à ton texte.
La précision sur la grand-mère et le petit-fils ne me gêne pas vraiment, mais casse malgré tout un peu le rythme de douceur que tu as insufflé à ton texte.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: pensée à la caféine
J'aime les répétions bien placées et le rythme de la plume. C'est très frais et ça sent la sincérité.
euterpe- Nombre de messages : 117
Age : 37
Localisation : Au fond de la classe
Date d'inscription : 20/03/2007
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