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La pierre-cheval ou la cessation d'existence

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apoutsiak
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Cédric
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Message  Cédric Ven 9 Mai 2008 - 12:23

Une histoire qui m'a couté très chère... Psychologiquement... Un très bon ami a comparé l'ambiance qui s'en dégageait à "L'écume des jours", ce qui est très flatteur (attention, pas de grosse tête ni de gonflements de cheville pour moi, c'est lui qui l'a dit !!!!) donc voiçi les premières pages:


I- Drôle de décor, quelques coups sur le plancher

C’est marrant. Pas drôle, marrant.
Bah oui, parce qu’il y a une différence entre drôle et marrant.
Un mec qui marche dans un parc, sur l’herbe, qui regarde en l’air parce qu’il fait super beau et qui se mange le manche d’un râteau dans les dents, c’est drôle, pour quelqu’un d’autre que lui ; un mec qui se fait lâcher par sa petite amie après deux ans d’une relation d’amour et de passion, qui se fait effacer de la vie de cette dernière comme on nettoie une merde d’oiseau sur le pare-brise d’une Rolls, c’est marrant.
Oui, y a une différence. Quelque chose d’insolite, d’imprévu et de relativement désagréable, c’est marrant.
Où en étais-je ?
Ah oui, c’est marrant, pas drôle, marrant, comme ma vision de la vie a évolué depuis ma naissance, ou devrais-je dire depuis que j’ai conscience de moi en tant qu’individu adulte.
Oh, ma vie n’est pas sensationnelle, je n’ai connu ni guerre, ni viols, ni guérilla, rien qui me donne un statut particulier auprès de mes pairs. Toutefois, lorsque j’allume la télévision, que je tombe sur une émission qui se trouve à la limite, au bord, du gouffre de la connerie humaine, ou même carrément dedans, ou simplement quand je vais faire mes courses un samedi après midi, je me dis que ma manière de voir les choses, de sentir ou de vivre le monde est particulière.
Si je continue comme ça, on va croire que je me sens supérieur. Ca serait une erreur, et maintenant que nous sommes tous ensemble, assis dans l’obscurité, je vais vous raconter une histoire.

II- Au commencement, Dieu...

... Exista pour moi. C’est facile aujourd’hui de la dire, parce que je pense avoir assez de recul par rapport à ça, mais Dieu a existé. Et je ne l’ai pas cru.
On m’avait parlé de Lui, on m’avait dit qu’il était à l’origine de l’Homme. Je me suis rapidement dit que s’Il existait, Il était très fort, et sacrément bordélique.
Très fort parce que quand je regardais les planètes du système solaire sur la double page centrale d’un livre que l’on m’avait acheté pour mes 6 ans, je me disais « Comment a-t-Il fait pour les faire tenir en l’air dans le vide ? Et comment a-t-Il fait pour les faire tourner ? »... C’était un sacré tour ! Et en plus il faisait ça pour d’autre système solaire...
Il était drôlement fort.
Et bordélique... Sur Terre, Il ’avait pas été foutu de nous faire tous de la même couleur, et même mieux, Il ne nous avait pas donné la même langue !
Mes yeux d’enfant, incrédule et naïf, s’agrandissaient lorsque je voyais un Palestinien raconter comment une bombe avait détruit un hôpital tuant civils et militaires. Parce que à la TV, y avait un mec qui parlait français et qui semblait comprendre ce que ce pauvre monsieur lui disait.
Je ne comprends d’ailleurs toujours pas : comment le premier colon espagnol a-t-il réussit à communiquer avec les indigènes d’Amérique du Nord ?
Et d’ailleurs, comment a-t-il fait pour faire parler les pierres ?
Dieu, il était drôlement fort.


III- Première entracte, levée de rideau

- « Tu n’en as rien à foutre de moi, tu n’as jamais voulu vivre avec moi, tu n’en avais aucune envie, et tu n’en as rien à foutre de moi ».
- « Mais putain, tu déconnes ou quoi ? Je t’ai envoyé un message au début de la semaine dernière, quand j’ai commencé mon nouveau boulot. »

On est en haut des escaliers, chez elle. Mais il n’y a pas de sol à l’étage, comme si la maison était en construction. Sa mère est assise juste derrière moi, sur la même poutre, et elle écoute ce que je dis ; elle est en colère, je peux sentir son envie de me tuer me brûler le dos. Et elle écoute.
Son père est dans les escaliers, debout derrière Morgane. Lui aussi est en colère. Tout est de ma faute ; je ne sais pas quoi exactement mais c’est de ma faute. Il écoute aussi. Il veut me tuer, c’est écris sur son visage.

- « Ah ouais ? Tu m’as envoyé un message ?! Je croyais que tu n’en avais rien à foutre de... »
- « Il ne te reste plus beaucoup de temps Logan... »

Cette voix me parle, elle est métallique ; je ne sais pas ce qu’elle veut dire, je ne la reconnais pas.
Et je tombe de la poutre, le sol se rapproche, et je vais mourir, m’écraser bêtement, salement, pour rien, sans comprendre.

IV- 2h07, jeudi

Il a les yeux ouverts. Assis dans son lit, le visage baigné de sueur. Son hurlement meurt doucement dans la chambre.
Il fouille tant bien que mal dans les replis grisâtres de son cerveau, creuse, essaye de comprendre où et quand il existe.
Il se souvient d’une bouteille de Vittel en plastique, remplit de punch. Le rêve commence à se dissiper.
Il regarde autour de lui ; il se trouve dans une pièce d’une douzaine de mètre carré. Son lit se trouve dans le coin droit, en face de la fenêtre ; Il y a des barreaux à l’unique fenêtre de la pièce, et ça le fait sourire.
C’est marrant.
En face de lui, une commode, une chaîne Hi-fi, des CDs. Sur sa gauche, il n’y a pas de mur, mais une grande armoire à double porte coulissante ; sur les portes, deux grands miroirs ; il se regarde, se contemple, se reconnaît.
Et se souvient. Vaguement.
Oui, il s’appelle Logan. Il a 22 ans, il a froid et il est mortellement triste.
Il a mortellement mal à la tête.
Il se souvient être allé sur la terrasse, pendant la nuit. Une bouteille de rouge dégueulasse, une autre de punch, à la main, il s’était avalé deux noctamides®, et il avait un paquet de cigarettes tout neuf. Il écoutait un groupe s’appelant Smashing pumpkins sur son beau lecteur MP3. Il avait bougé la tête sur le rythme de Bullet with butterfly wings, levant les bras au ciel, chantant et fumant pendant près d’une heure avant de faire un clin d’œil à la lune. Il lui avait parlé, puis s’était traîné jusqu’à son lit. Après ? Trou noir.
La lumière...
Il y avait eu la lumière. Bizarre. Probablement le mélange alcool-somnifères... C’était quoi ? Une hallucination ? Du delirium tremens ? Mais oui, la lumière avait tourné, ou était-ce sa tête ?

Aïe. Maintenant, assis dans son lit, un peu plus de 2h du mat’, il se souvenait de tout. Et ne comprenait pas comment il n’avait dormis que... quoi, 2h ? Une heure et demie ? Avec tout ce qu’il avait pris ?!
Il se leva, alla pisser.
Ca faisait quoi, trois semaines qui lui et Morgane était séparé.
Elle ne lui donnait pas de nouvelles, mais il savait que de toute manière elle ne comptait pas le revoir.

«Despite all my rage I’m still just a rat in a cage ».

Une putain de chanson... Il ne se souvenait que de cette phrase, et pendant qu’il soulageait sa vessie, elle revenait en boucle.
Elle avait mieux à faire, pourquoi essayer de sauver les apparences...
Il se recoucha, et réussit à se ré-endormir. Il alla aussi au travail, mais la journée passa sans lui, puisque tout de suite après s’être recouché, il était déjà 18h27 sur la chaîne Hi-fi.
C’était marrant de voir que les journées se passaient de lui depuis quelque temps. Une phrase de Stephen King lui vint à l’esprit : « un alcoolique, ce n’est pas simplement quelqu’un qui est mentalement diminué, c’est un véritable petit diable. Il sera capable d’appeler son Exe femme, d’insulter son avocat ou d’écraser une petite vieille au volant de sa voiture, sans s’en rendre compte ».
Assis par terre dans sa chambre, à 18h28 maintenant, il sourit. C’était aussi pour ça qu’il aimait les barbituriques. Quand il les prenait avec de l’alcool, il mourrait un peu. Il coupait le jus, débranchait tout.
Toulouse mettait son long manteau couleur givre, les journées allaient raccourcir encore un peu pendant les jours qui arrivaient. Le mois de décembre. Agréable d’habitude. Au moins parce que Morgane aimait ce mois, aimait Noël, elle aimait faire des cadeaux. Et il aimait quand elle était heureuse.
Tant pis.
9 décembre 2005.
Le temps filait. Sans lui.

Il était presque 22h lorsqu’il reprit conscience, et qu’il essuya le filet de bave qui s’échappait de sa lèvre à droite.

Il ne profitait plus vraiment de ses journées. Mais il y avait pourtant des côtés positifs. Il avait perdu du poids, et comme il était en colère et bourré en permanence, il était très actif au boulot. Enfin, c’est ce qu’il avait compris quand son supérieur lui avait dit dans la journée que s’il bossait toujours comme ça il irait loin.
La vie était vraiment marrante.
22 ans, froid comme un cadavre, et il allait avoir un bel avenir professionnel... Il sourit, se leva et alla s’asseoir dans le bureau. Il se dit que Morgane profitait de la vie depuis qu’elle l’avait quitté.
Il se dit qu’il devait faire pareil. Plus encore.
C’est comme ça que vint sa première insomnie.

V- Deuxième entracte

Je suis sur le parking de la clinique Occitanie, à Muret. Je l’attends. Je sais que je ne la verrai pas, puisqu’il est super tard, qu’il fait nuit, froid et que la ville entière est plongée dans l’obscurité.
Sauf le parking.
Y a un caillou à mes pieds. Il ressemble vaguement à un cheval. Je vais pour taper dedans, pour passer le temps, lorsqu’il se met à parler.

- « Tu devrais faire attention Logan, il ne te reste pas beaucoup de temps »
- « De quoi tu parles ? »

Tout est vaporeux, brumeux, tout autour de moi. Je ne vois même plus les bâtiments de la clinique.

- « Il ne te reste pas beaucoup de temps pour faire ce que tu as à faire »

VI- 22h30, le même jour

Complètement dingue ce rêve.
Logan se réveilla, la tête posée sur ses mains. Dans le bureau, au fond de sa chaise.
Un cheval. Une pierre en forme de cheval. Une pierre qui lui parle. Putain mec, où vas-tu chercher des trucs pareils...
Il garda sa tête posée sur ses mains, mais la tourna sur la droite, de telle manière qu’il pouvait voir le mur de droite de la pièce.
Il essayait de sourire, parce que des rêves comme ça, ça ne s’invente pas, mais ça lui faisait mal de sourire. Ca faisait longtemps qu’il avait arrêté, et ses muscles eurent du mal à supporter l’effort.
Ses yeux s’écarquillèrent d’un coup, il ouvrit la main gauche et hurla.

VII- 22h31, le même jour

Toujours dans la même pièce, toujours le même silence autour de lui, toujours le même mur gris dans le ciel de Toulouse, sauf qu’il était à présent adossé à la chaise. Les bras croisés derrière la tête, il regardait la pierre-cheval posée devant lui, et sa nuque fut parcourue d’un picotement désagréable.
Il ferma les yeux, réfléchit, ce qui revenait à assembler des bribes d’idées, après les avoir chassées dans le nuage d’alcool qui embrumait son crane.
Rationnel, comme à son habitude, il se dit qu’il avait du faire une crise de somnambulisme, sortir de la maison, trouver par je ne sais quel hasard une pierre ressemblant à un animal (un cheval ici). Inconsciemment, il l’avait incorporé à son rêve et donc au réveil, hop ! Une pierre-cheval.

Il se balançait d’avant en arrière.
Réfléchir. Bon Dieu.
Il se leva, se dirigea vers la cuisine, prit un paquet de crackers, une bouteille d’eau, une de Ricard (qu’il bloqua sous son bras droit) et un verre. Il retourna dans le bureau, posa tout ça à côté du caillou, se servit, but, posa le verre et fixa la pierre.
Il se dit que l’alcool l’aiderait à réfléchir, surtout s’il se balançait.
Il se balança longtemps cette nuit là.

VIII- Drôle de décor, acte I

C’est marrant.
En parlant avec un collègue, un électricien ayant 32 ans de carrières dans mon entreprise, un mec qui me faisait penser à mon père, j’avais comparé la vie avec la cigarette.
Non pas avec l’objet, mais avec LA cigarette, c’est à dire avec le rituel cigarette -> bouche -> briquet -> bouche.
En effet, au début, lui disais-je, la cigarette, c’est pas vraiment agréable, et on ne se rend pas vraiment compte de ce que l’on fait (enduire nos poumons de goudron, d’acétone, de benzène et autres).
La vie, au début, on ne se rend pas vraiment compte de ce que l’on fait (manger, dormir, pleurer et autres).
Les deux ne sont pas vraiment agréables à ce moment là.
Après, pour les deux, y a du plaisir de temps en temps, et sinon on se dit « Boah, c’est comme ça, on fait avec... ».
Et le jour où l’on n’en peut vraiment plus, on se rend compte, pour les deux, que l’on ne peut pas décrocher si facilement.
C’est dur d’arrêter de fumer, d’un coup.
C’est dur de se jeter du 8eme étage d’un immeuble, d’un coup.

Je serais curieux de comparer le pourcentage de gens qui arrêtent de fumer d’un coup (en enlevant donc ceux qui font semblant en fumant avec leurs patchs), avec le pourcentage de gens qui se suicident vraiment (en enlevant donc ceux qui font semblant en mélangeant alcool et barbituriques à faibles doses).
Quand Morgane m’a quitté, je suis mort. C’était la deuxième fois, parce que l’on avait déjà tué un morceau de nous.
Mon attrait pour la vie n’avait jamais été exemplaire. On n’aurait jamais dit « prenez exemple sur Logan, ce mec est heureux de vivre et il a les crocs ».
Même avec Morgane, il y avait des jours où fumer n’était pas agréable.
Il y avait des jours où vivre n’était pas agréable.

Donc, quand elle m’a quitté, raison officielle évoquée « je ne vois pas comment on pourrait recommencer », raison officieuse « je veux vivre, et ça serait mieux sans toi », faites en ce que vous en voulez inspecteur, je suis réellement mort.
J’ai perdu une dizaine de kilos en un mois et demi, j’ai arrêté de dormir, j’ai beaucoup fumé, j’ai commencé à boire régulièrement, et je me suis drôlement abîmé les mains sur le crépi du mur extérieur. J’ai arrêté de sourire, de parler, sauf avec les bouteilles qui venaient sur la terrasse avec moi et mes clopes à la nuit tombée.
Plus tard, pas beaucoup, mais plus tard, j’ai arrêté d’exister.
C’était pour ça, la pierre-cheval.

Cédric

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Message  Cédric Sam 10 Mai 2008 - 17:30

Bouh... Personne veut le lire mon histoire...

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Message  Krystelle Sam 10 Mai 2008 - 18:52

Un peu de patience Cédric, tu as posté ce texte hier seulement... De plus il arrive au beau milieu d'un exercice collectif ("Nouvelles vagues") et donc l'attention est un peu centrée sur ces textes là ces jours-ci mais ne t'inquiète pas, tu auras très certainement bientôt des lecteurs !

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Message  Anne Veillac Sam 10 Mai 2008 - 19:12

Justement je me demandais pourquoi plein de textes commençaient par la nouvelle vague.

Cédric, tu ne devrais pas commencer par citer l’écume des jours. Du coup, le lecteur a une attente trop importante. Poste ton texte sans commentaire, et puis attends les commentaires des autres.

Je n’ai pas vu le lien avec l’écume des jours, mais j’ai vite oublié qu’il pouvait y en avoir un.

J’ai tout lu, jusqu’au bout. J’ai bien aimé. J’étais dans ton univers, j’avais envie de connaître la suite.

Une chose m’a gênée : le changement de narrateur. Certaines parties sont écrites à la 3ème personne du singulier et d’autre à la 1ère personne. Quelle en est la raison ?
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Message  apoutsiak Sam 10 Mai 2008 - 20:00

.

Comme dirait Anne, mauvais point d'avoir cité Boris, je suis monté... et puis je suis retombé parce que j'ai trouvé ça confus, entre les rêves et la réalité, le point de vue du récit 1ère 3e personne, en effet, mais aussi des changements de temps présent imparfait. Et pour l'instant, cette histoire ne me passionne pas, mais là, je tempèrerai le commentaire en disant qu'il faut peut-être un peu de patience, le temps que tu installes l'ambiance.
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Message  Cédric Dim 11 Mai 2008 - 12:39

Le passage de la première à la troisième personne... Difficile à expliquer...
Je pense que vous le comprendrez un peu mieux plus tard dans l'histoire. En ce qui concerne Boris Vian, petite boulette, je ne voulais en aucun cas vous influencer sur la perception de l'histoire, ni me comparer à lui, loin de là !

On continue?

IX- Monotonie

Le soleil n’avait pas percé ce vendredi.
La ville s’était réveillée sous une épaisse couche de brouillard, et elle était entièrement verglacée. Il devait faire -10ºC ce matin lorsque la chaîne Hi-fi se mit en marche. Un « clak » sonore, le lecteur chercha la piste nº8 du CD, « Alone I break », puis le flot musical se déversa dans les oreilles de Logan. Il éprouva une sensation bizarre. Un sentiment d’irréalité.
Il ne dormait pas vraiment quand Jonathan Davis commença à murmurer sa colère, il commatait, regardant le mur en face de lui, il s’était balancé, toute la nuit.
Le sentiment d’irréalité venait du fait que ses mains ne semblaient pas vouloir lui obéir, ni ses paupières d’ailleurs. Il essaya de se lever, mais ses muscles refusèrent dans un premier temps de jouer le jeu.
Il se dit que le mélange de substance qu’il avait absorbé toute la nuit devait avoir un énorme impact sur ses synapses. Un impact relativement proche de l’herbe, mais ajoutant un curieux mélange de fatigue et de nervosité. Les somnifères combinés au tabac et à la caféine lui permettaient d’atteindre un niveau qu’il ne connaissait pas encore : l’impossible sommeil. Pas vraiment éveillé, pas vraiment endormis. Prisonnier de ses pensées, impuissant face au flot d’émotions.
La pierre-cheval n’avait pas bougée.
Il se prépara pour aller bosser.

La journée était froide. Sur le chantier, ce n’était pas frais, c’était froid. Et comme le brouillard ne se leva pas de la journée, et que son corps continuait d’obéir approximativement, Logan resta dans son monde parallèle.
En roulant sur la rocade le matin, il s’était demandé si tout ce qu’il vivait en ce moment était potentiellement possible. Putain, il se sentait bien il y a si peu de temps... La roue pouvait-elle tourner aussi vite ?
Il parla peu, sembla en transe ; ses collègues se sentaient de plus en plus mal à l’aise avec lui, mais il continuait à faire son boulot correctement, alors...
Il marchait la tête dans les épaules, traînant les pieds, et pourtant dès que l’on s’approchait de lui, il semblait tout reconnecter. Puis on s’éloignait de lui, et ses yeux se revidaient, et devenaient tout brillant.
Quand il se posait, devant la machine à café, ou même n’importe où (parce qu’il se sentait si fatigué...), il fermait les yeux et ne bougeait plus du tout. Seuls les muscles de ses mâchoires se contractaient et se décontractaient rapidement. Une fois, un de ses collègues lui dit « Hey Logan, qu’est-ce que tu manges ? », et sans ouvrir les yeux il répondit « Ma haine ».
Oui, il avait vu qu’on le regardait de plus en plus bizarrement, mais il mettait ça sur le fait qu’il ne se rasait plus. Bien sur, ses yeux étaient injectés de sang, il sentait mauvais, et la dizaine de plis sous chaque œil montrait qu’il était fâché avec le sommeil. Mais ça, c’était des détails, non ?

La journée passa, puis il se retrouva dans son bureau, sur la chaise qu’il occupait une douzaine d’heure plus tôt. Il commença à boire à 19h ce soir là.
Il regardait le mur, se balançait, la pierre-cheval dans la main.

X- Deuxième entracte, acte II

Je suis sur le parking de la clinique. Il fait nuit, il fait froid, et je suis en face de l’entrée. Derrière moi il y a un champ à perte de vue. De l’herbe noire à perte de vue. Et dans l’herbe, il y a des cailloux, de toute taille, des centaines de milliers de cailloux, et ils ressemblent tous à des animaux.
Il y a des lapins, des scorpions, des chats, des vaches... Et ils me parlent. Je vois leurs petites lèvres de pierre remuer, puis le volume sonore s’amplifie, progressivement. Et je commence à distinguer les mots.
Ils me répètent tous la même chose :

- « Tu n’as plus beaucoup de temps »

Je me retourne vers la clinique, et Morgane me regarde. Elle lève la main droite, semble me montrer quelque chose. C’est une porte où il y a écrit « Sortie ».

- « Sors de ma vie, allez, va-t-en »

Et derrière moi, les cailloux se mettent à hurler.
Il y a un gros rocher, en forme de cheval, qui gueule « plus de temps, tu vas être effacé ! ».

XI- Décisions, décisions

5h47 du mat’.
Logan se leva et, au radar, fila dans la salle de bain, en pensant « Putain, je ne dors quasiment plus, et quand j’y arrive, je rêve d’un cheval géant qui me gueule dessus... Merde quoi ».
Ca lui fait bizarre de retourner dans la salle de bain. C’est une des pièces de la maison qu’il a oublié.
Il est assez surpris. Ses cheveux ont drôlement poussés, ses joues se sont creusées, ses yeux sont injectées de sang. Tout ça pour Morgane. Elle va être contente si elle me voit comme ça...
Deux coulées rouge-noir sous les narines, il a les lèvres collées par le sang coagulé. Ca le fait sourire. C’est pas facile.
Et ça le fait pleurer.
Et il décide d’aller voir Morgane.

XII- Drôle de décor, acte II

Je suis Dieu, omniscient, omnipotent.
Je vois tout, connais les pensées de tout le monde, peux faire et obliger à faire tout ce que je veux.
Je suis Dieu.
Mais seulement dans ma tête.
On appelle ça l’imagination.
Quand je me retrouve dans une situation insolite, dérangeante, à laquelle je ne comprends rien, et face à laquelle je suis impuissant (une situation marrante quoi), je me déifie.
Depuis que je suis séparé de Morgane, je suis devenu Dieu un certain nombre de fois.

1) Morgane est mal dans sa tête parce qu’elle a fait une connerie avec quelqu’un d’autre que moi, et elle a besoin de temps.
2) Morgane est mal dans sa tête parce qu’elle est blasée de ne pas avoir ce qu’elle veut, et elle a besoin de temps.
3) Morgane m’a trompée, et elle est heureuse.
4) Morgane ne veut plus de moi, et elle est heureuse.
5) Je mange trois Big Macs, et je suis malade.
6) Je rentre du travail, j’ai un accident, et tout le monde est malheureux

Je suis Dieu. J’avance, je rembobine, je coupe, je rajoute.
Et surtout, je suis insomniaque.

XIII- Décisions, décisions, acte II

- « Comment ça elle est partie à Nancy ? Qu’est-ce qu’elle allé faire à Nancy ?! ».

Ca commençait pourtant pas trop mal, il n’y avait pas eu d’embouteillages pour venir jusqu’à Muret, il avait réussi à venir jusqu’à chez Morgane sans avoir envie de vomir de peur de la croiser, et sa mère lui avait ouvert.
Devait-il mettre cette phrase dans la case je ne ressemble pas à grand chose en ce moment, je suis (très) mal rasé, je pue l’alcool et donc elle a peur pour sa fille, ou plutôt dans la case Morgane est ici, mais elle a demandé à sa mère de dire le contraire pour que je ne reste pas trop longtemps.
Il la regarda dans les yeux.

- « Elle est partie. Elle a dit qu’elle n’avait plus rien à faire ici. Ca fait deux semaines qu’elle a déménagées. Et elle ne veut plus que tu l’appelles. »

Et elle avait l’air honnête ; Logan rangea tout ça dans la case « oui, elle me dit la vérité et maintenant elle attend que je parte sans la mordre ». Il aimait bien sa belle-mère. Avant de ne plus rien comprendre à sa vie de couple.

- « A Nancy hein... Ok, je vais aller la chercher. »
- « Oh mais Logan, elle ne veut plus te voir tu sais et... »

Et là, dans le début d’une nouvelle journée placée sous le signe de la grisaille, devant la maison de son Exe petite amie, dans la fraîcheur du matin, il entendit un curieux phénomène d’écho sur la fin de la phrase : « ... tu n’auras pas assez de temps ».
Interloqué, il eut l’impression que la voix ne correspondait plus aux mouvements de la bouche de son Exe futur belle-mère.
Comme un mauvais doublage.
Il bafouilla deux trois mots, fit demi-tour, et s’enfuit dans la voiture.
Il pianota sur le volant, regardant à gauche et à droite comme s’il s’attendait à voir des cameras braquées sur lui, puis un bonhomme avec une casquette sortant la tête de la boite à gants en hurlant « nous vous avons piégé ! C’était une caméra cachée ! Ah ah elle est bien bonne hein ».
Il se dit que l’écho venait du mélange d’alcool et de médocs qu’il avalait depuis un certain temps ; sur du long terme, il était sûr de perdre quelques kilos de neurones avec cette merde ; par contre il ne comprenait vraiment pas le sens de la phrase... « Tu n’auras pas assez de temps », du temps pour quoi ? Pour aller à Nancy ? Tiens, tu vas voir, dans 8h j’y suis à Nancy.

Il démarra, choisit un album de circonstance « Hangover music for alcoholics » de Black Label Society, et se laissa porter par la voix rauque et chargée de vapeur de whisky. Zakk Wyld chanta, le berça tandis qu’il pleurait. Puis il passa la première, sortit de la résidence et quitta Toulouse en direction de Narbonne.



XIV- Fin de journée

Il était arrivé à Narbonne en début d’après midi. Il poussa jusqu’à Gruissan, acheta une glace à la banane, et s’assit face au port pour la manger.
Logan se souvenait des dernières fois qu’il était venu ici, il n’était pas seul, il se sentait mieux et beaucoup moins fatigué.
Et surtout, il était rempli. Comme une bouteille d’eau que l’on n’a pas encore ouverte. Il était rempli, de projets, d’envies, d’attentes. Il vivait.
Il fouilla dans le sac à dos, sortit la bouteille de vin qu’il avait acheté à l’épicerie. Il avala deux cachets, alluma une cigarette et posa sa tête en arrière.
La nuit lui tomba dessus.
Il avait du mal à les voir à cause de la lumière du port, mais les étoiles scintillaient.
A quoi tout cela rimait ? Qu’est-ce que ça allait apporter, cette merde, vouloir la récupérer... Allo ? Logan ? Elle ne veut plus de toi, vas te faire foutre et arrête de rêver.

- Tu parles d’un rêve toi...

Il devait être 21h, il remonta dans la voiture, mis le chauffage, pris l’autoroute et roula.
Il se trouvait dans une sorte d’état second, il n’était pas fatigué, du moins pas plus que les jours précédant, et la route, monotone, filait sous la voiture sans qu’il s’en rende vraiment compte. Une première seconde, il se retrouvait à Marseille, pestant parce qu’il était allé trop loin à l’Est et qu’il allait devoir faire demi-tour parce qu’il voulait absolument aller à Montélimar. La seconde d’après, il buvait un café, regardant un sac rempli de nougat, dans une aire de repos à côté de la souhaitée Montélimar.
Il ne fit que deux pauses après celle là. Sa vessie le faisait souffrir, sa tête aussi mais sinon tout était ok. Il avait un peu peur de se faire arrêter par la police puisqu’il se sentait vraiment saoul, mais sinon ça allait.
Il n’avait pas peur d’être confronté à la famille de Morgane. Sûrement parce qu’il n’avait aucune idée de ce qu’il allait faire une fois en haut.

Cinq minutes, et quelques litres de liquides plus tard, il se trouvait sur une petite route, arrêté devant un panneau indiquant qu’il était arrivé à Moonville.
Il ouvrit la portière, mis sa main droite au fond de sa poche, où elle trouva la pierre-cheval, et vomit dans la fraîcheur de ce début de matinée.

XV- Confrontations, confrontations, acte I

- Puisque je vous dis que je ne vous connais pas !
- Mais enfin, c’est absurde j’ai dormi chez vous pendant près d’une semaine avec Morgane il y a un an !

La femme qui se trouvait devant Logan s’appelait Gaëlle. C’était une des tantes de Morgane. Et bien qu’il ait conscience de son aspect un peu repoussant, il se sentit vexé par cette mascarade.

- Je veux juste la voir, cinq minutes, dites-moi où elle est, Gaëlle, allez, après je vous laisse ok ?
- Je ne vous dirais pas où est Morgane parce qu’elle ne m’a pas dis qu’elle attendait de la visite, que je ne vous connais pas, et que vous n’avez pas l’air d’être très fréquentable. Au revoir !

Et elle lui claqua la porte au nez. Putain, qu’est-ce qu’il se passe ? Il se dit qu’il allait essayer ailleurs, un gros morceau de la famille habitant ici, il y aura bien quelqu’un qui acceptera de le renseigner.

Il remonta dans la voiture, et se dit que la pierre-cheval pourrait lui parler s’il dormait un peu plus.
Il se dit aussi qu’il était complètement givré.

XVI- Confrontations, confrontations, acte II

Aussi incroyable que cela puisse paraître, les trois personne qu’il rencontra par la suite, toutes membres de la famille de Morgane, lui dirent « Mais nous ne nous connaissons pas, jeune homme ».
Il aurait pu leur décrire leurs intérieurs, la couleur du papier peint dans le couloir qui menait aux chambres ou le stupide sous de plats en forme de chats.

Les deux dernières personnes, un oncle puis une amie, lui dirent même qu’ils ne voyaient pas de qui on parlait. « Je ne VOUS CONNAIS PAS, ni vous, ni votre Morgane ».
Logan était fatigué, il avait mal à la tête et ne comprenait pas comment les gens pouvaient agir comme ça ; il ne demandait pas grand-chose quand même ; toujours la même impression au fond de son ventre…

« J’ai l’impression que tout le monde me tient responsable de la fin de notre couple ; et à ce stade, j’ai même l’impression d’avoir la peste. »

Il avait mal au ventre ; c’était bizarre, « Je ne VOUS CONNAIS PAS, ni vous, ni votre Morgane », comme si Morgane n’existait plus. Il sourit, sortit son paquet de clopes, en grilla une, puis prit son portable, composa le numéro qu’il avait tellement composé depuis plus de deux ans. On va vérifier si Elle existe toujours…
Une sonnerie, puis deux, trois, le répondeur. C’est bon, elle m’ignore, elle est en pleine forme.
Il avait vraiment mal au ventre.

XVII- La pierre-cheval, acte I

Alors qu’il remontait dans la voiture, décidé à pousser son périple jusqu’à Lastcastle, il sentit quelque chose vibrer dans sa poche.
Logan s’assit, fouilla dedans et ressortit sa main vivement en criant ; il s’était brûlé. Et mieux, ce qui se trouvait dans son pantalon commençait à diffuser sa chaleur.
Bientôt, toute sa cuisse droite le faisait vraiment souffrir, et il était paralysé. Pétrifié.
Sa main gauche saisit le volant et se crispa dessus. Il aperçut son visage dans le rétroviseur, il avait les yeux écarquillés, la bouche plissé dans un horrible rictus. Un morceau de sa langue apparut, et pourtant il sentait ses mâchoires fermées, ses dents grincer les unes contre les autres.
Du sang se mit à couler, et le morceau de langue qui était apparut tomba sur son T-shirt.

« Putain, je viens de me sectionner la langue merde ! »

Et la chaleur augmentait ; et la chaleur remontait.
Son avant bras gauche, toujours collé au volant, se hérissa de cloques, qui crevèrent et se mirent à suppurer. Sa jambe droite commença à fumer et il souffrait « comme si j’étais entrain de cramer de l’intérieur ! Chuis entrain de cramer de l’intérieur ! »

Sa cuisse droite prit feu, et tout ce qu’il pouvait faire, c’était gémir, la bouche fermé, les lèvres en sang. Et à chaque expiration, il faisait des petites bulles de ce liquide cuivré.
Nouvelle douleur, sa main gauche, celle qui tenait le volant, se mit à enfler à vue d’œil, et elle enfla, encore, encore, il ressentit un pic de souffrance, puis sa main explosa dans un affreux bruit mat ; un plotch écœurant, et l’intérieur du pare-brise fut couvert de sang, de chair et de morceaux blancs qu’il identifia comme étant ses carpes et métacarpes.
Sa main droite fouilla frénétiquement dans sa poche. Il se brûla, mais réussit à sortir l’objet de sa douleur.
Il le mit à hauteur de ses yeux. La pierre-cheval.
La pierre-cheval, rouge, chauffée au-dessus de la température de fusion du corps humain.
La pierre-cheval qui vibrait. Le vrombissement entra dans son crane, dans tout son corps. Et la vibration entra en résonance avec ses os. Il les sentit se briser, percer ses chairs.

- Tu n’as plus assez de temps Logan. Plus assez de…

Quelque chose vibrait dans la poche de son pantalon.

Cédric

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Message  Cédric Dim 11 Mai 2008 - 12:40

XVIII- La pierre-cheval, acte II

Quelque chose vibrait dans la poche de son pantalon.
Logan ouvrit les yeux. Il était assis derrière le volant de la Clio et il avait très mal à la tête.
Et quelque chose vibrait contre sa cuisse droite.
Des morceaux de rêves se déchiraient rapidement dans sa tête. Il plongea la main dans la poche, doucement, plissant son front, craignant la brûlure, puis son échine se glaça.
Ses doigts touchaient un objet froid et humide.
Il sortit la pierre-cheval de sa poche, essayant de se souvenir de la dernière fois qu’il l’avait touchée. Il la posa devant lui, entre le volant et le tableau de bord. Il s’en rapprocha un peu ; il entendait une... voix. Comme un écho, sauf que c’était à l’envers, le volume augmentait et bientôt, il put comprendre le message qui semblait provenir de la bouche de l’animal de pierre.
Il commença un dialogue de dingue.
Il parla avec un caillou.

XIX- Drôle de décor, acte III

Je n’ai jamais cru à tout ça.
Je n’ai jamais cru en l’Homme, ni en ses sentiments, ni en un monde merveilleux post mortem. Encore moins au bonheur auprès d’une personne appartenant à la même espèce que moi. Il y a toutes ces choses auxquelles je n’ai jamais cru.
Je faisais partie de ces gens qui se sentent rongés par la Grande Sinistrose dès qu’une petite chose échappe à leur contrôle.
Incompris, chieur, possessif, peureux, peu motivé... Moi ?
Non, peut-être, je ne sais plus. Heureusement que l’on est assis dans le noir, parce que je n’arriverais probablement pas à confronter mon regard aux votre, trop honte de raconter ce que j’étais. Oui, parce qu’une fois, une unique petite fois, j’ai cru.
J’ai cru à tout ça.
J’ai cru en l’Homme, en ses sentiments ; parfois en un monde post mortem potable. Au bonheur auprès d’une personne de mon espèce.
Ouais.
Et puis y a eu la pierre-cheval.

Maintenant que l’on est ensemble, je peux vous le dire : votre manière de prévenir d’une cessation d’existence imminente n’est pas terrible. Pas terrible du tout. Et arrêtez de vous remuer comme ça, c’est pas méchant. Après tout, vous n’êtes qu’une bande de cailloux bavards...

XX- La pierre-cheval, acte III

- Logan, tu n’aurais pas du quitter Toulouse.
- Mais de quoi tu m’parles ?!

Il regardait incrédule les petites lèvres grisâtres remuer faiblement.

- Te rapprocher de Morgane va tout accélérer, tu n’aurais pas du quitter Toulouse. J’ai essayé de te le dire mais tu ne dormais plus assez.
- Mais, je ne dors pas là, et comment ça se fait que je parle avec toi, je suis vraiment malade ou c’est juste du delirium tremens ? Je vais commencer à les voir quand les cafards sur les murs ?
- Non. Nous sommes plusieurs. Ce n’est pas la folie, c’est juste une autre fin, une fin différente, mais tu n’as plus beaucoup de temps... Peut-être que si tu pars, vite... Ca va commencer à finir d’exister... Elle...

Quelque chose.
Quelque chose vibrait dans sa poche.

XXI- La pierre-cheval, acte IV

Et cette chose, c’était son téléphone.
Il était 6h15 du mat’. L’heure à laquelle il se levait pour aller bosser.
Ca va commencer à finir d’exister... Elle...
Qu’est-ce qui va commencer à finir d’exister Bon Dieu ?
Toujours assis dans la voiture, Logan tripotait nerveusement son portable. Puis il recomposa le numéro de Morgane. A la première tonalité, il entendit une voix féminine lui dire que le numéro que vous demandez ne peut aboutir.
Une seconde fois. Le même message.
Il démarra, passa la première et quitta cette ville maudite comme si le diable en personne lui demandait son âme.




XXII- Début et...

Il mit à peine une heure et demie pour rejoindre Lastcastle, très jolie petite ville, à deux pas de la frontière Germanique.
Bienvenue à Lastcastle. Ses deux églises, catholique et protestante, sa mairie et sa fraîcheur de vivre.
Entrer dans la ville. Faire 150m et en arrivant à la mairie, se garer. C’est là qu’il allait. L’appartement d’une des personnes les plus importantes dans la vie de Morgane se trouvait au-dessus de l’hôtel de ville.
Il monta rapidement les deux étages, souffla tout l’air de ses poumons avant de sonner. Si Morgane était dans l’Est, Elle était ici.
Chez son oncle.
Logan se sentait mal. Léger. Trop.
Il sonna.

XXIII- Fin

Ce n’était pas Morgane, mais sa tante Françoise. Elle tenait la petite dernière dans ses bras.
Logan ne put retenir un sourire. Il fit un pas en avant, mais ce qu’il lut dans les yeux de la jeune femme l’arrêta.

- Bonjour, vous cherchez quelqu’un ?
- Ohhh... Nan nan, Françoise, j’me suis tapé 1000 bornes, ne me fait pas le coup du « qui êtes vous, qu’est-ce que vous voulez ? », toute la famille me l’a fait.
- Je ne vois pas de quoi vous voulez parler, je, euh...

Mais elle n’avait plus besoin de parler. Le regard de la gamine suffisait. Elle ne le reconnaissait pas. Pas du tout. Ce petit bout de choux le regardait comme s’il était un étranger.
C’est là que tous les rouages de son cerveau se mirent en route. Les effets de l’alcool et des médicaments disparurent.
Ca va commencer à finir d’exister... Elle...
La pierre-cheval lui avait dit. Machinalement, il fouilla dans son sac à la recherche de son permis de conduire. Son regard passa par-dessus l’épaule de Françoise, et croisa celui de Morgane qui s’était approchée de la porte. Il ne lut rien.

Il n’y avait rien dans ce regard.

Ca va commencer à finir d’exister... Elle...
Ce n’était pas Morgane qui n’existait plus.
Sur son permis, il ne lut rien. Sa photo n’était plus associée à ses trois prénoms, à son nom ou même à sa date de naissance.
Ce n’était pas Morgane qui cessait d’exister.

C’était lui.


Épilogue : Sunshine serenade

Il sentit son cœur se glacer, aussi parce qu’il faisait froid, mais surtout parce qu’après avoir perdu la moitié de son être, le sang de son sang, il en perdait la seconde moitié.

Il sauta dans les escaliers, quatre marches à la fois, et sortit. Il ne s’arrêta qu’une fois devant la voiture.
Il se sentait vide. Et il avait l’impression que ce qui était autour de lui, ce qu’il voyait, les rayons brûlants et coulants provenant de l’astre solaire, ce qu’il entendait, les mélodies dissonantes de la vie urbaine, tout, se fissurait. Il voyait le noir, le néant percer derrière tout ça.
Est-ce que tout allait vraiment tomber en morceaux ?

Mais il n’en avait pas envie, ô non ! Mourir alors ? Mais c’était complètement inutile !
Et puis, se suicider en voiture l’aurait abîmée, se taillader les veines aurait taché un couteau, et ça aurait donné du travail aux personnes qui passeraient derrière pour nettoyer.
Non, il se dit que tant qu’à mourir, autant le faire de son vivant, autant le vivre pleinement.

Il quitta Lastcastle.

Ca faisait déjà trois mois qu’il avait arrêté de la voir.
Il avait décidé de ne plus manger. Il lui arrivait cependant de faire une entorse à cette nouvelle règle, mais il voyait l’utilité de la chose, et ça le motivait. La grève de la faim lui permettait de ne pas frapper tous les murs qu’il rencontrait, où de se disséquer à l’aide d’un cutter, ni même de se laver, de se raser ou de faire semblant d’être sociable.
Pas assez de forces pour faire ça.
Et comme il sentait mauvais, avait un aspect repoussant et avait du mal à parler, sa famille cessa d’exister pour lui.

Après ces trois mois passés dans les douze mètres carré de sa chambre, il décida de reprendre contact avec la réalité.

Il appela l’un de ses anciens amis au téléphone, et l’invita à boire un café, parler du bon vieux temps, se rappeler la mélodie de la vie qu’il avait avant de mourir une première fois.
Au début, il pensait qu’il allait cesser d’exister, purement et simplement, mais au bout de ces quelques mois, il était toujours là. Mais c’était de pire en pire. Il conclut que les liens prioritaires avaient été les premiers à être rongés.

Lorsque son ami arriva, il dut regarder à plusieurs fois le numéro inscrit sur la boite aux lettres de la maison ; il ne la reconnaissait pas ; les murs blancs avaient noircis, et les ronces avaient fait fuir les géraniums.
Le portail s’ouvrit, et il vit que les lutins qui actionnaient habituellement la crémaillère avaient laissé place à des petits gnomes aux yeux rouges d’une trentaine de centimètres de haut.
Il ne reconnut pas son ami non plus ; non pas qu’il ait vraiment changé, c’était toujours les même vêtements, les même cheveux blond. Les mêmes yeux bleu vert, sauf qu’ils étaient profondément enfoncés dans leurs orbites, et que de larges cernes s’étalaient en dessous, dessinant des croissants de lune violacés.
Ses ongles étaient longs et incurvés.
Sa pilosité s’était développée.
Mais ce qui le choqua vraiment, c’était les nécroses, ces tâches brunes qui recouvraient ses bras et son visage.

- Oui, je sais. J’ai décidé de me laisser mourir, et mon corps est d’accord.

Alors qu’il terminait sa phrase, son nez le gratta.
Logan leva le bras droit, déplia son index, et le frotta sur son appendice nasal.
Son doigt se décrocha à la deuxième phalange, dans un petit bruit de déchirement.
Il tomba, eut quelques spasmes tout en émettant des faibles miaulements, puis il s’immobilisa, petit morceau de charbon, recroquevillé sur lui-même.

- Mais, c’est absurde, lui dit son ami.
- Je t’ai dit, répondit-il en secouant la tête lentement de gauche à droite, j’ai décidé de me laisser mourir, et mon corps est d’accord. Ce qui est étrange, c’est la chambre aussi, la voiture… Tout. Tout va venir avec moi en fait.

Son ami remarqua alors le papier peint, les coins qui se décollaient du mur, comme s’ils se tendaient vers lui, pour le toucher, pour faner avec lui. Il remarqua aussi les livres, dont les pages avaient jauni, le miroir tout pigmenté qui ne réfléchissait plus grand-chose.

- Mais, si tout autour de toi veut mourir, en restant ici, mon corps va vouloir copier, je vais rester et crever aussi ?
- Je ne suis pas égoïste. Je pense que si tu ne veux pas, tu vas peut être simplement perdre les choses inutiles, tes oreilles, tes dents ou ta langue…

Son ami se servit une tasse de café. Il ne le regardait pas, et ne répondit pas. En observant dans sa tasse, il vit que de la mousse s’était installé sur les parois intérieures. Il remua, se disant que le sucre qu’il avait ajouté rendrait peut être le goût un peu moins amer.

Dehors, le soleil se couchait. Il était 13h30, et partout ailleurs dans ce monde, la température était de 27 degrés Celsius.
Chez Logan, l’herbe était prisonnière du givre.

- Pourquoi ne veux-tu pas essayer de faire face ? C’est dommage de se laisser mourir, c’est embêtant et définitif. Et ça ne doit pas être facile pour tes parents.

Il sentait ses orteils trembler les uns contre les autres, souffrant du froid, frémissant dans ses chaussettes.

- Je sais, ils ont été obligés d’acheter trois radiateurs pour faire sécher les murs. Mais je ne veux plus vivre dans ce monde, c’est trop fatigant. Il faut toujours recommencer après, et je n’en ai pas la force.

Quand Logan parlait, l’odeur de chair morte était tellement forte qu’il aurait préféré ne pas avoir d’amitié envers cette chose. Les mots qui sortaient de sa bouche semblaient courir, fuir cette cavité nauséabonde, et du coup, il avait vraiment du mal à les saisir et à les mettre dans ses oreilles pour comprendre les phrases.

- Mais c’est bête quand même, vous aviez crée quelque chose à deux non ? C’est réparable, ou tu peux peut-être te racheter ?
- Oui… Sûrement… Non, ce n’est plus important. Ca ne l’est plus depuis le début de sa fin...

Logan leva les yeux au plafond, se déplaça de quelques centimètres sur la gauche, évitant ainsi une plaque de plâtre suicidaire.

- … mais c’est fatiguant… Il faut tout refaire… Hier, deux rats sont venus se plaindre parce que les murs suintent dans la cave. Il faudrait revoir l’isolation.
- Viens, on va aller faire un tour, faire des courses, ça te changera les idées.

Il n’en était pas sûr mais il avait l’impression que l’une de ses canines bougeait.
Il se leva, et ne voulant pas mourir pour rien, juste parce qu’il connaissait quelqu’un qui souhaitait simplement mourir, il frappa Logan de toutes ses forces.
Ce qui fit éclater son visage.

Logan tomba en arrière, une moitié de face en moins.

- Je ne t’en veux pas, ça m’embête de tout recommencer. De toutes manières, je ne vois pas comment on pourrait faire, et c’est embêtant.

Son ami le regardait appuyé contre la porte.

- Je pense que tu devrais te relever, tu goutte sur le parquet. Et puis essaie de reprendre goût à l’existence, tu pourras réparer le phare de ta voiture en plus.

Logan se redressa. Et, accoudé par terre, les jambes tendues, sourit.
C’était assez laid. La peau tirée découvrait les quelques dents qu’il restait, les gencives viciées par la mort.

- A quoi ça sert ? Faire semblant, ou gangrener la vie de quelqu’un d’autre comme la mienne se gangrène ? Ou bien recommencer, à nouveau, et vivre avec des fantômes trop bruyants la nuit, qui n’arrêtent pas de me parler à travers mes rêves ? Vivre ? Et finalement mourir avec le même sang taché par mon crime ? Je ne pense pas pouvoir l’assumer. Et puis une éternité d’inconscience, noire comme le sang qui coule de mon cœur, après avoir été vivant toute une vie ? Non, c’est trop nul. De toute manière, je n’ai pas trop de moyen.

Son ami se cogna violemment la tête contre le montant métallique de la porte, pour voir.

- Mais, comment va ton cœur ? Il pourrait reprendre lui ?
- Non, les cafards de la cave y ont trouvé refuge. Ils le mangent, et je pense qu’il n’en reste pas grand-chose. Ca ressemble à ce qu’elle est moi avions crée. Mon cœur ressemble à ma chair. Mon cœur est mort.

Il sortit. Il remonta dans la voiture, et démarra en trombe ; pas question de mourir pour des bêtises, il aimait Logan, mais pas tant que ça quand même.

Alors Logan se retrouva seul.
Il se tourna, rassembla son visage, avec ses neuf doigts, et le mit dans la tasse de café ; elle était froide, et la mousse verte la recouvrait partiellement. Il prit son paquet de cigarettes, sortit de la chambre, ses pieds se fixèrent au sol ; le froid avait collé sa peau mais il continua à avancer, la déchirant, laissant derrière lui deux empreintes fantomatiques ; il glissa sur le verglas qui était apparut sur le carrelage, se retint à la poignée de la porte des toilettes, et se dirigea vers le salon.
Toutes les fenêtres avaient disparus sous une épaisse couche de glace, ce qui donnait une lumière bleutée, irréaliste, un intérieur d’igloo.
Un gnome-yeux-rouges traversa devant lui, chaussé de patins à glaces, fit demi-tour, et lui fonça dessus avec la ferme intention de lui enfoncer sa lance dans les pieds.

- Ca ne sert à rien ce que tu fais, ils sont déjà froids.

Le gnome freina, lui tira la langue et s’enfuit.
Une fois sur la terrasse, il alluma, avec bien du mal parce que la flamme du briquet trouvait le fond de l’air trop froid, une cigarette. Il fumait sur un seul côté de la bouche, et ce n’était pas pratique. Devant lui, la ville continuait à scintiller, à murmurer, à vivre ; elle parlait une langue qu’il avait oubliée, celle des gens vivants.

Il saisit son téléphone, et l’appela.

- Je suis presque mort, tu ne veux pas que l’on se voit ?
- Non, je ne voulais pas te voir mourir avec moi, alors je ne veux pas te voir mourir sans être avec toi, c’est cassé, c’est cassé. On ne peut pas tout recommencer.
- Est-ce que tu crois que ça a un sens ? Est-ce que c’était pour rien ? Est-ce que toi et moi c’était pour rire ? On vit, on meurt et c’est comme ça ?
- Je m’en fous. On l’a fait, et maintenant tu meurs, on est comme ça, on est des bêtes, on s’aime, on s’aime plus, c’est toujours comme ça. Allez au revoir.

Il s’assit par terre, rangea le téléphone dans une poche. Il serait bientôt prêt à rejoindre ce qu’il avait tué.
Il ferma son œil restant, et il commença à neiger.

FIN DE LA PREMIERE PARTIE

Cédric

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Message  Yali Dim 11 Mai 2008 - 13:22

Beaucoup, beaucoup de maladresses, de redites inutiles, (des fautes(et si moi je les vois…)), et rien de tout ça qui puisse être identifié comme faisant partie prenante du style. Ce qui fait que je n'ai pas le courage d'aller plus loin qu'ici :

Il garda sa tête posée sur ses mains, mais la tourna sur la droite, de telle manière qu’il pouvait voir le mur de droite de la pièce.
Il essayait de sourire, parce que des rêves comme ça, ça ne s’invente pas, mais ça lui faisait mal de sourire. Ca a faisait longtemps qu’il avait arrêté, et ses muscles eurent (l'emploi du passé simple dans une phrase débutée à l'imparfait est discutable) du mal à supporter l’effort.

Lire, relire, se faire relire… Puis ça permet de laisser refroidir le texte avant la relecture finale et enfin : poster.

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Message  Invité Dim 11 Mai 2008 - 13:28

je n’ai connu ni guerre, ni viols, ni guérilla.
l'emploi du pluriel pour viols est discutable. Le singulier pour les autres tout autant.

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Message  Invité Dim 11 Mai 2008 - 13:31

tu goutte Oui il y a des fautes, beaucoup.

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Message  Reginelle Dim 11 Mai 2008 - 15:41


I- Drôle de décor, quelques coups sur le plancher

C’est marrant. Pas drôle, marrant.
Bah oui, parce qu’il y a une différence entre drôle et marrant.
Un mec qui marche dans un parc, sur l’herbe, qui regarde en l’air parce qu’il fait super beau et qui se mange le manche d’un râteau dans les dents, c’est drôle, pour quelqu’un d’autre que lui ; un mec qui se fait lâcher par sa petite amie après deux ans d’une relation d’amour et de passion, qui se fait effacer de la vie de cette dernière comme on nettoie une merde d’oiseau sur le pare-brise d’une Rolls, c’est marrant.
Oui, y a une différence. Quelque chose d’insolite, d’imprévu et de relativement désagréable, c’est marrant.
Où en étais-je ?
Ah oui, c’est marrant, pas drôle, marrant, comme ma vision de la vie a évolué depuis ma naissance, ou devrais-je dire depuis que j’ai conscience de moi en tant qu’individu adulte.
Oh, ma vie n’est pas sensationnelle, je n’ai connu ni guerre, ni viols, ni guérilla, rien qui me donne un statut particulier auprès de mes pairs. Toutefois, lorsque j’allume la télévision, que je tombe sur une émission qui se trouve à la limite, au bord, du gouffre de la connerie humaine, ou même carrément dedans, ou simplement quand je vais faire mes courses un samedi après midi, je me dis que ma manière de voir les choses, de sentir ou de vivre le monde est particulière.
Si je continue comme ça, on va croire que je me sens supérieur. Ca serait une erreur, et maintenant que nous sommes tous ensemble, assis dans l’obscurité, je vais vous raconter une histoire.

- Pas de veine : La définition de "marrant" dans le dictionnaire = drôle, amusant... Peut-être que "risible" irait mieux ? parce que même ce qui n'est pas marrant peut prêter à rire
- Un mec qui marche en regardant en l'air et qui se mange le manche d'un rateau... est-ce important, le parc, l'herbe, parce qu'il fait beau ?
- une merde d'oiseau sur un parebrise... tous les parebrises se valent, non ?
- Ah oui, c’est marrant, pas drôle, marrant, ... là, je crois que le lecteur, après les explications détaillées, a compris que c'est marrant... et pas drôle. Peut-être inutile d'en rajouter une tartine.
- guerre est un mauvais exemple... du moment qu'une guerre est vécue par la totalité d'une population, le personnage en aurait-il traversé une, ça ne le ferait pas différent de ceux de sa génération, qui l'auraient subie en même temps... chercher des situations qui, comme le viol, ne peuvent être vécues qu'individuellement... et puis "de ses pairs"... c'est un peu précieux... "qui me donne un statut particulier", suffirait je crois... le lecteur comprend très bien : particulier par rapport aux autres.
- Attention aussi, parce que pas tout le monde place "la connerie humaine" au même niveau. Et aller faire ses courses un samedi après midi, y a rien de plus banal ! Je suppose que, sous-entendu, y a tous ces gens rencontrés dans les rayons des grandes surfaces, et leurs comportements... parce que sinon, je ne vois pas ce qui pourrait faire là-dedans que quelqu'un se sente "particulier"... (en plus : différent, pour éviter la répétition avec le particulier plus haut)
- on va croire que je me sens supérieur... ben oui... là, le lecteur le pense déjà, et comme toi, (l'auteur) tu le soulignes aussi même si en voulant le nier, y a des chances pour que l'impression demeure...
- et maintenant que nous sommes tous ensemble... assis dans l'obscurité... où as-tu amené cette idée d'ensemble ? et d'obscurité ? et qui "tous" ? Logiquement y a le bouquin (et celui qui parle dedans) et le lecteur... ça ne fait que deux... "Si je continue comme ça, on va croire que je me sens supérieur. Ca serait une erreur... Peut-être devrais-je tout vous raconter ?... Pourquoi pas ? alors, voilà... " je sais pas, un truc comme ça... qui prend le lecteur par la main, si tu y tiens vraiment.


Voilà... rien que pour le début en lecture "critique", tout ce qui m'a arrêtée. (Je fais pareil pour mes textes, alors merci de ne pas prendre la mouche) Et j'ai tout lu...

Et je ne dirais rien à propos de Boris Vian et de l'Ecume des jours...
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Message  Reginelle Dim 11 Mai 2008 - 15:46

oups ! bien pare-brise... en deux mots. Désolée !
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Message  Cédric Dim 11 Mai 2008 - 18:20

Whaouh... Tout ça, rien que pour le début !
Hmmmm, je regrette amèrement le passage "Boris Vian" du premier commentaire, je me tire les oreilles et tirerai celles de mon ami quand je le verrai !

Serieusement, les critiques me paraissent absolument justifées et pondérées (sauf peut-être une, mais je me la garde sous le coude pour l'instant, suis un peu préssé !). Je dois avouer que j'ai écris cette histoire dans une période un peu alcoolisée et désagréable de ma vie, et je n'ai jamais eu le temps de la retravailler. C'est ici une version un peu brut mais ces remarques vont m'orienter pour le grand travail de reprise qu'il me reste à abattre...

Je ne pense pas le faire dans les jours qui viennent (pas trop de temps avec mon site à gérer et pas mal de boulot en ce moment dans ma boite) mais j'ai fais un 'copier-coller" de manière à avoir tout ça à portée de main le moment venu...

Donc "merci beaucoup" pour la lecture et les commentaires...

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Message  Anne Veillac Lun 12 Mai 2008 - 19:13

Je ne trouve pas que tu doives tirer les oreilles de ton copain ;-) Il a le droit de penser ce qu'il veut. Tu n'es juste pas obligé d'en parler en préambule de ton texte. Laisse-nous le plaisir de juger seul ton texte. Et qui sait... s'il y a vraiment un lien avec Vian, quelqu'un d'autre le trouvera peut-être tout seul.

Sinon, j'avoue que je n'ai pas lu la suite. Tu as posté une grande quantité de texte d'un coup. C'est un peu dur à lire, surtout sur l'écran. Je lirai plus tard (moi aussi j'ai du boulot qui m'attend...)
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Message  Sahkti Ven 16 Mai 2008 - 12:32

D'entrée de jeu, dire que ce texte a des airs de L'Ecume des jours (même si on ne l'a pas dit soi-même, le répéter vaut pour autant), ça la met mal je trouve parce que évidemment, la comparaison, on essaie de la trouver et si c'est bernique, ça commence mal! :-) Mais bon, ça ressort plusieurs fois dans les commentaires, ça, je vois, donc je ne dis rien :-)

Le traitement entre les différentes parties du texte me paraît inégal. La qualité n'est pas au rendez-vous tout du long, on trouve quelques raccourcis ou survols dommageables pour une bonne compréhension de l'ensemble et de sa construction.

Je trouve aussi, et ça c'est très perso, que c'est maladroit, lorsque deux personnes te font part de leur avis mitigé de réagir en disant "on continue?" et hop! Tu balances une super longue suite et basta, pas d'échanges autour des maladresses évoquées avant. Le "vous comprendrez plus tard" est une pirouette facile :-)

Plus techniquement, des fautes, des répétitions, des longueurs un peu partout. Quelques emplois d'idées mal choisies comme viol ou guérilla. On sent en effet la personne qui n'a jamais vécu ça et en parle comme de choper une grippe... Limite.

Bref, à moitié convaincue, désolée.
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Message  bertrand-môgendre Mer 21 Mai 2008 - 7:10

Il y a du bon là dedans : les idées, la trame.
Il y a du travail la derrière : les corrections, le défrichage du redondant.
Il y a de l'espoir là dessous : une envie d'écrire à tout prix.

Petite remarque cependant : les membres de Vos Ecrits, dont tu fais partie à présent, ont pour habitude d'appliquer la règle de l'échanqe. Je te lis, tu me lis, nous nous lisons (nous nous lions aussi).

Je profite de ma réponse pour adresser un sourire à Sahkti. Une personne t'as trouvée drôle dans un de tes commentaires.

D'entrée de jeu, dire que ce texte a des airs de L'Ecume des jours (même si on ne l'a pas dit soi-même, le répéter vaut pour autant), ça la met mal je trouve parce que évidemment, la comparaison, on essaie de la trouver et si c'est bernique, ça commence mal! :-) Mais bon, ça ressort plusieurs fois dans les commentaires, ça, je vois, donc je ne dis rien :-)
Ici, j'ai souri aussi
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