La toute nouvelle Héloïse

[choobe]

Malgré moi, j'avais fait la promesse à ma grand-mère
Que ce mercredi du mois de juillet
J'irais chez ma grande-tante pour son anniversaire
En congé, j'avais trouvé aucun biais
En congé donc, j'avais fêté la veille
C'est dépravé que j'irais voir la vielle.

A l'époque je barbouillais, une passion naissante
Ni Braque ni Vasarely, plûtot crever
Je faisais dans le vrai, dans les portraits
Pour l'occasion, j'emportai une toile encombrante.

Arrivé à la bourre comme toujours, ma devise
(Ils étaient à l'apéro pour " me faire venir")
J'ai eu droit au tour de table gratuit pour la bise
J'ai voulu crier: "Un cheval contre mon empire!"
(Bien que je ne connaisse rien à l'équitation)
Leurs âges, additionnés, dépassaient le million.
Le plus jeune avait soixante ans, Tonton Camille.
Etait présent que la première génération
Mais où était passé le reste de ma famille?
Tonton Roger ou "peau rouge", avait l'oeil qui brille:
"Tout l'monde trime pour gagner sa croûte sauf toi fripouille !"
-J'allais quand même pas manquer l'feuill'té de grenouille.
Ce jour là fût ma reconversion Aoûtienne
Mais peau rouge n'avait pas fini de faire des siennes:
"T'as pas amené ta p'tite copine mon coco?"
-Non, elle est dans la cave menottée au chauffe-eau.
S'ensuivit un débat sur ma barbe de trois jours
mes habits, mon boulot et mes anciennes amours.

Trois jaunes plus tard j'étais encore plus fatigué
Roger me prit par les épaules et m'emena:
"Viens, il y a quelqu'un que j'dois te présenter.
C'est la p'tite-fille au cousin a Tata Barb'ra."
-Une p'tite cousine éloignée?
"Badabeuf, l'cousin d'la Barb'ra c'est un Depret
Rien a voir avec nous de loin ou de près"
-Aucun lien de parenté...
"Non, tu verras elle est timide et innocente
Et très charmante, viens là que je te la présente."
-J'arrive, elle doit s'ennuyer.

Quand je l'aperçus sur la balancelle
J'ai demandé si c'était vraiment elle.
"Charmante" ne convenait pas à la demoiselle
Cette journée commençait à battre de l'aile
"Voilà je vous laisse faire connaissance à plus tard"
J'ai engagé la conversation
En évitant son nez du regard
Car il était vachement bizarre
Ostentatoire, couvert de fluxions
Elle s'appelait Julie, coiffeuse de dix-neuf ans
Une fille gâtée, prétentieuse et l'esprit gnangnan

Son caractère amer d'insipidité
A eu pour effet de me galvaniser
Je devins un mythomane intarissable
Je lui ai raconté des énormités
Des extravagances tout à fait infaisable
Elle gobait tout et paraissait exaltée
Elle a plus particulièrement appréciée
Mon combat à mains nues contre un lapis-lazuli
Ainsi que mon trek à travers les Calendes grecques
Elle se voyait déjà avec moi la Julie
Avec deux ou trois gamins à l'arrière du break

Comme tout bon menteur qui se respecte
J'y glissais subtilement des bribes de vérité
Lorsqu'elle sut pour mon stage avec Toulouse-Lautrec
Dalenda Carthago: je dois l'a dessiner.

Désireuse de se pâmer devant mon talent
Languissante de mon doigté évident
Etant de nature complaisante, je l'ai croquée.
La première ébauche fût toutefois ratée
Je lui refis le portrait, sur fond de prés verts
Une tête de linotte, un corps de bécasse
Terminé, j'arrachai une plume de son derrière
J'ai signé, juste avant qu'elle ne m'embrasse.

Baiser avec la langue et tout le tralala
J'humai comme une odeur de pan-bagnat
Comme elle était laide et que j'étais raplapla
J'espérais fort qu'elle eût ses ragnagna
Pourrie gâtée, elle avait tout ce qu'elle voulait
Et moi je n'échappais pas à la règle
"Timide, innocente." Et mon cul c'est du poulet?
J'étais la souris dans les serres de l'aigle
Impuissant face à la véhémence de ses demandes
J'ai dû fermer les yeux et penser à Fernande...

[mouss]

Si tu cherches à choquer, pour moi c'est raté. A m'épater ? Raté. Je crois même que c'est ce mot-là qui me reste en tête: raté.
(Désolé, si je te semble un peu sévère.)

[mentor]

c'est pas Carthago delenda est ?

ça me fait penser aux bluettes de Mijoulan, en plus couillu

Bon, ça se lit, mais y a comme une impression de vite fait, et de pas très abouti non plus

[Ole Touroque]

J'aime bien.

[Invité]

J'aime bien.

moi aussi, même si la bienséance et autre chose me soufflent que je ne devrais pas. C'est justement ce trait outrancier qui m'amuse, cette espèce de provoc qui dit son nom. Bien sûr ça manque d'une certaine finesse mais j'aime penser que c'est voulu. Il est possible que, lu à un autre moment, ce texte m'ait irritée.
Je n'ai pas compris :

En congé donc, j'avais fêté la veille
C'est dépravé que j'irais voir la vielle.

Et trouvé intéressant :

Mon combat à mains nues contre un lapis-lazuli
Ainsi que mon trek à travers les Calendes grecques
Elle se voyait déjà avec moi la Julie
Avec deux ou trois gamins à l'arrière du break

[Invité]

Je ne suis pas arrivée au bout, désolée... Le texte m'a vite ennuyée.

[Sahkti]

ça me fait penser aux bluettes de Mijoulan, en plus couillu

oui, ou aux scènes de famille d'Outretemps.

[Sahkti]

Ça commence bien et puis, il me semble que ça part un peu dans tous les sens, volonté d'exprimer un délire mais ce n'est pas tout à fait réussi à mes yeux.
Le rythme, la vivacité des réparties, tout cela se tient et donne de la gueule au texte, qui semble ne pas se prendre trop au sérieux, au début en tout cas, et puis ça se gâte. Peut-être justement parce qu'il y a alors volonté de faire passer quelque chose, un message ou que sais-je et là, je sens l'effort, ça me séduit moins, c'est plus bordélique et moins amusant.

[loic]

au début j'ai fait: pfffffff mais au fil de la lecture j'ai commencé a sourire à la fin je me marrais franchement , c'est méchant, j'aime bien!

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