Bon plan pour une tueuse

[Romane]

Là, je ne comprends pas. J'ai du bouffer un truc à faire des noeuds au cerveau. Voici ce que ça a donné. Un délire, rien d'autre qu'un délire ;



Bon plan pour une tueuse

La porte. Bon sang de bonsoir, où est-ce que j’ai mis la porte ? Hein ? ah oui ! Oui bien sûr, mais oui que je le savais ; autour du mur… dedans plutôt… enfin non… dans le trou du mur, oui, voilà c’est ça : dans l’encadrement ! Quelle idée ! Oui, bon eh bien cette porte grin… coince. Depuis huit ans, oui, c’est cela. C’est bien ce que je dis ; depuis huit ans, la porte groin….coince. Ah mais ce soir, elle me cèdera j’en suis sûre. Pas de résistance pour la troisiè… quatr… euh non… cinqu… ça c’est pas possible, euh… la dernière fois. Oui, la dernière. Ben celle qui vient juste avant l’avant-dernière, donc si je récupatule piitule cap…. c’est pas évident à fair… à dire… bref, si je fais le point, il ne devrait pas y en avoir une de plus. Mais non ! pas de porte ! Une de plus de … de quoi déjà… ah oui ! oh là là, ce que c’est compliqué ! Une de fois. La dernière. Ouf ! Celle où je ne crains plus le mur, ni la porte, plus ah ! remontée au bloc. Mais non, pas l’hôpital ! Ici, là … à bloc je veux dire. Forte, quoi. D’une puissance à couper au couteau. Ils n’auront pas le temps de compter jusqu’à cent. Non c’est trop. Euh… cinquante ? voyons… un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept… ça fait long peut-être, jusqu’à cinquante… mettons euh… pfff euh… bon, vingt quatr… ? non, onz… bon, disons trois. Ils ne comptent pas plus, ils n’auront pas le temps parce que clic clic… non ah ! ploup… non c’est pas ça, mince je me souviens plus du bruit… euh… plop… attend… je le refais en me concentrant… clic.. euh.. ah ! voilà ! Clac, clac, clac, mais sans les virgules ça le fait mieux. Quatr.. trois coups, trois cœurs, trois morts… oui morts. Obligé, sinon ça ne marche pas. Il faut qu’ils meurent. Paf ! là. Oui, oui, comme ça. Sans état de question ni se poser d’âme, on ne va pas chipoter.. de toute manière ils sont morts. Clair. Net… Tranché à vif. Nettement à mort. Précise, moi. Toujours. Hé hé !

Un temps durant lequel elle se concentre intensément.

Pourvu que la poignée fonctionne ! Comment ça laquelle ? Celle du mur, tiens ! heuh.. je veux dire celle du… oui du trou du mur dans lequel il y a la porte… voilà. C’est ce que je voulais dire… la poignée de la porte du mur… Putain de poignée ! Elle grinc… coince, comme la porte… en même temps, je veux dire… enfin non, juste avant… quand on la touche, quoi. Si elle coince… non elle coince ! pour quoi « si » puisque c’est sûr ! Donc si elle coince… oui mais non, là je dis si, je sais que c’est sûr mais pour dire ce que je veux dire je suis obligée de remplacer sûr par si. Et… je disais… ah oui… Si elle coince, et ça j’en suis sûre, même pas la peine d’aller plus loin. D’autant que la porte sera fermée, si la poignée coince. Je ne vois pas comment je pourrais franchir une porte fermée. Tout de même oui, je réfléchis, au cas où… Alors… porte close, poignée dans la main… eux derrière la poign… la porte, moi, mon flingue à la main… dans l’autre main alors, puisque dans celle-là j’ai déjà la poignée… faudra réfléchir… je ne peux pas faire avec deux mains droites…. Bref, je suis foutue. Tout le monde reconnaît la porte… et puis de toute manière, avec la poignée, même si on ne reconnaissait pas la porte, on reconnaîtrait la poignée. Du coup, on me connaît à cause de mes deux mains droites… Disons que je supprime la poignée de la porte. Pas de poignée, pas de porte. Pas de porte, si ça se trouve pas de mur et forcément pas de mort. Je passe pour une conne. Mais non c’est pas le mur qui tue le mort. C’est moi. Mais si y’a pas de… bon c’est très simple, il faut qu’il y ait tout, sinon je ne peux rien faire.

Elle dresse un plan

Si la poignée résiste, je pète la vitre. En admettant que la porte soit vitrée… Oui, je sais j’aurais pu regarder avant, mais j’y pense jamais. Déjà je suis sûre du mur, à peu près sûre de la porte, et je me doute qu’il y a une poignée. La vitre ne doit pas être loin. Je me trouve très précise, de plus en plus sûre de moi. Tiens, par exemple, un coup de crosse. Sec. Précis. Tranché. A vif argent. A mort d’amour (je me lâche, je me lâche ! ha ha ha !). Je ne rentre même pas... Non pas dans la porte, mais dans la pièce ! J’ai regardé John Wayne.. euh non Alain Belmondo… Jean-Al… bref, le mec il faisait comme ça : il tend le bras et il tire. Une fois. Comme il est doué, trois coups, trois cœurs, trois morts. Je vais faire pareil, méthode Delon.. Ah ! c’est bien ce que je disais, c’était pas Paul Wayne ! Je tire comme ça. Oui… comme ça. Aussi simple. Aussi vite, juste un coup. Ben oui, ils seront alignés, quelle question !! Ce qui fait qu’on entendra un coup et trois bruits de verre tout en même temps. Le bruit de la chute des corps, je m’en fous. Je serai déjà loin. Penser à lâcher la poign… ah non, c’est vrai, j’ai tiré dans le trou de la vitre du mur de la porte. Je reprends : sitôt tiré mon coup… hein ? Mais non ! en tout bien tout honneur ! bref, sitôt hop ! sitôt tourné les talons, je m’en lave les mains… bon ! façon de parler, je ne me lave pas tout de suite, je .. j’admire le résultat. .. Belle pulsion. Saine. Franche. Sans équivoque. Beau travail. Rien à redire ; après je me fais la malle, je remplis le coffre, j’embarque les deux… non, pas la porte. Bref je monte. Je passe la cinquième, je démarre, je freine si je cale, on sait jamais, et hop, je me casse chercher le moniteur d’école dans mon auto… on traverse la vie. Vive la France !


Romane

[Invité]

Je me demande ce que ça donnerait sans le titre...
Préféré la dernière partie au début vraiment fatigant à suivre. Je ne suis pas sûre que les traits d'humour me touchent, ils sont parfois forcés, comme le ton du texte de façon générale. Pourtant, l'ensemble, s'il ne m'emballe pas, ne m'est pas désagréable. J'admire la clarté d'esprit nécessaire (en dépit de ton avertissement) pour écrire un récit aux fils si embrouillés, si tu vois ce que je veux dire.

[mentor]

un bon délire
qui sert à rien, mais... mais si : à délirer
et ça fait sûrement du bien
trépidant

[Silex]

D'accord avec Easter, j'ai trouvé le premier passage difficile à lire. D'ailleurs, le coté hyper haché dessert ce début, comme...si il en voilait la structure plutôt intéressante par ailleurs. Tu pourrais peut-être trouver une autre façon de traduire l'état du narrateur sans pour autant brouiller le fil de ton écriture...

Mais aussi bon parfois d'écrire ce qui jaillit du cerveau sans trop se prendre la tête!
Bon délire!

[Silex]

Aïe...J'entre dans ce sujet en trébuchant! Je voulais écrire " C'est bon aussi parfois..."

Sorry!

[Sahkti]

C'est du délire bien organisé, peut-être un peu trop, j'ai eu le sentiment que tu en faisais par moments un peu trop.
Le côté saccadé du récit peut épuiser mais tu arrives à diminuer le phénomène à temps (quoique, un chouïa trop tard peut-être).
Le tout ne mène pas très loin mais ça ne me dérange pas, l'exercice me plaît et me plairait certainement davantage si tu allégeais un peu la première partie, qu'elle soit moins frénétique.

[Romane]

Effectivement, vous avez tous raison ; j'ai poussé à fond le délire, au point qu'on se dit que c'en est trop. Je pourrais m'amuser un jour à réécrire ce texte pour en faire quelque chose de plus cohérent, tout en maintenant le caractère distrait de la tueuse. Je crois que je pourrais le transformer en sketch, à vrai dire. Il restera donc dans le vivier, prêt à ressortir un jour, et même je pense, évoluera en cours d'impros théâtre (je laisse aussi aux comédiens la possibilité de faire avancer une ébauche, en sorte de travail collectif)

Merci pour ces points de repères, vous tous !

[Sahkti]

évoluera en cours d'impros théâtre (je laisse aussi aux comédiens la possibilité de faire avancer une ébauche, en sorte de travail collectif)

Ha ça, bonne idée! Ça serait chouette de nous dire ce que les comédiens en ont fait!

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