Un coeur pour toi

[Kali Lorca]

Bonsoir à vous,

J'ai écrit ce texte il y a peu. C'est sur un sujet qui me tient à cœur et je voudrais vraiment l'améliorer.
J'ai conscience qu'il n'est encore pas grand chose, un quasi rien mais je voudrais vraiment en faire une belle chose. Si vous pouvez m'aider ...

*

Si jeune.
Je ne te connais pas. On m’a parlé de toi. De toi et de ta maladie.
Un cœur. C’est ça qu’il te faut m’a-t-on dit.
A l’entente du mot : « liste » j’ai heurté un domaine méconnu.
Le don d’organe. Donneur ou pas ?

Je te sais sur ton lit d’hôpital. Je m’interroge. Du temps mais combien ?
Je ne sais pas. Je tâtonne. C’est un sacré choix, mine de rien.
Je t’imagine perfusé. Va savoir pourquoi cette image enlace mon esprit...
Je te vois pâle, souffrant, endormi, sous sédatifs. Je ne m’y connais pas et je me trompe certainement.

Un cœur. Un organe. Un bout de moi.
Que dois-je faire ? J’attends un battement de cils de ta part. Une aide.
Tu ne bouges pas. Où est l’espoir ?
Des chances minimes mais des chances quand même.
Ne pas baisser les bras et espérer encore. Espérer jusqu’à la dernière seconde.

C’est un cœur qu’il te faut. Je m’arracherais le mien pour te le donner.
Sang et valvules. Il battrait doucement dans mes mains. Je te le donnerais.
Hésiter juste avant est normal ? Tu crois ? Je crois.
Tu ouvres les yeux et je devine un merci qui progresse dans ta gorge.
« Non, ne dis rien ».

Le don est anonyme. Donner et tenter de sauver un inconnu.
J’ai eu peur, longtemps, tu sais. De cette peur irrationnelle.
J’avais peur de borner ma vie en apposant mon nom. Cette peur de signer mon arrêt de mort. Tu sais, la crainte de céder un jour la vie qu’on m’avait donné.
Aider. Un geste pour te sauver.
Je le ferais.

Considère que mon cœur t’appartient.
Lorsque mon heure viendra, tu le conserveras bien au chaud.
Je ne serais donc pas morte en vain. Il vivra, après moi …
Et comme le monde qui continuera à tourner,
Tu auras ta chance de vivre en paix.

Les aiguilles de l’horloge en bois verni reprendront leur course sans fin.
Elles trotteront les unes après les autres, acharnées et vivantes …
Et ton cœur battra enfin.

[lol47]

Le texte est meilleur que le titre.

Sauf que j'ai comme un doute de léguer mon coeur à quelqu'un. M'enfin..

[mouss]

("à l'entente du mot", c'est un peu zarbi. Mais, je dois être fatigué, je ne trouve pas la formulation idoine, ce matin.)
Sinon, on te sent dedans.

[Invité]

Un sujet très grave, "casse-gueule" si j'ose dire... C'est bien de montrer les hésitations de la narratrice, à mon avis, et vous réussissez à éviter le plus gros du pathos... Mais je crois que, pour que le texte ait plus d'impact, vous avez intérêt à vous abstenir de tout ce qui est "effet de style", par exemple :
"j’ai heurté un domaine méconnu"
"cette image enlace mon esprit"

[Kali Lorca]

C'est vrai que le titre laisse vraiment à désirer et je travaille à lui en donner un autre.
Le : "à l'entente du mot" ne me gène pas, mais il se peut que chez le lecteur cela ne donne pas pareil.
Au début j'avais écrit le texte sans "effet de style" mais je le trouvait "trop" sombre et ce n'est pas l'effet que je désirais. J'ai eu l'impression que les "effets de style" enlevait un peu de douleur, et rajoutait une sorte de douceur.
Je voudrais vraiment vous remercier tous les trois d'avoir lu et pris le temps de commenter !!

[Loreena Ruin]

J'ai un problème avec le "toi/moi" qui donne un ton un peu fleur bleue à ce texte, qui pourrait être vraiment beau en se contentant du "je/il", je pense...

Ce ton fleur bleue ainsi que l'évocation du coeur donnent une impression de relation amoureuse imaginaire entre le je et le tu, qui fait passer au second plan la générosité et le questionnement, la poésie...

J'adore vraiment les dernières phrases, si seulement elles trouvaient des équivalences dans le reste du texte, qui perdrait aussitôt son côté anodin (pour un sujet qui ne l'est pas !). Je pense vraiment que tu peux en faire quelque chose de magnifique, juste en gardant, peut-être, plus de mystère sur le thème au début (en faisant des métaphores... ) et surtout en plongeant plus profond dans l'âme de ton "je", même s'il faut y trouver de l'ombre... car la beauté du geste n'en sera que plus vraie.

Faire un texte rayonnant de lumière ne peut rendre pleinement et avec justesse toutes les subtilités du don d'organe, qui est aussi un geste d'oubli de soi, de profonde acceptation (de sa propre mort, du partage avec un inconnu qui pourrait – je te le dis au passage – ne pas être quelqu'un de bien...) : un geste de foi en l'humanité. Interroges-toi sur la notion de "sacrifice", je pense que cela te donnera des pistes.

Je sais que tu peux le faire. Tu l'as dans les tripes, ça se sent. Vas-y à fond, ne prend pas de gants sous prétexte que c'est un sujet difficile.

J'espère lire bientôt une nouvelle version... ;-)

[Kali Lorca]

Tu as tout à fait raison Loreena ! Je vais tout de suite essayer de l'améliorer.
C'est vrai que le toi/moi ne correspond pas ici et c'est une mauvais habitude que j'ai.
J'avais pensé au fait que cette personne puisse être "mauvaise" mais cela ne m'avait pas retenu.

Merci pour tes conseils que vais mettre en œuvre (et penser) de ce pas !!

[Loreena Ruin]

Je suis ravie de te voir si motivée ! Ça fait plaisir...

Dans l'attente de la nouvelle version,

Ruin.

[Sahkti]

L'hésitation entre prose et poésie, très forte, marque le texte et l'emprisonne, car tu tentes de lui donner une disposition et un rythme poétiques qui ne sont pas forcément le meilleur moyen pour exprimer ce que tu ressens,a vec les mots que tu utilises. Des mots pleins de naïveté et de tendresse mais tellement convenus qu'ils finissent par galvauder le propos et le transformer en une jolie image proche de "la guerre c'est pas bien, faut pas tuer". Pas gnangna mais très naïf, or tu abordes un sujet grave qui mériterait d'être traité autrement, de manière plus percutante. C'est sur le don d'organe qu'il faut marquer les esprits, me semble-t-il, pas uniquement sur la relation entre un donneur et un greffé potentiels, ou alors pas comme ça, pas dans un registre de tendresse amoureuse qui sème la confusion.
Ceci dit, ce genre de thème est assez délicat à aborder car on a vite fait de tomber dans la mièvrerie et le pathos; ce n'est pas évident, j'en conviens !

[Kali Lorca]

Quand j'ai écrit ce texte j'étais sous l'émotion. Je me suis laissée embarquer et j'ai "oublié" de réfléchir sur les mots, leur sens, leur rythme ... j'ai juste laissé aller ce que je ressentais à ce moment là.
Ici, j'ai remarqué qu'on n'aimait pas du tout la naïveté, et ce qui est convenu ... mais je trouve que c'est dur de s'en abstraire. Après tout, le monde tente tous les jours de nous imposer une vision. Bref, j'ai du mal à m'en détacher mais je fais tout pour.

C'est un sujet grave, tu as raison, et je l'ai sans doute mal traité. Du moins, à ma façon, avec les émotions du moment. J'aurais du laisser reposer et le retravailler plus tard.
C'est peut être un thème dur à aborder et qui n'était pas de mon niveau ... peut être que je l'ai mal traité, ... mais j'aurais au moins essayé.
Il me faut peut être plus de temps, pour laisser le calme dans ce que je ressens et écrire quelque chose de plus percutant. J'y arriverai peut être un jour.
En tout cas, merci Sahkti.

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