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Edification

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Message  silene82 Ven 5 Juin 2009 - 9:00

Le premier miracle de Saint Gobbo

D’après un document de l’abbé de Saint- Paradou dans ses notes préliminaires à une Vie des saints des premiers siècles


L’aube se levait à peine sur la colline qui dominait la mer, en contrebas, par delà les rangs d’oliviers descendant en pente douce jusqu’au rivage, et entre lesquels les paysans-pêcheurs du lieu cultivaient des légumes dans des cuvettes peu profondes qu’ils avaient aménagé, et qui retenaient l’eau, versée avec parcimonie dans cette aridité prospère de la Gaule transalpine.
Levé dès avant les premières lueurs du jour, ayant procédé à ses ablutions matutinales dans la pierre creusée qui, posée sur deux grossiers corbeaux pris dans l’épaisseur du mur, tenait lieu tout à la fois d’évier et de lavabo, pour peu qu’un des occupants de l’humble logis ait pris la peine de remplir la cruche de terre couverte sur son arrondi, à l’endroit où le col fait sa jonction avec le corps, d’une engobe verte. Cette tâche incombait ordinairement aux deux femmes de la maison, comme toutes les activités domestiques, ainsi que l’entretien d’un jardinet qui fournissait les légumes qu’ils consommaient, et d’une basse-cour modeste, mais comprenant cependant un rare spécimen d’anas tyrannus, variété de canard qu’ils avaient reçu d’un saint ermite revenu d’Asie mineure, et qui avait pour particularité de ne condescendre à avaler sa pâtée que lorsque tous les autres occupants de la basse-cour s’étaient prosternés jabot à terre, et lui présentant leur croupion. Les femmes de la maison, sa mère Pamphilia et sa sœur Eudoxie, gagnées à cette nouvelle foi qui baignait insensiblement, et sans qu’on y prêtât attention, le petit peuple des journaliers, des portefaix et des pêcheurs, comme une inondation, en avaient contracté une angoisse quasi permanente de pécher, soit en actes, soit en pensée, et s’efforçaient de combattre, avec une détermination farouche, ce que Saul de Tarse, dans une circulaire que toutes les communautés avaient recopiée, appelait les câlinages du Malin, définition vague visant principalement la tenue aguicheuse dont les femmes savaient se parer pour détourner les mâles candides de leur rédemption, suivi de gloire, éternelles. Mais par glissement et extension, alors que l'apôtre dérabbinisé ne visait que l'espèce humaine, et accessoirement angélique, cette dernière ayant cependant la faculté de s'abriter dans un halo éblouissant, les femmes gagnées à cette nouvelle organisation du monde, d'où étaient bannies bacchanales endiablées, mystères tant d'Eleusis que de Mithra, prostitution sacrée, et tout ce qui reliait la sexualité au divin, étendait-elle leur pieuse pudibonderie à toute créature, fût-elle animale. Aussi passaient-elles beaucoup de temps à confectionner, par de minutieux travaux d’aiguille, de petits couvre-croupions à destination de leurs volailles, qu’elles exécutaient en filant patiemment de la ronce qu’elles rouissaient, puis effilaient, afin que, disaient-elles, la concupiscence ne pût régner à l'ombre de la croix. Sans doute avait-il échappé à ces saintes hystériques que les mécanismes élémentaires de la reproduction s'appuient certes sur l'olfactif, à quoi leurs éteignoirs à libido ne pouvaient mie, mais aussi sur la vue, les fesses écarlates des babouines en étant la démonstration suffisante, et qu'à trop vouloir sanctifier leur basse-cour, elles couraient surtout le risque de la voir péricliter, puis disparaître.
Note du transcripteur Un phénomène semblable était observable à la cour de la reine Victoria, célèbre d’une part pour avoir découvert qu’un simple coussin sous les reins, au déduit, lui permettait de goûter des délices célestes, et même au-delà, les anges, malgré leurs innombrables qualités, n’ayant pas une réputation fort établie de grands jouteurs, et d’autre part à cause de l’extrême délicatesse de sa sensibilité, amenant ses majordomes à juponner les tables et à mettre de petits bas aux pianos –sans doute ceux, chers à Satie, pourvus d’une grosse queue- afin qu’à aucun moment ne fût visible un détail qui évoquât la chair, la jambe, et par extension, l’intersection entre icelles, l’Origine du monde.
Les dames, par un phénomène fort bien observé par Albert Cohen, trouvant un champ d’application à visée sanctifiante à la bousculade désordonnée de leurs montées hormonales, ouvraient de pieuses coteries dans lesquelles, par une surenchère continuelle, chacune s’efforçait d’être l’instigatrice d’une activité chrétienne : il y eut ainsi la confection, suivie de la distribution, de couvre-lanternes réalisés avec des débris de toile à sac, dont le but était de masquer la lueur de ces humbles luminaires, dont le verre, teinté en rouge dans la masse, technique provenant d’Antioche, signalait aux hommes de peine des bateaux de frêt les lupanars du bas port. La sainte tâche se compliquait évidemment de ce que les tenancières de ces lieux n’étaient qu’assez peu enclines à collaborer à l’extinction de leur négoce, et qu’il fallait donc que des sortes de commandos, comprenant une guetteuse, deux porteuses, pour faire la courte échelle, les lanternes étant situées en hauteur, et une acrobate, agissant nuitamment, dissimulassent la lueur obscène aux aspirants pécheurs. Il n’était d’ailleurs pas venu à l’esprits de ces vertueuses amazones qu’il eût été infiniment plus simple, tant qu’à occulter le fanal du péché, de le souffler tout simplement. L’équipement de ces expéditions obéissait lui aussi à de strictes règles éthiques : comme la grimpeuse courait le risque qu’un zéphyr insolent soulevât la longue jupe que toutes portaient, par un artifice de couture ces dames les transformaient en braies, en y cousant des sortes de molletières qui, maintenant étroitement les pans du vêtement, défendaient la redoute ombragée de tout regard. On peut y voir une préfiguration pieuse et modeste d’un des pièges les plus redoutables que le Tentateur ait pu imaginer par la suite, sous les espèces du porte-jarretelles et des bas. C’est en cela que l’Ennemi était redoutable, apte, avec une réactivité prodigieuse, à retourner contre ses assaillants les armes purificatrices qu’ils forgeaient pour le combattre, et les détourner de leur vocation première en en changeant la destination : préfiguration antique du recyclage.
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Message  Invité Ven 5 Juin 2009 - 10:55

Joli ! Jusqu'au tout dernier mot.

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Message  silene82 Ven 5 Juin 2009 - 11:17

Easter(Island) a écrit:Joli ! Jusqu'au tout dernier mot.
Merci. Votre obligeance n'a d'égale que votre promptitude à lire les nouveaux textes, et votre humour plein d'understatements.
Mais il manque un petit quelque chose: que le choeur, masqué et grimaçant, s'écrie, univoque, la suite, la suite!
Sinon, dépité, je me racrapoterai comme une bernacle, fulminant des anathèmes dans le secret de ma grotte, et maugréant en public des propos incompréhensibles, de crainte d'être pris à partie
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Message  Invité Ven 5 Juin 2009 - 11:28

Une belle performance, réussie à mon avis : vous naviguez au bord de l'indigeste avec vos phrases longues, bardée d'incises, et parvenez toujours à l'éviter. J'aime beaucoup le sujet et le ton de son traitement, un peu moins cette inquiétude constante que j'éprouve à vous lire, me demandant si je pourrai avaler une nouvelle période. Mais, à chaque fois, ça marche ! Donc, oui, j'en redemande.

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Message  Invité Ven 5 Juin 2009 - 11:41

Ah oui, j'oubliais. Il y a une erreur ici, je pense :
"les paysans-pêcheurs du lieu cultivaient des légumes dans des cuvettes peu profondes qu’ils avaient aménagées"

Et une erreur ci-dessus, dans mon commentaire :
"vos phrases longues, bardées d'incises"

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Message  silene82 Ven 5 Juin 2009 - 11:48

socque, je vous déclare escarpin, et de la plus fine espèce.
Ayant observé avec attention la pertinence de vos propos sur ce forum délectable, votre avis m'importe d'autant plus que je vous ai lu avoir la dent, disons, carnassière.
Mais comme vous l'allez voir, quoique quinqua -et oui, je mens même là, comme une vieille courtisane fardée-, j'ai toujours des vapeurs adolescentes, et ai besoin de savoir si la suite mérite d'être écrite.
Peux-t-on quêter avec plus de servilité? Il n'empêche, j'en ai besoin.
A vous lire, j'espère.
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Message  silene82 Ven 5 Juin 2009 - 11:53

socque a écrit:Ah oui, j'oubliais. Il y a une erreur ici, je pense :
"les paysans-pêcheurs du lieu cultivaient des légumes dans des cuvettes peu profondes qu’ils avaient aménagées"

Et une erreur ci-dessus, dans mon commentaire :
"vos phrases longues, bardées d'incises"
Vous avez raison, à l'évidence, et l'écriture d'un jet est toujours dangereuse, surtout quand, émerveillé de son propre nombril, on s'en relit distraitement.
Lassé des oraisons, je m'impose pour pénitence la récitation du Popol-Vûh, avec les commentaires de David-Neel.
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Message  Invité Ven 5 Juin 2009 - 12:55

silene82 a écrit:socque, je vous déclare escarpin, et de la plus fine espèce.
Ayant observé avec attention la pertinence de vos propos sur ce forum délectable, votre avis m'importe d'autant plus que je vous ai lu avoir la dent, disons, carnassière.
Mais comme vous l'allez voir, quoique quinqua -et oui, je mens même là, comme une vieille courtisane fardée-, j'ai toujours des vapeurs adolescentes, et ai besoin de savoir si la suite mérite d'être écrite.
Peux-t-on quêter avec plus de servilité? Il n'empêche, j'en ai besoin.
A vous lire, j'espère.
Ben, je vous l'ai dit, je crois : "Donc, oui, j'en redemande." Je pense que la suite mérite d'être écrite, j'attends de voir les bons pères céder à l'attrait de la chair ou, au contraire, la mortifier. (Mais la mortifier, n'est-ce pas encore lui reconnaître une importance prépondérante ?)

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Message  Invité Ven 5 Juin 2009 - 12:59

Tiens, en relisant, je vois ceci :
"Levé dès avant les premières lueurs du jour, ayant procédé à ses ablutions matutinales dans la pierre creusée qui, posée sur deux grossiers corbeaux pris dans l’épaisseur du mur, tenait lieu tout à la fois d’évier et de lavabo, pour peu qu’un des occupants de l’humble logis ait pris la peine de remplir la cruche de terre couverte sur son arrondi, à l’endroit où le col fait sa jonction avec le corps, d’une engobe verte."
Qui s'est levé dès avant les premières lueurs du jour ? L'occupant de la maison, apparemment, qui a une mère et une sœur, mais cela on l'apprend ensuite. Je pense qu'un sujet manque dans cette phrase, ou juste avant.

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Message  silene82 Ven 5 Juin 2009 - 13:09

Vous parlez d'or, décidément. Je ne l'ai vu qu'après avoir expédié, tant pis pour moi. La jointure vaut ce qu'elle vaut.
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Message  silene82 Ven 5 Juin 2009 - 13:11

Levé relatais-je, et lavé. C’était un de ces ligures sec, tout en nerf et en peau, dont la lignée a perduré sur les terres de garrigue du haut pays, et pourrait s’être exporté vers la Corse. Hommes durs à la peine, d’une endurance de mulet, d’une frugalité de cénobites, contents et rassasiés d’une poignée d’olives et d’un grand coup d’eau claire. La race même des pourtours de la Méditerranée, celle qui édifia, après les temples des montagnes de Thrace, ceux de Sicile, avant d’être culbutés, ayant pris goût à l’ivresse des banquets et l’abondance des mets gras, par les légions romaines, elles encore dans la rigueur de la conquête et la rectitude du soldat, avant que de succomber, à leur tour, victimes des germains dévoreurs de chair crue, et des hordes à cheval de l’Asie centrale. Sic transeunt.
Levé, lavé, ayant hâtivement avalé le reste d’un pain d’orge demeuré de la veille, il descendit vers le port dans le matin bruissant.
Leur petite tenure se trouvait à quelques milles du port, lequel, quoique modeste par sa taille, accueillait un trafic considérable de marchandises de toutes provenances, du Caucase, d’où arrivaient des toisons d’agneaux, comme d’Egypte, où une industrie nouvelle avait vu le jour, et consistait, après quelques ensevelissements, à réhabiliter les sarcophages de bois peints de délicats portraits des défunts, artisanat dans lequel les artisans grecs autour d’Alexandrie excellaient, en les transformant en ce que la langue moderne appellerait bonheurs-du-jour, en les équipant d’étagères, de tiroirs, et, sur les exemplaires les plus luxueux, de lampes à huile fixées par des consoles de bronze, et de miroirs, sous le portrait du défunt. Le couvercle, qui lors de l’utilisation orthodoxe de cette pièce de mobilier, était cloué, ou simplement posée dans une feuillure ménagée sur le pourtour de la caisse, était articulé par des gonds de bronze, d’un raffinement remarquable pour les plus coûteux. Jusqu’aux système de fermeture où se déployait le talent d’ouvriers remarquables, fondeurs, ciseleurs, orfèvres. Les adeptes de la nouvelle religion n’en parlaient pas, ou avec horreur, mais sur certains modèles, un silène, les joues empourprées et le membre tumescent, s’unissait étroitement, lorsque l’on poussait le vantail, à une nymphe figurée de dos, arrière-train saillant, les bras s’allongeant de part et d’autre de la paroi du meuble. Pour mettre un comble à l’ignominie, en examinant de près, comme on le fait pour un netsuké, les figurines de bronze, il était manifeste que le bacchique amant avait, ignorance ou perversion, dédaigné le conduit ordinaire, et démontrait par la même qu’il était pleinement grec.
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Message  Invité Ven 5 Juin 2009 - 13:49

Marrant ! J'aime tous ces détails.

Deux remarques :
"Le couvercle, qui lors de l’utilisation orthodoxe de cette pièce de mobilier, était cloué, ou simplement posé (et non "posée", puisqu'il s'agit du couvercle) dans une feuillure"
"il était manifeste que le bachique (et non "bacchique", cf., comme toujours, le Trésor de la Langue Française informatisé) amant"

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Message  boc21fr Ven 5 Juin 2009 - 14:02

C'est tout simplement à crever de rire, jusqu'à la fin...
"il était manifeste que le bacchique amant avait, ignorance ou perversion, dédaigné le conduit ordinaire, et démontrait par la même qu’il était pleinement grec."
C'est désarmant de simplicité et en même temps parfaitement désopilant...

Ce que j'écris ici est aussi valable pour le premier texte...
Evidement, j'attends la suite...
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Message  Charles Ven 5 Juin 2009 - 14:13

les deux sujets ont été fusionnés puisqu'il s'agissait de la suite du texte. L'usage dans ce cas est de continuer à poster dans le même fil, dans un souci de clarté et aussi pour ne pas multiplier inutilement le nombre de fils.

amicales salutations des modérateurs ;-)
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Message  silene82 Ven 5 Juin 2009 - 14:59

Charles a écrit:les deux sujets ont été fusionnés puisqu'il s'agissait de la suite du texte. L'usage dans ce cas est de continuer à poster dans le même fil, dans un souci de clarté et aussi pour ne pas multiplier inutilement le nombre de fils.

amicales salutations des modérateurs ;-)
Pas de problème, je n'étais simplement pas très au fait, et ne savais pas très bien comment procéder. Cela dit, tant qu'un écrit est en cours, le rédacteur peut y faire des ajouts? J'écris et poste au fur et à mesure.
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Message  silene82 Ven 5 Juin 2009 - 15:07

Sa marche énergique le conduisit rapidement aux abords du port. Port marchand, comme cela a été dit, mais aussi de pêche. Les paysans-pêcheurs du lieu cultivaient tous quelques pièces de terre, parfois assez distantes les unes des autres, où ils faisaient pousser l’ordinaire des petites gens, fèves, lentilles, artichauts et cardons, pois chiches, choux, et des herbes aromatiques. Peu de froment, un peu d’orge et de seigle. La nuit, ils partaient tendre leurs filets, et, avant de rentrer, cabotaient non loin du rivage, en allumant de fumeuses lampes à huile de poisson protégées par des dame-jeanne irrégulières en verre soufflé, qui magnifiait la lumière émise, et attirait près de la surface des poissons alanguis, aux mouvements lents, comme tirés de leur sommeil, congres aux dents redoutées, merlans argentés, maquereaux en bancs serrés. Ils les harponnaient à l’aide de foënes, et les jetaient dans la barque. Ces habitants de temps immémoriaux des rivages de cette côte vivaient entre eux, se connaissaient tous, les filles épousant les gars, les générations se succédant paisiblement. Peu de besoins, des maisons simples, quelques périls cependant, car, attirés par les marchandises stockées en grandes quantités dans les entrepôts du port, des pirates des mers, chevauchant des faucons à voiles blanches, ancêtres des chebecs dont le Roi-Soleil eut tant de peine à se débarrasser, fondaient sur la côte, cherchant rapine et dégourdissement coïtal, après les épanchements pédérastiques imposés par la vie de prédateur loin de son aire. Ils n’allaient pas bien loin dans leurs incursions, hommes de l’eau surtout, peu agiles en milieu terrestre, et sachant qu’une embuscade quelque peu efficace aurait eu aisément raison d’eux. Mais si une jeune paysanne se trouvait dans les parages lors de leur débarquement, il allait sans dire que son compte était bon, qu’elle fût aimable d’aspect et pourvue d’attraits plaisants ou souillon en guenilles. Comme le répétait à l’envie avec un rire grivois, et fréquemment aviné une recrue de ces équipages disparates, originaire des alentours d’Alicante, al hambre no hay pan duro, l’homme affamé ne trouve jamais le pain dur.
Les occupants des quartiers autour du port, et des appartements construits au dessus des entrepôts étaient quasiment tous des commerçants venus d’ailleurs, grecs de Constantinople, juifs ayant essaimé de Céphalonie et de Corfou, catalans et gênois. Ils tenaient le commerce, et toutes les marchandises qui transitaient par le petit port contribuaient à les enrichir. En lien avec toutes les autre places de Méditerranée, ils savaient organiser les pénuries, stocker les denrées au moment opportun, ne les négocier qu’au compte-goutte et au prix fort. Ils employaient comme journaliers les plus pauvres des habitants immémoriaux des lieux, devenus quasiment paysans sans terre, qui déchargeaient leurs marchandises, les rangeaient dans leurs entrepôts, et parfois les livraient.
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Message  Invité Ven 5 Juin 2009 - 15:13

Toujours intéressant.

Quelques remarques :
"en allumant de fumeuses lampes à huile de poisson protégées par des dame-jeanne irrégulières en verre soufflé, qui magnifiaient la lumière émise, et attiraient près de la surface des poissons alanguis"
"Comme le répétait à l’envi (et non "à l'envie") avec un rire grivois"
En outre, il ya deux fois des "habitants (de temps) immémoriaux" dans le texte, et je trouve que la répétition se voit.

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Message  Invité Ven 5 Juin 2009 - 20:06

Le choeur simiesque s'exclame d'une seule voix, de stentor : bravo !
Le même choeur se demande aussi in petto : mais où va-t-on avec ce texte magnétisant ?
Enfin, le choeur uni exige : la suite !

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Message  Peter Pan Ven 5 Juin 2009 - 20:24

Bonsoir silene82,

L’aube se levait à peine sur la colline qui dominait la mer, en contrebas, par delà les rangs d’oliviers descendant en pente douce jusqu’au rivage, et entre lesquels les paysans-pêcheurs du lieu cultivaient des légumes dans des cuvettes peu profondes qu’ils avaient aménagé, et qui retenaient l’eau, versée avec parcimonie dans cette aridité prospère de la Gaule transalpine.
je ne sais ce qu'il m'arrive ce soir mais la ponctuation m'interpelle ! (je dis ceci par rapport à un commentaire sur la poésie que je fis très récemment)

La façon dont vous l'utilisez m'empêche de comprendre pleinement le sens de vos phrases. Je tiens à préciser que je fais énormément d'erreurs d'orthographe et que je ne suis pas expert en la langue française ; aussi, prenez ce commentaire comme une sorte de ressenti et non comme une certitude.
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Message  silene82 Ven 5 Juin 2009 - 21:02

Easter(Island) a écrit:Le choeur simiesque s'exclame d'une seule voix, de stentor : bravo !
Le même choeur se demande aussi in petto : mais où va-t-on avec ce texte magnétisant ?
Enfin, le choeur uni exige : la suite !
Le choeur, étant le truchement des dieux, transmet des oracles et doit être obéi, sous peine de bannissement. Il a raison de se demander, in scripto plutôt qu'in petto, où va cette histoire, quand son timonier, lui-même, ne le sait que confusément: ayant ouvert une boîte de Pandore, il contemple, amusé, mais non sans quelque frayeur, l'agitation spasmodique des ombres qui ne sont point encore des personnages.
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Message  silene82 Sam 6 Juin 2009 - 7:36

Gobbo connaissait chacun des habitants de la petite cité, et si ses attaches terriennes le rendaient plus proche des paysans-pêcheurs, il connaissait et entretenait des relations avec la plupart des négociants: il savait, par les circulaires abondamment diffusées et dupliquées sans cesse sur tout le territoire de la nouvelle foi, par l'exemple d'une certaine Lydie, marchande de pourpre de son état, et fort riche, qu'il n'y avait pas d'incompatibilité absolue entre le pouvoir financier et les aspirations célestes. D'autant que les possédants pouvaient rendre nombre de services. Bien loin de pousser à la révolte les classes soumises au travail, et même à la dureté du travail, car travailler signifiait éprouver amèrement dans son corps les contraintes musculaires résultant de l’inadéquation entre l’effort demandé et la constitution musculo-squelettique de l’homme de peine, la nouvelle foi asseyait les statuts en déclarant de manière péremptoire que toutes les hiérarchies –et le rabbin Shaul montrait là toute sa subtilité de pratiquant du pilpoul-, tant célestes, affirmation qui n’engageait guère, que terrestres, tiraient leur origine d’une décision unilatérale et souveraine de Celui qui ordonne aux jours et aux nuits Béni soit Son Nom.
En vertu de quoi la preuve irréfutable de l’adhésion à la vraie foi était la soumission absolue aux autorités instituées, en vue de la félicité céleste à venir. Préfigurant en un raccourci saisissant ce que déclarerait de nombreux siècles plus tard l’ingambe patriarche de Ferney, avec l’ironie que la statue de Houdon rend avec tant de génie, tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Les négociants, pour certains, se laissaient mollement convaincre par la nouvelle croyance : gens réalistes, ils savaient avec une totale certitude que ce sont les réserves amassées qui ont raison des disettes, que celui qui tient commande, qu’il y aura toujours des miséreux pour vendre leur sueur ce que celui qui paye veut bien en offrir. Les juifs, éternels migrants de cette mer si aimable, gardaient une réserve souriante devant les allusions pataudes que ne manquaient jamais de faire les nouveaux profès, qui poussaient l’arrogance jusqu’à tenter de leur décrypter, dans leur latin de basse extraction, les mystères de la Thora, dont ils n’étaient pas capables de lire une seule ligne en hébreu. Peut-être, comme il l’avait fait à Bérée, Shaul le guematriste eût-il réussi à en circonvenir quelques uns, excipant de sa formation sérieuse auprès du sage Gamaliel
Qu’il Repose en Paix, ayant au moins la capacité de lire les prophètes avec une intonation compréhensible et non comme ces juifs d’Abyssinie avec leur charabia Que Le Nom Pardonne. Les grecs, quant à eux, pratiquaient un joyeux syncrétisme utilitaire, admettant toutes les opinions sans en professer aucune en particulier ; de loin en loin, une pucelle, démangée par la montée de sa sève, croyait entendre, dans les paroles d’une servante acquise à la croyance, des voix célestes, et se joignait à une des assemblées qui se tenaient ordinairement dans des maisons particulières. Les pères voyaient cela d’un œil débonnaire, et se bornaient à ordonner à un esclave de confiance, et solidement bâti, de veiller sur la petite lorsqu’elle allait nuitamment –les réunions se tenant généralement de nuit, les participants étant quasiment tous assujettis à un maître qui les employait- recueillir la Parole, afin que nul ne pût l’importuner ou assaillir. Dans le train ordinaire de leur maison, ils continuaient les libations à Hermès, les péans en vieil ionien quand mourrait un de leurs amis, condescendaient à masquer d’un rideau les figures de ce que la pitchoune appelait leurs idoles, souriaient comme à un caprice lorsque, lors d’un repas familial, la jeunette, au lieu d’invoquer la divinité tutélaire de leur lieu d’origine, remerciait, yeux fermés, visage levé vers les cieux, avec un air de ravissement qu’ils trouvaient adorable, ce rabbin qui , du temps de leur grands-parents, avaient trouvé la plus ignominieuse des morts, pendu sur quatre bouts de bois comme un vulgaire voleur de blé.
Gobbo se démenait, dévoré par son zèle, depuis que, un jour qu’il effectuait des travaux de réparation au monument d’Auguste, l’administration en place, quoiqu’en déliquescence, s’efforçant de garder les apparences de la grandeur et de faire ce qu’on définirait plus tard comme bella figura, un carrier avec lequel il travaillait lui avait parlé de sa rencontre mystique avec un supplicié, qui de surcroît s’était envolé comme Icare, mais sans en expérimenter les fâcheuses conséquences. L’histoire était si ridicule, les exhortations du juif –car c’en était un- si opposée à tout ce que Gobbo avait reçu jusque là comme viatique pour construire sa vision du monde qu’il n’en put dormir de toute la semaine, continua néanmoins de travailler, et, dans un état d’extrême agitation, due au surmenage, courut se faire baptiser, ce qui, l’eau étant rare, se pratiquait sur le rivage, au milieu d’une foule de nouveaux convers, détournant pudiquement le regard lorsque la tunique d’une jeune rachetée se plaquait étroitement sur son corps, moulant des seins semblant d’albâtre et révélant parfois même un buisson luxuriant, la vraie foi, comme sa doctrine l’établissait, ne distinguant pas entre les peuples, et la région étant peuplée de grecs.
De ce jour, Gobbo devint le serviteur inlassable de la foi vraie, devenant peu à peu le juge de paix d’une petite communauté , qui était toujours informée de ce qui se passait tout autour du vaste monde, puisque celui ci était borné par la pointe de l’Hispanie. Par vent portant, un gros navire de charge remontait l’Adriatique, venant d’Illyrie, en une dizaine de jours : les nouvelles allaient donc très vite, les marins se connaissaient –on s’ échangeait, à l’escale, les meilleures adresses, Chloé-Phallus-de-Cuir étant connue de tous, dans sa maison de Cesme, sur la côte d’Asie, où elle régalait les amateurs d’assauts d’une vigueur que les plus robustes des manœuvriers cypriotes qualifiaient de digne d’Artémis.- En d’autres lieux, les petites ânesses, terme largement répandu, et qui évoquait bien leur grande douceur dans le regard lorsqu’elle embouchaient un priape amolli par de trop longues libations, répondaient au doux surnom de Polymnie (Note du transcripteur : nombreuses musiques) pour l’une, car, fort gloutonne, les platées de pois qu’elle engloutissait lui donnaient des flatulences, notamment lorsque, agenouillée dans son office, son bedon se trouvait comprimé, et l’autre Canthare, d’une part car, à en croire les usagers, les vastes proportions de son hypogée équivalaient au vase à boire, trente litres, et d’autre part ceux qu’on appellerait plus tard soupeurs s’y régalaient, à même le plat, des généreux dépôts liquides –et glaireux- qu’y avaient déposé ses adeptes.
Comme nous l’avons vu, des lupanars égayaient tout le quartier du port, signalés par leur lanterne, strictement administrative et qui ouvrait droit à impôt, puisque aussi bien tout le monde connaissait parfaitement leur emplacement et leur spécialité, de jour comme de nuit ; pour les nouveaux gagnés à la foi nouvelle, la doctrine n’était pas tout à fait claire : si ce n’était pas un précepte imposé que d’aller dégorger les sucs qu’une alimentation saine et l’ardeur de la jeunesse amassaient dans les bourses des jeunes affidés, la condamnation en était molle, et presque désabusée : certes, ce n’était pas recommandé ; mais ce n’était cependant pas un manquement mortel, notamment pour ceux qui n’avaient point encore pris femme. De plus, avec un réalisme et un sens politique tout à fait aiguisé, les bergers, puisque c’étaient le nom qu’ils se donnaient, de ces groupuscules préféraient un péché circonscrit et connu, qu’on pouvait confesser et absoudre, à la germination sournoise de désirs inassouvis, dont on ne savait pas très bien à quoi ils auraient pu conduire
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Message  Invité Sam 6 Juin 2009 - 8:17

Très bien, la sauce monte, et maintenant il se passe quoi ?

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Message  Invité Sam 6 Juin 2009 - 9:11

ça décoiffe, à tout le moins...
Et la ponctuation échevelée, presque toute en virgules n'y est pas que pour un peu. D'aucuns regrettent l'ostracisme dont le point-virgule est frappé ...

Sinon, une faute indigne de votre écriture (?) :

Dans le train ordinaire de leur maison, ils continuaient les libations à Hermès, les péans en vieil ionien quand mourrait un de leurs amis,

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Message  silene82 Sam 6 Juin 2009 - 10:25

Easter(Island) a écrit:ça décoiffe, à tout le moins...
Et la ponctuation échevelée, presque toute en virgules n'y est pas que pour un peu. D'aucuns regrettent l'ostracisme dont le point-virgule est frappé ...

Sinon, une faute indigne de votre écriture (?) :

Dans le train ordinaire de leur maison, ils continuaient les libations à Hermès, les péans en vieil ionien quand mourrait un de leurs amis,

C'est que, madame, écrivant et envoyant sans laisser décanter, et étant d'une fatuité et d'une suffisance telles que je me contente aisément d'un coup d'oeil distrait, le plus surprenant est qu'il n'y en ait pas plus.
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Message  silene82 Sam 6 Juin 2009 - 10:44

Gobbo, outre son rôle de juge de paix, avait également une fonction de bureau de placement : à l’intersection de l’offre et de la demande, appartenant à une communauté de demandeurs, gens de peine et journaliers, étoffés, comme nous l’avons vu, de quelques patriciennes –la robe féminine s’attachant plus aisément à l’ombre des confessionnaux que la chlamyde, comme le Vatican l’a toujours compris- et d’employeurs, il recommandait l’un et l’autre, plaçait le fils du charbonnier –de charbon de bois- chez Aristide, envoyait la petite Aglaé nettoyer la taverne de Polycratès, et était connu de tous, même si son verbe parfois abrupt manquait de rondeur, et d’onction : infiniment plus proche de l’anachorète que du prélat, terre à terre dans ses raisonnements, homme rude habitué à un travail pénible et très peu rémunérateur. Il était en cela un allié fort utile des employeurs, trouvant toujours que celui à qui l’on offre la possibilité de travailler se doit d’aller jusqu’au bout de ses forces, évidemment sans la moindre récrimination, et en bénissant Dieu de lui avoir accordé ce privilège. Rémunération fixée à la discrétion du donneur d’ordre, comme de bien entendu. Non que les négociants fussent systématiquement chiches : un certain nombre savait faire la part des choses, et se sachant volé par les autres serviteurs, non adeptes de la secte, car c’est ainsi qu’elle était désignée, et que la règle infrangible de la communauté était une honnêteté sans faille, jusqu’à la sottise, si besoin était, ils récompensaient par quelques largesses, victuailles, vêtements ou tissus, la confiance que les recommandés avaient su établir.
Les juifs étaient plus difficiles, empreints d’une séculaire méfiance envers les gentils, d’une part, et les poissonniers, comme ils appelaient les tenants de la doctrine, de l’autre. L’exil forcé de Canaan, le sac de Ieroushalaïm n’étaient pas si loin que les péripéties n’en fussent parfaitement connues, et alimentées de génération en génération, certes pas célébrées comme le seder Pessah, c’eût été un comble, mais transmises de grands-mères à petits-enfants, vérifiées et vivifiées à de nombreuses reprises, ce qui assurait une qualité de transmission tout à fait fiable. Leur position se compliquait du fait que la Thora et ses commentaires établissait clairement que dans l’histoire d’Israel les déportations étaient toujours des châtiments du Nom Béni Soit Il, et que le sanhédrin avait peut-être bien fait une boulette en livrant le rabbi illuminé et partageur à la horde dégoûtante des mercenaires brutaux qui composaient les troupes d’occupation de Rome. Tant qu’à s’en débarrasser, il eût été plus habile de le faire entre soi, avec discrétion : le livre des Rois abondait en strangulations, poignardages et décollations, et démontrait surabondamment que la fin peut justifier les moyens, tant pour les femmes que pour les hommes. Tamar, fardée en pute, et proposant des délicatesses inédites à son beau-père, Judith, après des soubressauts rythmés, décapitant l’imbécile aviné dans son sommeil, les peuples passés intégralement au fil de l’épée dans la conquête progressive des territoires des Amoréens, des Moabites, des Philistins, les précédents ne manquaient pas.
Aussi les juifs, gênés aux entournures, se tortillaient-ils en se dandinant d’un pied sur l’autre, tortillant leur barbe entre leurs doigts, souriant, invoquant d’extraordinaires concours de circonstances qui les faisaient recevoir qui sa nièce de Patmos, qui une cousine en transit de Malte vers l’Hispanie pour débouter Boggo des tentatives de placement qu’il faisait de ses protégés.
Des enclaves immatérielles séparaient les communautés : in fine, le message apostolique qui transparaissait en filigrane, et était clairement établi dans certaines lettres du voyageur de commerce des premiers temps, Shaul le rabbin déjudaïsé, prônait la séparation, avec la constitution d’un corpus sémantique particulier, qui empruntait de manière métaphorique à tous les champs de la réalité visible, pour leur attribuer un autre sens, entendable des initiés seuls : de tous temps, les obédiences, sectes, confréries et d’une manière large tout groupe qui revendique une perception de la réalité autre que ce que les sens ordinaires en perçoivent, est amené à procéder ainsi, soit en élaborant un vocabulaire spécifique, ce qui présente l’inconvénient, par l’intrusion de termes inconnus, d’attirer l’attention des non-initiés, soit à mots couverts. Les mots à double sens avaient donc l’avantage, outre un décodage d’une enfantine simplicité, de ne se distinguer en rien, en surface, du vocabulaire courant d’une conversation ordinaire.
Le rabbi visionnaire avait initié la formule, créant un bestiaire imagé, où les loups dévorants le disputaient aux lions pour croquer avidement –et, on l’espère, avec discernement- les parties les plus tendres des agneaux et brebis que le berger, lui, en l’occurrence, faisait paître dans le monde. Le terme de monde signifiant l’extérieur de la communauté, concept qui avait fait florès par la suite sous la plume de l’apôtre épistolier, dont chaque lettre, ou presque, développait la notion du dedans-dehors : dans le monde sans en avoir aucun des stigmates. La faune, la flore, la pêche, et parfois les métiers largement représentés étaient mis à contribution, l’araméen du rabbi rédempteur étant une langue fort imagée, que les continuateurs, juifs de pensée, grecs et romains d’expression, avaient perpétuée : si un frère –évidemment pas de sang, mais de communauté- demandait à un autre si la pêche avait été bonne, il ne se souciait bien sûr pas du rendement de ses activités ichtyologiques, mais de la progression du nombre des nouveaux affidés. Une des particularité de l’humain étant la propension à perpétuer ce qui a fait signe, et porté du sens, même quand le contenu en a disparu, les vertus tutélaires attribuées par les textes fondateurs à tel et tel animal faisaient que, par superstition, les femmes d’Hispanie gagnées à la foi prénommaient leur fille Ormiga, la fourmi, celle-ci bénéficiant d’un préjugé scripturaire des plus flatteur, auquel La Fontaine lui-même n’a pu que souscrire.
Gobbo, qui avait appris à lire dans les fragments de lettres détenus par les petites communautés de maison, fragments épars, peu organisés, s’y retrouvait à peu près dans les images empruntées à la nature ou aux métiers courants. Il se souvenait néanmoins de sa surprise et son embarras lors de la visite de deux frères qui avaient fait halte dans leur route vers l’Hispanie, un berger thrace gigantesque, bâti en Hercule, qui lui avait démembré les clavicules à force de bourrades fraternelles, et un africain, noir comme le charbon de bois, qui s’exprimait dans un latin correct, mais avec une prononciation inhabituelle, et lui avait demandé, comme entrée en matière, à brûle-pourpoint, et comme si c’était la chose la plus naturelle du monde :

- Alo’ mon f’e’, pas t’o d’iv’aie ?

Ahuri par la question, Gobbo avait marmonné que tout allait bien, avant d’aller dare-dare, dès que possible, quêter des informations auprès d’un vieux pilier de la communauté, expert en termes de cet acabit, qui, après avoir ri longuement, lui avait expliqué, avec force détails, que l’iv’aie, c’était cette herbe nuisible que le malin, qui, a d’autre moment, revêtait costume de loup, de tigre, de crocodile, suivant les circonstance et l’adéquation à la tromperie à réaliser, avait semée dans le champ du monde, la parabole tentant de faire comprendre, sans doute, que rachetés et perdus croissent et se multiplient côte à côte, jusqu’à la parousie. Homme attaché au tangible, Gobbo n’avait mis guère de temps à s’assimiler la terminologie de référence, et évoquait avec sérieux et gravité le lion rugissant, avec poésie les lis, avec tendresse les brebis dont aucune ne manquerait à la fin. L’abondance de la pêche prophétisée par les recruteurs de l’évangile enchantait ce fils de la mer, et les allusions aux oiseaux, frugaux mais repus, le satisfaisait assez.
Cohérent dans sa doctrine, il faisait bénéficier chaque corps de métier de sa sollicitude, et visitait également les petites pensionnaires des lieux de détente, conscient de leur utilité sociale, et de ce que les besoins masculins étant ce qu’ils sont, mieux valait ouvrière consciencieuse, appliquée, et sans vice, qu’épouse adultère, tourmentée par les rugissantes approches de la ménopause, qui n’aurait été qu’œillades coquines aux jeunots du port, frôlements aguicheurs aux employés de son mari, tenues indécentes lorsqu’elle serait sortie en litière, appliquant sans l’avoir lu le conseil d’Ovide de remonter haut sa robe afin de donner à voir sa cuisse.

-Seigneur Boggo, lui demanda ce jour-là Melissa, surnommée Ambroisie, tant les effluves qu’elle dégageait étaient entêtants, est-ce que nous devons changer d’emploi ? Si cela déplait au seigneur Ieshoua, je pourrais travailler comme lingère dans la maison d’un marchand avec votre aide

-Enfin petite, réfléchis un peu : tous les marchands du port ont eu commerce avec toi ; si tu entrais au service de l’un d’entre eux, il continuerait à visiter ton petit jardin, et de surcroît les autres en concevraient de la jalousie. Ce n’est pas une solution satisfaisante. De plus, tu sais bien ce que disait la dernière lettre d’Aristarque, qui répétait ce qu’il avait lu dans un vieux courrier de Shaul : que chacun demeure dans l’état où l’évangile l’a trouvé. Tu ne crois pas que c’est assez clair ?

-C’est que j’ai parfois de mauvaises pensées : quand vient le seigneur Romero, son odeur est si forte que j’en ai des hauts-le-cœur, et je souhaite qu’il s’écroule d’un coup de sang pour ne plus le voir revenir

-C’est vrai qu’il est écrit de tout faire comme pour le Seigneur ; et qu’à la réflexion, le Seigneur, quand il parcourait la Galilée, il ne devait pas sentir très bon. Ecoute, sois un peu habile, propose-lui de le masser avec de l’eau et de la saponaire, comme si c’était une nouvelle fantaisie : après cela, il te suffira de le parfumer, et tu ne seras plus envahie de mauvaises pensées

-Quelle bonne idée, seigneur Boggo, s’exclama-t-elle en battant des mains, vraiment le Seigneur vous inspire….

-Au feu, au feu, dépêchez-vous, de l’eau, entendit-on hurler pendant qu’elle parlait, par plusieurs voix dans la maison
-Qu’est-ce qui se passe ? s’enquit Boggo, sorti précipitamment de la chambre où il était en conversation avec Melissa

-Vite, monsieur, vite, par Dieu, monsieur Argyropoulos a mis le feu à la chambre….

-Mais comment

-Il voulait que je le transperce avec une grosse aiguille à larder les cochons….il l’avait mise à rougir sur le brasero qui me chauffe en hiver….quand j’ai commencé à le piquer, il a fait un bond et l’a fait tomber, et le rideau s’est enflammé….vite, vite ; les poutres commencent à brûler, et avec le vent, le feu va passer à la maison d’à côté

-De l’eau, vite de l’eau ….

-Mais seigneur, nous n’en avons que pour nos ablutions, après chaque client, et la mer est bien loin….

Un brouhaha invraisemblable, galopades, portes claquées, patients en cours de soins interrompus, sortant affolés pas les cris, la flamberge, que des soins attentifs étaient en train de redresser, entamant déjà une détumescence accablante

-Seigneur Boggo, Dieu vous écoute toujours, demandez-lui conseil

-C’est ce que je fais, ma fille, mais l’idée qui me traverse l’esprit ne peut pas être de lui

-Dites vite, le temps presse

-J’ai pensé à Elie…

-A Elie, seigneur ?…

-Oui, et au temple aussi ….

-De grâce, seigneur, dites, que faut-il faire ?….

-Eh bien pour Elie avec la veuve, l’huile dans la jarre ne s’est pas arrêté de couler, et pour le temple l’huile a continué d’alimenter le chandelier…

-Et alors ?…..

-Alors, accroupis toi sur ce seau et pisse…

-Mais je n’ai pas très envie….

-Fais un effort, il le faut

-Tenez moi le seau, j’ai peur de le renverser….je n’aurais jamais cru cela, je l’ai rempli….

-Vite un autre…..

-J’ai rempli celui-là aussi….tenez seigneur, levez votre tunique, cela me gêne de ne rien faire, approchez vous de ma bouche….

-Préoccupe-toi de pisser, pendant que les autres utilisent les seaux….

L’hagiographe qui rapporte cet événement, abbé de Saint-Paradou, le fait d’une plume dubitative, dont on ne sait si elle est due à la quantité de seaux collectés, 343, relève-t-il
« et respandirent à foison siaux de belle eau dorée tant que coulait dans escaliers, retraits et galetas, et que plancher fut perdu. »
ou à la merveilleuse liberté de la véritable sainteté, capable, avec un égal bonheur, de bénéficier d’une turlute tout en sauvant un quartier.


Ce texte a été écrit en l'honneur de Gobu, dont l'écriture me plaît tant que j'éprouve une intense jalousie à son endroit, même si je suis conscient de mes propres qualités. J'en suis si friand, même si je m'étonne d'une différence significative dans l'écriture entre ses relations de faits personnels et des récits comme la Maréchale du Moustiers, que je ne les lis que comme récompense, pour les déguster, levant fréquemment les yeux pour faire durer le plaisir. Qu'il trouve ici l'expression de mon admiration et mon enthousiasme.
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Message  silene82 Sam 6 Juin 2009 - 10:52

socque a écrit:Marrant ! J'aime tous ces détails.

Deux remarques :
"Le couvercle, qui lors de l’utilisation orthodoxe de cette pièce de mobilier, était cloué, ou simplement posé (et non "posée", puisqu'il s'agit du couvercle) dans une feuillure"
"il était manifeste que le bachique (et non "bacchique", cf., comme toujours, le Trésor de la Langue Française informatisé) amant"
Votre oeil est fort bon, et je vous remercie de vos remarques. Mais je ne me plierai en aucune façon à l'oukase imbécile du bachique, sauf, et encore, s'il faisait référence à Bach, auquel cas bachien serait plus approprié. Non, non et non, bacchanale, bacchante, de qui se moquent ces cuistres? Serait-ce l'assonance avec hakik qui les dérangent?
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Message  mentor Sam 6 Juin 2009 - 12:08

silene82 a écrit:Serait-ce l'assonance avec hakik qui les dérangent?
qui les dérangE

ok ok, je m'en vais

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Message  silene82 Sam 6 Juin 2009 - 12:12

mentor a écrit:
silene82 a écrit:Serait-ce l'assonance avec hakik qui les dérangent?
qui les dérangE

ok ok, je m'en vais

Bien vu, mille pardons
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Message  Invité Sam 6 Juin 2009 - 14:56

Ah ! j'ai ri, de bon coeur.
Goûteux !!
Ne nous privez pas de vos distractions futures.

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Message  Invité Dim 7 Juin 2009 - 8:14

Cette phrase me pose problème :
"Aussi les juifs, gênés aux entournures, se tortillaient-ils en se dandinant d’un pied sur l’autre, tortillant leur barbe entre leurs doigts, souriant, invoquant d’extraordinaires concours de circonstances qui les faisaient recevoir qui sa nièce de Patmos, qui une cousine en transit de Malte vers l’Hispanie pour débouter Boggo (Il s'appelle Gobbo ou Boggo, le saint ?) des tentatives de placement qu’il faisait de ses protégés ."

Grand bravo en tout cas pour cette hagiographie des plus apocryphes, délicieuse !

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Message  silene82 Dim 7 Juin 2009 - 8:31

socque a écrit:Cette phrase me pose problème :
"Aussi les juifs, gênés aux entournures, se tortillaient-ils en se dandinant d’un pied sur l’autre, tortillant leur barbe entre leurs doigts, souriant, invoquant d’extraordinaires concours de circonstances qui les faisaient recevoir qui sa nièce de Patmos, qui une cousine en transit de Malte vers l’Hispanie pour débouter Boggo (Il s'appelle Gobbo ou Boggo, le saint ?) des tentatives de placement qu’il faisait de ses protégés ."

Grand bravo en tout cas pour cette hagiographie des plus apocryphes, délicieuse !
Madame socque, je vous remercie beaucoup de votre oeil acéré, et de votre commentaire, qui me fait grand plaisir.
La correction est aisée, mais je ne sais pas la faire, étant beaucoup trop novice sur ce forum: faut-il demander à un modérateur, en lui signalant les corrections? Car j'ai bien tenu compte, avec reconnaissance, de toutes les remarques que les lecteurs affûtés ont eu la gentillesse de m'envoyer, et en ai corrigé mon texte-souche. Mais je ne sais guère en faire plus...
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Message  Invité Dim 7 Juin 2009 - 8:53

En effet, vous signalez à la modération la modification souhaitée.

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Message  Charly_Owl Dim 7 Juin 2009 - 16:03

Je viens tout juste de m'attaquer à ce monstre de verve. Et la qualité de la langue, des tournures et de votre évidente érudition qui frôle par instants la désopilance sans que l'on sache trop pourquoi m'ont tout simplement charmé.

J'admets que la lecture a été pour moi ardue, moi qui eut plusieurs fois à chercher dans le dictionnaire par manque de vocabulaire de ma part. Mais au bout du compte, l'humour qui se dégage de votre texte est frais et plaisant.

Sur ce commentaire pas très élaboré et flemmard, je tenais à dire que j'ai bien aimé ma lecture. Voilà!

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Message  mentor Dim 7 Juin 2009 - 17:04

silene82 a écrit:La correction est aisée, mais je ne sais pas la faire, étant beaucoup trop novice sur ce forum: faut-il demander à un modérateur, en lui signalant les corrections?
que faut-il faire ?
si c'est changer un mot fautif comme Gobu à la place de Gubo, pas de souci :-)))
mais corriger les fautes, ortho ou autres, rendrait les commentaires qui suivent incompréhensibles pour les autres lecteurs
dis-moi

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Message  silene82 Dim 7 Juin 2009 - 20:39

mentor a écrit:
silene82 a écrit:La correction est aisée, mais je ne sais pas la faire, étant beaucoup trop novice sur ce forum: faut-il demander à un modérateur, en lui signalant les corrections?
que faut-il faire ?
si c'est changer un mot fautif comme Gobu à la place de Gubo, pas de souci :-)))
mais corriger les fautes, ortho ou autres, rendrait les commentaires qui suivent incompréhensibles pour les autres lecteurs
dis-moi
Il y aurait plus que çà, parce que je ne relis pas assez. Tant pis, pas de souci. Ton objection est tout à fait valide. Est-ce qu'il ne serait pas opportun de créer un espace de stockage pour les textes vus, relus, corrigés, et donc réputés finis?
Il manque un paragraphe dans mon texte dont je m'étonne qu'aucun des lecteurs n'ait remarqué l'absence, car la démonstration était illogique. Serait-il possible de l'insérer pour moi? Je le poste à la suite de ce message si possible en le situant,
merci d'avance
silene82
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Message  silene82 Dim 7 Juin 2009 - 20:45

Charly_Owl a écrit:Je viens tout juste de m'attaquer à ce monstre de verve. Et la qualité de la langue, des tournures et de votre évidente érudition qui frôle par instants la désopilance sans que l'on sache trop pourquoi m'ont tout simplement charmé.

J'admets que la lecture a été pour moi ardue, moi qui eut plusieurs fois à chercher dans le dictionnaire par manque de vocabulaire de ma part. Mais au bout du compte, l'humour qui se dégage de votre texte est frais et plaisant.

Sur ce commentaire pas très élaboré et flemmard, je tenais à dire que j'ai bien aimé ma lecture. Voilà!
On ne tutoie donc plus au Québec? Ah, j'ai compris, c'est à cause de mon âge...J'ai mis un commentaire sur ton travail dans la rubrique Fil des commentaires: j'aime beaucoup ce que tu écris, tu as une langue riche, énergique, et un vrai talent pour donner à voir les situations que tu décris. En plus tu as l'intelligence d'utiliser des matériaux que tu recycles, comme les réservoirs de Massada. Tu as de l'étoffe, travaille en visant l'excellence. Et bravo!
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Message  mentor Dim 7 Juin 2009 - 20:49

silene82 a écrit:Il y aurait plus que çà, parce que je ne relis pas assez. Tant pis, pas de souci. Ton objection est tout à fait valide. Est-ce qu'il ne serait pas opportun de créer un espace de stockage pour les textes vus, relus, corrigés, et donc réputés finis?
je t'ai répondu en partie dans A LIRE POUR LES NOUVEAUX

silene82 a écrit:Il manque un paragraphe dans mon texte dont je m'étonne qu'aucun des lecteurs n'ait remarqué l'absence, car la démonstration était illogique. Serait-il possible de l'insérer pour moi? Je le poste à la suite de ce message si possible en le situant,
merci d'avance
pour le fragment à insérer, pas de souci, c'est le genre de chose qu'on peut faire sans mettre la zizanie dans la logique des messages qui suivent
envoie, je supprimerai ton message une fois l'insertion faite

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Message  silene82 Dim 7 Juin 2009 - 21:14

[quote="silene82"]Le premier miracle de Saint Gobbo
les mâles candides de leur rédemption, suivi de gloire, éternelles/ Mais par glissement et extension, alors que l'apôtre dérabbinisé ne visait que l'espèce humaine, et accessoirement angélique, cette dernière ayant cependant la faculté de s'abriter dans un halo éblouissant, les femmes gagnées à cette nouvelle organisation du monde, d'où étaient bannies bacchanales endiablées, mystères tant d'Eleusis que de Mithra, prostitution sacrée, et tout ce qui reliait la sexualité au divin, étendait-elle leur pieuse pudibonderie à toute créature, fût-elle animale. Aussi passaient-elles beaucoup de temps à confectionner, par de minutieux travaux d’aiguille, de petits couvre-croupions à destination de leurs volailles, qu’elles exécutaient en filant patiemment de la ronce qu’elles rouissaient, puis effilaient, afin que, disaient-elles, la concupiscence ne pût régner à l'ombre de la croix. Sans doute avait-il échappé à ces saintes hystériques que les mécanismes élémentaires de la reproduction s'appuient certes sur l'olfactif, à quoi leurs éteignoirs à libido ne pouvaient mie, mais aussi sur la vue, les fesses écarlates des babouines en étant la démonstration suffisante, et qu'à trop vouloir sanctifier leur basse-cour, elles couraient surtout le risque de la voir péricliter, puis disparaître./ Note du transcripteur Un phénomène semblable était observable à la cour ...

En te remerciant d'avance de ta sollicitude, le passage à insérer se situant donc dans le premier envoi, entre les deux phrases que j'ai gardées comme balises
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Message  mentor Dim 7 Juin 2009 - 21:35

silene82 a écrit:le passage à insérer se situant donc dans le premier envoi, entre les deux phrases que j'ai gardées comme balises
qué balises ??
vu comme tu es copain avec les balises...
;-)

non, sans blague, j'ai rien compris

dis-moi vite, là j'ai l'apéro qui m'attend et après, pfuit... jusqu'à... demain

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Message  silene82 Dim 7 Juin 2009 - 21:59

Eh lui, eh, j'appelle balises les slashs. Prends ton apéro peinard, y'a pas mort d'homme, ça peut attendre demain sans souci, t'inquiètes.

< Ben voilà ! En écrivant en anglais, tout va mieux ! :-))) C'est fait. >
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