Sans issue

[petit-doute]

Je t’ai aimé bien sûr, comme en désespérance, en besoin d’aimer. Comme on aime par principe parce que cela vaut mieux malgré tout que le vide immense d’une vie de solitude. Je t’ai aimé de désespoir, de manque, de douleurs enfouies. Je t’ai offert mes sentiments sur le plateau d’argent des cœurs à prendre mais tu avais déjà baissé les bras, renoncé à poursuivre ta route d’homme sur les rives des possibles. Tu prenais sans rien donner, recroquevillé au centre de ta souffrance cernée de culpabilité. Tu avais fermé la porte aux rêves, clos les issues de secours sur les souvenirs, incapable de poursuivre ton chemin.
Sans doute, nous mentions nous à nous même avant de mentir à l’autre.
Je me suis cramponnée à mon désir de toi, aux rêves inachevés d’un nous hypothétique. J’ai enfoui mes impatiences, mes piaffements d’amante épisodique sous d’improbables peut-être ; certitudes branlantes plantées dans le terreau fertile de mes désirs.
Je t’ai donné mon corps sans te dévoiler mon âme, empêtrée dans le doute. J’ai caressé du bout des doigts le futur utopique.
Toi, tu respirais ta vie au rythme lancinant des gardes partagées. Tu m’as additionnée dans l’alternance des week-ends ; un vendredi sur deux mais pas la moitié des vacances. Embarqué dans la routine d’une vie bien rangée, envahie de petits riens rassurants qui jalonnent le présent d’utilités, qui nient les chemins de traverse et mettent des œillères sur les clins d’œil. Trajectoire d’impotent qui depuis longtemps a capitulé. Tu poursuivais inexorablement la banalité, le confort tranquille d’un quotidien bien arrangé. Toutes les serrures verrouillées sur le passé douillet, sur le remâchement de tes blessures, la douleur complaisante d’un chagrin familier.
A l’horizon de tes désirs, des fuites organisées ; des parenthèses à peine entrouvertes que tu m’autorisais à traverser, sous les murs écrasants de tes silences. Tu les remplissais de monologues aux faux airs de dialogues. Tu ne voulais pas savoir surtout. Ne pas me connaître. N’avoir de connaissance de moi, que celle d’un corps docile, doux, qui te faisait accéder aux plaisirs des sens. Besoin ordinaire d’un homme.
Je t’ai aimé et j’ai cru que cela suffirait à ouvrir les portes de l’avenir, à scier les barreaux de ta prison, à faire sauter les cadenas de ton cœur.
Je t’ai aimé pourtant ; mais ça n’a pas suffi.

[petit-doute]

heu désolée je me réponds à moi même mais j'ai oublié de préciser que le dessin est de mon fils ..... pour le voir en grand cliquez sur l'image

[Invité]

Le sujet ne m'intéresse pas, et l'écriture sage, convenue (à mes yeux), ne m'a pas permis de surmonter ce désintérêt. Une autre fois, sans doute !

[Invité]

Un joli coup de crayon et un imaginaire intéressant, ton fiston !

En ce qui concerne ton texte, Petit-doute, j'ai été gênée par... difficile de dire quoi ! Je te dis juste ce que j'ai ressenti : quelque chose de trop systématique. Ou trop symétrique, plutôt.
Par exemple : certitudes branlantes plantées dans le terreau fertile de mes désirs.
-Je t’ai donné mon corps sans te dévoiler mon âme et c'est dommage parce qu'il y a de belles choses, d'une grande justesse et décrites de façon percutante : tout ce début est très réussi, je trouve :
Je t’ai aimé bien sûr, comme en désespérance, en besoin d’aimer. Comme on aime par principe parce que cela vaut mieux malgré tout que le vide immense d’une vie de solitude. Je t’ai aimé de désespoir, de manque, de douleurs enfouies.
En revanche, j'aime moyen le plateau d'argent... Il me semble qu'il s'en faut seulement de deux ou trois expressions comme ça, à reprendre ou supprimer pour éviter un côté trop attendu.

[Invité]

Heu désolée, , je n'ai pas mis de distance entre "mon âme" et "et c'est dommage..." ce qui produit un effet... bizarre !

[boc21fr]

Je trouve, petit-doute, que tu nous décris cette dure, très dure réalité de manière trop "comptable" dirait Silène (il faut rendre à César...), c'est à dire avec trop de rigueur, avec une description froide...
En l'état, cette histoire produit toutefois son effet car personne ne peut rester indiférent à une situation douloureuse décrite sous des aspects si crédibles...
Personèlement, dans une approche similaire, j'ai préféré vos 3D...
Parce qu'au delà du sentiment de malaise et de l'implication émotionelle, on y trouve comme une musique, un chant de tristesse, car l'air que vous y jouez, nous avons été nombreux à nous épuiser à danser dessus...
bon...peut-être n'ais-je simplement pas été assez sensible pour entendre la musique de ce texte là...
à bientôt...

[Invité]

C'est bien écrit, d'une écriture neutre et c'est justement là que ça pèche à mon goût. Ces lignes lisses ne transmettent pas d'émotion au lecteur. J'ai lu ça comme un compte-rendu sinon un règlement de compte, mais je n'ai pas pu m'identifier à la narratrice.

[Sahkti]

Le dessin résume efficacement ce que tu mets en mots, avec parfois quelques longueurs et une idée que tu étires trop à mon goût. Au point de m'empêcher d'entrer dans un texte qui m'a paru très (trop) personnel, presque intime. Il n'en est peut-être rien mais je l'ai ressenti ainsi et un sentiment de voyeurisme à l'idée de pénétrer dans une émotion aussi forte s'est emparée de moi. Désolée.

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