Cent vies

[kazar]

...C'est un espace clos, sans lumière ou presque, un couloir étroit et étouffant comme une boîte en sapin.
...C'est un jour - mais un jour entier hein, un vrai jour, pas de ceux qui se font remarquer avec leur ciel bleu ou gris ou plein de vent, un vrai jour plus long que tout ce qu'on peut imaginer.
...Ce sont des gens qui se battent.
...L'un pour l'autre, l'autre pour lui-même. A coups de n'importe quoi, de sourires, de pleurs, de cris, de silences, à coups d'yeux qui font mal, qui caressent, peut-être même qui ressuscitent.
...Il y a là des histoires que personne ne pourrait écrire.
...Des choses trop vraies pour que quiconque les croie - je le sais, j'ai essayé.

...Et on me dit par-ci que c'est la vie.
...Et me répète par-là que c'est mon métier.
...Et on me fait presque comprendre, quand on n'y connaît rien, qu'il est encore possible d'arrêter, de partir, de faire autre chose.

...Oui mais voilà, moi je dis que, et les bien-pensants le prendront comme ils le voudront, ce n'est pas un métier.

...Donnez-moi vingt-quatre heures là-bas et j'y vivrai cent vies.
...J'y rirai mille fois.
...Y pleurerai quelques autres.
...Râlerai contre la fatigue mais remercierai - remercierai qui, d'ailleurs ? - qui de droit pour ces instants de calme de néons, entre l'aube et le silence, ces moments où, au-delà de tout, je me sens vivant.

...Donnez-moi un jour là-bas pour que je reste debout malgré la capuchonnée qui m'appuie dessus. Qui pousse des râles sur mes bras nus - fait froid, ici. Qui sait se rappeler à nous en permanence, comme une odeur dont on ne se débarrasse pas, comme une alarme presque muette qui rebondit sur le carrelage jusqu'au fond des os.

...Donnez-moi tout ça et j'irai dormir en rentrant.

...Donnez-moi ça et je vivrai cent vies.





P.S : ceci est un doublon de "ça s'est passé près de chez moi", désolé. Oh grand manitou du post, fais ce que bon te semble de l'autre, là-bas.
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[mentor]

P.S : ceci est un doublon de "ça s'est passé près de chez moi", désolé. Oh grand manitou du post, fais ce que bon te semble de l'autre, là-bas.

pas de doublon quand la qualité est là

;-)

[boc21fr]

Ton texte me fait penser à la célèbre phrase : "On ne vit vraiment qu'une courte partie de sa vie, le reste, c'est du remplissage".
De toute évidence, à la lecture de ton texte, on a vraiment et réellement le sentiment de vivre.
L'essentiel, surtout dans le premier paragraphe : on donne, parle et évoque l'essentiel...
Je m'y reconnais, dans ces histoires trop vraies pour qu'elles soient crues, dans cette perception des humains si étranges autant par leurs fins que par leurs moyens...

Bon j'arrête parce que je n'ai rien à rajouter pour t'aider à perfectionner ton texte, je ne pourrais qu'en faire une apologie...
J'ai cru comprendre que ce n'était pas le but des commentaires...
Désolé et merci...

[Invité]

Kazar, est-ce que tu me prêterais ton texte pour mon blog ? J'ai vraiment envie ...

[isa]

Un texte qui garde une part de mystère mais qui résonne cependant étrangement en moi.

J'ai surtout beaucoup aimé le premier paragraphe, peut-être parce que c'est celui qui retranscrit le mieux certaines de mes émotions. Après, j'avoue, je décroche un peu plus...

[Sahkti]

Ce texte, je l'ai imprimé puis relu. Tu sais pourquoi il me tient chaud au coeur et me fait froid dans le dos.
C'est bon, parfois, de lire des émotions qui nous sont si proches avec l'implication de la plume d'une autre personne.

[Invité]

Kazar mon grand, tu n'as pas choisi le plus facile, mais tu en parles si bien.

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