IDIOTS : Jésus et le banquier

[pat]

Jésus et le banquier

René avait quarante-cinq ans. Il était le fils d'un banquier et lui-même gérant d'une grande agence à Nice. Son chemin était tracé depuis sa naissance : un père ambitieux qui voyait déjà le nom de son fils s'attacher au sien sur le panneau de l'agence, une mère tyrannique qui lui enseigna très tôt les manières et les usages dus aux gens de son espèce. Il avait été élevé dans un cocon à grand renfort de villa, de fiancée précautionneusement choisie, d'argent à en pleuvoir et d'école de commerce à lgrande réputation.
D'une intelligence moyenne, il avait tôt répété le comportement de ses proches. Un père ambitieux avait fait de lui un "battant" sans peur ni scrupules, une mère possessive lui avait fait goûter au doux délire de son comportement exclusif tandis qu'une femme dépensière et castratrice avait su lui imposer une supériorité arrogante et moralisatrice.
Droit comme l'ancienne statue de Staline, habillé par les meilleurs tailleurs qui lui donnaient l'allure d'un chef d'état, fier comme un sexe dressé devant une belle lolita dénudée, René bataillait dur pour augmenter un capital que lui jalousaient ses amis.
René avait tout pour être heureux : l'argent coulait à flot, sa femme était belle et sa réussite professionnelle certaine.
Pourtant, il ressentait un malaise profond : une analyse précisa une névrose sévère.

Frédéric était légèrement plus jeune. Un père alcoolique et une mère dépressive avaient suffit à lui faire rater ses études.
Souvent sans le sou, il avait plongé tôt lors de son adolescence dans l'enfer de la drogue. Du cannabis, il passa très vite à des drogues plus dures où les nombreux trips qui s'en suivirent l'amenèrent à rechercher sans cesse de nouvelles sensations.
Sorti d'une cure de désintoxication où il se décida à prendre sa vie en mains, il vécut de petits boulots avec un intérêt grandissant pour Jésus et la religion. Le soutient de ses parents était négligeable : un billet de banque par-ci, une petite marque d'affection par-là.
Frédéric trouvait du réconfort dans la prière. Privé d'emploi stable, il logeait dans une caravane en bord de mer. La nourriture était rare, Frédéric se nourrissait d'espoir. Il connaissait la Bible par cœur et se passionnait pour les évangiles.
Sa vie était terne, l'argent et le travail presque inexistants, toute femme absente.
Pourtant, Frédéric était heureux : il se prenait pour Jésus et était psychotique.

René, après son travail, avait prit l'habitude de marcher le long de la plage pour tenter d'exorciser un peu les démons qui l'habitaient.
Frédéric, ce jour-là, regardait avec admiration l'eau verte de la Méditerranée.
Lorsque leurs chemins se croisèrent.

Frédéric : - Attention! Vous marchez sur une tortue!
René : - Une tortue? Un galet! Vous appelez ça une tortue?
- La vie est magnifique, ne trouvez-vous pas? Tous ces palmiers colorés qui abondent de fruits divers, ces vagues qui se creusent pour se rabattre avec élégance sur le sable parfumé de la plage.
- Vous êtes fou! Y a que des chênes et des peupliers par ici. Et puis, votre sable est parfumé au sel et aux algues. Ca pue et c'est moche!
- Vous ne sentez donc pas cette douce brise qui effleure notre peau en y déposant les effluves des animaux marins qui viennent visiter silencieusement les berges de la ville?
- Ouais! De foutus crabes aux pinces coupantes et des oursons aux aiguilles piquantes comme des aiguilles. Quand à votre vent salé, il me brûle les bras et le visage.
- Je vous trouve fort sinistre sous ce ciel doux et orangé. Dieu nous offre toutes les merveilles du Monde et vous trouvez juste à râler. Ne trouvez-vous pas magnifique toute cette eau verte qui se meut sous la force des vents et nous renvoie le message récurent de la vie?
- La vie! Vous vous foutez de moi! Toutes ces vagues ne nous apportent rien d'autre que le pétrole et les vidanges des bateaux du haut de mer. Quand je pense à tous ces navires qui doivent puer le sel marin et le poisson. Beurk!
- Un jour, je multiplierai les poissons comme Jésus de Nazareth multipliait les pains. Je nourrirai les nécessiteux et je guérirai les malades.
- Vous alors ! Il faudrait vous enfermer ! Les seuls nécessiteux que je connaisse sont de pauvres types qui ne sont même pas capables de travailler et qui se laissent écraser par leurs scrupules. Puis ils viennent quémander chez moi en me traitant de salaud parce que je refuse d'aider les gens faibles. Je ne vais quand même pas faire la multiplication des billets de banque!
- Qui êtes-vous pour juger les gens?
- Je suis banquier. Un métier honorable qui demande de vraies qualités d'homme d'affaire.
- Enchanté. Moi, c'est Jésus.
- Jésus! Ah!Ah!Ah! Je croyais qu'on l'avait crucifié, celui-là!
- Rejoignez-moi. Distribuez votre argent aux pauvres, Dieu vous le rendra au centuple.
- J'avoue que ce serait un bel investissement. Mais je ne crois pas plus en un Dieu qu'en un Jésus de Nice. Je vous demanderai donc de passer votre chemin. Vous êtes fou et vous m'agacez.
- Je ne répondrai pas à vos insultes. Ma nature est d'être bon. Empruntons plutôt le même chemin dans un même élan de solidarité bienveillante. Réunissons nos forces pour faire le bien autour de nous. Devenez un de mes disciples.
- Un de vos disciples! Ca, c'est la meilleure. Allons, cessez de rêver. Le monde est noir, la plage est noire, la mer est noire. Encore heureux que ma femme ne le soit pas. Je ne vous ai pas dit? J'ai une sainte horreur des noirs. Ils sont bêtes et fainéants. Pourquoi croyez-vous que les choses aillent si mal en Afrique?
- A cause des banques.
- Des banques?...
René se gratta le menton. « Comme si les banques étaient responsables des malheurs sur terre. N’importe quoi ! », se dit-il. Et il s’écarta de cet idiot pour continuer son chemin, pris d’un petit doute qui disparaîtra bien vite. Mais ce bonhomme l’avait énervé. Il râlait comme à son habitude.
Frédéric, quant à lui, continuait de sourire et de s’extasier devant les beautés de la vie. Il se sentait heureux et ne pouvait s’empêcher de remercier le ciel pour chaque moment passé sur terre.

Moralité : il existe deux formes de folie. La folie douce qui s’en prend à un individu et qui lui fait déformer les choses à petite échelle et la folie des hommes où des banquiers dominent le monde pour en déformer son essence même. Bref, de Frédéric ou de René, devinez lequel est le plus idiot ou le plus fou?

< Pas plus d'un texte par semaine et par catégorie svp.
Avec "Un, deux, trois", ça fait 2. Ni une ni deux, verrouillé pour le principe jusqu'à demain lundi.
La Modération >
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[Invité]

Je reprocherai à ce texte, outre son exposition trop brutale des personnages, déjà moralisatrice, le fait qu'il explicite sa morale sans laisser aucun jeu d'interprétation au lecteur. Comme lectrice, j'ai vu tout de suite où vous cherchiez à me mener et cela m'a agacée. J'ajoute que l'écriture du texte m'a paru trop raide, scolaire, le dialogue notamment.

Nevous laissez pas décourager par cet avis négatif. Bienvenue sur Vos Écrits, à vous lire bientôt !

Ci-dessous, diverses erreurs de langue ou maladresses que j'ai relevées :
« Il était le fils d'un banquier et lui-même gérant d'une grande agence à Nice. Son chemin était tracé depuis sa naissance »
« Un père alcoolique et une mère dépressive avaient suffi (et non « suffit ») »
« Le soutien (et non « soutient ») de ses parents »
« René, après son travail, avait pris l'habitude »
« Ça pue »
« Quant à votre vent salé »
« le message récurrent (en outre je trouve le terme un peu bizarre, technocratique, dans la bouche d’un doux dingue) de la vie »
« des bateaux du haut de mer (« de haute mer », non ?) »
« Les seuls nécessiteux que je connaisse sont de pauvres types qui ne sont même pas capables de travailler »
« Ça, c'est la meilleure »
« J'ai une sainte horreur des Noirs »
« pris d’un petit doute qui disparaîtra (pour la concordance des temps, il faudrait un conditionnel et non un futur ; ou mieux, éviter de conjuguer le verbe, trouver une autre tournure) bien vite »

[bertrand-môgendre]

Ton texte fait-il suite à un exercice proposé par Vos Ecrits : IDIOTS ?

Parce que le titre me donne l'envie de lire le conte d'un banquier (normal pour ce genre de fonction), je me lance dans ce sujet.

Beaucoup de répétitions au début, père, mère et fils qui décrivent chaque fois ces personnages sur le rythme de trois pas en avant, deux en arrière.
Idem pour les dialogues qui manquent un peu de naturel, même si la scène transcrite est amusante, un peu, quoique tirée par les cheveux.

Ton texte ressemble à un dessin à l'encre de chine plume épaisse, sur lequel tu aurais oublié de gommer les traces du crayon à papier encore visibles.

Je m'empresse de basculer sur un autre sujet signé de toi.

[pat]

Ton texte fait-il suite à un exercice proposé par Vos Ecrits : IDIOTS ?

Oui, et j'ai cru pouvoir poster un texte 'libre' puis celui-ci qui fait suite à un exercice d'écriture. Je ne pensais pas que je ne pouvais pas poster deux textes par semaine au total.
Sinon, on va oublier très vite ce texte que j'ai eu la paresse d'écrire vite et sans trop de réflexion (même si je l'aime bien au final)

< Et en plus les auteurs sont priés de répondre aux commentaires ici : https://vosecrits.1fr1.net/forum-vos-ecrits-prose-f1/reponses-aux-commentaires-prose-t4933-840.htm histoire de ne pas faire remonter eux-mêmes leurs textes en haut de page au détriment de ceux des autres.
Merci.
La Modération >
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[Invité]

En toute rigueur, si ce texte correspond à un exercice, vous êtes en effet libre d'en publier un autre ; il est bien précisé : un texte par semaine hors exercices...

[Invité]

Tiens, vous ici Kméléon ! *rire*

[Invité]

Le tout début m'a intéressée mais très vite j'ai trouvé que cela tournait à la grosse caricature. Dommage parce que l'écriture montre un beau potentiel.

[Sahkti]

Beaucoup d'infos assénées sans respiration, peu de marge de manoeuvre pour le lecteur et une tendance à vouloir affirmer plutôt que suggérer. De quoi rendre ce texte un peu lourd, même si il comporte pas mal de choses intéressantes.
En fait, je le trouve trop lisse, très sage, à l'image d'une petite vie bien carrée de banquier bourgeois obéissant aux bonnes convenances.
Un récit qui y gagnerait en étant allégé et en mettant davantage l'accent sur la suggestion que sur l'explication.

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