Petite enfance
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Petite enfance
Petite enfance.
Dès que je m’améliorais au physique, je voyais les inquiétudes autour de moi, se déplacer.
C’était alors d’éviter par trop la dissemblance au mental qui occupait ! A quelle sauce allait-on bien pouvoir m’accommoder pour pas trop que j’étrange, bouscule ou dépare les traditions ?
Foire et fumeuse entreprise !
De les voir s’agiter, ces minuscules domestiques, toujours d’eux -mêmes en tout satisfaits, j’imaginais facile, les carcans que dessous leurs cheveux ils me brodaient !
J’étais pas au bout des peines. D’avoir à grignoter les laisses que par « fais pas ci - fais pas ça » ou en secret, on me préparait :
Du troupeau de forcenés, seul mon papa ne semblait pas trop vouloir m’ endiguer ! Tonton Ficelle, lui, atterré, se contentait de répéter :
- Tout ce que je lui souhaite, Justin, c’est qu’il n’ait pas, nom de Dieu, trop morflé de notre côté à nous !...
Rien qu’au physique, bâti en brin comme lui-même se trouvait, souhaiter le contraire eût pour le moins été criminel.
C’était cependant moins qu’au morphologique, aux retombées maternelles qu’il redoutait les dégâts. Les traits du caractère, tout l’infâme qu’il prêtait à mère, sa sœur, voilà ce qui surtout lui biscottait l’esprit !
Heureusement plus qu’à se contenter d’espérer, Tonton Ficelle, entre deux gorgées de sa blanche piquette, savait regonfler le moral :
- C’est pas pour ça, qu’il faut te laisser abattre, Justin… Regarde-moi, nom de Dieu ! D’être sans études ne m’a pas empêché d’aller à l’électrique !... Comme quoi, le manque de tête n’empêche personne de se coincer les doigts en prises et de trouver du travail !
Travail !... Le Travail !... Le mot terrible, pour la première fois, venait d’être devant moi lâché. Malheur, enfer, torture et damnation ! … Mais à penser l’ incontournable de la chose, voila que je gaspe, hoquète, révulse et m’effondre !
- Maria ! Maria ! Vite, cours au médecin, Michel convulse ! Il convulse, t’entends ! Vas vite !
Ce malaise me fut révélation. Le jour même, me voila d’école dispensé ! Une semaine sur ordonnance !
J’avais beau n’être qu’en maternelle, quelle confortable position que la mienne.
Du matin au soir, alors que les poteaux comptaient jusqu’à deux les couleurs aux bâtonnets, j’étais moi, au Congo avec Tintin, à titiller lions et bandits, et tout ça, les doigts dans le nez et cul au chaud !
Que la vie savait donc être belle en chemins de traverses et clé des champs!
Pas même quatre ans d’âge et j’avais la réponse à la contingence ! L’énigme, le Sphinx résolu !...J’étais sauvé !
Mes faiblesses seraient ma force !
De mes tares je ferai la parade décisive aux effortueux avenirs qu’on me concoctait :
Pour cela il me restait à trouver une maladie qui fût, si je la voulais collante aux desseins, la plus chronique et la moins mortelle possible !
Une espèce douce de constante affection, ne rongeant qu’en tendres grignotes, mais d'une étoffe cependant suffisamment solide pour être à la vue du moindre outil, hissée haut et valoir dispense.
En attendant et pour palier au pressé, j’avais déduit que plus on me trouverait porcelaine, petit foie, grosse tête, sinusites, otites à répètes aux courants d’air, moins on me chierait dans les bottes et moins on me pousserait à devenir !
Plus tôt tu freines, moins loin tu glisses !
Aussi, pour l’essai tenter, je fis empirer mon état à l’intransportable !
Autour de moi, sur l’heure on s’empressa.
Le médecin eut très vite interprété la somme de mes épuisements :
- Madame, cet enfant souffre du mal de vie !... Le plexus solaire !... cette douleur péri-ombilicale ne laisse aucun doute ! Le nombril, cette plaie taillée vive au raz du néant avec à l’autre bout de la corde à pendre, l’angoisse d’une vie non voulue ! C’est là l’Existentielle !... l’Innée !... l’Incurable !... et Définitive malédiction!
A entendre le cher homme, je buvais du p’tit lait :
- Il vous faudra vous faire à l’idée, Madame…la moindre contrariété suffirait à occire sur le champ votre enfant !
- Sur le champ, docteur ?
- Absolument ! … Mais là n’est pas le plus grave !... Je n’ose pas même imaginer les dégâts de la chose, si insuffisamment mortel, son ressenti déplaisir le laissait en vie !... Ce serait la porte grande ouverte à la… schizophrénie, ces personnes qui voyez-vous, sans crier gare, se dédoublent ! …
- Des…des jumeaux alors, docteur ?
- En quelque sorte, mais combien plus monstrueux : en un seul et même corps ! Le Bien et le Mal ! Imaginez les querelles !... Jekill et Hide !...Quelle paire démoniaque cela va-t-il vous faire ! …L’envie de vivre de votre Michel est, vous le savez, ma bonne dame, si tant infime, si ténue, que le moindre désagrément le trouverait prêt au délire pour échapper à l’insupportable du réel !... Tous ces jeunes gens qui massacrent les familles parce qu’ils ont en leur tête des voix !... Vous avez dû entendre parler, Madame, je suppose ?
- Co, co … comme Jeanne d’Arc ?
- Jeanne d’Arc n’a massacré que des Anglais et encore, de loin trop peu, hélas ! Ces diables là, c’est leurs propres familles qu’ils assassinent !
- C’est que vous me faites peur, docteur !
- Loin de moi l’idée ! Je ne fais que mettre en garde, prévenir du risque qu’il y aurait à forcer son gré !
- Mon Dieu, docteur. Mais, il va me falloir le laisser tourner anarchique !
Là il commençait franchement à me botter, le p’tit père :
- Entre deux maux, toujours le moindre ! Madame Margot … Je vous conseille cependant dès à présent, pour mieux vous habituer, de cacher les objets qui contendent, frappent, ou risquent…Bien que pour l’instant son jeune âge nous laisse le temps, je vous établirai le moment venu des précautions à prendre, la liste !
- Mais, docteur, vous m’affolez !
- Tout au contraire, croyez bien Madame, que je minimise au maximum pour rendre supportable ce qui vous attend ! Ne jamais désespérer le client, voila ma devise ! Ne dit-on pas : Femme avertie …
Je sentais que cette médecine allait fort bien me convenir. Mais quel génie, cet homme ! En si peu de mots, mère, comme à la moulinette par les couleurs arc-en -ciel passée !
Je venais d’entendre là une ordonnance que je n’allais certainement pas me priver de rappeler :
On me lâche la grappe, ou je frappe. On me contrarie et en formol je me bocalise!
- A propos, Madame Margot, je vous prescris un peu de Véronal peut-être?... autant bien dormir et encore profiter…en attendant de voir venir!
Dès que je m’améliorais au physique, je voyais les inquiétudes autour de moi, se déplacer.
C’était alors d’éviter par trop la dissemblance au mental qui occupait ! A quelle sauce allait-on bien pouvoir m’accommoder pour pas trop que j’étrange, bouscule ou dépare les traditions ?
Foire et fumeuse entreprise !
De les voir s’agiter, ces minuscules domestiques, toujours d’eux -mêmes en tout satisfaits, j’imaginais facile, les carcans que dessous leurs cheveux ils me brodaient !
J’étais pas au bout des peines. D’avoir à grignoter les laisses que par « fais pas ci - fais pas ça » ou en secret, on me préparait :
Du troupeau de forcenés, seul mon papa ne semblait pas trop vouloir m’ endiguer ! Tonton Ficelle, lui, atterré, se contentait de répéter :
- Tout ce que je lui souhaite, Justin, c’est qu’il n’ait pas, nom de Dieu, trop morflé de notre côté à nous !...
Rien qu’au physique, bâti en brin comme lui-même se trouvait, souhaiter le contraire eût pour le moins été criminel.
C’était cependant moins qu’au morphologique, aux retombées maternelles qu’il redoutait les dégâts. Les traits du caractère, tout l’infâme qu’il prêtait à mère, sa sœur, voilà ce qui surtout lui biscottait l’esprit !
Heureusement plus qu’à se contenter d’espérer, Tonton Ficelle, entre deux gorgées de sa blanche piquette, savait regonfler le moral :
- C’est pas pour ça, qu’il faut te laisser abattre, Justin… Regarde-moi, nom de Dieu ! D’être sans études ne m’a pas empêché d’aller à l’électrique !... Comme quoi, le manque de tête n’empêche personne de se coincer les doigts en prises et de trouver du travail !
Travail !... Le Travail !... Le mot terrible, pour la première fois, venait d’être devant moi lâché. Malheur, enfer, torture et damnation ! … Mais à penser l’ incontournable de la chose, voila que je gaspe, hoquète, révulse et m’effondre !
- Maria ! Maria ! Vite, cours au médecin, Michel convulse ! Il convulse, t’entends ! Vas vite !
Ce malaise me fut révélation. Le jour même, me voila d’école dispensé ! Une semaine sur ordonnance !
J’avais beau n’être qu’en maternelle, quelle confortable position que la mienne.
Du matin au soir, alors que les poteaux comptaient jusqu’à deux les couleurs aux bâtonnets, j’étais moi, au Congo avec Tintin, à titiller lions et bandits, et tout ça, les doigts dans le nez et cul au chaud !
Que la vie savait donc être belle en chemins de traverses et clé des champs!
Pas même quatre ans d’âge et j’avais la réponse à la contingence ! L’énigme, le Sphinx résolu !...J’étais sauvé !
Mes faiblesses seraient ma force !
De mes tares je ferai la parade décisive aux effortueux avenirs qu’on me concoctait :
Pour cela il me restait à trouver une maladie qui fût, si je la voulais collante aux desseins, la plus chronique et la moins mortelle possible !
Une espèce douce de constante affection, ne rongeant qu’en tendres grignotes, mais d'une étoffe cependant suffisamment solide pour être à la vue du moindre outil, hissée haut et valoir dispense.
En attendant et pour palier au pressé, j’avais déduit que plus on me trouverait porcelaine, petit foie, grosse tête, sinusites, otites à répètes aux courants d’air, moins on me chierait dans les bottes et moins on me pousserait à devenir !
Plus tôt tu freines, moins loin tu glisses !
Aussi, pour l’essai tenter, je fis empirer mon état à l’intransportable !
Autour de moi, sur l’heure on s’empressa.
Le médecin eut très vite interprété la somme de mes épuisements :
- Madame, cet enfant souffre du mal de vie !... Le plexus solaire !... cette douleur péri-ombilicale ne laisse aucun doute ! Le nombril, cette plaie taillée vive au raz du néant avec à l’autre bout de la corde à pendre, l’angoisse d’une vie non voulue ! C’est là l’Existentielle !... l’Innée !... l’Incurable !... et Définitive malédiction!
A entendre le cher homme, je buvais du p’tit lait :
- Il vous faudra vous faire à l’idée, Madame…la moindre contrariété suffirait à occire sur le champ votre enfant !
- Sur le champ, docteur ?
- Absolument ! … Mais là n’est pas le plus grave !... Je n’ose pas même imaginer les dégâts de la chose, si insuffisamment mortel, son ressenti déplaisir le laissait en vie !... Ce serait la porte grande ouverte à la… schizophrénie, ces personnes qui voyez-vous, sans crier gare, se dédoublent ! …
- Des…des jumeaux alors, docteur ?
- En quelque sorte, mais combien plus monstrueux : en un seul et même corps ! Le Bien et le Mal ! Imaginez les querelles !... Jekill et Hide !...Quelle paire démoniaque cela va-t-il vous faire ! …L’envie de vivre de votre Michel est, vous le savez, ma bonne dame, si tant infime, si ténue, que le moindre désagrément le trouverait prêt au délire pour échapper à l’insupportable du réel !... Tous ces jeunes gens qui massacrent les familles parce qu’ils ont en leur tête des voix !... Vous avez dû entendre parler, Madame, je suppose ?
- Co, co … comme Jeanne d’Arc ?
- Jeanne d’Arc n’a massacré que des Anglais et encore, de loin trop peu, hélas ! Ces diables là, c’est leurs propres familles qu’ils assassinent !
- C’est que vous me faites peur, docteur !
- Loin de moi l’idée ! Je ne fais que mettre en garde, prévenir du risque qu’il y aurait à forcer son gré !
- Mon Dieu, docteur. Mais, il va me falloir le laisser tourner anarchique !
Là il commençait franchement à me botter, le p’tit père :
- Entre deux maux, toujours le moindre ! Madame Margot … Je vous conseille cependant dès à présent, pour mieux vous habituer, de cacher les objets qui contendent, frappent, ou risquent…Bien que pour l’instant son jeune âge nous laisse le temps, je vous établirai le moment venu des précautions à prendre, la liste !
- Mais, docteur, vous m’affolez !
- Tout au contraire, croyez bien Madame, que je minimise au maximum pour rendre supportable ce qui vous attend ! Ne jamais désespérer le client, voila ma devise ! Ne dit-on pas : Femme avertie …
Je sentais que cette médecine allait fort bien me convenir. Mais quel génie, cet homme ! En si peu de mots, mère, comme à la moulinette par les couleurs arc-en -ciel passée !
Je venais d’entendre là une ordonnance que je n’allais certainement pas me priver de rappeler :
On me lâche la grappe, ou je frappe. On me contrarie et en formol je me bocalise!
- A propos, Madame Margot, je vous prescris un peu de Véronal peut-être?... autant bien dormir et encore profiter…en attendant de voir venir!
outretemps- Nombre de messages : 615
Age : 77
Date d'inscription : 19/01/2008
Re: Petite enfance
Et le plus rigolo dans tout cette histoire, c'est qu'on sait devoir y apporter foi...
Génial, Outretemps, génial (je parle du texte :-))
J'adore l'espièglerie déjà consommée de ce gamin, son intelligence face à la contrainte. Surtout j'adore le rendu que tu en fais. Ne t'arrête surtout pas en si bon chemin.
Va vite !
Le jour même, me voilà d’école dispensé !
En attendant et pour palier au pressé ("parer à qch", mais "pallier qch", deux verbes souvent amalgamés. Ici : "pour pallier le plus pressé", aussi bizarre que cela puisse sonner)
cette plaie taillée vive au raz du néant ("ras", l'autre ne s'applique qu'en cas de forte marée !)
voilà ma devise !
Génial, Outretemps, génial (je parle du texte :-))
J'adore l'espièglerie déjà consommée de ce gamin, son intelligence face à la contrainte. Surtout j'adore le rendu que tu en fais. Ne t'arrête surtout pas en si bon chemin.
Du charme de l'insolence pardonnée d'avance ;-) Honni soit etc.- Jeanne d’Arc n’a massacré que des Anglais et encore, de loin trop peu, hélas ! Ces diables-là, c’est leurs propres familles qu’ils assassinent !
Va vite !
Le jour même, me voilà d’école dispensé !
En attendant et pour palier au pressé ("parer à qch", mais "pallier qch", deux verbes souvent amalgamés. Ici : "pour pallier le plus pressé", aussi bizarre que cela puisse sonner)
cette plaie taillée vive au raz du néant ("ras", l'autre ne s'applique qu'en cas de forte marée !)
voilà ma devise !
Invité- Invité
Re: Petite enfance
Oilà comment on en arrive à révérer les médecins - qui soit dit en passant se montrent aujourd'hui très au-dessous de leur tâche !
Quel astucieux petit démon ! Si tu nous l'amènes à l'âge adulte, Outretemps, j'ai hâte de voir ce qu'il devient.
Je ne dis rien de la langue : c'est Pâques en Carême !
Quel astucieux petit démon ! Si tu nous l'amènes à l'âge adulte, Outretemps, j'ai hâte de voir ce qu'il devient.
Je ne dis rien de la langue : c'est Pâques en Carême !
Invité- Invité
Re: Petite enfance
Bon sang ! Outretemps, tu m'as bousillé un de mes meilleurs textes sur le même sujet que j'allais poster ce weekend. mdr. c'est trop injuste !
J'avais trouvé le même créneau que toi pour être la reine à la maison et à l'école. C'est bien écrit, drôle, à la hauteur que j'aime, celle de l'enfance.
J'avais trouvé le même créneau que toi pour être la reine à la maison et à l'école. C'est bien écrit, drôle, à la hauteur que j'aime, celle de l'enfance.
Re: Petite enfance
Excellente, cette façon de montrer comment le médecin produit la folie et son fou ! Ah, doublement malin, le médecin piqué psychiatre, à pronostiquer schizo !
Et quelle perspicacité ! Une maladie de la vie, pourtant ! Non, vraiment : sauf à rire avec Woody Allen : « La vie est une maladie sexuellement transmissible et mortelle », non la vie n’est pas une maladie, mais c’est avec la maladie qu’on fait de la vie.
Michel passe Outre les contraintes, les vains efforts, le travail ; il le sait déjà, c’est le seul moyen de trouver le Temps, le temps de vivre vraiment la vraie vie, celle qui vaut vraiment, celle du bien portant, la vie libre. C’est outré ? Non, c’est Outretemps !
Et quelle perspicacité ! Une maladie de la vie, pourtant ! Non, vraiment : sauf à rire avec Woody Allen : « La vie est une maladie sexuellement transmissible et mortelle », non la vie n’est pas une maladie, mais c’est avec la maladie qu’on fait de la vie.
Michel passe Outre les contraintes, les vains efforts, le travail ; il le sait déjà, c’est le seul moyen de trouver le Temps, le temps de vivre vraiment la vraie vie, celle qui vaut vraiment, celle du bien portant, la vie libre. C’est outré ? Non, c’est Outretemps !
Louis- Nombre de messages : 458
Age : 68
Date d'inscription : 28/10/2009
Putain de vie.
Saut l'artiste,
C'est tordant ton histoire et, en même temps, tragique.
Oserais-je dire que je m'y reconnais ? Je n'ai pas "somatisé", ni fait semblant d'être malade. Ni ne me suis porté pâle. Mais pour tant, j'ai eu l'impression, plus d'une fois, de correspondre à cette première tirade, si comique mais douloureuse :
Oui, je me reconnais dans ce portrait, car en temps et heure, on m'a "chié dans les bottes et poussé à devenir". Mais je n'ai point trouvé le frein, et j'ai glissé, plus d'une fois.
Ensuite, le médecin intervient et ses délires Knockesques m'ont ravi. Les jumeaux, Jeanne d'Arc... ne manquent que les Marx Brothers.
Rendons toutefois justice à Robert Louis Stevenson et rappelons que son double personnage s'appelait Jekyll et Hyde.
Sur ce, je m'en vais me siroter une anisette pour me remettre de tout ça. Comme disait Charpin dans "Le Schpountz", encore une expression qui m'avait bien fait marrer : "tu nous reviens tout estranciné par la dure leçon de la vie"...
Eh oui, putain de vie... On n'en guérit pas.
Ubik.
C'est tordant ton histoire et, en même temps, tragique.
Oserais-je dire que je m'y reconnais ? Je n'ai pas "somatisé", ni fait semblant d'être malade. Ni ne me suis porté pâle. Mais pour tant, j'ai eu l'impression, plus d'une fois, de correspondre à cette première tirade, si comique mais douloureuse :
Et plus tard, aussi, j'ai frémi également :outretemps a écrit:... cet enfant souffre du mal de vie !... Le plexus solaire !... cette douleur péri-ombilicale ne laisse aucun doute ! Le nombril, cette plaie taillée vive au raz du néant avec à l’autre bout de la corde à pendre, l’angoisse d’une vie non voulue ! C’est là l’Existentielle !... l’Innée !... l’Incurable !... et Définitive malédiction!
Je n'ai pas réagi par la maladie, mais par une indécision, autre forme de fuite, qui m'a fait emprunter des chemins parfois si creux qu'ils ne menaient nulle part. Tu vois, je n'ai pas seulement eu la jugeotte de ton personnage, qui lui :outretemps a écrit:Travail !... Le Travail !... Le mot terrible, pour la première fois, venait d’être devant moi lâché. Malheur, enfer, torture et damnation ! …
... Et puis il y a des phrases rigolotes, des tournures qui font vrai, qui restituent un certain parler, on s'y voit parfaitement :outretemps a écrit:Du matin au soir, alors que les poteaux comptaient jusqu’à deux les couleurs aux bâtonnets, j’étais moi, au Congo avec Tintin, à titiller lions et bandits, et tout ça, les doigts dans le nez et cul au chaud ! Que la vie savait donc être belle en chemins de traverses et clé des champs!
... me fait penser à certaines expressions par chez moi, qui, prononcées avec l'intonation et l'accent idoine, font mouche et classent immédiatement l'appartenance au terroir local : "faire propre", "mettre table", "je t'attends depuis demi-heure"...outretemps a écrit:D’être sans études ne m’a pas empêché d’aller à l’électrique !... Comme quoi, le manque de tête n’empêche personne de se coincer les doigts en prises et de trouver du travail !
Oui, je me reconnais dans ce portrait, car en temps et heure, on m'a "chié dans les bottes et poussé à devenir". Mais je n'ai point trouvé le frein, et j'ai glissé, plus d'une fois.
Ensuite, le médecin intervient et ses délires Knockesques m'ont ravi. Les jumeaux, Jeanne d'Arc... ne manquent que les Marx Brothers.
Rendons toutefois justice à Robert Louis Stevenson et rappelons que son double personnage s'appelait Jekyll et Hyde.
Sur ce, je m'en vais me siroter une anisette pour me remettre de tout ça. Comme disait Charpin dans "Le Schpountz", encore une expression qui m'avait bien fait marrer : "tu nous reviens tout estranciné par la dure leçon de la vie"...
Eh oui, putain de vie... On n'en guérit pas.
Ubik.
Re: Petite enfance
Que dire après tous ces brillants commentaires ?
Simplement, ton style me plait. Ton histoire aussi. Je te lis avec plaisir et pas envie de décortiquer .
Simplement, ton style me plait. Ton histoire aussi. Je te lis avec plaisir et pas envie de décortiquer .
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Petite enfance
De l'Outretemps 'pur-sucre' comme j'aime avec un plus sur le côté théâtral et plein d'humour de la scène entre le médecin et la mère. Beaucoup de tournures désopilantes et toujours cette créativité verbale qui pour moi fait le charme de tes textes.
Bien aimé aussi ça :
PS : Bien qu'inventé si "contendent" a bien le sens que je lui donne (les objets qui écrasent) ce serait plutôt "contondent".
Bien aimé aussi ça :
Bien joué !je minimise au maximum
PS : Bien qu'inventé si "contendent" a bien le sens que je lui donne (les objets qui écrasent) ce serait plutôt "contondent".
demi-lune- Nombre de messages : 795
Age : 63
Localisation : Tarn
Date d'inscription : 07/11/2009
Re: Petite enfance
la malice de ce texte est jouissive
Yellow_Submarine- Nombre de messages : 278
Age : 52
Localisation : Fougères
Date d'inscription : 08/01/2010
Re: Petite enfance
J'ai aimé lire les raisonnements de ce petit, j'ai imaginé l'air innocent et angélique avec lequel il organisait son stratagème... Tous, au moins une fois étant enfants, nous avons inventé ou accentué un petit mal de ventre pour ne pas aller à l'école. Mais ce petit-là est particulièrement doué !
Et puis j'ai aimé le docteur caricatural, qui apporte vraiment quelque chose au texte. La manière dont il renforce la stratégie du petit est juste drôle. La mère, par contre, est assez plate... mais il semble difficile de la concevoir autrement étant donné le contexte.
Si je fois faire une critique : peut-être un manque d'éléments visuels qui permettraient de mieux impliquer le lecteur dans certaines scènes décrites.
Mais un texte très sympa =)
Et puis j'ai aimé le docteur caricatural, qui apporte vraiment quelque chose au texte. La manière dont il renforce la stratégie du petit est juste drôle. La mère, par contre, est assez plate... mais il semble difficile de la concevoir autrement étant donné le contexte.
Si je fois faire une critique : peut-être un manque d'éléments visuels qui permettraient de mieux impliquer le lecteur dans certaines scènes décrites.
Mais un texte très sympa =)
Re: Petite enfance
Tonton Ficelle... toujours, d'avance, je me régale et une fois la lecture terminée, je ne suis pas déçue.
L'histoire est séduisante, la narration l'est tout autant et quand on y retrouve des petites perles de sagesses telle Plus tôt tu freines, moins loin tu glisses, ça file le sourire.
Le dialogue entre la mère et le médecin est succulent, vif et croustillant à souhait. Et cette inexorable évolution induite de la sorte, tout en douceur et pourtant si flagrante... une réussite.
Je sentais que cette médecine allait fort bien me convenir. Mais quel génie, cet homme Impeccable et si perceptible !
Bravo Outretemps !
L'histoire est séduisante, la narration l'est tout autant et quand on y retrouve des petites perles de sagesses telle Plus tôt tu freines, moins loin tu glisses, ça file le sourire.
Le dialogue entre la mère et le médecin est succulent, vif et croustillant à souhait. Et cette inexorable évolution induite de la sorte, tout en douceur et pourtant si flagrante... une réussite.
Je sentais que cette médecine allait fort bien me convenir. Mais quel génie, cet homme Impeccable et si perceptible !
Bravo Outretemps !
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
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