Exo lettre d'insulte : Chantier sur cour
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Sahkti
Halicante
mentor
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Exo lettre d'insulte : Chantier sur cour
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Monsieur l'Appel d'Offre,
Une pelle déterre cet argile, l'emporte au loin en des trucks comme le feraient les oiseaux. La brume de sable emmaillote l'assombri-ciel, peu soucieuse des fendillements de l'aube qui seront retardés.
De quel herpès sommes-nous déteint hein ?
On lave le jais à l'eau chlorée pour en faire une pie mais le tueur de nid rie. Les bêches piochent et les forets moches trouent. Les pêches blanches croupissent sous les poussières pavots de mauvaises attentions. Leurs racines mâchées à grand coup de Pi.
De quelle espèce sommes-nous éteint, hein ?
On rase de près les prés et terres arables comme dans l'urgence d'arrêter un érable à moitié en 2015 car il n'a pas fait de papier. De quel colza nous huilerons-nous dans ces champs de chantiers qui crépissent sur mon li ?
De quel zona sommes-nous empreint, hein ?
J'ai vu le fermier étendre ses paillis sur une fuite d'acétone. Est-il en stage chez-vous ? J'ai vu la marée ocre de l'égout abreuver l'eau plombée, avez-vous frousse, dernièrement ?
On voit les chironomes se réjouir autour d'un feu de carrefour, on assiste à l'extinction des boustrophédons devant les orbites ébahis du peuple, ses sourcils en pipasols. On voit bien le premier Anacoluthe surgir des fondations en décombres. Votre création.
Il est à conchier : les yeux mangés de malaria, les lèvres collée de Banania, la température prise au mercure avec une paille et les dents duvetées d'amiante. Il a acheté sur plan sa maison. Enfin. SA maison. En pleine rature, au milieu de cloaques avec vues sur les colliques. Tout ce qu'il faut à distance :
Un marché, un bordel, un coiffeur, un docteur, un cimetière.
Ses portes aux gonds péroxydés pourrissent donc d'avance : d'après vous, le monde manque de couleurs ! Le béton-sable se pulvérise au toucher.
C'est le royaume du court-terme, à quoi bon durer si longtemps ?
Il y a consensus ubiquiste sur le sujet mais trois exceptions notables :
Votre épouse, que je recevais hier et qui s'en défend fort bien.
Votre fille, que je recevais avant-hier et qui s'enhardit comme laie.
Votre mère, que je reçois demain pour la révision décénale.
Piaulez comme vous l'entendez, salut.
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Monsieur l'Appel d'Offre,
Une pelle déterre cet argile, l'emporte au loin en des trucks comme le feraient les oiseaux. La brume de sable emmaillote l'assombri-ciel, peu soucieuse des fendillements de l'aube qui seront retardés.
De quel herpès sommes-nous déteint hein ?
On lave le jais à l'eau chlorée pour en faire une pie mais le tueur de nid rie. Les bêches piochent et les forets moches trouent. Les pêches blanches croupissent sous les poussières pavots de mauvaises attentions. Leurs racines mâchées à grand coup de Pi.
De quelle espèce sommes-nous éteint, hein ?
On rase de près les prés et terres arables comme dans l'urgence d'arrêter un érable à moitié en 2015 car il n'a pas fait de papier. De quel colza nous huilerons-nous dans ces champs de chantiers qui crépissent sur mon li ?
De quel zona sommes-nous empreint, hein ?
J'ai vu le fermier étendre ses paillis sur une fuite d'acétone. Est-il en stage chez-vous ? J'ai vu la marée ocre de l'égout abreuver l'eau plombée, avez-vous frousse, dernièrement ?
On voit les chironomes se réjouir autour d'un feu de carrefour, on assiste à l'extinction des boustrophédons devant les orbites ébahis du peuple, ses sourcils en pipasols. On voit bien le premier Anacoluthe surgir des fondations en décombres. Votre création.
Il est à conchier : les yeux mangés de malaria, les lèvres collée de Banania, la température prise au mercure avec une paille et les dents duvetées d'amiante. Il a acheté sur plan sa maison. Enfin. SA maison. En pleine rature, au milieu de cloaques avec vues sur les colliques. Tout ce qu'il faut à distance :
Un marché, un bordel, un coiffeur, un docteur, un cimetière.
Ses portes aux gonds péroxydés pourrissent donc d'avance : d'après vous, le monde manque de couleurs ! Le béton-sable se pulvérise au toucher.
C'est le royaume du court-terme, à quoi bon durer si longtemps ?
Il y a consensus ubiquiste sur le sujet mais trois exceptions notables :
Votre épouse, que je recevais hier et qui s'en défend fort bien.
Votre fille, que je recevais avant-hier et qui s'enhardit comme laie.
Votre mère, que je reçois demain pour la révision décénale.
Piaulez comme vous l'entendez, salut.
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Invité- Invité
Re: Exo lettre d'insulte : Chantier sur cour
Un sérieux coup de gueule dans ce texte éclaté et des jeux de mots à la Panda qui n'a rien à envier à Rebecca. Suis contente d'avoir saisi ceux que j'ai saisis, il y en a pas mal.
Bon, maintenant, on fait quoi ?
Bon, maintenant, on fait quoi ?
Invité- Invité
Re: Exo lettre d'insulte : Chantier sur cour
un texte qui bétonne, qui détonne, qui étonne, qui résonne et qui raisonne
comme toujours avec toi
y en a pour tout le monde
à boire, à manger, à vomir, à régurgiter, à relire
comme toujours avec toi
y en a pour tout le monde
à boire, à manger, à vomir, à régurgiter, à relire
Re: Exo lettre d'insulte : Chantier sur cour
Un début assez ardu (encore un !), mais au fur et à mesure ça se précise, j'ai bien aimé le travail sur les sonorités et les jeux de mots et, comme Easter, "je suis contente d'avoir saisi ceux que j'ai saisis" (si je peux me permettre de te citer, Easter ?), bien aimé "les yeux mangés de malaria, les lèvres collée de Banania", les "cloaques avec vues sur les colliques", la fin est très forte, aussi. Chapeau bas, Panda, ça décoiffe !
Re: Exo lettre d'insulte : Chantier sur cour
Monsieur l'Appel d'Offre... rien que ceci éveille en moi pas mal d'échos particuliers.
Un bon poing dans la tronche d'une réalité certaine, avec toute la rage mais aussi l'impuissance que cela peut comprendre.
Plaisir de te lire l'ami !
Un bon poing dans la tronche d'une réalité certaine, avec toute la rage mais aussi l'impuissance que cela peut comprendre.
Plaisir de te lire l'ami !
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo lettre d'insulte : Chantier sur cour
C'est fort, c'est âcre, sombre et souvent éblouissant "les dents duvetées d'amiante " c'est Panda quoi, donc à relire pour en sucer toute la moelle !
Re: Exo lettre d'insulte : Chantier sur cour
Ce panda aime à chevaucher les mots mors aux dents. Quelle cavalcade, sans Anna bien sûr !
Ba- Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009
Re: Exo lettre d'insulte : Chantier sur cour
Quand réalité et fiction s'effeuillent en un texte béton et qu'on ramasse à la pelle les chimères issues de ces frictions quand des mots oiseaux s'échappent de leurs cages d'ascenseur pour planer au dessus de ce chantier, Monsieur l'appel à texte nous offre un étonnant moment de lecture. Assez déroutant . Etrès plaisant.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Exo lettre d'insulte : Chantier sur cour
Ton éclectisme me séduit toujours, et la tendresse sous-jacente fait ricaner les vieux cyniques, tout en les attendrissant. J'aime tes univers, ils m'exotisent.
silene82- Nombre de messages : 3553
Age : 66
Localisation : par là
Date d'inscription : 30/05/2009
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