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Le cahier noir

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Message  Calvin Sam 18 Sep 2010 - 15:38

Ceci est un brouillon. J'étrenne un style ; toutefois devant l'hésitation de ma démarche je désire en recueillir les commentaires. (hm)
Donc, suivant les remarques, j'agirais sur le style/l'histoire. Parce que je ne sais pas trop où ça mène.



La première fois que Marie m’avoua son amour, cela me surpris. A la stupeur de passage succéda le doute. Puis l’amusement. Et dans les passions ivre de l’amour j’en palpais un a un les plis. C’est que je n’ai pas un de ces physiques qui inspirent les passions. Je suis un amant médiocre. Je n’ai pas particulièrement d’esprit, ni de conversation. Rien qui ne puisse faire rêver une femme. Et Marie avait sous les voiles une belle gorge blanche. Allongée sur le lit, la poitrine figurait l’horizon. Sous les draps de satin les effleurements volubiles des doigts fins. Des cheveux lourds où ruisselle le soir finissant. Bien faite, jolie, vraiment. Et par sa fenêtre, la couleur de l’été quand on ferme les yeux.

D’abord je pris cela pour un caprice. Je m’amusai. Je passais des heures a la fixer, allongé sur le lit. Je ne prenais pas aux sérieux ce revirement. Je la priai de ne pas introduire une notion inutile entre nous. L’amour, l’amour. Et puis quoi encore ? L’amour, Marie, l’amour. Peut-être était-ce le printemps aux doigts fin qui lui faisait naître ces passions blondes. Peut-être que ces temps si je faisait preuve d’un excès de vigueur et qu’elle m’exprimai de cette manière son contentement. Peut-être alors, peut-être. Je n’ai pas de goût particulier pour le théâtre. Je déteste les comédiens : peuple de sots. Mais dans les paroles aux bras d’étreintes, Marie n’en démordait pas.

Je choisi de jouer le jeu de Marie. Il me fallait l’exciter ; lui faire dire la noblesse. Juger son amour et qu’elle me le prouve, pareille au pianiste débutant qui joue les gammes pour son premier auditoire. Chante, Marie, chante. Dans son visage les miroirs dansant du caprice reflétaient une lumière à l’éclat le plus pur. Elle était belle, ainsi. Bientôt je l’enviais d’éprouver pareil sentiment. Son chant était beau comme fébrile, décrivant tous les détails des robes jaunes où vient renaître dans un bas de ciel le jour commençant. Dans sa langue lourde et hésitante que le chant sublime. J’en fus ébloui. Je compris qu’il fallait en finir. Marie. Finir. Marie. Finir. L’infini. L’infini, Marie, l’infini.
A vrai dire je ne comprenais pas que l’on m’aima ainsi. Je voyais dans son attitude toutes les parures molles de la vanité. Je l’interrogeais ; elle me dit qu’elle ne pouvait se défendre de m’aimer. Elle me reprochait de la rendre si faible, et dans le même temps me priait de ne pas arrêter. Elle me rendait malade. J’en devins méchant. Et de la voir le cœur si nu, je le perforais longuement. Je ne l’ai plus saisie.

Le temps passe et quand l’hiver aux cheveux blancs passe la porte du petit jour dans l’air vient sourdre une ambiance au désespoir propice. L’état de Marie empirait. Bientôt elle ne fut plus que mines ostentatoires ; feulements. D’abord décontenancé j’en savourais le spectacle. Je lui infusai un mal, une liqueur lourde d’absence. Et si ça me plait a moi ce théâtre perpétuel ? Il y a des passions nouvelles dont le spectacle me comble. Je fus pris d’une longue frénésie. Nous ne cessions plus de faire l’amour. A tout orage il y a ce moment où vient se défaire la chevelure humide et blonde. Cela fini par se dénouer lentement, dans l’ennui.

Deux années passèrent. Comme les rides de l’eau se dissipent pour accueillir à nouveau des paysages les collines, je conservai en mon sein les contours du sentiment. Une douce lumière m’envahissait. C’était donc l’amour, et ce visage était pur. Je me surprenais d’en conserver les détails. J’y démêlais les nœuds pour en rejeter l’ombre. Peuple de peintre, habitant mon bras gauche. Ah que ne m’étaient doux mes souvenir et leur chaude clarté ! Marie, l’amour, Marie. C’est ainsi qu’animé de mes chimères, mes désirs, dans la paix de longues rêveries, j’atteignis mes vingt ans sans les avoir entendu venir.

Les jours passait avec cette certitude : je vais aimer. J’attendis longuement. Il n’y avait pas une femme, une passante, une amie, un sourire qui ne remit a cause tout le sens de ma vie. J’étais suspendu à ces lèvres. J’attendais. On prit cette disposition pour de la légèreté. Je répondis que nom ; j’ai horreur de la futilité. Laissez moi vaquer sérieusement à mes passions profondes. Bientôt je cessai de travailler. Mes amis me questionnaient ; je m’éloignais d’eux. Je passais des journées dans les rues, dans le soir accoudé sur mes épaules d’aubépines. Je faisait l’usage de mon temps plus amer qu’un noix. L’ennui devint ma compagne. Je vais aimer, je vais aimer. Où êtes vous ?

Que l’on veuille prendre une femme, c’est une grande décision qui fait jour. Il y a une clarté propice pour ces heures où l’on voit les nuées s’enfuir dans la calèche du doute. J’aimais Blanche. Il me fallait aimer. Il faut aimer. Pourquoi Blanche plutôt qu’une autre ? Je m’étais tout préparé à cet amour. J’en voyais dans mes traits ce qui me distinguait de la foule. J’étais un cœur désireux de saisir. Toutes ces passantes figurent autant de rivages, de côtes, de quais, tout l’hôtel des amarres. Blanche se dérobait. Elle se croyait maligne. Elle pensait : « je danse, je cours, je flatte, mais je saurai toujours me retrancher devant un trop insistant désir. » Cela me rendait fou. J’aimais Blanche. Il me la fallait. J’avais attendu cinq ans cette femmes qui me rendaient semblable a cent milles jeunes hommes de par sa volonté. Mon visage caché par le masque banal de l’amant. Il me fallait me distinguer. Pour elle je mâche les cendres de mes démons depuis presque vingt ans, la peau nerveuse dans la lumière saturée du petit jour. Aimez-moi, aimez-moi. Ah je me comporte en crétin.

Calvin

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Message  Invité Sam 18 Sep 2010 - 15:56

C'est peu dire que le sujet ne m'intéresse pas, je n'ai strictement rien à péter des intermittences du cœur du narrateur... et le traitement de ce sujet parvient difficilement à en vaincre la banalité (pour moi). Le côté litanie est assez plaisant, mais ça va bien, quoi, qu'il se tire sa meuf, le gars, et on n'en parle plus, quoi, ce sera reposant.

Mes remarques de langue :
« cela me surprit »
« dans les passions ivre (si c’est le narrateur qui est ivre de l’amour, il faut encadrer l’incise « ivre de l’amour » de deux virgules ; s’il est saisi par des passions qui sont ivres de l’amour, il fait écrire « ivres ») de l’amour j’en palpais un a un les plis »
« Rien qui ne puisse faire rêver une femme » : « Rien qui puisse », sinon vous dites le contraire de ce que vous voulez dire
« Je passais des heures à la fixer »
« le printemps aux doigts fins »
« ces temps-ci je faisais preuve d’un excès de vigueur et qu’elle m’exprimait de cette manière »
« Je choisis de jouer le jeu de Marie »
« les miroirs dansants du caprice »
« je ne comprenais pas que l’on m’aimât ainsi »
« Cela finit par se dénouer lentement »
« Ah que ne m’étaient doux mes souvenirs » : ils sont doux, ou pas, les souvenirs ? Je trouve que le « ne » explétif brouille le sens
« j’atteignis mes vingt ans sans les avoir entendus venir »
« Les jours passaient »
« un sourire qui ne remît en cause tout le sens de ma vie »
« Je répondis que non »
« Laissez-moi (trait d’union) vaquer sérieusement »
« Je faisais l’usage de mon temps plus amer qu’une noix »
« Où êtes-vous (trait d’union) »
« Elle pensait : « Je danse »
« J’avais attendu cinq ans cette femme (et non « femmes ») qui me rendait (et non « rendaient ») semblable à cent mille (et non « milles », « mille », dans ce sens, est invariable) jeunes hommes »

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Message  Calvin Sam 18 Sep 2010 - 15:58

Haha. Ouais c'est bien ce que je craignais. D'accord.

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Message  Invité Dim 19 Sep 2010 - 11:53

Ton écriture est un peu comme l'accent de certaines personnes : peu importent ce qu'elles disent, je me laisse porter par la musique des mots. Une belle écriture sensuelle, poétique, un brin désuète, sans vraie affèterie. Et ce côté nombriliste du sujet, déjà évoqué ailleurs.
Je reconnais des influences et me demande quelles sont tes lectures de prédilection.

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Message  Calvin Dim 19 Sep 2010 - 12:08

Pour ce texte, influence d'Aragon, je dirais ; je l'ai écrite peu après avoir fini un de ses romans. Je citerais aussi Genet et Miller, dont le style me fait à chaque fois une forte impression.

Calvin

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Message  Calvin Dim 19 Sep 2010 - 12:11

Par contre, si les influences reconnues ne sont pas de ces trois là, je veux bien des noms ; je serais curieux de les lire, si ce n'est déjà fait.

Calvin

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Message  Invité Dim 19 Sep 2010 - 19:38

Je pensais plus du côté classique, voire romantique. Ah et puis, je ne sais pas... P. Michon par certains aspects, pour le côté discrètement sensuel de l'écriture... Des impressions comme ça...

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Message  Invité Lun 20 Sep 2010 - 15:29

Easter(Island) a écrit:Je pensais plus du côté classique, voire romantique. Ah et puis, je ne sais pas... P. Michon par certains aspects, pour le côté discrètement sensuel de l'écriture... Des impressions comme ça...

Le temps passe et quand l’hiver aux cheveux blancs passe la porte du petit jour dans l’air vient sourdre une ambiance au désespoir propice.

-> oui, ça c'est presque de la préciosité... Quand Socque dit "qu'il se la tire et qu'on en parle plus", je dois bien avouer que ça m'a fait rire. Je ne serais pas aussi lapidaire, mais disons que c'est un style un peu ampoulé, quelque chose de plus intime, de plus simple et plus profond, pourquoi pas. En tout cas, tu sais écrire, et garder un ton. C'est déjà ça, mais tu dis que tu cherches un style, celui là d'après moi ne convient pas, surtout au XXIème siècle

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Message  Calvin Lun 20 Sep 2010 - 15:34

Huhu, la phrase que tu as cité c'était une blague. C'est dans le genre Aragon quand il s'amusait à écrire quelques froufrouteries surréalistes. Je trouve ça terriblement drôle. Bon, moi je n'ai pas le talent, alors c'est feu de paille, mais c'est un genre de clin d'œil. Oui, pas nécessaire.

Quand à Michon, j'ai lu de lui Rimbaud le Fils et Les Onze, c'est parfois très lourd (surtout dans Les Onze), mais j'aime bien.

Calvin

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