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La marchande de fleurs

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Yali
Enyo
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Message  Enyo Mer 13 Oct 2010 - 23:07

La marchande de fleurs

Premiers bouquets : Trèfle et Tamaris


« Vous n’avez qu’à vous les mettre dans le cul vos putains de baguettes ! Vieille bique frustrée ! ». La jeune Sylvie jeta son tablier de travail à l’entrée de la boulangerie, l’écrasa vivement, puis, partit en grande pompe se calmer sous la pluie. Elle sortit son portable et composa un numéro. Une sonnerie. « Allez, décroche ! ». Une autre. « Décroche, je te dis ! ». Mais la personne à laquelle Sylvie souhaitait parler ne décrocha pas. À la place, ce fut une main qui, en guise de réponse, lui tapota doucement le dos. Sylvie se retourna et haussa légèrement la tête pour identifier la personne qui venait de la toucher. Une femme, d’une trentaine d’années aux cheveux bruns bouclés, se tenait là, parapluie d’une main, bouquet dans l’autre. « Vous avez oublié de prendre vos fleurs » dit-elle en lui tendant le bouquet. Au moment où Sylvie prit le bouquet, la jeune fille sentit une légère secousse se produire en elle : quelque chose semblait se détacher de son corps et partir au loin. « Mais… C’est moi ! ». D’abord abasourdie par l’apparition de cette autre sous ses yeux, Sylvie se mit ensuite à la poursuite d’elle-même. « Reviens ! ». L’autre Sylvie marchait d’un pas décidé. Rien ne semblait l’arrêter dans sa cadence de plus en plus infernale. « Reviens ici tout de suite ! ». Mais l’autre Sylvie paraissait ne pas l’entendre : elle traversa la rue et entra dans un vidéo-club. Sur le trottoir d’en face, Sylvie regardait l’autre Sylvie chercher quelqu’un entre le rayon science-fiction et polar du magasin. « Qui travaille dans ce vidéo-club ? ». Sylvie quitta le magasin des yeux un instant pour savoir qui lui adressait la parole : c’était la livreuse d’une trentaine d’années aux cheveux bruns bouclés. Normalement, Sylvie aurait demandé pourquoi cette femme l’avait suivie, mais elle se contenta d’observer son autre moi à l’intérieur du vidéo-club et de répondre comme si de rien n’était « Mon petit-ami ». « Je m’y suis déjà rendue une fois : le vendeur n’a pas arrêté de fixer ma poitrine tout en essayant de me draguer. Pas très gentleman… » raconta la livreuse. Sylvie perdit de vue son autre moi. « Mais où est-ce qu’elle est passée ? ». La livreuse scruta à son tour le magasin puis écarquilla soudainement les yeux : « Ah tiens ! C’est ce vendeur-là qui m’a dragué ! » dit-elle à Sylvie. Au rayon comédie, un jeune homme mettait ses bras devant son visage pour se protéger des assauts de dvds arrivant violemment sur lui. Quelques secondes plus tard, l’autre Sylvie sortit du vidéo-club, folle de rage. Le jeune homme sortit à son tour. « Mais laisse-moi t’expliquer au moins ! » lui supplia-t-il. L’autre Sylvie se retourna et lui flanqua un coup de pied entre les jambes. « Aoutch ! Ça a dû faire mal… » commenta la livreuse. Tandis que le petit ami de Sylvie se tordait de douleur sur le trottoir, l’autre Sylvie se pencha vers lui en hurlant « Ça fait mal, hein, de se faire couillonner ?! T’as qu’à demander à ta pouffiasse de te pomper cette nuit pour te soulager, connard ! ». Aussitôt dit, elle reprit sa route et tourna à la première intersection venue. Quelques feuilles échappées du bouquet offert plus tôt gisaient maintenant par terre, témoignant de son départ et du drame auquel Sylvie et la livreuse venaient d’assister. « Je m’en doutais ! » dit Sylvie. « Il faut voir le bon côté des choses : au moins, maintenant, tu en as la certitude, et tu t’es débarrassé de ce problème… » conclut la livreuse. « Et qu’est-ce que je peux espérer maintenant ? » demanda Sylvie. Tute ! Tute ! Une voiture se gara juste au niveau des deux femmes. « Pile à l’heure ! » dit la livreuse. Elle monta à l’arrière. Sylvie la regarda faire sans réagir. « Suis-moi ! Il y a quelqu’un qui souhaite te rencontrer ». La jeune fille contempla une dernière fois ce qui était devenu son ex-petit-ami, et rejoignit la trentenaire aux cheveux bruns et bouclés à l’intérieur de la voiture. Le chauffeur alluma l’autoradio, une musique de jazz se fit entendre, et le véhicule démarra. Sylvie observa sa voisine de route : coiffée d’un chignon maintenu par trois petites branches de lierre enrubannées, comment s’appelait-elle ? Était-elle réellement livreuse de fleurs comme elle le prétendait ? Avait-elle aussi un autre moi errant en ville comme Sylvie ? Et par quel moyen le chauffeur avait-il su l’heure exacte à laquelle venir les récupérer toutes les deux ? Et qui lui avait offert ce bouquet de fleurs ? Parmi toutes ces questions, Sylvie choisit de n’en poser aucune. À la place, elle se contenta simplement de demander « De quel type de fleurs était composé le bouquet que tu m’avais apporté ? ». « Ce n’étaient pas vraiment des fleurs. C’étaient des feuilles de trèfles ». « Pourquoi on m’offrirait des feuilles de trèfles ? ». La livreuse fouilla dans son sac à main puis tendit à la jeune fille un petit répertoire ouvert à la lettre T. Sur cette page, on pouvait lire en gras « Trèfle (couleur non précisée) » suivi juste au-dessous de la citation suivante : « Revanche, doute, incertitude. Puis-je espérer ? ».

*

Au chômage, célibataire, et avec un autre moi en ville depuis maintenant une heure, Sylvie contemplait les vitrines des magasins défiler une à une sous ses yeux à l’intérieur d’une voiture dont elle ignorait encore la destination. Les divers morceaux de jazz entendus jusqu’alors lui étaient aussi inconnus. Quant aux noms de la livreuse et du chauffeur… Tout ce qu’elle savait à cet instant précis tenait en une citation : « Revanche, doute, incertitude. Puis-je espérer ? ». Elle inspira à pleins poumons, puis s’étouffa la minute suivante. La livreuse posa délicatement une main sur les genoux de Sylvie et s’adressa au chauffeur : « Higgins, tu veux bien éteindre ta cigarette s’il-te-plaît ? Elle ne supporte pas l’odeur ». « Comme tu veux, Rriele ! ». Higgins jeta sa cigarette par la fenêtre, puis coupa le contact. « De toute façon, on est arrivé, annonça-t-il. La petite va pouvoir respirer le grand air. Enfin, le grand air, façon de parler bien sûr… ». « Dis-donc Alfred, j’suis pas une petite, ok ?! ». « Agressive avec ça…». Sylvie, Rriele et Higgins sortirent de la voiture garée devant un magasin. À première vue, pour Sylvie, c’était un magasin de fleurs comme un autre. Mais avant même d’y entrer, la jeune fille savait déjà que ce qui l’attendait à l’intérieur contenait bien plus que ce que l’on pouvait espérer trouver dans un simple magasin de fleurs. Ils passèrent la porte d’entrée. La pièce principale comprenait des box munis de tables et de chaises à la manière d’un salon de thé comme on pouvait en trouver un peu partout. À l’un deux siégeait un jeune garçon caché derrière son livre. L’arrivée d’un chauffeur, d’une livreuse, et d’une jeune fille ne semblait l’avoir perturbé en aucune façon. Higgins s’installa à ses côtés, puis, tout en lui ébouriffant les cheveux, lui demanda « Toujours aussi rigide Middleton ? Tu finiras par prendre racine un de ces jours ! ». « Lâche-moi la grappe Higgins tu veux ? J’ai affaire avec Rilke là ! ». Higgins se pencha pour observer la couverture du livre de Middleton : « Au fil de la vie ? Qu’est-ce que tu peux bien en espérer de la vie, maintenant que tu n’es plus qu’une simple pensée ? ». « Je ne suis peut-être qu’une pensée errante, mais moi, au moins, je pense, au lieu de passer mon temps à battre la pulsation bêtement sur des morceaux minables ». « Le jazz n’a rien de minable ! Ornette Coleman, quand même, un peu de respect ! ». « Je n’ai de respect que pour Mahler aujourd’hui ! Maintenant, laisse-moi avec Rilke. La paix ! ». Tandis que Rriele riait des chamailleries puériles de Middleton et Higgins, Sylvie observait le reste de la pièce voir ce qu’elle pourrait en attendre d’autre : qui souhaitait donc la rencontrer ? Le jeune Middleton était bien trop affairé avec ce dénommé Rilke. Que signifiait les propos d’Higgins : être qu’une simple pensée ? Et, aux dires de Middleton, errante de surcroît ! Sylvie scruta chaque box. Ses yeux s’arrêtèrent sur l’un deux situé dans un angle au fond de la pièce : un homme d’une cinquantaine d’années muni d’un carnet noir y discutait avec une femme pourvue d’un carnet blanc. Ils interrompirent leur conversation au moment où le regard de la femme au carnet blanc croisa celui de Sylvie. L’homme au carnet noir se retourna pour observer la jeune fille. La femme lui murmura quelque chose à l’oreille puis se leva : « Bienvenue dans ma boutique, jeune fille ». Tandis que l’homme au carnet noir quitta le magasin sans dire un mot, elle longea les box d’un pas assuré vers Sylvie. Arrivée à l’entrée, elle la toisa de bas en haut, puis dit en souriant : « L’ère historique de l’arrivée des conquistadors au Mexique coïncida exactement avec cette pluie de fleurs qui tomba sur la tête des hommes à la fin du quatrième soleil cosmogonique. La terre se vengeait de ses mesquineries antérieures, et les hommes agitaient des bannières de jubilation ». Sylvie l’observa d’un air dubitatif. « C’est une citation d’Alfonso Reyes. Il a passé une partie de sa vie à décrypter le symbolisme floral à travers notamment l’art mexicain ». « Qu’est-ce que j’ai à voir là-dedans ? » demanda Sylvie. « Avec le Mexique ? Rien du tout ! ». La jeune fille observa de nouveau dubitativement cette femme en pensant qu’elle aurait parfaitement sa place dans un conte ésotérique. « Oui, rien du tout. Mais avec le symbolisme floral… Tu n’as qu’à le considérer comme un idéal ascétique : tant de choses diverses et variées que cela revient à rien du tout ! C’est une citation de Nie…». « Ça suffit avec vos citations à la noix ! Qu’est-ce que je fous ici bordel ? ». Le ton strident de Sylvie instaura un silence total dans la pièce. La femme soupira. « J’avais préparé un final magistral. Les jeunes de nos jours… ». Elle se rendit au fond du salon, ouvrit une porte menant à une autre pièce, puis en revint les bras chargés de bouquets de fleurs. « Middleton ! Higgins ! Distributions ! ». Les deux garçons rejoignirent la femme, Rriele et Sylvie à l’entrée du salon. Elle déposa sur la table la plus proche trois bouquets. Sur chacun d’eux, on pouvait distinguer un petit carton sur lequel étaient écrits un nom et prénom de famille, une adresse, ainsi qu’une heure de la journée. « Middleton, celui-là est pour toi, Rriele, tu prendras celui-ci ». Elle marqua une pause, puis fixa Sylvie droit dans les yeux : « Tu te sens prête à livrer ce bouquet de Tamaris, jeune fille ? ».

*

Célibataire, avec un autre moi en ville, et maintenant livreuse de fleurs, Sylvie marchait dans le centre-ville accompagnée de Rriele et Higgins. La livraison de Middleton avait lieu ailleurs. La jeune fille scrutait les fleurs de Tamaris qu’elle devrait offrir : qu’entendait donc cette marchande, pour qui Sylvie travaillait malgré elle depuis à peine trente minutes, par symbolisme floral ? À quel symbole pouvait donc bien renvoyer une fleur de Tamaris ? Et pendant ce temps, que faisait son autre moi ? Tandis qu’elle cherchait un sens à tous ces phénomènes nébuleux, Rriele et Higgins discutaient tranquillement sur le trajet : « Non mais franchement, tu n’en as pas marre toi de ses airs hautains. “Je n’ai de respect que pour Mahler aujourd’hui ! ”, “ J’ai affaire avec Rilke ”, de la branlette aristocratique ouais ! » s’indigna Higgins. Rriele émit un sourire. « Nan et puis tu as entendu la manière dont il s’est pris au jazz ? Hein ?! ». « Et toi ? Tu as vu la manière dont tu t’es pris à ses cheveux ? Hein ? » rétorqua Rriele en le taquinant. La trentenaire aux cheveux bruns bouclés s’arrêta net. « Bon, c’est ici que je vous laisse. Je dois aller livrer mon bouquet dans cette direction. On en discutera plus tard, d’accord ? ». Higgins soupira. « Mouais, à plus tard ». « À plus tard Sylvie, bon courage pour ta première livraison. Et Higgins, prends bien soin d’elle, d’accord ? Bye ! ». Sylvie regarda partir Rriele. De dos, son chignon laissait entrevoir son ruban de lierres tenant telle une tiare. La jeune fille soupira d’envie : cette femme semblait si sereine. Elle voulut inspirer à pleins poumons pour se donner du courage mais s’étouffa en sentant l’odeur de nicotine lui monter à la tête. « Higgins !! » rechigna-t-elle en le frappant sur la tête. Le mélomane de jazz la fixa l’air blasé : « Bah quoi, on est en plein air. Respire ! La pollution, y a qu’ça d’vrai fillette ! Avec Ornette Coleman, évidemment ! Allez, en route ! ». Il reprit la marche gaiement. Sylvie le dévisagea en se demandant pourquoi on avait choisi de lui coller Higgins dans les pattes en guise de chaperon, et se décida finalement à le suivre, mains devant les narines en guise de masque antifumée. Un pâté de maison et un hall d’immeuble plus tard, Sylvie et Higgins attendaient dans un ascenseur d’arriver au sixième étage, étage où aurait lieu leur livraison. La jeune fille relut pour la énième fois le carton collé sur le bouquet de Tamaris : « Louise Bonnefoy, appartement 6 B, rue Pierre et Marie Curie, 18h ». Elle regarda sa montre : 17h54. L’ascenseur n’en était encore qu’au premier étage. Durant la montée, Sylvie se demanda ce que faisait son autre moi à 17h54 : à sa place, elle serait probablement en train de ranger son tablier de travail dans la buanderie tout en feuilletant rapidement les pages cultures du journal Le Monde en quête d’une expo amusante à laquelle se rendre en compagnie de son petit-ami. Ce fut en prononçant l’expression « petit-ami » que la jeune fille réalisa que sa vie tournait du tout au coup. Plus de travail à la boulangerie, plus de petit-ami ; juste un bouquet de Tamaris, un ascenseur au deuxième étage, et Higgins. Qui était-il au juste ? Higgins, n’était-ce là qu’un surnom, un nom de famille ? Et son prénom ? À quel âge avait-il fumé sa première cigarette ? D’où venait son intérêt pour le jazz ? Higgins se tourna vers elle. « Un problème ? ». « Higgins, tout à l’heure, qu’est-ce que tu entendais lorsque tu disais à Middleton qu’il n’était plus qu’une “ simple pensée ” ? ». Higgins émit un léger rictus. Il baissa la tête puis soupira. Ting ! L’ascenseur était arrivé au sixième étage. « Ça, tu le sauras plus tôt que tu ne le crois… ». Ils sortirent de l’ascenseur et se rendirent devant la porte de l’appartement 6 B. Une plaque dorée était accrochée avec l’inscription suivante : « Docteur Gilles FUTURIN, médecin généraliste, sonnez puis entrez ». Sylvie fronça les sourcils : « Il doit y avoir une erreur : c’est une fille qui doit recevoir le bouquet. Pas un médecin ! ». Higgins haussa les épaules. « Sûrement une de ses patientes, ou peut-être sa secrétaire ! ». Il sonna, ouvrit la porte, et les deux livreurs entrèrent dans le cabinet. Une fois dans la salle d’attente, Sylvie posa le bouquet de Tamaris sur un siège à côté d’elle et fit un tour panoramique de la pièce : uniquement des patients de sexe masculin attendaient. Higgins sortit de sa poche un répertoire et l’ouvrit à la lettre T. 17h56. La sonnette d’entrée retentit. Quelques secondes plus tard, un jeune homme entra dans la pièce. Sylvie sursauta, prit un magazine, et se cacha derrière le plus vite possible. « Toi, on peut dire que t’es la reine de la discrétion : tu serais très bonne à la grosse caisse ! » lui fit remarquer Higgins. « C’est lui ! ». « Mais qui ça, lui ?! ». « Mon ex, idiot ! » murmura Sylvie. Higgins éclata de rire. « Alors là, je te rassure tout de suite, il ne te reconnaîtra pas une seule seconde ! ». « Très drôle Higgins ! T’en as d’autres des blagues lourdes du même genre ? ». Higgins se leva, prit Sylvie par la main et l’emmena aux toilettes. « Mais qu’est-ce que tu fais ? Arrête ! Lâche-moi ! Qu’est-ce qui te prend ?! HIGGINS !! ». « Tiens ! Regarde ! Regarde-toi ! Tu vois quoi là ? ». Sylvie se regarda dans le miroir. « Mais… ce n’est pas mon… ». « …ton vrai visage ? Et maintenant, tu saisis que t’es bel et bien une “ simple pensée ” ? Celle qui a ton vrai visage, c’est la vraie Sylvie : celle qui a foutu un coup de pied dans les couilles de son petit-ami ». « Mais qu’est-ce que ça veut dire ? ». « Tu n’es qu’une pensée de Sylvie ». « Si je suis une pensée de Sylvie, pourquoi j’ai quitté son corps, les pensées peuvent se balader comme ça partout ? ». « Les pensées, ça rentre, ça sort. J’y pense et puis j’oublie. Tu es devenue une pensée que Sylvie a oublié. C’est la vie, c’est la vie. 500 milliards de chinois, et moi, et moi, et moi ! ». « Et quelle sorte de pensée je suis ? ». « Hm, vu ton caractère de cochon : tu dois être une pensée grognon ». « Et merde… Mais attends ! Si je suis une pensée que la vraie Sylvie a oublié, alors pourquoi je disparais pas ? ». « Ça, c’est à Sharmista qu’il faudra le demander ». « Sharmista ? Celle qui parle et dont on comprend jamais rien de c’qu’elle dit ? ». « Hm, c’est pas tout à fait comme ça que je l’aurai dit, mais bon, c’est toi qui l’a dit. Allez, au boulot ! ». Sylvie et Higgins retournèrent dans la salle d’attente. 17h59. « Plus qu’une minute et toujours pas de fille. Higgins, qu’est-ce qu’on fait ?! ». « Patience, il n’est pas encore 18h… ». « M. Segui ! C’est à vous ! ». Segui. Sylvie eut un haut le cœur en se rappelant que celui qu’elle avait aimé, avec qui elle avait passé ses trois dernières années, portait comme nom de famille Segui. M. Segui se leva et se dirigea vers la salle de consultation. Mais pourquoi consulter aujourd’hui, pourquoi ne l’avait-il pas prévenu elle, celle avec qui il dormait toutes les nuits, à qui il devait confier tous ses secrets, ses problèmes. Et s’il avait voulu lui cacher en plus de son infidélité autre chose, et s’il avait voulu lui cacher autre chose de grave. Sylvie se mit à penser au pire. « Attendez ! ». Tout le monde leva les yeux voir qui avait déclenché ce coup de théâtre : une femme, à l’autre extrémité de la salle d’attente, avait fait son apparition. « C’est cette conn… » mais Sylvie n’eut pas le temps de finir son juron qu’Higgins lui cloua le bec. « Louise ? Mais qu… ». « …je suis sortie dès que j’ai pu de ma réunion. Désolée pour le retard. Tu croyais que j’allai te laisser voir le médecin tout seul ? Maintenant que je suis de retour, je reste ! ». Sylvie ne comprit plus rien : qu’entendait Louise par retour ? En prononçant le prénom Louise, la jeune femme sursauta de son siège. « Louise Bonnefoy ! J’ai une livraison pour vous ! Tenez ! Ah, et n’oubliez pas de signer ici ». Louise prit d’abord Sylvie pour une cinglée, mais ayant autre chose à régler, elle prit le bouquet de Tamaris des mains de Sylvie, signa le prospectus, puis suivit M. Segui et le Docteur. « Je suis sa sœur, désolée pour le retard Docteur… ». La porte de la salle de consultation fermée, Sylvie s’assit aux côtés d’Higgins l’air ahuri. « C’est… c’est… sa sœur ? ». « Tu pensais que j’étais son amante ? ». Sylvie tourna son visage vers la droite : la “ simple pensée ” de Louise venait tout juste d’apparaître. « Ma pauvre, il faut regarder un peu plus loin que le bout de ton nez ! Sinon, tu ne pourras ouvrir ton cœur à personne ». La “ simple pensée ” de Louise soupira de satisfaction. « Voilà ce que j’ai retenu après trois ans d’absence. J’étais fâchée avec Michel, et je ne me rappelle même plus pourquoi. Mais maintenant, il est entre de bonnes mains. Puisque je suis là ! ». Et la “ simple pensée ” de Louise Bonnefoy disparut aussi vite qu’elle était apparue. La sœur revenue auprès de son frère, toutes les mauvaises pensées furent oubliées pour M. Segui et Mme Bonnefoy. « Et voilà, travail accompli fillette ! On rentre au bercail ! ». Sylvie restait pétrifiée. « Sylvie ? ». « Sa… sa… sa sœur ? ». « Oui, sa sœur ». « Putain de merde… ».

*

Célibataire après un quiproquo, avec un autre moi en ville, après avoir livré son bouquet de Tamaris, Sylvie retourna au magasin de fleurs de Sharmista. Elle s’assit à un box au hasard et laissa s’écrouler sa tête contre une table. « Putain de merde… ». « Surveille ton langage ! Idiote ! » lui dit Middleton d’un ton agacé. Higgins vint s’asseoir avec eux. « Alors ? Comment s’est déroulée cette première livraison ? » lui demanda Middleton. « Absurde. C’était grandiose ! » répondit-il. « En même temps, cette idiote a l’air aussi expérimentée qu’un écrit de Marc Lévy ». « Va te faire foutre ! » rétorqua Sylvie. Une main délicate se posa sur son crâne : « Quelque chose s’est mal passé ? » l’interrogea Rriele. « Tu te souviens tout à l’heure, lorsque mon autre moi, enfin, mon vrai moi puisque je ne suis qu’une “ simple pensée ”, croyait que mon petit-ami me trompait ? ». « Oui ? ». « Et bien… la fille… c’était sa sœur… et la personne à qui j’ai dû livrer le bouquet de Tamaris… c’était elle… Putain de merde ! ». Rriele frotta le dos de Sylvie en guise de réconfort puis lui dit « Tu sais, il nous arrive tous de nous tromper. C’est ce qui fait de nous des hommes, après tout ». Sylvie resta un moment la tête contre la table. Un simple malentendu. Rien de plus pour envoyer valser sa vie amoureuse. Où était la revanche dans tout ça ? Et l’espoir ? Il n’y avait rien. Rien du tout. « …ou bien tant de choses diverses et variées que cela revient à rien du tout ! ». Sylvie releva la tête : Rriele, Higgins, et Middleton n’étaient plus là. La femme au carnet blanc se tenait face à elle, le sourire aux lèvres. « Douloureuse pour une première livraison, je te l’accorde » dit-elle. « Sharmista, c’est ça ? ». « Oui, tu peux m’appeler comme ça ». « Si je ne suis qu’une “ simple pensée ”, alors pour… ». « …parce que tu erres encore. Tu ne disparaîtras que lorsque tu ne seras plus une “ pensée errante ”. Prends-le comme un nouveau départ sur toi-même. En offrant tous ces bouquets, tu offres bien plus que des fleurs. Tout cela est sensé. Tu portes bien ton nom, Sylvie… ». La jeune fille se rappela ce que la “ simple pensée ” de Louise lui avait dit auparavant : elle n’avait ouvert son cœur à personne. En trois ans, elle n’avait fait que râler contre sa patronne à son travail, râler contre Michel durant trois années, râler tout court. Elle se frappa la tête à nouveau contre la table. « Putain de merde… ». « Et si au lieu de grogner tu allais te coucher ? Rriele t’attend dehors, tu dormiras chez elle pour cette nuit ». Sylvie quitta lentement le box en direction de la sortie puis s’arrêta d’un coup. « Sharmista ? ». « Oui ? ». « Quel sens on donne à une fleur de Tamaris ? ». La femme au carnet blanc lui tendit un répertoire. « Cadeau de la maison, employée… ». Elle lui fit un clin d’œil puis partit dans l’autre pièce. Sylvie ouvrit le répertoire à la lettre T. Sur cette page était écrit en gras « Tamaris » suivi de la citation suivante « Comptez sur ma protection ».

*
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Enyo
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Message  Invité Jeu 14 Oct 2010 - 6:57

Une bonne idée, vraiment sympa, mais j'ai failli décrocher au début parce que je trouvais le texte confus ; peut-être un découpage en paragraphes plus petits aiderait-il.

Mes remarques :
d'une manière générale, typographiquement parlant, on n'écrit pas
« Elle m’a donné un coup de pied dans les couilles ! ». José avait très mal.
mais
« Elle m’a donné un coup de pied dans les couilles ! » José avait très mal.
idem avec les points d'interrogations. Si la phrase entre guillemets se termine par un point :
« Elle m’a donné un coup de pied dans les couilles. » José avait très mal.
et non
« Elle m’a donné un coup de pied dans les couilles ». José avait très mal.

« se tenait là, parapluie d’une main, bouquet dans l’autre » : bizarre, le « d’une main », je trouve ; on utilise cette expression en général pour indiquer qu’on fait quelque chose d’une main, j’attendrais donc un verbe et non un objet
« dit-elle en lui tendant le bouquet. Au moment où Sylvie prit le bouquet » : la répétition se voit, je trouve
« C’est ce vendeur-là qui m’a draguée »
« Mais laisse-moi t’expliquer au moins ! » la supplia-t-il
« tu t’es débarrassée de ce problème »
« éteindre ta cigarette s’il te plaît (pas de traits d’union) ? »
« De toute façon, on est arrivés (on accorde en genre et en nombre avec la ou les personnes représentées par « on ») »
« Que signifiaient les propos d’Higgins »
« Tandis que l’homme au carnet noir quittait (un imparfait s’impose ici, et non le passé simple) le magasin sans dire un mot, elle longea les box »
Pourquoi ces majuscules à « Tamaris » ?
« Un pâté de maisons (y en a plusieurs) »
« en compagnie de son petit ami (pas de trait d’union ; plus haut, je n’avais pas relevé « ex-petit-ami » parce que je croyais à un effet ironique). Ce fut en prononçant l’expression « petit ami » (pas de trait d’union) »
« sa vie tournait du tout au tout »
« plus de petit ami (pas de trait d’union) »
« c’est pas tout à fait comme ça que je l’aurais dit, mais bon, c’est toi qui l’as dit »
« pourquoi ne l’avait-il pas prévenue elle »
« Tu croyais que j’allais te laisser voir le médecin »
« croyait que mon petit ami (pas de trait d’union) »
« Eh bien… la fille »

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Message  Invité Jeu 14 Oct 2010 - 11:35

Moins patiente que socque, j'ai décroché.

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Message  Yali Jeu 14 Oct 2010 - 11:41

coline Dé a écrit:Moins patiente que socque, j'ai décroché.
Itou.

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Message  lol47 Jeu 14 Oct 2010 - 18:54

Typographie + de courts paragraphes, OUI, trois fois oui.

En soi, ce n'est pas mauvais mais très compliqué à suivre.
Pas de découragement, une refonte serait la bienvenue.
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Message  elea Ven 15 Oct 2010 - 21:07

Très sympa mais il faut aérer, c'est étouffant à lire.
L'idée est excellente, originale et bien traitée, j'ai juste eu du mal à suivre par moments dans le ballet des personnages et des dialogues, je crois vraiment que la mise en forme peut améliorer ça.
Je lirais avec plaisir un autre chapitre.

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Message  Sahkti Dim 17 Oct 2010 - 12:08

Il serait sans doute utile de trouver une autre disposition, quelque chose qui enlèverait cete impression que nous sommes face à des suites par chapitre, ce qui éloigne d'emblée ceux qui n'accrochent pas au premier passage, alors que c'est le procédé dans son ensemble qu'il convient d'apprécier.
Je me dis que ça vaudrait aussi la peine de choisir un angle de vue plus marqué, histoire de supprimer cette confusion qui prend rapidement le dessus. Soit tu joues à fond la carte du délire, du fantastique, soit tu tentes de donner un sens à tout ceci à travers des interrogations qui interpelleraient le lecteur. C'est un simple exemple, car il existe d'autres moyens de faire vivre ce texte dès les premières lignes.
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Message  Enyo Lun 18 Oct 2010 - 10:57

n.b : Suite à vos remarques, j'ai rédigé une deuxième version de ce texte. En espérant qu'il soit plus aéré, écourté, et plus clair…



Premiers bouquets : Trèfle et Tamaris


     « Vous n’avez qu’à vous les mettre dans le cul vos putains de baguettes ! Vieille bique frustrée ! » La jeune Sylvie jeta son tablier de travail à l’entrée de la boulangerie, l’écrasa vivement, puis, partit en grande pompe se calmer sous la pluie.
     Elle sortit son portable et composa un numéro. Une sonnerie. « Allez, décroche ! » Une autre. « Décroche, je te dis ! » Mais la personne à laquelle Sylvie souhaitait parler ne décrocha pas. À la place, ce fut une main qui, en guise de réponse, lui tapota doucement le dos. Sylvie se retourna et haussa légèrement la tête pour identifier la personne qui venait de la toucher : une femme, d’une trentaine d’années aux cheveux bruns bouclés, se tenait là, munie d’un parapluie d’une main et d’un bouquet de l’autre :
     « Vous avez oublié de prendre vos fleurs. »
     Au moment où Sylvie les prit, la jeune fille sentit une légère secousse se produire en elle, quelque chose semblait se détacher de son corps, et partir au loin :
     « Mais… C’est moi ! »

     D’abord abasourdie par l’apparition de cette autre moi sous ses yeux, Sylvie se mit ensuite à sa poursuite :
     « Reviens ! »
     L’autre marchait d’un pas décidé. Rien ne semblait l’arrêter dans sa cadence de plus en plus infernale.
     « Reviens ici tout de suite ! » cria Sylvie à l’autre.
     Mais l’autre paraissait ne pas l’entendre : elle traversa la rue et entra dans un vidéo-club.
     Sur le trottoir d’en face, Sylvie regardait l’autre chercher quelqu’un entre le rayon fantastique et polar du magasin. « Qui travaille dans ce vidéo-club ? » Sylvie quitta le magasin des yeux un instant pour savoir qui lui adressait la parole : c’était la livreuse d’une trentaine d’années aux cheveux bruns bouclés. Normalement, Sylvie aurait demandé pourquoi cette femme l’avait suivie, mais elle se contenta d’observer son autre moi à l’intérieur du vidéo-club et de répondre comme si de rien n’était : « Mon petit ami. » « Je m’y suis déjà rendue une fois : le vendeur n’a pas arrêté de fixer ma poitrine tout en essayant de me draguer. Pas très gentleman… » raconta la livreuse. Sylvie perdit de vue son autre moi :
     « Mais où est-ce qu’elle est passée ? »

     La livreuse scruta à son tour le magasin puis écarquilla soudainement les yeux : « Ah tiens ! C’est ce vendeur-là qui m’a draguée ! »
     Au rayon comédie, un jeune homme mettait ses bras devant son visage pour se protéger des assauts de dvds arrivant violemment sur lui. Quelques secondes plus tard, l’autre sortit du vidéo-club, folle de rage. Le jeune homme sortit à son tour : « Mais laisse-moi t’expliquer au moins ! » la supplia-t-il. L’autre se retourna et lui flanqua un coup de pied entre les jambes.
     « Aoutch ! Ça a dû faire mal… » commenta la livreuse.
     Tandis que le petit ami de Sylvie se tordait de douleur sur le trottoir, l’autre se pencha vers lui en hurlant : « Ça fait mal, hein, de se faire couillonner ?! T’as qu’à demander à ta poufiasse de te pomper cette nuit pour te soulager, connard ! » Aussitôt dit, elle reprit sa route et tourna à la première intersection venue.
     Quelques feuilles échappées du bouquet offert plus tôt gisaient maintenant par terre, témoignant du départ de l’autre et du drame auquel Sylvie et la livreuse venaient d’assister.

     « Je m’en doutais ! » dit Sylvie. « Il faut voir le bon côté des choses : au moins, maintenant, tu en as la certitude, et tu t’es débarrassée de ce problème… » conclut la livreuse. « Et qu’est-ce que je peux espérer maintenant ? » demanda Sylvie.
     Tute ! Tute !
     Une voiture se gara juste au niveau des deux femmes. « Pile à l’heure ! » dit la livreuse. Elle monta à l’arrière puis fit signe à Sylvie de la main : « Suis-moi ! Il y a quelqu’un qui souhaite te rencontrer. » La jeune fille contempla une dernière fois ce qui était devenu son ex petit ami, et rejoignit la trentenaire aux cheveux bruns et bouclés à l’intérieur de la voiture. Le chauffeur alluma l’autoradio, une musique de jazz se fit entendre, et le véhicule démarra.
     Sylvie observa sa voisine de route : coiffée d’un chignon maintenu par trois petites branches de lierre enrubannées, comment s’appelait-elle ? Était-elle réellement livreuse de fleurs comme elle le prétendait ? Avait-elle aussi un autre moi errant en ville comme Sylvie ? Et par quel moyen le chauffeur avait-il su l’heure exacte à laquelle venir les récupérer toutes les deux ? Et qui lui avait offert ce bouquet de fleurs ?
     Parmi toutes ces questions, Sylvie choisit de n’en poser aucune. À la place, elle se contenta simplement de demander : « De quel type de fleurs était composé le bouquet que tu m’avais apporté ? » « Ce n’étaient pas vraiment des fleurs. C’étaient des feuilles de trèfles. » « Pourquoi on m’offrirait des feuilles de trèfles ? » La livreuse fouilla dans son sac à main puis tendit à la jeune fille un petit répertoire ouvert à la lettre T. Sur cette page, on pouvait lire en gras « Trèfle (couleur non précisée) » suivi juste au-dessous de la citation suivante :
     « Revanche, doute, incertitude. Puis-je espérer ? »


*

     Au chômage, célibataire, et avec un autre moi en ville depuis maintenant une heure, Sylvie contemplait les vitrines des magasins défiler une à une sous ses yeux à l’intérieur d’une voiture dont elle ignorait encore la destination. Les divers morceaux de jazz entendus jusqu’alors lui étaient aussi inconnus. Quant aux noms de la livreuse et du chauffeur…
     Tout ce qu’elle savait à cet instant précis tenait en une citation :
     « Revanche, doute, incertitude. Puis-je espérer ? »
     Elle inspira à pleins poumons, puis s’étouffa la minute suivante. La livreuse posa délicatement une main sur les genoux de Sylvie et s’adressa au chauffeur : « Higgins, tu veux bien éteindre ta cigarette s’il te plaît ? Elle ne supporte pas l’odeur. » « Comme tu veux, Rriele ! » Higgins jeta sa cigarette par la fenêtre, puis coupa le contact : « De toute façon, on est arrivés, annonça-t-il. La petite va pouvoir respirer le grand air. Enfin, le grand air, façon de parler bien sûr… » « Dis donc Alfred, j’suis pas une petite, ok ?! » « Agressive avec ça… »
     Sylvie, Rriele et Higgins sortirent de la voiture garée devant un magasin. Vu de l’extérieur, pour Sylvie, c’était un magasin de fleurs comme un autre. Mais la jeune fille savait déjà que ce qui l’attendait à l’intérieur contenait bien plus que ce que l’on pouvait espérer trouver dans un simple magasin de fleurs. Ils passèrent la porte d’entrée.
     La pièce principale comprenait des box munis de tables et de chaises à la manière d’un salon de thé comme on pouvait en trouver un peu partout. À l’un deux siégeait un jeune garçon caché derrière son livre. L’arrivée d’un chauffeur, d’une livreuse, et d’une jeune fille ne semblait l’avoir perturbé en aucune façon. Higgins s’installa à ses côtés, puis, tout en lui ébouriffant les cheveux, lui demanda : « Toujours aussi rigide Middleton ? Tu finiras par prendre racine un de ces jours ! » « Lâche-moi la grappe Higgins tu veux ? J’ai affaire avec Rilke là ! » Higgins se pencha pour observer la couverture du livre de Middleton : « Au fil de la vie ? Qu’est-ce que tu peux bien en espérer de la vie, maintenant que tu n’es plus qu’une “ simple pensée ” ? » « Je ne suis peut-être qu’une “ pensée errante ”, mais moi, au moins, je pense, au lieu de passer mon temps à battre la pulsation bêtement sur des morceaux minables. » « Le Jazz n’a rien de minable ! Ornette Coleman, quand même, un peu de respect ! » « Je n’ai de respect que pour Mahler aujourd’hui ! Maintenant, laisse-moi avec Rilke. La paix ! »
     Tandis que Rriele riait des chamailleries puériles de Middleton et Higgins, Sylvie observait le reste de la pièce voir ce qu’elle pourrait en attendre d’autre :
     Qui souhaitait donc la rencontrer ?
     Le jeune Middleton était bien trop affairé avec ce dénommé Rilke. Que signifiaient les propos d’Higgins : être qu’une « simple pensée » ? Et, aux dires de Middleton, « errante » de surcroît !
     Sylvie scruta chaque box.
     Ses yeux s’arrêtèrent sur l’un deux, situé dans un angle au fond de la pièce : un homme, d’une cinquantaine d’années, muni d’un carnet noir, y discutait avec une femme, pourvue d’un carnet blanc. Ils interrompirent leur conversation au moment où le regard de la femme au carnet blanc croisa celui de Sylvie. L’homme au carnet noir se retourna pour observer la jeune fille. La femme lui murmura quelque chose à l’oreille puis se leva :
     « Bienvenue dans ma boutique, jeune fille. »

     Tandis que l’homme au carnet noir quittait le magasin sans dire un mot, la femme au carnet blanc longea les box d’un pas assuré vers Sylvie. Arrivée à l’entrée, elle la toisa de bas en haut, puis dit en souriant :
     « L’ère historique de l’arrivée des conquistadors au Mexique coïncida exactement avec cette pluie de fleurs qui tomba sur la tête des hommes à la fin du quatrième soleil cosmogonique. La terre se vengeait de ses mesquineries antérieures, et les hommes agitaient des bannières de jubilation. »
     Sylvie l’observa d’un air dubitatif. « C’est une citation d’Alfonso Reyes. Il a passé une partie de sa vie à décrypter le symbolisme floral à travers notamment l’art mexicain. » « Qu’est-ce que j’ai à voir là-dedans ? » demanda Sylvie. « Avec le Mexique ? Rien du tout ! » La jeune fille observa de nouveau dubitativement cette femme en pensant qu’elle aurait parfaitement sa place dans un conte ésotérique. « Oui, rien du tout. Mais avec le symbolisme floral… Tu n’as qu’à le considérer comme un idéal ascétique : tant de choses diverses et variées que cela revient à rien du tout ! C’est une citation de Nie… » « Ça suffit avec vos citations à la noix ! Qu’est-ce que je fous ici bordel ? » Le ton strident de Sylvie instaura un silence total dans la pièce. La femme soupira : « J’avais préparé un final magistral. Les jeunes de nos jours… »
     Elle consulta son carnet blanc, se rendit au fond du salon, ouvrit une porte menant à une autre pièce, puis en revint les bras chargés de bouquets de fleurs : « Middleton ! Higgins ! Distributions ! » Les deux garçons rejoignirent la femme, Rriele, et Sylvie à l’entrée du salon.
     Elle déposa sur la table la plus proche trois bouquets. Sur chacun d’eux, on pouvait distinguer un petit carton sur lequel étaient écrits un nom et prénom de famille, une adresse, ainsi qu’une heure de la journée : « Middleton, celui-là est pour toi, Rriele, tu prendras celui-ci. »
La femme au carnet blanc marqua une pause, puis fixa Sylvie droit dans les yeux :
     « Tu te sens prête à livrer ce bouquet de tamaris, jeune fille ? »


*

     Célibataire, avec un autre moi en ville, et maintenant livreuse de fleurs, Sylvie marchait dans le centre accompagnée de Rriele et Higgins. La livraison de Middleton avait lieu sur les hauteurs.
     La jeune fille scrutait les fleurs de tamaris qu’elle devrait offrir. Qu’entendait donc cette marchande, pour qui Sylvie travaillait malgré elle depuis à peine trente minutes, par « symbolisme floral » ? À quel symbole pouvait donc bien renvoyer une fleur de tamaris ? Et pendant ce temps, que faisait son autre moi ?
     Tandis qu’elle cherchait un sens à tous ces phénomènes nébuleux, Rriele et Higgins discutaient tranquillement sur le trajet : « Non mais franchement, tu n’en as pas marre, toi, de ses airs hautains ? “Je n’ai de respect que pour Mahler aujourd’hui ! ”, “ J’ai affaire avec Rilke ”, de la branlette aristocratique ouais ! » s’indigna Higgins. Rriele émit un sourire. « Nan, et puis, tu as entendu la manière dont il s’en est pris au Jazz ? Hein ?! » « Et toi ? Tu as vu la manière dont tu t’en es pris à ses cheveux ? Hein ? » rétorqua Rriele en le taquinant.
     La trentenaire aux cheveux bruns bouclés s’arrêta net : « Bon, c’est ici que je vous laisse. Je dois aller livrer mon bouquet dans cette direction. On en discutera plus tard, d’accord ? » Higgins soupira : « Mouais, à plus tard. » « À plus tard Sylvie, bon courage pour ta première livraison. Et Higgins, prends bien soin d’elle, d’accord ? Bye ! »
     Sylvie regarda partir Rriele : de dos, son chignon laissait entrevoir son ruban de lierres tenant telle une tiare. La jeune fille soupira d’envie : cette femme semblait si sereine. Elle voulut inspirer à pleins poumons pour se donner du courage, mais s’étouffa en sentant l’odeur de nicotine lui monter à la tête : « Higgins !! » rechigna-t-elle en le frappant sur son crâne. Le mélomane de jazz la fixa l’air blasé : « Bah quoi, on est en plein air. Respire ! La pollution, y a qu’ça d’vrai fillette ! Avec Ornette Coleman, évidemment ! Allez, en route ! » Il reprit la marche gaiement. Sylvie le dévisagea en se demandant pourquoi on avait choisi de lui coller Higgins dans les pattes en guise de chaperon. Elle se décida finalement à le suivre, mains devant les narines en guise de masque antifumée.

     Un pâté de maisons et un hall d’immeuble plus tard, Sylvie et Higgins attendaient dans un ascenseur d’arriver au sixième étage, étage où aurait lieu leur livraison. La jeune fille relut pour la énième fois le carton collé sur le bouquet de tamaris :
     « Louise Bonnefoy, appartement 6 B, rue Pierre et Marie Curie, 18h. »
     Elle regarda sa montre : 17h54. L’ascenseur n’en était encore qu’au premier étage.
     Durant la montée, Sylvie se demanda ce que faisait son autre moi à 17h54 : à sa place, elle serait probablement en train de ranger son tablier de travail dans la buanderie de son appartement, tout en feuilletant rapidement les pages culturelles du journal Le Monde, en quête d’une expo amusante à laquelle se rendre en compagnie de son petit ami.
     Ce fut en prononçant l’expression « petit ami » que la jeune fille réalisa que sa vie tournait du tout au tout : plus de travail à la boulangerie, plus de petit ami ; juste un bouquet de tamaris, un ascenseur au deuxième étage,
     et Higgins.
     Qui était-il au juste ? Higgins, n’était-ce là qu’un surnom ? Un nom de famille ? Et son prénom ? À quel âge avait-il fumé sa première cigarette ? D’où venait son intérêt pour le Jazz ?
     Higgins se tourna vers elle : « Un problème ? » « Higgins, tout à l’heure, qu’est-ce que tu entendais lorsque tu disais à Middleton qu’il n’était plus qu’une “ simple pensée ” ? » Higgins émit un léger rictus. Il baissa la tête puis soupira.
     Ting !
     L’ascenseur était arrivé au sixième étage. Le mélomane répondit à la jeune fille : « Ça, tu le sauras plus tôt que tu ne le crois… » Sylvie et Higgins sortirent de l’ascenseur et se rendirent devant la porte de l’appartement 6 B. Une plaque dorée était accrochée avec marquée dessus l’inscription suivante :
     « Docteur Gilles FUTURIN, médecin généraliste, sonnez puis entrez. »

     Sylvie fronça les sourcils : « Il doit y avoir une erreur : c’est une fille qui doit recevoir le bouquet. Pas un médecin ! » Higgins haussa les épaules : « Sûrement une de ses patientes, ou peut-être sa secrétaire ! » Il sonna, ouvrit la porte, et les deux livreurs entrèrent dans le cabinet.
     Une fois dans la salle d’attente, Sylvie posa le bouquet de tamaris sur un siège à côté d’elle et, avec ses yeux, fit un tour panoramique de la pièce : uniquement des patients de sexe masculin attendaient. Higgins sortit de sa poche un répertoire et l’ouvrit à la lettre T.
17h56. La sonnette d’entrée retentit. Quelques secondes plus tard, un jeune homme pénétra dans la pièce. Sylvie sursauta, prit un magazine, et se cacha derrière le plus vite possible. « Toi, on peut dire que t’es la reine de la discrétion : tu serais très bonne à la grosse caisse ! » lui fit remarquer Higgins. « C’est lui ! » « Mais qui ça, lui ?! » « Mon ex, idiot ! » murmura Sylvie.

     Higgins éclata de rire : « Alors là, je te rassure tout de suite, il ne te reconnaîtra pas une seule seconde ! » « Très drôle Higgins ! T’en as d’autres des blagues lourdes dans le même genre ? » Higgins se leva, prit Sylvie par la main, et l’emmena aux toilettes. « Mais qu’est-ce que tu fais ? Arrête ! Lâche-moi ! Qu’est-ce qui te prend ?! »
     « HIGGINS !! » maugréa Sylvie une fois les deux livreurs arrivés aux toilettes.
     « Tiens ! Regarde ! Regarde-toi ! Tu vois quoi là ? »
     Sylvie se regarda dans le miroir.
     « Mais… ce n’est pas mon… »
     « …ton vrai visage ? Et maintenant, tu saisis que tu n’es bel et bien qu’une “ simple pensée ” ? Celle qui a ton vrai visage, c’est la vraie Sylvie : celle qui a foutu un coup de pied dans les couilles de son petit ami. »
     « Mais qu’est-ce que ça veut dire ? »
     « Tu n’es qu’une “ pensée ” de Sylvie. »

     « Si je ne suis qu’une “ pensée ” de Sylvie, pourquoi j’ai quitté son corps ? Les pensées peuvent se balader comme ça, partout ? » « Les pensées, ça rentre, ça sort. J’y pense et puis j’oublie. Tu es devenue une pensée que Sylvie a oublié. C’est la vie, c’est la vie. 500 milliards de chinois, et moi, et moi, et moi ! » « Et quelle sorte de pensée je suis ? » « Hm, vu ton caractère de cochon : tu dois être une pensée grognon. » « Et merde… Mais attends ! Si je suis une pensée que la vraie Sylvie a oublié, alors pourquoi je disparais pas ? » « Ça, c’est à Sharmista qu’il faudra le demander… » « Sharmista ? Celle qui parle et dont on comprend jamais rien de c’qu’elle dit ? » « Hm, c’est pas tout à fait comme ça que je l’aurais dit, mais bon, c’est toi qui l’as dit. Allez, au boulot ! » Sylvie et Higgins retournèrent dans la salle d’attente.

     17h59. « Plus qu’une minute, et toujours pas de fille ! Higgins, qu’est-ce qu’on fait ?! » « Patience, il n’est pas encore 18h… » « M. Segui ! C’est à vous ! »
     Segui.
     Sylvie eut un haut-le-cœur en se rappelant que celui qu’elle avait aimé, avec qui elle avait passé ses trois dernières années, portait comme nom de famille Segui.
     M. Segui se leva et se dirigea vers la salle de consultation. Mais pourquoi consulter aujourd’hui ? Pourquoi ne l’avait-il pas prévenue elle ? Celle avec qui il dormait toutes les nuits, à qui il devait confier tous ses secrets, ses problèmes. Et si, en plus de son infidélité, il avait voulu lui cacher autre chose ? Et si cette autre chose qu’il avait voulu lui cacher était grave ? Sylvie se mit à penser au pire.
     « Attendez ! »

     Tout le monde leva les yeux voir qui avait déclenché ce coup de théâtre : une femme, à l’autre extrémité de la salle d’attente, avait fait son apparition. « C’est cette conn… » mais Sylvie n’eut pas le temps de finir son juron qu’Higgins lui cloua le bec.
     « Louise ? Mais qu… » « …je suis sortie dès que j’ai pu de ma réunion. Désolée pour le retard, Michel. Tu croyais que j’allais te laisser voir le médecin tout seul ? Maintenant que je suis de retour, je reste ! »
     Sylvie ne comprit plus rien : qu’entendait Louise par « de retour » ? En prononçant le prénom « Louise », la jeune femme sursauta de son siège :
     « Louise Bonnefoy ! J’ai une livraison pour vous ! Tenez ! Ah, et n’oubliez pas de signer ici. »
     Louise prit d’abord Sylvie pour une cinglée, mais ayant autre chose à régler, elle prit le bouquet de tamaris des mains de Sylvie, signa le prospectus, puis suivit Michel Segui et le Docteur : « Je suis sa sœur, encore désolée pour le retard, Docteur… »
     La porte de la salle de consultation fermée, Sylvie s’assit aux côtés d’Higgins, l’air ahuri :
     « C’est… c’est… sa sœur ?! »

     « Sa sœur… » « Tu pensais que j’étais son amante ? » Sylvie tourna son visage vers la droite : la « simple pensée » de Louise venait tout juste d’apparaître : « Ma pauvre, lui dit-elle, il faut regarder un peu plus loin que le bout de ton nez ! Sinon, tu ne pourras ouvrir ton cœur à personne. » La « simple pensée » de Louise soupira de satisfaction : « Voilà ce que j’ai retenu après trois ans d’absence : j’étais fâchée avec Michel, et je ne me rappelle même plus pourquoi. Mais maintenant, il est entre de bonnes mains, puisque je suis là ! » Et la « simple pensée » de Louise Bonnefoy disparut aussi vite qu’elle était apparue.
     La sœur revenue auprès de son frère, toutes les mauvaises pensées furent oubliées pour Michel Segui et Louise Bonnefoy.
     « Et voilà, travail accompli fillette ! On rentre au bercail ! » Sylvie restait pétrifiée. « Sylvie ? » « Sa… sa… sa sœur ? » « Oui, sa sœur. »
     « Putain de merde… »

*

     Célibataire suite à un quiproquo, avec un autre moi en ville, après avoir livré son bouquet de tamaris, Sylvie retourna au magasin de fleurs de Sharmista.
     Elle s’assit à un box au hasard, et laissa s’écrouler sa tête contre une table : « Putain de merde… » « Surveille ton langage ! Idiote ! » lui dit Middleton d’un ton agacé. Higgins vint s’asseoir avec eux. « Alors ? Comment s’est déroulée cette première livraison ? » lui demanda Middleton. « Absurde. C’était grandiose ! » répondit-il. « En même temps, cette idiote a l’air aussi expérimentée qu’un écrit de Marc Lévy. » « Va te faire foutre ! » rétorqua Sylvie. Une main délicate se posa sur son crâne : « Quelque chose s’est mal passé ? » l’interrogea Rriele. « Tu te souviens, tout à l’heure, lorsque mon autre moi, enfin, mon vrai moi puisque je ne suis qu’une “ simple pensée ”, croyait que mon petit ami me trompait ? » « Oui ? » « Eh bien… la fille… c’était sa sœur… et la personne à qui j’ai dû livrer le bouquet de tamaris… c’était elle… Putain de merde ! » Rriele frotta le dos de Sylvie en guise de réconfort puis lui dit : « Tu sais, il nous arrive tous de nous tromper. C’est ce qui fait de nous des hommes, après tout. »
     Sylvie resta un moment la tête contre la table. Un simple malentendu. Rien de plus pour envoyer valser sa vie amoureuse. Où était la revanche dans tout ça ? Et l’espoir ? Il n’y avait rien. Rien du tout.
     « …ou bien tant de choses diverses et variées que cela revient à rien du tout ! »
     Sylvie releva la tête : Rriele, Higgins, et Middleton n’étaient plus à ses côtés. La femme au carnet blanc se tenait face à elle, le sourire aux lèvres :
     « Merdique, pour une première livraison, je te l’accorde ! » dit-elle.

     « Sharmista, c’est ça ? » « Oui, tu peux m’appeler de cette manière. » « Si je ne suis qu’une “ simple pensée ”, alors pour… » « …parce que tu erres encore. Tu ne disparaîtras que lorsque tu ne seras plus une “ pensée errante ”. Prends-le comme un nouveau départ sur toi-même. En offrant tous ces bouquets, tu livres bien plus que des fleurs. Tout cela est sensé. Tu portes bien ton nom, Sylvie… »
     La jeune fille se rappela ce que la « simple pensée » de Louise lui avait dit auparavant : elle n’avait « ouvert son cœur » à personne. En trois ans, elle n’avait fait que râler contre sa patronne à son travail, râler contre son petit ami Michel durant trois années, râler tout court en fait. Elle se frappa la tête à nouveau contre la table :
     « Putain de merde… »
     « Et si, au lieu de merder, tu allais te coucher ? Rriele t’attend dehors, tu dormiras chez elle, pour cette nuit. »
     Sylvie quitta lentement le box en direction de la sortie puis s’arrêta d’un coup : « Sharmista ? » « Oui ? » « Quel sens on donne à une fleur de tamaris ? » La femme au carnet blanc lui tendit un répertoire : « Cadeau de la maison, employée… » Elle lui fit un clin d’œil puis partit dans la pièce du fond.
     Sylvie ouvrit le répertoire à la lettre T. Sur cette page était écrit en gras « Tamaris » suivi de la citation suivante :
     « Comptez sur ma protection. »

*
**
Enyo
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Message  Procuste Lun 18 Oct 2010 - 11:04

Comme je connais déjà l'histoire, je ne relirai pas, mais en tout cas, au premier coup d'œil, la présentation est beaucoup plus agréable, elle donne envie !
Procuste
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Message  Invité Lun 18 Oct 2010 - 11:53

Je ne peux pas dire si cette version est meilleure que la précédente puisque je n'avais lu qu'un paragraphe de la première.
Là je suis allée jusqu'au bout;
L'idée est originale, l'écriture n'est pas désagréable ( on se passerait des putain de merde)
En revanche, je trouve le premier paragraphe plutôt moins bien que le reste :
ça démarre sur des grossieretés,
on se demande pourquoi " écraser vivement" son tablier ( c'est mou, un tablier, comment écrase-t-on quelque chose de mou ???),
quant à "sortir en grande pompe"... l'expression me parait mal choisie : on se marie en grande pompe, cad de façon cérémonieuse, je vois mal en quoi cette sortie mériterait un tel qualificatif.
Comme tu sembles disposé à retravailler ton texte, je crois que ce premier paragraphe mériterait une refonte.
Et aussi - mais ça c'est personnel - je trouve le " décroche, allez décroche" très emblématique d'un cliché de comportement des jeunes actuellement.

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