La terre me tourne

[lol47]

- Alors, tu viendras pas faire les soldes à Toulouse avec moi ?

- ...

- Et ta femme, ça va ?

- Ouais.

- Tu m'as dit que c'était ton anniversaire bientôt...? T'as envie de quoi ?

J'ai envie de désactiver tous les HTML du monde, de me frotter avec des orties, j'ai envie de niquer Carla Bruni, j'ai envie de coucher avec le pape, j'ai envie de la mort, de chants grégoriens...

- Tu déconnes mon chou !!!

- La velléité, chérie, la velléité chérie...

Tout ce qui n'est pas à commencer est à arrêter.
Je suis bien placé pour le savoir.

J'ai rien envie.
J'envie le rien. J'envie le vide. Dis-moi que je vais pas mourir.

Elle m'écoute.
Elle a de grandes bottes blanches achetées en solde chez Auchan.
Je lui dis qu'elle s'habille un peu trop ultra-pute pour son âge.
Maquillée ultra-pute.
Habillée ultra-pute.

Oui, mais quand on a cinquante ans on n'est pas très raisonnable.

Cinquantième rue des sanglots
De laisse.
Tu erres.
Anthologie des funéraires.

Il y a de la pisse dans mes yeux, ça me féconde et me brûle des kilomètres de vie.
Un passé latent .
Un rond-de-cul enraciné.

Des cliquetis égorgent le chagrin.
Un jour on me lira.
Un jour on me dira.
Il écrivait juché sur un tabouret de pute.

[Invité]

Très beau titre, et beaucoup de profondeur dans ce texte, à la fin surtout. Le vertige de la cinquantaine, la peur du rien... Le début traîne un peu, à mon avis, mais ça fait partie aussi du personnage narrateur qui est comme ça. La fin, il y a vraiment quelque chose de fort, même si c'est peut-être un peu trop explicite. Certains jeux de mots peuvent être retirés, je pense, pour avoir un résultat plus fin, mais il y a de très bonnes formules, percutantes, authentiques.

[Procuste]

J'ai décroché là :
"J'ai envie de désactiver tous les HTML du monde, de me frotter avec des orties, j'ai envie de niquer Carla Bruni, j'ai envie de coucher avec le pape, j'ai envie de la mort, de chants grégoriens...",
parce que je m'en fous que le narrateur me dise de quoi il a envie, boum, comme ça, sans me le laisser deviner un poil ; je n'aime pas, en tant que lectrice, me retrouver cantonnée à un rôle purement passif.

[Sahkti]

Me demande tout de même ce que Carla Bruni vient faire là-dedans. Icône de la vacuité au milieu d'un texte empli de force. C'est peut-être volontaire... mais ça fait tache.

[Invité]

Entre le pape et la first, je me demande qui est le plus frigide ... mais justement, ça va bien avec l'envie de rien.
Brr, fait pas chaud, chez toi, Lol ! Viens donc faire un tour à Rennes... on ira faire les soldes à Carrefour, ça te changera les idées !

Mais je te retrouve, plus en forme (littérairement) dans ce texte que dans les deux derniers.

[Ba]

Malgré tout Lol brasse le muscle des impuissances et cela produit son choc.
J'aime bien la "chute" sur ce " tabouret" étroit et bien lustré par tous les derrières du monde.

[Sober]

La fin est bien, très poétique, mais moi non plus je n'aime pas quand le narrateur énumère ce dont il a envie. Parler de Carla Bruni nous ramène à la réalité, que le texte semble pourtant vouloir éviter.

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