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Une amitié sans faille

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midnightrambler
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Message  jeanne75 Jeu 24 Mar 2011 - 13:44

Voici le début d'un texte, pour avis! je ne suis pas sûre de bien le présenter ni de respecter parfaitement les consignes du forum. Veuillez m'excuser si je me suis trompée...


Cela faisait 40 minutes qu’Agathe attendait Mélanie dans un café, en regardant les passants de la rue Montorgueil. Il y a plusieurs siècles, cette voie permettait aux maraichers, et surtout aux poissonniers, de relier le Nord de Paris au marché des Halles, et avait conservé depuis sa vocation commerçante. En revanche, le quartier attirait à présent une population beaucoup plus aisée que les mareyeurs de la Manche, à la recherche d’une ambiance de village chic, alternative à l’atmosphère guindée des arrondissements bourgeois et à la précarité vibrante des autres.

Le soleil de midi, éblouissant en ce samedi d’hiver, incitait à la promenade. Des parisiens consciencieusement nonchalants butinaient d’une cave à vins à un sushi bar, des huîtres de l’authentique ostréiculteur en ciré, aux huiles d’olives à la truffe blanche de l’épicier italien. Galvanisés par le beau temps, certains brunchaient en terrasse chauffée, se régalant de muffins aux myrtilles, d’œufs brouillés et de leur dose de nicotine. D’autres patientaient devant le plus vieux pâtissier de Paris, et examinaient les présentoirs de cartes postales immortalisant la visite de la reine d’Angleterre, quelques années auparavant.

Dans le bourdonnement des conversations, et le tintement des verres posés brusquement sur les tables par une serveuse pressée, Agathe décida d’appeler son amie.
« vous etes sur la messagerie vocale de « Mélanie Baraud », merci de laisser un message après la mélodie ».
Après avoir raccroché, la jeune femme commanda un deuxième café et un jus de fruit, regarda une nouvelle fois sa montre, puis composa le numéro de chez elle. Francis, son compagnon depuis 8 ans, répondit à la troisième sonnerie.
"- c’est moi, je suis au bistrot, là, et Mélanie n’est toujours pas arrivée.
- Tu l’as appelée ? lui répondit-il
- Ben oui, elle est sur messagerie. Je comprends pas, ça fait 1 heure que je poireaute
- Ecoute, laisse tomber, rentre à la maison, elle doit être sortie hier soir et elle ne s’est pas réveillée…
- Ok, je finis mon café et j’arrive"

En repartant à pied, Agathe pesta intérieurement contre une voiture qui avait réussi à déjouer l’interdiction de circuler de ce quartier soi-disant piéton, et qui l’obligea à monter sur le trottoir. Les effluves des poulets fermiers du boucher, qui rôtissaient en crépitant sur leur broche, l’enveloppèrent alors. Elle s’arrêta pour en acheter un, accompagné de pommes de terres sautées.

Il lui fallait environ 15 minutes pour rentrer, en remontant la rue des Petits Carreaux, puis la rue Poissonnière jusqu’au boulevard de Bonne Nouvelle. Ces quelques rues, préservées des aménagements haussmanniens, offraient un charme rare propre au vieux Paris. Ses immeubles légèrement de guingois, maintenus par de larges poutres en bois, s’adossaient opportunément à des constructions plus récentes.
Ses façades claires, dont les fenêtres démesurées témoignaient de la hauteur des plafonds, s’ornaient de moulures épurées. Progressivement, les luxueux commerces de bouche laissaient la place aux nombreuses boutiques de prêt à porter en gros et aux fast food casher. Enfin, dominant le boulevard de son imposante architecture art déco, le colossal Grand Rex, faisait scintiller ses milliers de néons pour promouvoir les films de la semaine.

Agathe traversa le boulevard, emprunta la rue du faubourg poissonnière, puis tourna dans la rue de l’échiquier, en s’interrogeant une nouvelle fois sur l’absence de Mélanie. En la croisant, un homme la dévisagea, appréciant la finesse de ses traits, la perfection de sa peau claire et l’élégance de sa silhouette. Grande et élancée, elle souffrait néanmoins d’une certaine timidité, qui pouvait passer pour de la froideur. Elle ne prêta d’ailleurs aucune attention au passant, et pianota le code d’entrée de son immeuble, ancien mais propre. Après avoir passé le porche, elle traversa la petite cour pavée pour emprunter l’escalier de son bâtiment.

Francis et elle avaient emménagé 8 ans auparavant dans le 10 eme arrondissement. Ils s’étaient rencontrés pendant leur scolarité dans une école de fonctionnaires. Francis ressemblait à ces acteurs américains des années 1950 : blond aux yeux bleus, pommettes hautes, fossette sur le menton, large carrure. Sa curiosité d’esprit, sa générosité et sa simplicité avait achevé de séduire Agathe.
Leur relation devint de plus en plus sérieuse, au point qu’ils décidèrent de s’installer ensemble à l’issue de leur année d’école, au moment de commencer leur travail dans leurs ministères respectifs.

Ils avaient alors visité des « biens atypiques » (taudis), des « souplex » (caves aménagées), des « étages élevés » (tour de 40 m de haut), et déposé des dizaines de dossiers de candidatures, au cours de visites groupées. Grâce à leur situation d’employé à vie, et à la caution solidaire de leurs parents, ils avaient obtenu de haute lutte la location d’un « trois pièces P-M-C (parquet- moulure- cheminée) au cachet préservé ».

De retour chez elle, Agathe pendit son duffle coat gris sur un cintre, rangea ses bottes dans le placard de l’entrée et mit ses chaussons. Elle déposa ses courses dans la cuisine, puis se dirigea vers le double séjour, largement illuminé grâce à deux fenêtres hautes. Avec Francis, ils l’avaient repeint en blanc lors de leur arrivée, et elle s’était beaucoup impliquée pour la décoration, dans la limite de leurs moyens financiers.
Le soleil se reflétait dans le trumeau d’origine au dessus de la cheminée, caressant les reliures multicolores d’une petite centaine de livres et de bandes dessinées, rangés dans quatre bibliothèques suédoises. Une table ronde en noyer et ses chaises, dont la nuance s’accordait avec celle du parquet point de hongrie, caractérisaient l’espace salle à manger.
En face, un autre grand miroir en bois cérusé, accroché au dessus d’un canapé chocolat, donnait de la profondeur à la partie salon.
Des voilages en organza écarlate apportaient des touches de couleur à toute la pièce, auxquelles s’ajoutait une affiche encadrée, d’environ un mètre, représentant la scène du meurtre sanglant de Scarpia par Tosca, dans l’opéra préféré d’Agathe.



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Message  Ba Jeu 24 Mar 2011 - 15:02

Comme le site bruisse des mille et une aventures de faux moi dans le vrai potage, je donne un coup de montée à cette histoire ;-)
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Message  elea Jeu 24 Mar 2011 - 18:59

Je ne sais pas quelle longueur est prévue pour ce texte. Ici le titre me laisse penser que le thème central est l’amitié, or ce début expédie la chose en trois lignes et s’attarde surtout sur les descriptions. Celle d’Agathe, celle de Paris, celle de l’appartement. J’attends donc la suite pour me prononcer sur le fond.
L’écriture est agréable, j’ai suivi avec plaisir ce début, me baladant dans les rues avec Agathe jusqu’à son retour chez elle. Un petit bémol sur les descriptions parfois un peu longues ou trop précises pour mes goûts.
Bienvenue.

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Message  Invité Jeu 24 Mar 2011 - 19:12

Je reste sur ma faim, j'aurais bien aimé savoir le pourquoi de ce lapin. Sinon, j'ai apprécié l'ambiance rendue au début du texte puis je me suis lassée de la profusion de détails qui alourdissent le texte, le ralentissent. J'aurais aimé quelque chose de moins informatif, une écriture moins contrainte, plus libérée, plus fluide, plus légère. C'est d'autant plus dommage qu'il y a un je ne sais quoi qui me plairait assez sans ça...

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Message  midnightrambler Jeu 24 Mar 2011 - 22:55

Bonsoir,

Ce n'est évidemment qu'un début qui fait que l'on reste sur sa faim, je rejoins l'avis de celles qui ont laissé un commentaire ci-dessus.
Si c'est un texte long, il faudrait une accroche plus nette dans les premières lignes pour ensuite reprendre les descriptions ...
L'écriture est plaisante et le souci du détail de bon aloi.

Amicalement,
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Message  jeanne75 Ven 25 Mar 2011 - 9:13

merci beaucoup pour vos observations! je suis d'accord avec vous, il faut rendre tout ça un peu plus nerveux. je vais essayer de travailler le rythme en ce sens (pas facile, bien sûr, vous le savez bien).
voici la suite, en espérant que vous continuiez à lire.


Francis assis sur le canapé, lisait son journal, la télévision en fond sonore. Elle admira son profil régulier, et regretta leur manque de communication actuel.
Elle s’installa à côté de lui, et laissa un troisième message à son amie.
- tu auras de ses nouvelles ce soir, c’est sûr. Au pire, tu la verras lundi au boulot, lui dit il sans lever le nez de son quotidien
- enfin, c’est bizarre quand même, tu ne trouves pas ?
- Mouais…
Il ouvrit la bouche, puis parut ravaler sa question, pour finalement demander :
- Qu’est ce qu’on mange ?
- Du poulet. ça fait 7 ans que je connais Mélanie, et jamais elle ne m’a posé un lapin.

Les deux amies s’étaient rencontrées lors de la semaine d’accueil des nouveaux arrivants du ministère des finances. La session avait commencé par un moment convivial, c’est à dire un petit déjeuner, dans un des centres de formation. Chacun se jaugeait discrètement, évaluant qui saurait se distinguer des autres, et briller dans la structure.

Une jeune femme blonde était au centre de l’attention d’un des petits groupes, monopolisant la parole d’une voix douce et grave. Agathe, isolée dans un coin de la salle, admirait sa capacité à capter l’attention d’un auditoire, sa façon d’agiter gracieusement les mains en parlant, fixant ses yeux verts sur son public.
Surmontant sa réserve naturelle, elle se rapprocha du groupe et sourit à Mélanie, qui entama la conversation. Ainsi avait débuté leur amitié.

L’inquiétude d’Agathe grimpa d’un cran le dimanche, atteignant son apogée le lundi matin. Après une nouvelle tentative pour joindre Mélanie sur son portable, elle décida de passer la voir dans son bureau.
Surnommé « la forteresse » ou encore « le paquebot » pour ses douves le séparant du boulevard de Bercy et son emprise sur la Seine, le ministère s’organisait autour de patios, de galeries, et de jardins, abritait un bureau de poste, une supérette, trois cantines, deux bibliothèques, un centre de conférence, des centaines d’agents…
Dans un des couloirs du ministère, Agathe croisa Thomas Foulon, le chef de Mélanie, qui représentait l’archétype du jeune cadre dynamique, promis à un bel avenir. Polytechnicien trentenaire, ingénieur des ponts, il avait débuté sa carrière dans une direction départementale de l’équipement. Après quelques années à dessiner des routes, il lui avait paru finalement plus épanouissant de se lancer dans les relations internationales.
De fait, le ministère des finances, qui hébergeait le secrétariat d’état au commerce extérieur, avait une direction dédiée à ces questions, s’appuyant sur un vaste réseau de « missions économiques » implantées sur chaque continent.
Thomas rêvait de Rome, de Londres ou de Washington. En attendant, il était chef du bureau « RAC (Relations Asie Centrale) » au ministère, encadrait cinq chargés de mission, et subissait la cyclothymie de sa sous-directrice, Florence Poret- Champlain.

Visiblement préoccupé, il lança à Agathe qu’il connaissait pour avoir déjeuner avec elle et Mélanie:

- ah, salut Agathe, tu sais où est Mélanie ?
- quoi ? non ! justement, je venais prendre de ses nouvelles.
- Elle n’est pas là, se lamenta Thomas…pourtant, on devait préparer ce matin tôt la réunion du ministre avec les Ouzbeks. elle a 1h30 de retard, ne répond pas à son portable, et le ministre doit avoir ses éléments de langage pour 12H. Je dois tout faire tout seul, sans info s’emporta t il, avant de s’éloigner

L’annonce de Thomas acheva de convaincre Agathe que quelque chose était arrivé à Mélanie. Cette certitude lui donna mal au ventre, et l’empêcha tout d’abord de réfléchir posément.
Parvenue dans son bureau, trois étages plus haut, elle appela Francis, qui lui conseilla de joindre les parents de Mélanie. Cela semblait être effectivement une bonne idée, mais elle n’avait pas leur numéro et ne les avait même jamais rencontrés. Elle se remémora des bribes d’information lâchées par Mélanie : ils habitaient Albertville, ou à côté ? le père était architecte, mais où ? La mère était femme au foyer… Elle se décida pour l’option la plus facile : les pages jaunes. Une fois son ordinateur allumé, elle tapa « Barraud, Albertville », et constata qu’il n’y avait pas de réponse dans la commune, ni en élargissant la recherche aux localités voisines.

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Message  Invité Ven 25 Mar 2011 - 10:51

Mêmes remarques que précédemment sur les détails.
Le mystère s'épaissit mais je pense qu'il faudra accélérer un peu le rythme, passer des étapes pour ne conserver que les plus significatives à l'histoire sinon on risque de faire du surplace. Cela dit, difficile de se rendre compte de ce que donne le résultat final dans ce format. En tout cas, ça suit toujours de mon côté.

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Message  elea Ven 25 Mar 2011 - 20:31

Il y a quelque chose qui me chiffonne dans la relation avec Francis : le manque de communication associé au fait qu’Agathe l’appelle tout le temps pour qu’il lui dise quoi faire. Mais peut-être que je le comprendrais mieux dans la suite.
J’ai trouvé cet extrait un peu moins « chargé » et plus vivant. L’intrigue se met en place, même si elle prend son temps pour le faire. Ceci dit, tel quel, le texte donne encore un peu l’impression que ce lapin amical n’est qu’un prétexte pour décrire la vie et l’environnement d’Agathe.
Je lirai la suite avec plaisir.

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Message  jeanne75 Sam 26 Mar 2011 - 7:46

merci beaucoup pour vos observations. je pense qu'en effet, ce texte est un peu long pour un "format lecture sur un forum". bon, disons que je continuerais tant que vous aurez envie de connaître la suite. que voici...


Elle pensa à contacter Fred, l’ami d’enfance de Mélanie, par l’intermédiaire de sa page facebook. Son message fut suffisamment alarmant pour qu’il la rappelle dans la matinée, un œil toujours rivé à ses mails.
- Mélanie n’est pas venue à notre rendez vous samedi midi, ni au bureau ce matin. J’ai essayé au moins 10 fois de la joindre par téléphone. Peut être que ses parents sont au courant de quelque chose ? Si ce n’est pas le cas, il faut de toutes les façons les prévenir que leur fille est injoignable, tu ne crois pas ?

Fred cessa sa lecture et se renversa dans son fauteuil, avant de répondre :
- oui, tu as raison, il faut les appeler. Heu…je vais le faire et leur expliquer.
- Encore une chose : Mélanie m’a donné récemment un double de ses clefs. Tu peux dire à ses parents que s’ils sont d’accord, je pense faire un tour chez elle.
- Ok, je te rappelle après les avoir eus.

Agathe s’efforça à se concentrer sur la note qu’elle devait rédiger. A son arrivée au ministère, elle avait travaillé dans le domaine des relations commerciales internationales. Après trois ans, elle avait choisi un emploi moins stressant à la direction des ressources humaines du ministère.

Tandis qu’elle cherchait le nombre d’agents partis en retraite depuis trois mois, Fred contactait les parents de Mélanie. Il fit un récit circonstancié de leur entretien à Agathe, une heure plus tard.
- Les Barraud n’ont aucune nouvelle depuis mercredi dernier. Ils étaient vraiment inquiets. Ils ne savaient pas que tu avais ses clés, et ils sont d’accord pour aller voir chez elle.
Fred marqua un temps d’arrêt avant de suggérer :
- si tu veux, on peut y aller ensemble ce midi

Mélanie avait choisi de vivre dans le 12e arrondissement, à proximité de la place de la Bastille et de Bercy. Son quartier avait la côte, et conservait néanmoins un petit côté populaire de bon aloi, avec ses rues étroites, ses vieux bistrots, et son opulent marché d’Aligre.
En sortant du métro, Agathe reconnut le grand jeune homme brun, lunettes rectangulaires, costume et chaussures de marque, qui attendait devant le supermarché. Ils cheminèrent en silence, puis entrèrent dans le hall recouvert de miroirs et tapissé de rouge d’un majestueux immeuble haussmannien.
Arrivés devant le deux pièces de Mélanie, au 6eme étage, Agathe se mit à sonner longuement, puis à tambouriner. Derrière la porte, ils entendirent des miaulements assourdis.
- C’est Pepper, dit Agathe, le chat qu’on a trouvé ensemble l’été dernier.
- il faut entrer, répondit Fred, d’un ton assuré

La jeune femme déverrouilla la porte d’une main légèrement tremblante. Elle avait la désagréable impression de violer l’intimité de son amie, sans parler de cette appréhension diffuse qui ne la lâchait plus depuis dimanche.
Une odeur épouvantable les suffoqua immédiatement. Le chat avait uriné et déféqué sur le parquet de l’entrée. Affamé, il se frotta presque rageusement aux jambes d’Agathe.
Les deux jeunes gens étaient tétanisés sur le pas de la porte.

- c’est quoi ce bordel ?? souffla Fred, en relevant son écharpe sur son nez
- sa litière n’a pas du être changée depuis un moment, c’est pour ça qu’il a fait partout

Les excréments n’étaient pas les seuls responsables de la puanteur dans l’appartement. Agathe se dirigea lentement vers la salle de bains, pendant que Fred ouvrait largement les fenêtres du salon. Elle commença à se sentir nauséeuse, mais devait en avoir le cœur net. Au moment où Fred se rapprochait d’elle, faisant craquer le parquet, elle entra.
La première chose qu’elle remarqua, en un éclair, fut le visage de son amie qui semblait regarder dans sa direction, allongée dans la baignoire. Les yeux vitreux, mi clos, enfoncés dans leurs orbites. La bouche entr’ouverte, les joues creuses. Les longs cheveux blonds englués dans un magma de sang malodorant, tellement épais que l’on ne pouvait deviner le reste de son corps.
Les oreilles d’Agathe se mirent à bourdonner, au point de ne plus entendre les cris du chat, toujours dans la pièce. Elle tenta de toutes ses forces de lutter contre cet engourdissement puis abandonna. Fred eut à peine le temps de la rattraper, et de l’asseoir sur une chaise du salon. S’agrippant à l’appui de fenêtre en fer forgé, il aspira de longues goulées d’air, comme un noyé accroché à son radeau. Après plusieurs minutes, il se laissa tomber sur le sol, et avertit le samu.

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Message  elea Dim 27 Mar 2011 - 20:23

Je fais mon inspecteur de police : comment Agathe savait-elle qu’il fallait se diriger vers la salle de bain ? C’est louche !
Bon, rien de très surprenant et pas beaucoup de suspens (ce n‘est peut-être pas le but d‘ailleurs). Pour une raison simple je crois, tout est mâché au lecteur, le texte est appliqué, pense au moindre détail, explique tout. Chaque détail de l’histoire est décrit précisément, ça ne laisse pas beaucoup de place à l’imagination, à sa propre représentation.
Un seul exemple : Fred, savoir que c’est un grand brun à lunettes me suffit, sans besoin de la forme des lunettes, du costume et des chaussures.
Tous ces détails, à mon humble avis alourdissent le texte, en ralentissent le rythme, et en font presque un compte-rendu froid et professionnel d’où l’émotion est absente.
Et pourtant l’écriture a quelque chose qui me plait, c’est d’ailleurs pour cela que je suis, plus que pour l’intrigue. Je crois qu’il suffirait de pas grand-chose pour que ce soit totalement prenant : élaguer un peu, resserrer, aller plus à l’essentiel.

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Message  Invité Lun 28 Mar 2011 - 10:48

Je copie elea (une nouvelle fois ! ;-)) et me répète en même temps : trop de détails, trop d'explications, l'ensemble trop carré, tout se déroule sans un heurt (ne serait-ce cette fameuse disparition), sans une hésitation, comme si tout était écrit/pensé d'avance. J'ai l'impression de lire, toutes proportions gardées, un mode d'emploi, un constat. Et pourtant, je ne décroche pas pour autant. Pas encore ?

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Message  jeanne75 Lun 28 Mar 2011 - 11:50

Merci Elea et Easter de m'avoir lu et de vos remarques, qui me sont très utiles. effectivement, je suis restée trop scolaire, trop appliquée alors que je cherche à donner du rythme. Ma suite était déjà prête, mais je pense qu'à ce stade, je dois la réecrire, pour ne pas perdre complètement votre attention! à bientôt

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Message  CotyPeterlina Lun 28 Mar 2011 - 14:18

Bonjour,
je rejoins les critiques faites plus haut sur le caractère un peu scolaire de l'écriture mais pourtant il y a quelque chose qui m'a vraiment accroché, je ne saurai pas exactement dire quoi. J'aime bien la justesse et la précision des description mais le texte gagnerai sans doute à ce qu'il y en ait moins? J'aime aussi l'annonce faite, dans le premier extrait quand elle regarde l'affiche du meurtre, c'est assez fin, mais l'effet est perdu par la suite par la profusion de détails. Je suis tout de même partante pour la suite
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Message  jeanne75 Mar 29 Mar 2011 - 11:38

Bonjour
je vous propose la suite de l'histoire...

Puis, ce fut l’arrivée des urgentistes et de la police. Les questions sur les portes et les fenêtres de l’appartement, l’état d’esprit de Mélanie, sa vie. Le suicide sembla évident aux autorités compétentes, mais une autopsie serait nécessaire. Après avoir laissé ses coordonnées, Agathe put enfin s’extraire du cloaque. D’un commun accord avec Fred, elle partit avec le chat, en attendant les instructions de la famille de Mélanie.
Abrutie par le choc et les anxiolytiques qu’elle avala en rentrant, elle vécut cette après midi dans un état de semi conscience. Avant de sombrer, elle pensa à prévenir Francis, puis son bureau de son absence dans les prochains jours.

Le lendemain matin, Agathe émergea brusquement à 5 heures avec la certitude de ne pouvoir se rendormir. Sa première pensée fut pour Mélanie et sa famille. Elle s’arracha silencieusement du lit, exténuée mais l’esprit en ébullition.
D’abord, un café noir, sans sucre. Puis, nourrir le chat, se préparer, et joindre les parents de Mélanie dont elle avait finalement obtenu le numéro.
Vers 8heures, Francis parti, elle prit son courage à deux mains pour appeler les Barraud.
- « Allo, dit une voix féminine et distinguée
- Mme Barraud, c’est Agathe Laferrière…je vous appelle pour vous présenter mes condoléances et…
Sa voix commença à se briser, puis elle se força à reprendre :
- … pour vous assurer de ma sympathie, et vous proposer mon aide pour…tout ce que vous jugerez utile
Dominique Barraud étouffa un sanglot, puis expliqua d’une voix fragile
- Merci Agathe. Mélanie est à la morgue, et les scellés ont été posés chez elle. Avant d’organiser ses obsèques et de s’occuper de ses affaires, on doit attendre les résultats de l’autopsie. On a donc décidé de ne pas monter à Paris avant d’en savoir plus, sans doute la semaine prochaine.
La mère de Mélanie réfléchit un instant avant de dire :
- vous pouvez prévenir les autres amis de Mélanie, et nous pourrions aussi avoir besoin de votre aide, lorsque nous déménagerons son appartement. Nous vous tiendrons au courant.
- Bien sûr, je suis à votre disposition »
Agathe appela des amis du ministère, et les chargea de propager la nouvelle. Elle se promit également de passer un soir au cours de salsa de Mélanie, dans lequel elle s’était beaucoup investie. Pourtant, elle vécut les jours suivants dans une apathie profonde, ressassant les mêmes questions sur les motivations de Mélanie. Plus elle y pensait, plus il lui semblait que quelque chose lui échappait. Rien dans la vie de son amie ne justifiait un tel acte de désespoir.

Le lundi suivant, Agathe dut reprendre le travail. Le soir même, elle eut enfin des nouvelles de Mme Barraud. Des analyses de sang avaient montré la présence d’antidépresseurs, et un taux d’alcoolémie relativement élevé, ce qui était fréquent dans ce genre de cas. Le médecin légiste confirmait les intuitions de la police : mort par suicide, survenu probablement le vendredi 14 janvier au soir.
Rendez vous fut fixé chez Mélanie, deux jours plus tard. Lorsque Dominique Barraud lui ouvrit la porte, Agathe fut frappée par la tristesse profonde qui émanait d’elle. C’était une femme d’une soixantaine d’année, mince et élégante. Ses yeux verts, comme ceux de sa fille, bouffis par le manque de sommeil, rougis par les larmes, trahissaient son deuil. Elle présenta à Agathe son mari, qui étiquetait un carton. Grand et de forte carrure, Jean-Pierre Barraud semblait hagard, la regardant à peine lorsqu’il lui serra la main.
Ils passèrent 1heure et demie à ranger silencieusement, avant de ressentir les effets de la fatigue. Agathe promit de revenir le lendemain midi, et de rapporter le double de clé de Mélanie qu’elle avait oublié chez elle. Avant son départ, Mme Barraud lui dit :
- Je suis tombée sur des CD comportant des photos, avec votre nom inscrit dessus. J’ai regardé rapidement et ce sont des souvenirs de soirées et de week end, je crois. J’ai pensé que vous voudriez les récupérer, avec les affaires de Pepper.

De retour chez elle vers 19h30, elle alluma son PC et lança le disque. Elle pourrait se replonger tranquillement dans ses souvenirs, car Francis participait à son entrainement de rugby, et ne rentrerait pas avant minuit. Le trentième anniversaire de Mélanie, le Nouvel An, leur week end en Normandie au printemps dernier…
Des dizaines d'images défilaient, puis une photo d’un texte en majuscules, comme tapé à la machine à écrire apparut sur l’écran. Puis un autre, et encore un autre, avant qu’Agathe ait le temps de stopper le diaporama. Interloquée, elle fixa l'écran quelques secondes. Elle savait ce qu’elle regardait, pour avoir travaillé dans un service traitant des questions européennes, mais il n’y avait aucune raison de les voir gravés sur ce CD.

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Message  Invité Mar 29 Mar 2011 - 17:03

On sent bien le travail apporté pour élaguer, faire du ménage ; du coup c'est plus nerveux, plus sec, ça va plus vite, ça va mieux. Manque peut-être le petit grain, le petit quelque chose mais en tout cas il y a du suspense.

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Message  jeanne75 Mer 30 Mar 2011 - 10:00

Merci de continuer à me lire. voici la suite

Il s'agissait de télégrammes diplomatiques, ou TD, véritables canaux quotidiens de renseignements entre les ambassades et le Quai d’Orsay, reçus également par les services internationaux du ministère des finances.
Le CD de Mélanie comportait la copie d’une dizaine de télégrammes, alors qu’une ambiance paranoïaque régnait à Bercy, liée à la publication fracassante sur le net de documents officieux de l’administration américaine, et surtout à l’attaque récente du système informatique du ministère.
Tristesse, fatigue et appétit se diluèrent instantanément dans l’adrénaline. Agathe tenait là un élément nouveau sur son amie, quelque chose de totalement inattendu. Elle aurait tout le loisir d’étudier ultérieurement en détails le contenu des documents. L’urgence était de fouiller chez Mélanie, avant que ses affaires ne disparaissent en Savoie. Elle attrapa son manteau, son disque dur externe et les clés de son amie.
Dans le métro, ses pensées s’entrechoquèrent. Qu’est ce que Mélanie avait fait de ces copies ? Les avait elle données ou vendues ? A qui ? Est ce que cela pouvait avoir un rapport avec sa mort ?
Elle entra le plus vite et le plus doucement possible chez Mélanie, espérant que personne ne remarque sa présence. Son premier réflexe fut de fouiller l’ordinateur, qui heureusement n’avait pas encore été emballé ni éteint. Elle put lancer une copie de tous les dossiers et de tous les mails.
Puis, elle inspecta les cartons, et ouvrit celui qui contenait le courrier. A sa grande déception, elle ne trouva aucune lettre mentionnant les télégrammes, et elle ne sut bientôt plus quoi chercher. A tout hasard, elle photographia avec son portable ses factures de téléphone et ses relevés de compte des quatre derniers mois.
Le téléchargement terminé, elle tenta d’effacer les traces de son incursion, puis se glissa subrepticement dans l’escalier.
De retour chez elle, vers 23h, elle se mit à lire les télégrammes copiés par Mélanie. Ils provenaient du Kazakhstan, affichaient un niveau de confidentialité élevé, et relataient un certain nombre d’atteintes graves aux droits de l’homme, de la torture des prisonniers, à des procès truqués d’opposants politiques.
Elle s’attaqua ensuite aux données de l’ordinateur, qui lui semblèrent sans intérêt. Des épisodes d’une série télé, des CV, des courriers à différents organismes. Les mots commencèrent à danser sous ses yeux, incompréhensibles, et toute la tension nerveuse accumulée par ses découvertes finit par retomber. Mélanie lui souriait, au beau milieu d’une steppe désertique. Elle essayait de lui parler, mais aucun son ne sortait de sa bouche. Elle finit par lui montrer son poignet tailladé, et dit « Agathe ».
Puis, plus fort :
« - Agathe ! réveille toi, répéta Francis de retour de son entrainement, en lui touchant l’épaule
- Quoi ? cria t elle presque, dans un sursaut
- Calme toi, tu t’es endormie devant l’ordi... »
Hébétée de fatigue, elle se mit finalement au lit.

Le lendemain, elle reprit son travail, attendant le soir avec impatience. Comme la veille, seul Pepper l’attendait. Francis avait de nouveau déserté l’appartement, cette fois-ci pour passer la soirée avec des collègues de travail.
Après un dîner léger, elle s’installa devant son écran, le chat blotti sur ses genoux lui procurant une chaleur réconfortante. L’examen minutieux des documents word et excel fut aussi peu probant que la veille. Après deux heures, elle se concentra sur les mails, archivés dans des dossiers différents. Des banalités échangées sur des soirées à venir, des photos envoyées par sa mère, des publicités, des factures. Elle commençait à se décourager complètement lorsqu’elle lut un échange avec un certain « Eliott75 ». Mélanie avait transféré ces messages d’une autre boîte aux lettres, à partir d’une adresse que ne connaissait pas Agathe, « Savoyarde ».
« De Eliott75,
objet : votre annonce
date : 6 janvier
Bonjour Savoyarde7573
Comme convenu, je vous recontacte au sujet de votre annonce. Le mieux serait de nous retrouver au même endroit que la dernière fois, à 19h30, mercredi 12. Bien cordialement. »
« De Savoyarde
Objet : re votre annonce
Date 6 janvier
Cher Eliott
Sans problèmes pour mercredi, j’apporterais les photos. Cordialement, votre Savoyarde »

L’esprit d’Agathe s’emballa : Mélanie ne voulait pas qu’Eliott connaisse sa véritable adresse, mais ils s’étaient rencontrés au moins deux fois, dont la dernière deux jours avant sa mort. Plus elle relisait ces messages anodins, plus elle leur trouvait un sens caché.
Se pouvait il qu’Eliott ait un rapport avec les télégrammes ? Etait il au courant du décès de Mélanie ? Elle tenait là une piste, son intuition ne pouvait pas la tromper. Il fallait tenter quelque chose.

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Message  Invité Mer 30 Mar 2011 - 12:15

Bonjour, Jeanne.
Je viens de lire à la suite les différents épisodes et ça passe mieux sur la longueur, mais je rejoins néanmoins les précédents commentateurs pour te conseiller de sabrer pas mal de détails : laisse du boulot à l'imaginaire de tes lecteurs ( par exemple, tout le monde a une idée d'un hall d'immeuble haussmanien... etc)
Finalement, en écriture comme en déco, un joli détail bien placé vaut mieux qu'une profusion qui fait vite fouillis...

On s'achemine nettement vers un roman type polar, mais j'aimerais quand même que les personnages ne soient pas délaissés au profit de l'intrigue. Tu les situes socialement , tu indique leurs rapports entre eux mais il n'y a pas grand chose sur leur psychologie. Peut-être envisages-tu de la faire apparaitre au fur et à mesure simplement à travers leurs comportements ?
J'ai noté une petite faute ici : Son quartier avait la côte

L'intrigue est assez prenante, c'est très agréable à lire et j'attends la suite.

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Message  Invité Mer 30 Mar 2011 - 19:12

Je cherche sans doute la petite bête mais comme on avait dit au départ que tout semblait trop couler de source, je retrouve ce travers dans un petit détail, important néanmoins : "Son premier réflexe fut de fouiller l’ordinateur, qui heureusement n’avait pas encore été emballé ni éteint. " Pas emballé, je veux bien. Mais pas éteint, je ne sais si c'est crédible. Autrement, je suis toujours, la sauce a bien pris et je suis curieuse de voir où ça nous mène et comment.
Je signale des petites coquilles ici et là, de typo essentiellement, si tu as l'occasion de te relire plus tard.
Je me disais aussi que, en ralentissant le rythme de publication, tu aurais peut-être la chance d'avoir davantage de commentaires...

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Message  elea Mer 30 Mar 2011 - 20:24

L'avant dernier extrait :
J’ai commencé à vraiment accrocher à la fin de la conversation téléphonique avec la mère. J’ai eu l’impression à ce moment là que l’histoire démarrait vraiment, que l’intro était finie, le décor et les éléments posés et qu’on allait enfin entrer dans le vif du sujet.
Maintenant j’attends la suite avec impatience, la toute fin étant parfaite pour créer le suspens et tenir en haleine.
Concernant le dernier extrait je n'ai pas grand-chose à ajouter, l'intrigue est toujours là, l'enquête personnelle se déroule et je la suis sans problème.

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Message  Invité Jeu 31 Mar 2011 - 16:53

Vais me pencher sur votre texte demain, j'aime bien la Montorgeuil, pour y avoir habité des années, tout ça semble très correct, sauf que je suis de 5 chapitres en retard ! à tout seigneur tout honneur, j'achèterai le Kilo de lettre demain.


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Message  jeanne75 Mar 5 Avr 2011 - 11:38

Merci Easter, Elea (et Panda) pour vos lectures attentives et commentaires. A Coline : et oui, la psychologie des personnages, j'avoue que ce n'est pas évident. il s'agit de ma première histoire, et je voulais d'abord m'attacher à construire une intrigue qui tienne la route. J'essaie d'améliorer ce point!
voici la suite de l'histoire


En quelques clics, Agathe créa une adresse « savoyarde75732 », recopia leur dernier échange, et intitula son nouveau message « Photos » :
« Cher Eliott,
J’ai de nouvelles photos pour vous. Merci de me recontacter le plus vite possible, je vous proposerais un autre lieu de rendez vous. Cordialement, votre Savoyarde. »
Le correspondant s’apercevrait certainement du changement d’adresse, mais peut être mordrait il à l’hameçon, appâté par la promesse d’informations inédites.
Elle se leva pour préparer du café, entendit la porte s’ouvrir et les pas de Francis dans le couloir.
Il était temps de lui parler de ce qu’elle avait trouvé, sans toutefois évoquer son message à Eliott. Loin de se montrer aussi intrigué qu’elle, il s’exclama :
-« Mais tu as trop lu John Le Carré, ou quoi ? On est dans la vraie vie Agathe, il faut que tu arrêtes de gamberger sur des conneries. J’espère que les parents de Mélanie ne s’apercevront pas de ta petite incursion nocturne ! Il arpentait la pièce en haussant le ton.
- attends, je ne comprends pas ta réaction, là ! S’emporta Agathe. Désolée de te le dire, mais dans la vraie vie comme tu dis, il y a des gens qui vendent des informations sensibles, et qui peuvent avoir des ennuis à cause de ça.
- mais tu n’as pas pensé qu’elle avait simplement besoin de ces documents pour bosser chez elle ? c’est pas plus simple, comme explication, plutôt que je ne sais quel complot ?
- Je ne sais pas pourquoi elle gardait des copies de télégrammes. Ce qui est sûr, c’est qu’elle avait des projets, une carrière, des amis, une famille. J’ai perdu mon amie la plus proche, sans raison apparente. Là, j’ai trouvé quelque chose et je ne vais pas m’arrêter de chercher maintenant.
- Mélanie s’est tuée, et la vérité c’est qu’on ne saura jamais pourquoi. Et ça, tu ne peux tellement pas le supporter que tu t’inventes des histoires »

Ils continuèrent à se disputer, puis se couchèrent sans un mot, Agathe se promettant de ne plus évoquer le sujet.
Pour autant, elle était proprement électrisée par ses découvertes, qui l’avaient sortie de son marasme. Le lendemain, au bureau, elle échafauda des théories sur l’identité d’Eliott, rechercha sur internet de la documentation sur la situation politique au Kazakhstan, sur les relations diplomatiques avec ce pays. Toutes les 10 minutes, elle vérifiait que l’interlocuteur mystérieux ne lui avait pas répondu. Elle détournait ainsi son esprit du chagrin tapi dans l’ombre, qui guettait la moindre inattention pour la dévorer.
Les obsèques de Mélanie furent annoncées par sa famille pour la fin de semaine. Une courte cérémonie se déroulerait dans un funérarium à Paris, pour ses amis ne pouvant se déplacer en Savoie. Puis le corps serait escorté par la police jusqu’à Chambéry, où il serait incinéré. Aux beaux jours, ses cendres seraient dispersées dans les montagnes.
A cette nouvelle, Agathe regretta de ne pas avoir prévenu les amis du cours de salsa de Mélanie, et décida de passer le soir même au Latina Café. Elle remarqua à peine le fastueux décor d’hacienda cubaine, occupée à rechercher Miguel, Maxime ou Marie, déjà croisés lors du trentième anniversaire de Mélanie. Une jeune femme brune aux cheveux courts parlait avec un beau ténébreux, occupé à sélectionner la musique de son cours. S’approchant d’eux, elle reconnut Marie et annonça la triste nouvelle, puis évoqua les prochaines obsèques. Ce fut la consternation générale, puis une avalanche de questions et de supputations sur ce suicide inattendu. Après une demi-heure, Mélanie décida de partir.
Alors qu'elle passait la grande porte en fer forgé, Marie hésita, les larmes aux yeux, avant de demander :
"- tu ne crois pas que sa mort pourrait avoir un rapport avec son mec ?
- mais... elle n’en avait pas ! s’exclama Agathe
- si, elle avait rencontré quelqu’un. Depuis environ un mois, un homme l’attendait à la sortie des cours. Ils étaient discrets, mais je les ai bien vus s’embrasser et repartir main dans la main. Quand je lui ai dit qu’elle était une petite cachottière, elle n’a rien voulu me dire. J’ai eu l’impression que c’était, je sais pas…une histoire compliquée…
- tu veux dire que c’était un mec marié ?
- peut être… »

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Message  Invité Mar 5 Avr 2011 - 11:47

Question structuration de l'intrigue, suspens et rebondissements, tu gazes !
En reprenant cette histoire, je suis tombée sur un détail qui ne colle pas : comment elle a pu pénétrer dans l'appart alors que les scellés y ont été apposés ( la mère de Mélanie le lui a d'ailleurs dit) ????

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Message  jeanne75 Mar 5 Avr 2011 - 11:56

Coline : oui, je suis passée vite sur ce point, tu as raison! En fait, il y a eu scellés, autopsie, puis le légiste conclut au suicide. d'où levée des scellés et remise du corps de Mélanie aux parents. ce qui explique pourquoi les parents peuvent trier les affaires de leur fille, et demandent à Agathe un coup de mains. Elle retourne chez Mélanie le soir même, car elle a gardé le double des clés.

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Message  Invité Mar 5 Avr 2011 - 13:15

Oui ! ça se précise. Depuis le début, je lui trouve un drôle d'air à ce Francis ;-)
Je me rends compte que je lis à toute berzingue, c'est bon signe, je veux savoir ce qui se passe, suis pressée d'arriver à la ligne suivante, à la prochaine révélation...
Juste une chose ici : je vous proposerais, sans le "s"

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Message  elea Mar 5 Avr 2011 - 19:44

Je suis prise dans l’histoire, la preuve, j’ai détesté m’arrêter là et être privée (temporairement) de la suite.

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Message  jeanne75 Jeu 7 Avr 2011 - 8:26

hop, la suite!


Les télégrammes, et maintenant ça… Pourquoi Mélanie ne lui avait elle rien dit sur cet homme ? Sans doute faudrait il aussi essayer de le rencontrer, de connaître les détails de l’histoire. Tout comme Eliott, il avait fait irruption dans la vie de Mélanie, juste avant sa mort. D’ailleurs, peut être était ce la même personne ?

Ces différentes interrogations occupèrent Agathe jusqu’au samedi 28 janvier, deux semaines jour pour jour après ce rendez vous manqué rue Montorgueil. Tôt ce matin là, Francis et elle se préparèrent pour la levée du corps de Mélanie. En se dirigeant en silence vers leur parking, un vent glacial les saisit, s’insinuant à travers leurs vêtements. Rompus aux difficultés de la circulation parisienne, ils n’utilisaient leur voiture que pour des longs trajets. De fait, ils suivraient le convoi funéraire en Savoie, dormiraient à l’hôtel et rentreraient à Paris le lendemain.

Devant le funérarium, ils croisèrent le chef de Mélanie, Thomas, entouré de plusieurs personnes. Ce dernier tirait nerveusement sur sa cigarette, le regard perdu, tandis que deux femmes discutaient à voix basse. Thomas leur présenta tout d’abord son épouse, Claire. Blonde, élégamment vêtue de noir, elle aurait pu être une vraie beauté, s’il ne se dégageait d’elle un mépris palpable pour tous ceux qui n’appartenaient pas à son monde. En grande bourgeoise pincée, elle leur serra la main avec un rictus. L’autre femme, la cinquantaine fatiguée, était Florence Poret Champlain, la sous-directrice de Mélanie.
De fait, il y avait beaucoup de collègues du ministère, ainsi que des amis du cours de salsa, Fred et sa compagne Julie, les Barraud, d’autres gens encore qu’Agathe ne connaissait pas…Certains se recueillaient dans la chambre funéraire, d’autres attendaient devant la porte. Collé au mur du fond, le cercueil fermé, compte tenu de la dégradation du corps, faisait face à une dizaine de chaises. Agathe pria pour son amie, jurant secrètement de comprendre ce qui lui était arrivé. A 8 heures, le maître de cérémonie invita l’assemblée à se réunir. Quelques textes, de la musique. Arrivée de l’escorte policière, départ du corbillard.
Après un interminable voyage en voiture, ils parvinrent enfin au seul crématorium de Savoie, à Chambéry. Les proches de Mélanie patientaient devant un bâtiment moderne, cube aux arrêtes tranchantes, au milieu d’un jardin du souvenir. De nouveau des textes, de nouveau de la musique. Raclements de gorge, pleurs. Le cercueil déposé dans un four.
Voilà, c’était fini. Sur le trajet du retour, Agathe dans sa douleur éprouva un certain soulagement. Non parce qu’elle pourrait reprendre sa vie là où elle s’était arrêtée, mais pour se concentrer pleinement sur sa mission.

Une nouvelle semaine commençait dans une apparence de routine. Travail, courses, solitude réchauffée par le chat qu’elle avait demandé à garder, dîners silencieux avec Francis. Leur relation amoureuse se délitait progressivement, sans que l’un ou l’autre ne tente véritablement de la sauver. Agathe pensait qu’elle s’occuperait de cela après avoir résolu le mystère Mélanie.
Un soir, elle décida de rédiger sur son ordinateur un compte rendu de ce qu’il fallait bien appeler une enquête. Commençant par une fiche d’identité de Mélanie, elle récapitula ensuite la chronologie et le détail de ses découvertes. Enfin, elle termina par ses initiatives et la suite à leur donner. Comment en savoir plus concernant l’affaire des télégrammes ? Fallait il relancer Eliott ? Qui pouvait il être ? Un espion ? Un agent d’une entreprise implantée au Kazakhstan, dont les ressources naturelles considérables avaient attiré bon nombre de compagnies ?
Par ailleurs, comment retrouver l’amant de Mélanie ? Cet homme marié, le connaissait elle ?

Pour le moment, il ne valait mieux pas avertir les Barraud ou la police. Non seulement ses soupçons n’étaient en rien confirmés, mais de surcroît, ils pouvaient nuire à la réputation de Mélanie. Avant d’aller se coucher, elle vérifia sa boîte aux lettres, et son cœur fit un bond dans sa poitrine. Il était là, le mail tant attendu d’Eliott. Sans plus attendre, elle l’ouvrit :



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Message  Invité Jeu 7 Avr 2011 - 11:46

Ah, la cruauté du suspense !
Juste au moment en plus où je me demandais ce qu'il advenait des tentatives d'Agathe à contacter Eliott ; ça roule toujours donc, et bien. J'apprécie le rythme plus nerveux du récit. Juste une petite remarque concernant l'absence de tirets, par exemple entre verbe et sujet lors d'inversions.

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Message  elea Jeu 7 Avr 2011 - 18:13

J’ai bien aimé ce temps de respiration dans l’enquête, bien mené et permettant de ne pas dévoiler trop vite les clés de l’intrigue. Je trouve ça bien construit et toujours aussi agréablement narré (et habilement coupé au bon endroit).
J'ai juste été interpellée par deux broutilles : l’escorte policière m’a semblée étrange, je ne savais pas qu’il y en avait une dans ces cas-là ; et une phrase m'a semblé lourde, je ne pense pas qu'elle soit incorrecte, c'est simplement que je la trouve difficile à la lecture : "il ne valait mieux pas avertir les Barraud". C'est un détail mais comme le reste pour moi coule tout seul, je l'ai relevé.

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Message  la chevre Jeu 7 Avr 2011 - 20:20

Je ne suis pas fan des romans policiers mais je trouve tout cela très bien écrit. La ballade,au début, dans Paris m'a beaucoup plus. Il est vrai qu'il y a des fois trop de détails mais rien de dérangeant.
Par contre j'ai un problème avec la psychologie du personnage principal. Je trouve ces agissements étonnants, elle est un peu froide et distante (c'est peut être voulu), mais une personne "normale" quand sa meilleure amie est morte ne commence pas par faire une enquête et n'en fait souvent pas du tout. Elle est morte, on l'a pleure et puis voilà même si elle s'est fait tuer par le voisin ou je ne sais qui c'est pas le plus important. Je trouve donc le personnage trop proche de la victime pour que ca soit elle qui décide de mener l'enquête. Elle aurait pu le faire, à mon avis, si elle avait été influencé ou découvert par hasard un détail qui l'avait titillé. Après je ne suis pas psy alors j'ai peut être tort.
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Message  Rebecca Ven 8 Avr 2011 - 4:48

Je lis depuis le début. Moi aussi j'étais un peu agacée par la profusion de détails inutiles au tout début, qui donnait l'impression d'une série de gros plans qui détournait de l'essentiel, comme cette maanie qu'ont certains de zoomer en permanence quand ils filment ce qui donne le tournis et surtout loin de focaliser l'attention, l'éparpille.
Et puis peu à peu on se laisse prendre par l'ambiance , on se rapproche des personnages, on a envie d'en savoir plus, on est capté et c'est bien.
L'écriture est trés agréable. Du bon travail. J'attends la suite.
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Message  jeanne75 Sam 9 Avr 2011 - 11:02

bonjour à tous.
merci à tous pour vos commentaires. Easter, c'est vrai que j'ai tendance à oublier les tirets. je vais corriger. je pense faire aussi des fautes sur les dialogues, notamment quand mettre les "...Elea, sur l'escorte policière : en fait, j'ai vu plusieurs fois des escortes pour accompagner le corps lorsqu'il passe d'une commune à une autre. en l'occurence, je pense que tu as raison : la police doit seulement vérifier les scellés au départ puis à l'arrivée, et pas escorter tout le trajet. La chèvre : le fait générateur de l'enquête d'Agathe, c'est la découverte de la copie des télégrammes diplomatiques. ensuite, c'est vrai que le genre ici est plutôt thriller/policier, et donc il faut adhérer à l'idée de départ qui est : "je ne me contente pas de pleurer, mais je me lance dans une enquête". je suis d'accord avec toi : dans la vraie vie, on pleure...
bon, voici la suite!

« De : Eliott
Objet : re-photos
Bonjour Savoyarde7573
Ok pour se revoir, à l’endroit de votre choix. J’espère que tout va bien pour vous. J’ai hâte de voir vos nouveautés. Bien cordialement ».
Enfin, des nouvelles. Pour être honnête, cette réponse ne signifiait pas grand’ chose, mais en le rencontrant, Agathe pourrait élucider le mystère. A priori, Eliott n’avait pas fait attention au changement d’adresse, ou ne s’en était pas formalisé. La gageure à présent consistait à fixer un rendez vous à une personne inconnue, qui elle, s’attendrait à voir arriver Mélanie. Elle ne voulait pas faire le tour de la fontaine St Michel, par exemple, questionner toutes les personnes en attente, et risquer de faire fuir Eliott avant même de l’avoir rencontré. Après réflexion, elle écrivit :
« Cher Eliott
Vous ne serez pas déçu par mes nouveautés. Je vous propose de nous retrouver ce jeudi devant l’entrée de la poste, à l’angle de la rue du conservatoire et de la rue Bergère, dans le 9eme. 19h30. Cordialement, votre Savoyarde ».

Bon, l’endroit était complètement incongru…mais peut être pas pour l’échange de documents confidentiels, essaya de se rassurer Agathe. Il lui offrait en tous les cas certains avantages : la poste à cette heure tardive serait fermée, et donc seul Eliott devrait se trouver là. Par ailleurs, elle connaissait bien le quartier, ce qui lui semblait plus prudent pour rencontrer un inconnu.
Son interlocuteur mystérieux accepta le rendez vous dans l’heure qui suivit, et Agathe eut encore plus de difficultés que d’habitude à trouver le sommeil.
Enfin, le jeudi soir arriva. Agathe avait décidé de s’installer au café en face de la poste, une demie heure avant l’heure prévue. Des rires fusaient à la table voisine. Sans doute des amis s’étaient-ils retrouvés pour l’apéritif. Ils semblaient appartenir à un monde très éloigné du sien, songea Agathe, quand brusquement, elle retint son souffle. Un homme d’une quarantaine d’années, le visage à moitié dissimulé par un feutre noir, se dirigeait d’un bon pas vers la poste…pour finalement prendre de l’argent au distributeur et repartir dans la rue Bergère. La jeune femme laissa échapper un soupir de dépit. Se concentrant sur sa promesse devant le cercueil de Mélanie, elle s’efforça de recouvrer son sang froid.
Il était 19h30 lorsque quelqu’un commença à faire les cent pas devant le lieu de rendez vous. Interdite, Agathe l’observa, et se sentit de nouveau déstabilisée.
Une femme en manteau gris, écharpe rose, patientait à présent depuis 5 bonnes minutes. D’une corpulence imposante, les cheveux poivre et sel, elle frottait ses mains gantées l’une contre l’autre, pour se réchauffer. Son apparence tout à fait banale ne cadrait pas avec les fantasmes d'Agathe,
remplis de parapluies bulgares et autres permis de tuer. Passée la stupeur, Agathe la prit en photo avec son portable, lança un billet de cinq euros sur la table et sortit d’un pas décidé.
Elle se dirigea calmement vers la femme et lui dit à voix basse :
« - Eliott ?
Celle ci la regarda, stupéfaite, et Agathe décida de pousser immédiatement son avantage en déclarant d’un ton ferme :
- je sais que vous êtes Eliott, et que vous aviez rendez vous avec Savoyarde. Mais elle ne viendra pas. Il faut absolument qu’on se parle, maintenant.
Revenue de sa surprise, la femme lui répondit :
- mais vous êtes qui, exactement ? qu’est ce que vous me voulez ?
- je suis une amie très proche de Savoyarde, et…
- …je n’ai rien à vous dire, je ne vous connais pas, l’interrompit-elle avant de tourner les talons.
Agathe, la rattrapa en deux enjambées, se mit en travers de sa route et dit avec force :
- il est arrivé quelque chose de grave à Savoyarde, et vous êtes la seule à savoir pourquoi. Vous devez me parler !
Gênée, la femme s’écarta, puis reprit son chemin en accélérant le pas. En désespoir de cause, Agathe l’attrapa par le bras et siffla entre ses dents :
- si vous ne vous arrêtez pas immédiatement, j’appelle les flics et je balance tout.
Elle brandit la photo de la femme, prise avec son portable, et menaça :
- à votre avis, il leur faudra combien de temps pour vous retrouver avec cette photo et les mails que j’ai de vous ?
L’assurance d’Agathe avait payé. Vaincue, « Eliott » se laissa entrainer dans le café en face de la poste. Une fois installées, Agathe expliqua :
« - Mélanie est morte, il y a deux semaines, dans des circonstances étranges. Je pense que cela a un rapport avec les télégrammes que vous vous échangiez. »
La femme pâlit, et Agathe constata avec satisfaction que son intuition était la bonne. Elle se sentait en position de force pour diriger l’entretien. Le tout était de doser habilement coups de bluff et vérité.
- comment est-elle morte ? comment êtes vous au courant de nos échanges ? demanda la femme, en se tassant légèrement sur sa chaise.
- La police dit qu’elle s’est suicidée…mais je n’y crois pas vraiment…surtout depuis que j’ai découvert votre petit marché. Par contre, je ne sais pas pourquoi elle vous a donné ces copies…ni qui vous êtes…

La femme but une gorgée d’eau, semblant débattre intérieurement de la meilleure position à tenir. Après une minute de silence, elle expliqua


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Message  elea Sam 9 Avr 2011 - 23:15

Un petit détail pour ton Eliott féminin, le mail envoyé par la vraie Savoyarde commence par "cher Eliott" alors que c’est une femme et qu’elle le sait puisqu’elle l’a déjà rencontrée, ce cher me paraît donc étrange, il brouille bien les pistes mais ne devrait pas être là je crois.

Sinon j’ai bien aimé que ce soit une femme, d’autant que cela veut dire qu’il y a un second personnage mystérieux bien distinct puisque c’était un homme qui avait été vu aux cours de danse.
Je suis prise et bien prise dans l’histoire, vivement la suite !

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Message  Invité Dim 10 Avr 2011 - 17:15

Personnellement c'est cette histoire d'adresse changée qui me turlupine. Si l'enjeu est aussi conséquent qu'on a été amené à le penser, je trouve qu'elle agit bien légèrement "Eliott" en apparaissant ne pas se formaliser. D'un autre côté, peut-être a-t-elle menée sa propre enquête avant de se rendre au RV, chi sa ?

En tout cas, côté fausse piste, bravo pour la surprise causée par l'Eliott féminine.
Bien vu aussi, le petit détail du quidam au visage à moitié dissimulé par un feutre noir ; je n'ai pas eu le temps d' objecter au cliché que déjà la phrase suivante me rassurait.



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Message  Invité Lun 11 Avr 2011 - 16:06


Bonjour jeanne75
Je viens de tout lire. Tu dis que c'est ta première histoire, je suis scotchée. Elle est très bien menée.
Pour le début avec pléthore de détails, c'est indéniable, tu devrais élaguer, et beaucoup.
S'il s'agissait d'un roman, à la rigueur, tu pourrais te laisser aller à des descriptions, mais tu nous annonces une nouvelle, donc il faut te cantonner aux indications et détails nécessaires à la compréhension de l'histoire.
Mais c'est réussi car cela se lit avec plaisir. J'attends la fin avec gourmandise.

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Message  Invité Mar 12 Avr 2011 - 15:39

je n'ai pas beaucoup de temps disponible, mais je lis à mon rythme, j'aime plutôt bien. Le rythme est constant, ouvert, me laissant le temps de stopper aux passages qui me font rire , comme par exemple la mutation de service en service à travers les ministères, ce qui démontre avec talent qu'après la réussite au concours, un spécialiste du génie peux finir inspecteur des eaux et forêts, celui où c'est le chat qui crie et pas l'humaine, ou bien encore celui où tu prêtes à la police une rapidité d' intelligence qu'elle n'a de toute évidence jamais eue : Le suicide sembla évident aux autorités compétentes, mais une autopsie serait nécessaire.
J'ai du plaisir à lire ce polar, qui a décidément du mal à m'inquiéter mais je ne m'en plains pas !

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Message  mentor Mar 12 Avr 2011 - 19:48

C'est, on peut le dire, parfaitement écrit
je ne vais pas revenir sur certaines remarques des autres, sauf pour regretter le trop-plein de détails dans les descriptions, surtout au début.
Mais on sent l'effort méritoire pour alléger ensuite, intégrer plus de dialogues, rendre l'ensemble plus nerveux.
L'histoire est prenante et j'avoue que pour une première : chapeau ! Vraiment.

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Message  jeanne75 Mer 13 Avr 2011 - 8:04

Hello! merci pour vos observations, toujours aussi précises, et vos encouragements. @ Embellie : oui, en fait, j'avais commencé à écrire plutôt un roman. puis je me suis aperçue que le faire lire comme ça, sur internet, ce n'était pas approprié. les gens du forum en avait marre (et je les comprends), et voulaient un peu plus d'action! tout ça pour expliquer la différence de style entre les premiers extraits et les autres. bon, voici la suite, en espérant qu'elle vous conserve votre attention


- Je suis membre du Comité International pour les Droits de l’Homme. C’est une ONG particulièrement active en Russie et dans les anciennes républiques soviétiques. Il y a quelques mois, le CIDH avait organisé une manifestation devant l’ambassade du Kazakhstan, pour protester contre des procès truqués d’opposants politiques. On était là depuis peut être 1 heure, quand on a vu une voiture officielle française, chargée de reconduire une délégation de fonctionnaires. Savoyarde est passée devant moi, avec d’autres personnes, et je lui ai fourré dans les mains un tract.
Trois semaines plus tard, à ma grande surprise, elle réussit à me contacter, via notre site internet. On s’est rencontrées et elle m’a dit qu’elle voyait passer un certain nombre d’informations sur des manquements graves aux droits fondamentaux. Elle était écœurée par l’attitude du gouvernement français qui connaissait en détails les exactions du régime, mais maintenait des relations diplomatiques cordiales avec lui. Tout ça pour préserver les intérêts de nos entreprises… Elle a proposé de nous aider, et je lui ai demandé de m’apporter des preuves de tout ça. Elle a commencé à me donné les télégrammes il y a à peu près un mois et demie. Peut être une dizaine en tout.

- Et les informations des télégrammes, vous en avez fait quoi ? quelqu’un d’autre était-il au courant de l’identité de votre source ?

- En fait, j’ai commencé à en faire une synthèse, mais je ne les ai ni publiés, ni diffusés. Honnêtement, il n’y avait aucune révélation fracassante. Le président de notre association connaissait l’existence de Savoyarde…Mais pas son nom! j’étais la seule en contact avec elle, et tout ce que je savais, c’est qu’elle travaillait au ministère des finances. Je ne l’ai jamais appelée autrement que par son pseudo. Ecoutez, je suis vraiment désolée pour votre amie. C’était quelqu’un de bien. Mais, franchement, je ne pense pas que sa mort soit liée à notre rencontre…

- Personne n’aurait eu intérêt à stopper vos échanges?

- Si, bien sûr ! Mais la faire taire définitivement… je n’y crois pas. Au pire, il suffisait de prévenir sa hiérarchie, pour lui faire un procès et sans doute réussir à la virer… D’ailleurs, vous devriez chercher du côté du ministère. Après tout, peut-être que quelqu’un là bas avait découvert son activité…Voilà, je vous ai dit tout ce que je savais, c’est-à-dire pas grand’ chose…maintenant, je vais vous laisser.

- Si je m’aperçois que vous m’avez menti, j’appellerais les flics sans hésiter…

La femme quitta le bar, laissant Agathe dans la perplexité la plus complète. Tout en remontant la rue Bergère pour rentrer chez elle, dans un concert de klaxons, elle repensa à leur conversation. Elle avait tendance à croire ces révélations, mais il ne fallait pas pour autant les prendre entièrement pour argent comptant. Par ailleurs, elle avait effectivement négligé la piste Bercy, et elle devrait y remédier le plus rapidement possible. Les choses prenaient du temps au ministère, et le bureau de Mélanie n’était sans doute pas encore vidé. Il y avait peut-être des éléments sur son amant dans sa messagerie, ou sur son disque dur. De plus, on ne pouvait exclure complètement des informations sur les télégrammes, même s’il était peu probable que Mélanie les ait gardées au travail. Il fallait absolument y jeter un œil.

Ce soir là, elle se contenta d’un plat de pâtes, avant de se coucher, épuisée. Le lendemain, dès son arrivée au bureau, elle envoya un message à Thomas foulon, pour lui proposer un déjeuner dans la semaine. Elle précisa vouloir lui parler de certaines révélations sur Mélanie, espérant le convaincre d’accepter le rendez vous, malgré son emploi du temps chargé. Agathe n’appréciait pas Thomas, et s’était toujours étonnée des bonnes relations de Mélanie avec lui. Tutoyant tout le monde, peut-être pour faire oublier ses origines neuilléennes, elle le percevait comme un beau gosse aux incisives un peu trop pointues.
Ils se retrouvèrent le jour même, dans un restaurant italien en bordure du parc de Bercy. Des colonnes doriques en stuc, d’où pendait du lierre en plastique, ainsi qu’une fresque grossière de la Baie de Naples enlaidissaient la vaste salle. Après avoir commandé leurs pizzas, Agathe attaqua bille en tête :
- j’ai découvert que Mélanie avait copié des TD, sur le Kazakhstan, qu’elle conservait chez elle. Je pense qu’elle les transmettait à des gens, mais je ne sais pas à qui. Tu étais au courant ?

Son annonce produisit un certain effet sur Thomas, qui postillonna bruyamment son Marsala sur la nappe et un peu aussi sur Agathe.

- pardon, balbutia-t-il, en épongeant tant bien que mal les tâches sombres avec sa serviette. Non, bien sûr que non, je n’étais pas au courant ! C’est tellement incroyable ! tu es sûre de ce que tu dis ?
- Certaine… Je pensais prendre rendez vous avec Florence pour lui en parler, asséna Agathe.
- Quoi ? non, non, surtout pas !
La simple idée de prévenir sa terrible sous-directrice le faisait frémir. Il se la représentait, vociférant des reproches, pour une fois fondés, et vouer sa carrière aux gémonies. Adieu Rome.
- il faut que toute cette histoire reste entre nous, dit-il, presque suppliant.
Agathe le regarda, et jubila intérieurement. Mélanie lui avait souvent parlé des relations détestables entre son chef et Florence, et de la crainte obsessionnelle de Thomas d’être placardisé. Elle suggéra avec une réticence feinte :
- ça m’embête…je n’aime pas garder des secrets, surtout de cet ordre…je pourrais peut être rechercher des infos, discrètement, le temps de savoir ce qui c’est vraiment passé.
- Mais oui, ce serait l’idéal ! Selon ce que tu découvres, on avise ensuite.
- Est ce que le bureau de Mélanie a déjà été vidé et attribué ? Il y a toujours son ordinateur ?
- Tout est encore en place. Normalement, on le vide la semaine prochaine, et on attribue son bureau à une autre personne.
- Ok, alors, tu vas me donner la clef de son bureau, et te débrouiller pour me trouver son mot de passe d’ordinateur. Le service informatique peut certainement le faire : ils ne te le refuseront pas. Je passerais le soir ou le midi cette semaine. J’aurais fini vendredi.

Convaincu d’appartenir à la race des seigneurs, Thomas ne pouvait soupçonner Agathe, d’un grade inférieur, de le manipuler. C’est donc avec un grand soulagement qu’il accepta sa proposition.


jeanne75

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Message  Invité Mer 13 Avr 2011 - 9:08

Intéressantes et nouvelles ces petites incursions dans la psychologie des personnages. J'ai par moments l'impression de lire une aventure de la série des Alice, ne le prends pas mal, c'est une forme de compliment, vu avec quel bonheur je dévorais ces histoires à l'époque.


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