Au commencement était l'émotion
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Au commencement était l'émotion
Passeurs de mots, trafiquants de métaphores
Arpentant des chemins qui surplombaient le vide
Couchés sur l’encolure de nos chevaux d’azur
La phrase se cabrait entre nos cuisses fermes
Nous savions la beauté
Nous buvions à genoux des sources de jouvence
Saoûlés de vapeurs d’encens et d’opium
Aux plaines langoureuses nous allongions le pas
Nos rêves chamarrés s’accrochaient aux ronciers
Nous ignorions la peur
Des charrois de nuages déversaient leurs torrents
Nous lavant des scories de villes hallucinées
Nous implorions parfois l’innocence des limbes
Notre semence bleue fécondant vos jachères
Nous traquions la pureté
Sur les routes du ciel, escorté par les anges
J’écrivais des silences habités de fureurs
J’enviais le festin carnassier de ces fauves repus
Quand la muse domptée se livre sous les crocs
Nous espérions la force
Tous ces tressaillements de la chair qui palpite
La béance des plaies où suintent nos amours
Le sang rouge des mots pour étancher nos soifs
A écrire nos vies crucifiées par le Verbe
Nous vivions d’émotions
Arpentant des chemins qui surplombaient le vide
Couchés sur l’encolure de nos chevaux d’azur
La phrase se cabrait entre nos cuisses fermes
Nous savions la beauté
Nous buvions à genoux des sources de jouvence
Saoûlés de vapeurs d’encens et d’opium
Aux plaines langoureuses nous allongions le pas
Nos rêves chamarrés s’accrochaient aux ronciers
Nous ignorions la peur
Des charrois de nuages déversaient leurs torrents
Nous lavant des scories de villes hallucinées
Nous implorions parfois l’innocence des limbes
Notre semence bleue fécondant vos jachères
Nous traquions la pureté
Sur les routes du ciel, escorté par les anges
J’écrivais des silences habités de fureurs
J’enviais le festin carnassier de ces fauves repus
Quand la muse domptée se livre sous les crocs
Nous espérions la force
Tous ces tressaillements de la chair qui palpite
La béance des plaies où suintent nos amours
Le sang rouge des mots pour étancher nos soifs
A écrire nos vies crucifiées par le Verbe
Nous vivions d’émotions
mitsouko- Nombre de messages : 560
Age : 63
Localisation : Paris
Date d'inscription : 08/11/2008
Re: Au commencement était l'émotion
C'est un mouvement qui vient de loin, une chevauchée fantastique douce amère il me semble, sans doute l'effet de l'imparfait.
Il y a dans ces mots là une vie palpable, et comme indomptable, une fécondation du sens avec l'énergie de l'espoir.
Je lis ce texte avec une émotion particulière mais je ne suis pas vraiment capable d'en expliquer la raison, un croisement parallèle peut-être, quelque chose comme ça, une force du sentiment que je ressens vivement, et le "nous" scandé à la fin de chaque strophe y est sans doute pour beaucoup.
J'aime, beaucoup...
Il y a dans ces mots là une vie palpable, et comme indomptable, une fécondation du sens avec l'énergie de l'espoir.
Je lis ce texte avec une émotion particulière mais je ne suis pas vraiment capable d'en expliquer la raison, un croisement parallèle peut-être, quelque chose comme ça, une force du sentiment que je ressens vivement, et le "nous" scandé à la fin de chaque strophe y est sans doute pour beaucoup.
J'aime, beaucoup...
Phylisse- Nombre de messages : 963
Age : 62
Localisation : Provence
Date d'inscription : 05/05/2011
Re: Au commencement était l'émotion
Superbe!
Un élan héroïque, un texte tout empreint d'une vitalité portée par les mots...
Entre une inspiration qui me rappelle certains vers de "La légende des siècles", et la poésie bruyante et bariolée du méconnu Robert Erwin HOWARD
J'aime!
Un élan héroïque, un texte tout empreint d'une vitalité portée par les mots...
Entre une inspiration qui me rappelle certains vers de "La légende des siècles", et la poésie bruyante et bariolée du méconnu Robert Erwin HOWARD
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paradoxe- Nombre de messages : 26
Age : 54
Localisation : Au milieu de nulle part...
Date d'inscription : 09/05/2011
Re: Au commencement était l'émotion
Je reviendrai pour un commentaire plus détaillé. Juste ce mot : j'adore. Quelle souffle ! La citation de Céline est vraiment bien mise à profit...
Invité- Invité
Re: Au commencement était l'émotion
....Ce texte ne manque pas de gueule (à commencer par sa structure en quasi alexandrins). Je l'ai lu comme une parabole sur l'activité poétique, et plus particulièrement la nôtre. En effet il reprend des fragments de nos textes et l'on peut reconnaître au passage de l'Arielle (roncier), du Loïc (scories de villes), du Sally9394 (sang rougi), du chamarré de plusieurs, du Marvejols? (l'innocence des limbes??), du Jano (vies crucifiées) et bien d'autres encore si l'on se donne la peine. Y compris à la dernière strophe le gore et le glauque qui se répandent, ici, ces derniers temps.
....Particulièrement beau à mon sens :
Sur les routes du ciel, escorté par les anges
J’écrivais des silences habités de fureurs
....d'ailleurs la rime interne en -ences qui répond à anges (manoeuvre généralement déconseillée en prosodie classique) est fort belle.
....Une petite faiblesse dans chamarré (je sais, citation oblige, mais le terme est si éculé qui trop appuie "voyez je fais dans le poétique" : le chamarré, cha m'fait marrer) et une suggestion :
Couchés sur l’encolure de nos chevaux d’azur
La phrase se cabrait entre nos cuisses fermes
Nous savions la beauté
.... il me semble que
"La phrase se cabrant entre nos cuisses fermes
Nous savions la beauté"
coulerait mieux.
....Mitsouko transmute la Genèse (et d'ailleurs son texte a 5 strophe, clin d'oeil probable au Pentateuque ): au commencement n'était pas le verbe... mais l'émotion.
.... Pour moi le Nous et le passé dans l'hémistiche qui clôt que strophe introduit une dimension à la fois thaumaturge (Nous étions le monde) et une dimension romantique (le temps passe inexorablement). Cette double gravité suggère un "Nous nous croyions Tout et nous n'étions Rien" : vanitas vanitatis ?
....Bravo les Rita je dis...
PS: c'est décidément la semaine du genou!
....Particulièrement beau à mon sens :
Sur les routes du ciel, escorté par les anges
J’écrivais des silences habités de fureurs
....d'ailleurs la rime interne en -ences qui répond à anges (manoeuvre généralement déconseillée en prosodie classique) est fort belle.
....Une petite faiblesse dans chamarré (je sais, citation oblige, mais le terme est si éculé qui trop appuie "voyez je fais dans le poétique" : le chamarré, cha m'fait marrer) et une suggestion :
Couchés sur l’encolure de nos chevaux d’azur
La phrase se cabrait entre nos cuisses fermes
Nous savions la beauté
.... il me semble que
"La phrase se cabrant entre nos cuisses fermes
Nous savions la beauté"
coulerait mieux.
....Mitsouko transmute la Genèse (et d'ailleurs son texte a 5 strophe, clin d'oeil probable au Pentateuque ): au commencement n'était pas le verbe... mais l'émotion.
.... Pour moi le Nous et le passé dans l'hémistiche qui clôt que strophe introduit une dimension à la fois thaumaturge (Nous étions le monde) et une dimension romantique (le temps passe inexorablement). Cette double gravité suggère un "Nous nous croyions Tout et nous n'étions Rien" : vanitas vanitatis ?
....Bravo les Rita je dis...
PS: c'est décidément la semaine du genou!
Re: Au commencement était l'émotion
merci passants fugaces
Marvejols, remerciement particulier.........je n'ai pas forcément pensé à tout cela en écrivant ce texte, mais je me plais à y croire..........l'explication est belle..............si je dévoilais les circonstances de création de ce texte..........un jour..........mon inconscient refuse de dévoiler la chose.....je ne sais pas lui refuser...ma faiblesse sans doute.....oui mais sans lui
Marvejols, remerciement particulier.........je n'ai pas forcément pensé à tout cela en écrivant ce texte, mais je me plais à y croire..........l'explication est belle..............si je dévoilais les circonstances de création de ce texte..........un jour..........mon inconscient refuse de dévoiler la chose.....je ne sais pas lui refuser...ma faiblesse sans doute.....oui mais sans lui
mitsouko- Nombre de messages : 560
Age : 63
Localisation : Paris
Date d'inscription : 08/11/2008
Re: Au commencement était l'émotion
Une poésie qui a beaucoup d'allure, de force évocatrice. Je regrette l'introduction du "je" dans la quatrième strophe qui nous coupe un peu de l'union dans laquelle tu nous avais emporté.
Jano- Nombre de messages : 1000
Age : 54
Date d'inscription : 06/01/2009
Re: Au commencement était l'émotion
Un hommage à certains poètes véliens, on dirait... Mitsouko, je me sens si petite à lire ce grand poème... Bravo. Et pour le plaisir, je cite :
Sur les routes du ciel, escorté par les anges
J’écrivais des silences habités de fureurs
et aussi :
A écrire nos vies crucifiées par le Verbe
Nous vivions d’émotions
ou encore :
Passeurs de mots, trafiquants de métaphores
Sur les routes du ciel, escorté par les anges
J’écrivais des silences habités de fureurs
et aussi :
A écrire nos vies crucifiées par le Verbe
Nous vivions d’émotions
ou encore :
Passeurs de mots, trafiquants de métaphores
Invité- Invité
Re: Au commencement était l'émotion
Ca claque, oui, et sans poser, curieusement. C'est lyrique sans être gonflant. Et les émotions viennent, oui. ALors bravo.
Re: Au commencement était l'émotion
avec toi mitsouko quand il y a du nous dans tes poèmes je me dis,
mais qui peuvent' ils bien être ?
mais qui peuvent' ils bien être ?
Re: Au commencement était l'émotion
Ce "nous" intemporel et universel donne un élan quasi mystique à ce très beau texte d'une puissance saisissante. Un retour à l'originel.
Lucie- Nombre de messages : 4
Age : 33
Localisation : Rouen
Date d'inscription : 16/05/2011
Re: Au commencement était l'émotion
Passeurs de mots, trafiquants de métaphores
Arpentant des chemins qui surplombaient le vide
Couchés sur l’encolure de nos chevaux d’azur
La phrase se cabrait entre nos cuisses fermes
Nous savions la beauté
Rythmiquement, je trouve ça approximatif. Plutôt sympa, mais approximatif. Que la diction se veuille classique ou "orale".
Nous buvions à genoux des sources de jouvence
Saoûlés de vapeurs d’encens et d’opium (saouler ou soûler, c'est un choix)
Aux plaines langoureuses nous allongions le pas
Nos rêves chamarrés s’accrochaient aux ronciers
Nous ignorions la peur
Même chose, même souci rythmique et même sympathie toutefois.
Ensuite, j'ai trouvé que ça glissait mieux.
Pour résumer: j'aime bien, mais j'ai le sentiment que tu aurais pu poncer davantage, remettre sur le métier, éliminer les scories.
Je sais, je dis des gris mots, ou les sous-entend très fort, des trucs comme "travail", artisanat...
Une conception archaïque de l'écriture, de la poésie, voire de la vie... la mienne, probablement.
Arpentant des chemins qui surplombaient le vide
Couchés sur l’encolure de nos chevaux d’azur
La phrase se cabrait entre nos cuisses fermes
Nous savions la beauté
Rythmiquement, je trouve ça approximatif. Plutôt sympa, mais approximatif. Que la diction se veuille classique ou "orale".
Nous buvions à genoux des sources de jouvence
Saoûlés de vapeurs d’encens et d’opium (saouler ou soûler, c'est un choix)
Aux plaines langoureuses nous allongions le pas
Nos rêves chamarrés s’accrochaient aux ronciers
Nous ignorions la peur
Même chose, même souci rythmique et même sympathie toutefois.
Ensuite, j'ai trouvé que ça glissait mieux.
Pour résumer: j'aime bien, mais j'ai le sentiment que tu aurais pu poncer davantage, remettre sur le métier, éliminer les scories.
Je sais, je dis des gris mots, ou les sous-entend très fort, des trucs comme "travail", artisanat...
Une conception archaïque de l'écriture, de la poésie, voire de la vie... la mienne, probablement.
zenobi- Nombre de messages : 892
Age : 53
Date d'inscription : 03/09/2010
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