La photographie...

[gaeli]

J'ai l'impression maintenant de connaître ton visage,
tes marques de vie.
Cependant, il m'a fallu un certain temps, un certain courage
pour plonger mes yeux dans les tiens.
J'en recevais chaque fois un petit choc
mais je prenais le temps parce que j'avais peur
de passer à côté de ton visage, d'y chercher des choses qui n'y sont pas
et de ne pas voir celles qui y sont, différentes de celles que j'espérais.
J'ai pris le temps de te laisser être ce que tu es, de laisser parler le silence,
de l'écouter et d'écouter ton visage aussi.

Parfois, il vient me chercher, le soir dans le silence. Sans lever la tête,
je le sens. J'essaie de résister. Ton visage me cherche. Il me semble
qu'il s'avance un peu hors de sa photographie, que le cou s'étire
pour se faire remarquer.
Je lève la tête et te regarde comme si ton visage n'était pas
indépendant de ta vie, il ne l'est pas mais jusqu'à quel point.

Je ne peux échapper à ton visage. Parfois je vois dans celui-ci l'expression
d'une interrogation lumineuse comme le mouvement rapide d'un déclic.
Ton visage oblige à le regarder en face avec des yeux qui savent l'essentiel,
qui devinent et cherchent encore, des yeux trop actifs pour une vie fermée,
des yeux qui brûlent.

À force de regarder, j'ai l'impression qu'une joie soudaine cherche à éclater sous
ce visage, un pétillement intérieur qui se contient encore ou qui se laisserait aller
à un rire excessif, un peu sardonique certains jours ou encore à un grand rire léger,
frais comme un jeune homme, dans un autre moment..

Là, maintenant, tu as un sourire un peu narquois sur les lèvres ou dans les yeux
qui dit que je peux bien chercher encore mais qu'il y aura toujours
quelque chose qui m'échappera: une certaine opacité.

Ton visage parle de lui-même. J'ai la très nette impression que tu te retiens de me
souffler la réponse, pas seulement sur toi, mais sur le reste, tu le dis indirectement,
en partie, tu dis que c'est dans un ensemble, que ce n'est pas seulement une bouche
amère, pas seulement une enfance, ni même la vie adulte, ni la maladie.

Je l'aime ce visage parce qu'il est beau de sa mélancolie, sa couleur essentielle.
Beau de sa sensibilité frémissante et expressive, de sa vie intérieure qu'il donne à voir,
qu'il partage. Beau de sa lucidité angoissée, de ses désillusions, de sa solitude.
Beau de sa révolte obstinée, beau de l'espoir qui s'entremêle encore au reste.
Un visage mûr et accompli.

Mais le plus important pour moi est de savoir que ce n'est pas seulement
un visage de papier. C'est un être aussi de chair avec une voix grave et mélodieuse,
capable d'échapper un ``je t'aime``. En un mot, c'est de savoir qu'il existe
et qu'il est humainement possible de serrer sa main dans la mienne....

[Invité]

Beaucoup de répétitions, dont certaines voulues je pense ("beau" dans l'avant-dernier paragraphe) alors que d'autres me semblent involontaires. Par exemple "yeux" mais surtout "visage", qui revient constamment. Je sais bien qu'il est difficile de faire autrement, vu le thème du texte mais justement, écrire n'est-ce pas aussi s'amuser à contourner les évidences, les déjouer à l'aide de ce fantastique outil que sont les mots ? Et désolée, si j'enfonce le clou.

[Damy]

Une photo qui en dit long...Tout un être, complexe, est rassemblé dans ce visage, qui me paraît être tout autre chose qu'un portrait, tellement il semble expressif.

Joyeux:

À force de regarder, j'ai l'impression qu'une joie soudaine cherche à éclater sous
ce visage, un pétillement intérieur qui se contient encore ou qui se laisserait aller
à un rire excessif, un peu sardonique certains jours ou encore à un grand rire léger,
frais comme un jeune homme, dans un autre moment..

Mélancolique mais suave:

Je l'aime ce visage parce qu'il est beau de sa mélancolie, sa couleur essentielle.
Beau de sa sensibilité frémissante et expressive, de sa vie intérieure qu'il donne à voir,
qu'il partage. Beau de sa lucidité angoissée, de ses désillusions, de sa solitude.
Beau de sa révolte obstinée, beau de l'espoir qui s'entremêle encore au reste.
Un visage mûr et accompli.

Un visage qui donne envie de percer les mystères de l'âme qu'il reflète. Un visage bien vivant. Un visage "qui parle" à travers le papier (c'est beau).

Au moment du revoir, la main dans la main, les yeux dans les yeux, et, peut-être un baiser...non ?

[gaeli]

(EstherIsland) Tu as raison pour certaines répétitions que j'ai déjà corrigées. Merci. Un texte est à mon avis jamais vraiment terminé... il faut le peaufiner encore et encore...

Denis
Merci pour ce beau commentaire...
Et la réponse à ta question est... ouiiiiiiiii exposant N. (lol)

[Invité]

Première remarque : 12 fois le mot visage sur une quarantaine de lignes, c'est beaucoup trop pour moi. Cela a gâché mon plaisir de lecture. (Mais tu as raison, un texte n'est jamais fini. Il serait possible de le reprendre.)
Pourtant, malgré ce gros handicap, j'ai vraiment apprécié toutes les idées suggérées par le sujet. J'ai même fait le rapprochement avec une de mes nouvelles où, s'agissant du portrait d'une jeune femme, la narratrice le voyait différemment, selon ses propres pensées, lui prêtant des intentions diverses.
Nous avons tous fait l'expérience je crois de fixer intensément un portrait et de le "voir vivre".
Ton texte détaille et traduit à la perfection ces impressions. Merci.

[gaeli]

Merci Embellie. J'ai déjà corrigé les répétitions grâce à vous tous. Le regrd des autres est important. Je suis contente que tu aies aimé le fond de cette prose.



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