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Lorsque tu me liras, je serai loin déjà

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mitsouko
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Lorsque tu me liras, je serai loin déjà Empty Lorsque tu me liras, je serai loin déjà

Message  mitsouko Dim 30 Oct 2011 - 8:56

Lorsque tu me liras, je serai loin déjà
Et ton ombre suivra la trace de mes pas
Frères humains de galères anciennes
Qui battent le pavé quand le froid les transperce
La bise qui nous mord comme un chien enragé
Et ces lunes blafardes qui veillent sur nos nuits
Nos gamelles fumantes de ce maigre bouillon
Et ce vieux tord boyaux qui réchauffe nos corps
Richard qui s’époumone sur son harmonica
P’tit Paul au tempo sur des canettes vides


Lorsque tu me liras, je serai loin déjà
En route pour ces ports où se forgent les rêves
Ces cordages mouillés qui lacèrent les chairs
Et ce tendre roulis qui chaloupe le cœur
Sous mes paumes offertes la caresse des blés
Et ces fruits mûrs cueillis qui jutent sur le col
Tout ce temps qu’il me reste, je veux le vivre ailleurs
A compter les étoiles dans le ciel de mes lits
A écouter le vent qui miaule sous les palmes
A peindre avec les mains des soleils métissés


Lorsque tu me liras, je serai loin déjà
Des rives de Paname où le zouave s’emmerde
Ces amours qu’on dégrafe dans des lits de hasard
Ce mépris que l’on jette à la face des gueux
Nos espoirs qui s’étiolent au creux des barricades
Ces copains de la cloche partageant leur pitance
Ces vieux dont les mains tremblent en parlant d’autrefois
Tous ces potes enterrés carré des indigents
Quand la camarde vient réclamer son écot
Et ces chiens qui nous suivent comme des anges gardiens


Lorsque tu me liras, je serai loin déjà
Et sous les cernes bleues maquillant ton visage
J’essaierai d’oublier tes larmes qui accusent
Et cet enfant mort né sous l’aiguille à tricot
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Message  Invité Dim 30 Oct 2011 - 15:36

Ah! Ce besoin d'évasion, de liberté absolue qui tiraille les hommes... ( " La cavale " de Ferrat... )
C'est si fort que plus rien ne compte, même pas la détresse d'une femme qu'on a sûrement aimée avec fougue...
" Lorsque tu me liras je serai loin déjà ", et la description de cette errance future, choisie, espérée, est prenante, puissante, on a presqu'envie de se laisser entraîner, mais, pour ma part, les derniers vers me clouent au sol, scotchée, sans voix.
Quel poème !

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Message  Invité Dim 30 Oct 2011 - 15:41

j'aurais souhaité ne jamais lire la fin.
j'aime pas les fins.
une petite remarque, dans l'élan poétique, j'ai fabulé "ou Zouave " en lieu et place de "où le zouave"
mangeur de syllabe , comme d'hab. J'ai beaucoup aimé.



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Message  loic Dim 30 Oct 2011 - 17:25

tu es atroce...

reste que ce texte est un coup de maître

merci pour la leçon
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Message  Invité Dim 30 Oct 2011 - 18:12

Oh, quelle claque, cette fin !


Sur la pointe des pieds, du coup : "cernes bleus"

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Message  Frédéric Prunier Lun 31 Oct 2011 - 10:12

bonjour mitsouko,

d'écriture tranquille et belle
se lit comme au roman des misérables, j'ai beaucoup aimé

après
au niveau des idées
et rendons en grâce à nos pères...
aujourd'hui, nos pauvres
(à nous, dans nos pays encore riches)
nos pauvres
meurent peut-être de soif
mais plus rarement de faim

j'espère que vous retiendrez de mon commentaire, le début, et que vous excuserez la fin
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Message  Polixène Lun 31 Oct 2011 - 22:35

Ah, quel texte passionnant, foisonnant d'images et d'émotions!
C'est vraiment un beau tableau, et j'emploie ce terme à dessein, car je privilégie le visuel à "l'intrigue" . Je m'explique: les trois strophes emportent le lecteur avec ce fugitif assumé, on est de tout coeur avec ce départ, ces futurs bien meilleurs et ces lieux bien plus beaux, qu'on trouvera, là-bas...on est prêts à se défroquer avec lui de toutes ces souffrances, de toute cette misère, pour voguer vers un espoir en majuscule. On s'est fait le film et tout fonctionne parfaitement . Le poème pourrait s'arrêter là :
Et ces chiens qui nous suivent comme des anges gardiens ce serait parfait.

Mais tu remets le couvert avec un quatrième "Lorsque tu me liras, je serai loin déjà",- et là on se dit mince, l'inspecteur Colombo revient- pour nous asséner le coup fatal :
Amusant parcequ'on ne s'y attend pas le moins du monde, bouleversant parceque c'est un drame universel, donc tu fais mouche.
Ce qui me semble disproportionné , du point de vue du thème : si l'avortement est le thème principal, les trois strophes précédentes sont trop lourdes et ne font pas une allusion à un personnage féminin; on aurait bien supporté quelques miettes de leur histoire pour arriver au drame... car n'importe quel drame humain aurait produit le même effet sur le lecteur.

Dernier défaut : trop de "qui" dans la première strophe.
Sinon, bravo, c'est vraiment une réussite .
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Message  mitsouko Mar 1 Nov 2011 - 8:13

Frédéric, mourir de faim certes non, mais 13 % de la population en dessous du seuil de pauvreté........on ne mange pas forcément tous les jours à sa faim.........et quelques vieux isolés qui se débrouillent avec 300 euros par mois et qui se refusent à mendier, même si il faut le reconnaitre le filet social en France a des mailles plus resserrés qu'ailleurs; toujours difficile d'être réaliste sans flirter avec le misérabilisme

Polixène, oui mille fois raison pour la première strophe, quelques "qui" pourraient passer par dessus du bord
pour la chute........en fait je l'avoue jusqu'au dernier ver, j'ignorai qu'elle serait telle.........et puis les larmes qui accusent se sont imposées......et là il fallait trouver une raison forte, ce fut l'avortement; donc rien n'était préconçu, d'où sans doute une construction bien différente si dès le départ j'avais connu la fin......les mots font ce qu'ils veulent finalement

merci à tous pour vos lectures attentives et sans concession, et qui font toujours réfléchir

Easter, il est bien tard , mais grâce à toi, je découvre que "cerne" est masculin.........pourquoi voulais je à tout prix qu'il fut féminin........bon je m'y ferai...sourires (je ne sais pas toi, mais il y a des mots comme cela, pour lesquels le jour où j'ai appris qu'ils avaient changé de sexe, je fus déçu)
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Message  Maryse Ven 4 Nov 2011 - 18:48

Juste pour te dire Mitsouko que tu m'as émue.. Beaucoup... et que j'ai aimé aussi la façon dont tu parles des mots qui déçoivent quand ils changent... de sexe... cela m'est arrivé parfois et ça m'a fait le même effet.
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Message  Polixène Sam 5 Nov 2011 - 21:36

mitsouko a écrit:
pour la chute........en fait je l'avoue jusqu'au dernier ver, j'ignorai qu'elle serait telle.........et puis les larmes qui accusent se sont imposées......et là il fallait trouver une raison forte, ce fut l'avortement ; donc rien n'était préconçu, d'où sans doute une construction bien différente si dès le départ j'avais connu la fin......les mots font ce qu'ils veulent finalement

Merci de cet éclairage, et de ta sincérité ; cela nous montre que parfois dans l'art il y a une part de "hasard", d'"inconscient" -comme on voudra- ...
Tu dis : "les mots font ce qu'ils veulent" , c'est une bonne image ! Ne sommes-nous pas pétris de langage? Les mots fermentent en nous .
J'aime ce que tu en fais.
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Message  gaeli Dim 6 Nov 2011 - 14:05

Parfois les mots embaument les consciences et s'ils ont un genre et des cernes, ils n'en sont que plus beaux.
Bravo!
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