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Un ange dans la maison de Prévert

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Un ange dans la maison de Prévert Empty Un ange dans la maison de Prévert

Message  Carmen P. Ven 9 Déc 2011 - 13:51

Un ange dans la maison de Prévert

À Omonville la Petite, une fin d’été, un début d’après-midi. Ma femme s’agite en me désignant un panonceau devant la maison de Prévert. Cette visite était le but et même la récompense de notre longue marche. « La visite de la Maison est suspendue pour la journée ». Frustrés, oui, bien sûr. Nous nous risquons tout de même dans le jardin si dense, qui l’entoure, qui la cajole, qui la dorlote :

« La première fonction d’un jardin, c’est donner du bonheur et de la paix pour l’esprit » J.Prévert.
Dans ce parc, quelques peintres en résidence artistique, sont comme ligotés à leur chevalet. Coiffé d’une casquette gavroche, un jeune artiste fougueux ne cesse de lancer son regard vers le chemin, désert en ce moment, alors que sur sa toile, en premier plan apparaît un troupeau de bovins, un homme armé d’un bâton puis un chien semblant aboyer puissamment ; il expire, il retouche, il inspire, il retouche la croupe bringée d’une normande… À quelques encablures, je reconnais une artiste bretonne. Cannelle parachève un tableau représentant l’intérieur de la maison de Prévert et cette représentation ne fait qu’attiser nos regrets pour la visite ratée. Nous échangeons quelques mots : l’artiste a besoin de la lumière extérieure pour mieux affiner les couleurs de l’intérieur de la maison. Durant cet échange, Nelly et moi sursautons simultanément en découvrant, sur la toile de Cannelle la présence d’un ange statufié ! Un ange…chez Prévert…un ange ! Notre amie sourit en captant notre surprise et nous flairons son envie de justifier ce qui nous apparaît comme une anomalie notoire.

« Ma perspective vous étonne à ce point ? dit-elle, j’ai voulu peindre le décor en faisant passer le point de vue par le regard de l’ange.
Quand vous visiterez la maison - car vous reviendrez n’est-ce pas ? – vous verrez cet ange en bois polychrome assis sur une poutre ; de là, il veille sur la paix studieuse du salon.
Sa présence peut paraître étrange, mais les chemins de la réceptivité passent par l’acceptation de la présence insolite d’un objet, quel qu’il soit et où qu’il soit.
L’ange dans cette maison dénote, il rompt quelque chose, il dérange, quand on sait les prises de positions anticléricales du poète. Voyez-le comme un clin d’œil malicieux à la vie, aux idées des hommes ; un paradoxe. Mettez cet ange dans une chapelle ou imaginez-le en figure de proue, il devient banal, mais là ; c’est de l’Art, du Grand Art !
Ce n’est pas le putto qui est important, mais sa symbolique. Si vous enlevez l’ange, il aura toujours sa place dans l’espace où il était auparavant, il ne la quittera plus. Vous lui avez accordé le droit d’être, il ne l’oubliera jamais, que ce soit dans la clarté du jour ou dans l’obscurité. Et sur ma toile ce sera pareil. Vous avez remarqué cet ange, mais je vais le recouvrir de peinture, il sera toujours là, on devinera juste sa présence. C’est lui qui m’a permis de construire le tableau, mais il s’effacera et son absence deviendra espace de liberté. Une absence, comme un silence dans un environnement bruyant, comme un vide dans la profusion des choses, un vide qui accrochera le regard, questionnera, je l’espère.
Bon, je vais cesser de débloquer à plein au sujet de cet être « ange » !
Avez-vous remarqué combien cette petite route de campagne qui passe devant la maison est étonnante ? Voyez cet âne qui passe sans être accompagné ! »

Le temps que Nelly et moi nous retournions, l’âne s’est envolé et on entend braire un coq.
C’est Pré Vert ici, et langue de poète ; rien ne doit surprendre…

Quelle curieuse journée se dit Jean-Yves sur le chemin qui les ramène vers l’endroit où ils ont laissé leur voiture. C’est à 10 kms de là, à un lieu-dit appelé « le Beau lieu ». En consultant leur IGN de la région, ils avaient décidé le matin même, de faire un GR plein d’attraits. Ils allaient passer près d’un château du 17ème, et peut-être qu’il serait visitable, puis arriveraient au bout d’une heure en marchant bien à la fameuse maison de Jacques Prévert. Le but de cette journée, leur récompense. C’était raté pour cette fois-là. Heureusement qu’il y avait eu Cannelle !
Ils l’ont quittée depuis près de 10 minutes non sans auparavant avoir jeté un œil par la porte vitrée de la façade. Manque de chance encore, la porte qui sépare l’entrée du séjour où se trouve l’ange est fermée. À quoi peut-on s’attendre en voyant un tel représentant céleste trôner dans le séjour d’un écrivain qui fut l’un des plus iconoclastes en matière de religion chrétienne ?
Bien sûr, l’explication donnée par Cannelle est séduisante, racoleuse en diable pour tout adepte d’hypothèses savantes et éclairées. La vérité quant à la présence de l’être ailé peut cependant être beaucoup plus prosaïque. Pourquoi y voir une explication liée à la religion. Dieu et ses Anges, pourquoi pas. Mais…
Entre-temps, une petite pluie fine s’est mise à tomber sur la campagne environnante et le bocage normand se fond derrière un mince voile humide, tel une femme qu’une gaze dissimule à peine. Chacune de ses formes déplie ses attraits : chaque vallon, chaque haie, chaque verger, est baigné d’une brillance extraordinaire. La lumière du soleil, certes voilé, joue-là sa partition. Bien que transi, Jean-Yves, tire un calepin de sa poche, un crayon

- Ça mérite un haïku, tu ne trouves pas ?

Sans répondre, Nelly est sur le point de le dépasser
Quand elle lance :

« Et si ce n’était pas un ange de Dieu, si c’était un avatar d’Eros, un de ces cupidons toujours l’arc à la main ? Prévert souviens-toi, aimait écrire sur l’amour et les amoureux…

Les suppositions de sa compagne firent sourire J.Y. qui relisait à voix haute un haïku pêché en entrant dans le repaire de Prévert.

Chez moi, Jacques Prévert :
Le vrai jardinier salue
La pensée sauvage.
Après avoir nettoyé ses lunettes embuées, il se met à griffonner sur son calepin puis daigne faire réponse à Nelly, stoppée à sa hauteur, en attente après sa judicieuse explication.

Ecoute ma version : « Il faut choisir ma belle entre le Grec Eros ou le Romain Cupidon, et moi je préfère le Normand, le Régional ! J’imagine bien le couple Prévert sur le marché d’Omonville. Ils sont heureux. Dans un recoin de la Grand’Place, ils s’arrêtent devant un étal d’objets hétéroclites posés sur un vieux plaid écossais. Une jeune femme triste et sa fille blottie contre elle les regardent intensément, les supplient du regard. Janine tire sur le bras de Jacques, il a compris le message et se saisit d’une statuette en très bon état au milieu de la petite couverture tout en glissant un billet dans la main de la gamine. Elle sourit. Sa mère balbutie des remerciements. Leurs visages s’éclairent. Elles sont devenues jolies… Et c’est en revoyant cette métamorphose qu’au fil des ans Monsieur Prévert ne trouva point le courage de se débarrasser de cette « bondieuserie »…Voilà, et je peux y ajouter cet aphorisme de Maitre Jacques : « Notre Père qui êtes aux Cieux, restez-y », afin de ne pas le fâcher, le cimetière est proche !

Nelly reste bouche bée, surprise par cette pirouette chimérique de son poète à elle ! Mais, déjà ils pressent le pas, ils courent même en contemplant le ciel à la fois hostile…. et rassurant Le nouvel haïku est dans le calepin :

Mince voile humide
Le tulle, la robe de mariée…
Parure pastorale…
Nelly regarde son mari avec tendresse il lui plaît de le suivre lorsqu’il imagine des scénarios, il lui plaît de l’attendre lorsque subitement il s’arrête pour noter l’inspiration avant qu’elle ne s’envole. L’inspiration n’est-elle pas comme l’ange ? Avec les années et la passion croissante de son mari pour l’écriture, elle vit, elle aussi, avec un ange dans sa maison, elle le réalise aujourd’hui. Tout comme Janine auprès de Jacques, sa vie auprès de Jean-Yves est avec la poésie une succession de pirouettes, de voltiges qui pulvérisent le sérieux de la vie. Les poètes comme les anges planent, ils volent au-dessus des êtres et des choses.
L’homme a des ailes que la vie atrophie, la poésie allège le poids de la condition humaine. L’objet le plus banal devient trésor et l’esprit s’aventure sur d’autres pistes. La poésie est le soupçon de légèreté qui transforme le regard, modifie les relations, fait naître la confiance chez l’autre. Ouah !
Janine était auprès de Jacques quand il a troqué l’ange contre un billet. Le couple aurait pu passer son chemin, mais l’ange a attiré leur regard, il a provoqué la relation entre Prévert et la jeune brocanteuse. Liberté d’un instant, riche de regards échangés et l’objet joufflu à la mine joyeuse est resté dans le salon des Prévert comme un symbole de légèreté, le signe du sourire retrouvé.

La vie est une cerise
La mort est un noyau
L’amour est un cerisier*
Et l’ange est ce rien comme l’idée d’un sourire sur un visage « soleil de chiffon noir* ».

Nelly hausse les épaules pour sortir de sa rêverie. Ils arrivent à St Germain des Vaux où, malgré la pluie, ils souhaitent se promener dans le jardin que Janine avait paysagé avec ses amis artistes. Un hommage à son poète.
Mais le couple n’est pas au bout de ses surprises. En arrivant sur la place de St Germain des Vaux, ils trouvent un petit cirque qui y a jeté l’ancre, bouchant à lui seul le principal accès au jardin, objet de tous les espoirs de Nelly. Son envie d’y entraîner son homme certes est grande, de nouvelles plantes sont sûrement venues embellir les parterres et elle se faisait un tel plaisir de les présenter à son faiseur de vers. Mais comment résister à l’attraction quasi magnétique que distille présentement ce petit cirque, si minuscule comparé à ses lointains et gigantesques frères Pinder ou Jean Richard. Et comme il se fait tard, que contourner le village allait encore leur prendre pas loin d’une demi-heure et que par moments pour tout vous dire, elle n'est pas loin d’éprouver une certaine lassitude à tresser des couronnes à son auguste époux, elle entraîne ce dernier à sa suite. Le jardin, attendra, est-ce qu’ils ne doivent pas attendre eux-aussi jusqu’à demain pour visiter la maison de Jacques Prévert !

C’est un de ces petits cirques ambulants comme il en existe encore quelques-uns dans toute la France. Son chapiteau ne dépasse pas les vingt mètres de diamètre. Quelques camions peints dans des couleurs vives portent le nom ronflant de cirque « Morino ». Mais ce qui les fait se figer sur place, c’est lorsqu’ils aperçoivent la tête imprimée sur les affiches. C’estt celle d’une très jeune femme dont le visage apparait auréolé d’étoiles et portant sur les épaules une jolie paire d’ailes argentées.

L’affiche proclame que Mlle Angelina Morino, célèbre trapéziste se produisant dans les plus grandes capitales du monde, ne fait certes pas le « saut de l’ange », mais que sa virtuosité donne le sentiment qu'elle appartient davantage à la sphère céleste qu’à celle bien terrestre de tout un chacun. En dehors de ce numéro qui promet d’être sensationnel, le petit cirque met en avant des numéros d’animaux savants remarquables.
Un peu déçu que le jardin ait été rangé momentanément au rang de distraction secondaire, Jean-Yves ne peut s’empêcher de s’exclamer en désignant une photo :

- Regarde Nelly, c’est incroyable !

En effet, la photo montre un clown faisant effectuer à une bande de chats une scène fort intéressante : il s’agit d’une sorte de marché aux esclaves dans lequel les créatures destinées à la vente, ne sont autre que des souris. Tout y est : un gros matou noir en commissaire priseur, un chat patelin, racoleur en diable ne cesse de faire tourner les esclaves sur elles-mêmes. Une affiche précise que les souris ne sont pas destinées à garnir les panses de leurs acheteurs, non, elles vont devenir des animaux de compagnie…

À ce moment-là, c'est au tour de Nelly d’attirer l’attention de son compagnon. Un homme longiligne aux longs cheveux blonds filasse, habillé d’une longue veste grise et d’un pantalon à damier noir et blanc, bouscule la petite troupe qu’ils forment. Il avance en protégeant de sa main droite quelque chose qu’il tient enveloppé sur son bras gauche. Comme ils sont tout près de lui, ils ne peuvent ne pas le voir : il s’agit d’un ange. D'un ange ?! Nelly sert fortement le bras de son mari :

- Incroyable, non !
- Tu crois que…
- Absolument, c’est le même…

Cet homme fait partie de la petite troupe d’artistes ambulants. Il n’a pas l’air très à l’aise, cherchant sans équivoque à dissimuler son trophée. Il se dirige très vite vers une caravane et, sans se retourner, il claque la porte. Nelly et Jean.Yves sont troublés et par la vision de l’avatar de l’ange de la maison de Prévert et par l’attitude de cet homme bizarrement accoutré. Ils décident, d’un commun accord, d’abréger leur aventure et de regagner le lieu de leur villégiature. Une bonne nuit de sommeil et demain sera un autre jour !
Omonville, terrasse du bar central, 9 heures, nos deux amis déjeunent en feuilletant un quotidien local : « La maison de J. Prévert va être fermée plusieurs jours et les peintres ont été prié de quitter le jardin à 19h. hier soir ». Cet entrefilet, en très peu de lignes évoque un vol commis en ces lieux : une enquête est en cours. Le dernier croissant a du mal à passer et Nelly préfére même y renoncer quand « l’homme longiligne aux cheveux blonds filasse » prend place à la table voisine et de suite leur adresse la parole :

« Je vous ai repérés hier soir et je devine ce que vous imaginez »

Il reprit son souffle et commande un « allongé »…

« Vous pouvez me dénoncer à la gendarmerie car c’est moi l’auteur du larcin »

Il allume un cigarillo, tire deux bouffées et reprend «

Cependant, vous auriez tort, ceci n’est pas vraiment un vol mais plutôt une…oui une restitution. Cette sculpture a beaucoup de valeur chez nous, les Tziganes, et ce personnage qui se l’est procuré à un vil prix auprès de la tante Rita, c’est lui le filou car au vu de ses fréquentations il ne pouvait en ignore la véritable valeur ».

Il sort l’Ange d’une grande poche de sa gabardine d’un autre âge.

« Je vous confie ce trésor et vous supplie de le rendre à la fille de Rita. Elle est aux Saintes Maries de la Mer à veiller sa mère morte depuis quatre jours. Voici le nécessaire pour entrer en relation avec elle »

Le manouche s’est déjà éclipsé quand Jean.Yves esquisse un geste de refus, il est trop tard …Nelly recouvre vivement la statue avec son chapeau qui de toute évidence ne servirait à rien aujourd’hui : le ciel étant encore très obscurci ce matin. Cette histoire a débuté avec la toile de Cannelle, aussi après avoir réglé les consommations, celle du Grand Blond incluse, ils se mettent à la recherche de l’artiste qui ne devrait pas encore avoir quitté le village….

Ils ont remarqué la veille le camping-car de leur amie sur la place, par bonheur il est toujours là, alors ils laissent un mot sur le pare-brise. Ils enjoignent à leur amie de les rejoindre à l’hôtel où ils « créchent » car ils ont des révélations à lui faire concernant le « Cher Rubens ».
Le message est volontairement énigmatique pour échapper aux soupçons que pourrait avoir un lecteur indiscret. Nelly redoute toute la journée que Cannelle, prenant le message pour une plaisanterie, ne vienne pas. Jean-Yves quant à lui tempête :

« Mais il se prend pour qui cet homme avec ses ch’veux d’ange* et sa barbe de fleuve*, il se prend pour qui pour se permettre de nous imposer une mission sans se soucier le moins du monde de notre avis ! Et comment allons-nous faire pour aller aux Saintes Maries de la Mer alors que nous sommes sensés reprendre le travail lundi ! ».

Ce qu’aucun des deux n’ose dire, c’est que l’idée d’aller à la gendarmerie ne les effleure même pas ; ils redoutent qu’une malédiction leur tombe dessus au cas où ils trahiraient la confiance du gitan.
Cannelle, poussée par la curiosité, rejoint ses amis au moment où ils finissent leur repas. Nelly aussitôt la conduit dans la chambre.

« Voilà ! » dit-elle en dévoilant, d’un geste nerveux, l’ange qu’elle a enroulé dans un drap.

Cannelle la regarde incrédule :

« Mais, enfin, ce n’est pas possible…vous êtes fous ! »
« Ce n’est pas ce que tu crois ! » répond Jean-Yves qui arrive, « Assied-toi nous allons t’expliquer »

Ils content toute l’histoire à leur amie.

« Je comprends, dit-elle, vous aimeriez que je retourne chez moi en faisant un détour de 8OO kilomètres, pour aller aux Saintes Maries de la Mer remettre la statuette aux gitans ! »

Elle accepte !
Arrivée aux Saintes Maries, elle recherche le terrain des gens du voyage. Elle trouve une simple aire de stationnement grossièrement clôturée. Un espace inhospitalier, où elle reçoit un accueil chaleureux…Elle remarque tout de suite une caravane entourée d’objets hétéroclites, de fleurs multicolores, de tissus bariolés… et elle pense que ce peut être la caravane de Rita. Quand elle demande à parler à la fille de Rita, l’un des hommes se dirige vers la caravane d’où sort Angelina Morino, Cannelle reconnait immédiatement la jeune trapéziste du cirque, elle l’a vue sur un prospectus que Nelly lui a montré.

« Je t’attendais dit-la jeune femme, il était dit que tu viendrais, tu as apporté le putto ? »

Cannelle sort de son coffre la statuette de bois.

« Je te remercie, tu es mon amie maintenant, grâce à toi je vais pouvoir enterrer Rita. J’ai promis à ma mère que cet ange, auquel elle tenait tant, l’accompagnerait jusqu’au ciel. Sa caravane, avec tout ce qui lui a appartenu, partira en fumée, mais l’ange, lui, se reposera en terre, à ses côtés. Ainsi doivent-être les choses pour que tout soit en ordre chez nous les Gitans. »

Cannelle assiste à la cérémonie, dehors, il y a des pleurs, il y a des chants, mais quand la fille dépose l’ange à côté du corps de sa mère, elle entend dans l’éclatant silence de la chambre mortuaire, les plus douces paroles de l’amour retrouvé, dites par la voix même de la personne tant aimée par la gitane…et elle voit, oui elle voit, la chambre un instant s’éclairer comme jamais palais ne fut.*

…..

* « La vie est une cerise….cerisier », l’image « soleil de chiffon noir » sont de Jacques Prévert dans Chanson du mois de mai (Histoires)
* ses ch’veux d’ange et sa barbe de fleuve (un matin rue de la colombe dans Histoires de
Prévert)
* dans l’éclatant silence….(Les derniers sacrements dans Histoires de Prévert)
Carmen P.
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Message  Carmen P. Ven 9 Déc 2011 - 13:54

J'ai certainement laissé des coquilles. Je viens de reprendre le texte car je l'avais commené au présent et poursuivi au passé.
Zut, j'ai oublié de transformer tous les prénoms Carmen en Cannelle ! (c'était un jeu avec des amis d'écrire en mettant nos prénoms au point de départ !)

C'est rectifié.
La Modération
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Message  Invité Sam 10 Déc 2011 - 13:07

Au fur et à mesure de ma lecture, j'ai pris conscience que je plongeais de plus en plus au coeur d'un mystère, d'une aventure dignes du Club des 5. Franchement, ça m'a rappelé ces lectures de jeunesse.
J'ai trouvé des longueurs au moins sur toute la première moitié, voire plus (jusqu'à la remise par le gitan du putto à la table du petit déjeuner), alors qu'à la fin le temps et les évènements s'accélèrent, comme si tu réalisais avoir passé trop de temps sur le début du récit et essayais par la suite d'aller à l'essentiel, sans t'embarrasser de trop de détails. Un problème d'équilibre, donc.

Je passe sur les coquilles typo et orthographiques. En revanche, j'indique ce passage où, pour une raison indéterminée, on saute du présent au passé simple, pour retomber dans le présent ensuite : "Les suppositions de sa compagne firent sourire J.Y. qui relisait à voix haute un haïku pêché en entrant dans le repaire de Prévert. "

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Message  Carmen P. Sam 10 Déc 2011 - 16:42

Merci à la modération !

Ceci est une écriture un peu particulière où j'ai voulu mêler poésie et construction d'une histoire...
Je ne me sentais pas prête à écrire des nouvelles...je préfère, de loin, la poésie et l'écriture pour les enfants, alors j'ai trouvé une solution (pour le moment) ;
des amis m'écirvent quelques lignes et je poursuis...
J'ai oublié, Easter, de revoir la phrase que tu cites.
Il serait peut-être préférable de mettre le texte au passé.
Je vais poursuivre (puisque j'ai commencé), le temps de quelques histoires, mais c'est beaucoup de travail pour peu.
Il faut savoir reconnaître quand le résultat est médiocre.



< Prière de regrouper vos commentaires, donc d'en attendre quelques uns, avant de réagir, car cela maintient ou fait remonter votre propre texte en haut de page au détriment de ceux des autres auteurs.
Merci de votre compréhension.
La Modération >

.
Carmen P.
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Message  Carmen P. Sam 10 Déc 2011 - 18:43

Je suis désolée !
Parfois j'attends et du coup je ne réponds pas car le texte est trop descendu !
Je vais faire remonter ce texte, malgré tout, encore une fois, car je l'ai mis au passé. (en contrepartie, je laisserai deux commentaires - ainsi de second sur la liste, il deviendra le troisième !)


Un ange dans le jardin des Prévert

À Omonville la Petite, une fin d’été, un début d’après-midi.
Nelly s’agita en désignant à son mari Jean-yves, un panonceau devant la maison de Prévert.
La visite de cette maison était le but et même la récompense de leur longue marche.
« La visite de la Maison est suspendue pour la journée ». Frustrés, oui, bien sûr, ils l’étaient. Ils se risquèrent tout de même dans le jardin dense qui l’entoure, qui la cajole, qui la dorlote :

« La première fonction d’un jardin, disait Jacques Prévert, c’est donner du bonheur et de la paix pour l’esprit ».
Dans ce parc, quelques peintres en résidence artistique, étaient comme ligotés à leur chevalet. Coiffé d’une casquette gavroche, un jeune artiste fougueux ne cessait de lancer son regard vers le chemin désert en ce moment, alors que sur sa toile, en premier plan, apparaissait un troupeau de bovins, un homme armé d’un bâton puis un chien semblant aboyer puissamment ; il expirait, il retouchait, il inspirait, pour finalement retoucher la croupe bringée d’une normande…À quelques encablures, Jean-Yves reconnut une artiste bretonne. Cannelle parachevait un tableau représentant l’intérieur de la maison de Prévert et cette représentation ne faisait qu’attiser leurs regrets pour la visite ratée. Ils échangèrent quelques mots : l’artiste expliqua qu’elle avait besoin de la lumière extérieure pour mieux affiner les couleurs de l’intérieur de la maison. Durant cet échange, Nelly et Jean-Yves sursautèrent de concert en découvrant, sur la toile de Carmen la présence d’un ange statufié ! Un ange…chez Prévert…un ange ! Cannelle sourit en saisissant leur surprise et ils devinèrent son envie de justifier ce qui leur apparaissait comme une anomalie notoire.

« Ma perspective vous étonne à ce point ? dit-elle, j’ai voulu peindre le décor en faisant passer le point de vue par le regard de l’ange.
Quand vous visiterez la maison - car vous reviendrez n’est-ce pas ? – vous verrez cet ange en bois polychrome assis sur une poutre ; de là, il veille sur la paix studieuse du salon.
Sa présence peut paraître étrange, mais les chemins de la réceptivité passent par l’acceptation de la présence insolite d’un objet, quel qu’il soit et où qu’il soit.
L’ange dans cette maison dénote, il rompt quelque chose, il dérange, quand on sait les prises de positions anticléricales du poète. Voyez-le comme un clin d’œil malicieux à la vie, aux idées des hommes ; un paradoxe. Mettez cet ange dans une chapelle ou imaginez-le en figure de proue, il devient banal, mais là ; c’est de l’Art, du Grand Art !
Ce n’est pas le putto qui est important, mais sa symbolique. Si vous enlevez l’ange, il aura toujours sa place dans l’espace où il était auparavant, il ne la quittera plus. Vous lui avez accordé le droit d’être, il ne l’oubliera jamais, que ce soit dans la clarté du jour ou dans l’obscurité. Et sur ma toile ce sera pareil. Vous avez remarqué cet ange, mais je vais le recouvrir de peinture, il sera toujours là, on devinera juste sa présence. C’est lui qui m’a permis de construire le tableau, mais il s’effacera et son absence deviendra espace de liberté. Une absence, comme un silence dans un environnement bruyant, comme un vide dans la profusion des choses, un vide qui accrochera le regard, questionnera, je l’espère.
Bon, je vais cesser de débloquer à plein au sujet de cet être « ange » !
Avez-vous remarqué combien cette petite route de campagne qui passe devant la maison est étonnante ? Voyez cet âne qui passe sans être accompagné ! »

Le temps que Nelly et Jean-Yves se retournent, l’âne s’était envolé et on entendit braire un coq.
C’est Pré Vert ici, et langue de poète ; rien ne doit surprendre…

Quelle curieuse journée se dit Jean-Yves sur le chemin qui les ramenait vers l’endroit où ils avaient laissé leur voiture, à 10 kilomètres de là, au lieu-dit appelé « le Beau lieu ». En consultant leur IGN de la région, ils avaient décidé le matin même, de faire un GR plein d’attraits. Ils allaient passer près d’un château du 17ème, et peut-être qu’il serait visitable, puis arriveraient au bout d’une heure en marchant bien à la fameuse maison de Jacques Prévert. Le but de cette journée, leur récompense. C’était raté pour cette fois-là. Heureusement qu’il y avait eu Cannelle !
Ils l’avaient quittée depuis près de 10 minutes non sans auparavant avoir jeté un œil par la porte vitrée de la façade. Manque de chance encore, la porte qui sépare l’entrée du séjour où se trouve l’ange était fermée. À quoi peut-on s’attendre en voyant un tel représentant céleste trôner dans le séjour d’un écrivain qui fut l’un des plus iconoclastes en matière de religion chrétienne ?
Bien sûr, l’explication donnée par Cannelle était séduisante, racoleuse en diable pour tout adepte d’hypothèses savantes et éclairées. La vérité quant à la présence de l’être ailé peut cependant être beaucoup plus prosaïque. Pourquoi y voir une explication liée à la religion. Dieu et ses Anges, pourquoi pas. Mais…
Entre-temps, une petite pluie fine s’était mise à tomber sur la campagne environnante et le bocage normand se fondit derrière un mince voile humide, tel une femme qu’une gaze dissimule à peine. Chacune de ses formes dépliait ses attraits : chaque vallon, chaque haie, chaque verger, était baigné d’une brillance extraordinaire. La lumière du soleil, certes voilé, jouait là sa partition. Bien que transi, Jean-Yves, tira un calepin de sa poche, un crayon aussi.

- Ça mérite un haïku, tu ne trouves pas ?

Nelly était sur le point de le dépasser, elle ne répondit pas tout d’abord, puis elle lança :

- Et si ce n’était pas un ange de Dieu, si c’était un avatar d’Eros, un de ces cupidons toujours l’arc à la main ? Prévert souviens-toi, aimait écrire sur l’amour et les amoureux…

Les suppositions de sa compagne firent sourire J.Y. qui relisait à voix haute un haïku pêché en entrant dans le repaire de Prévert.

Chez moi, Jacques Prévert :
Le vrai jardinier salue
La pensée sauvage.
Après avoir nettoyé ses lunettes embuées, il se mit à griffonner sur son calepin puis daigna faire réponse à Nelly, stoppée à sa hauteur, en attente après sa judicieuse explication.

- Écoute ma version, dit-il, Il faut choisir, ma belle, entre le Grec Eros ou le Romain Cupidon, et moi je préfère le Normand, le Régional ! J’imagine bien le couple Prévert sur le marché d’Omonville. Ils sont heureux. Dans un recoin de la Grand’Place, ils s’arrêtent devant un étal d’objets hétéroclites posés sur un vieux plaid écossais. Une jeune femme triste et sa fille blottie contre elle les regardent intensément, les supplient du regard. Janine tire sur le bras de Jacques, il a compris le message et se saisit d’une statuette en très bon état au milieu de la petite couverture, tout en glissant un billet dans la main de la gamine. Elle sourit. Sa mère balbutie des remerciements. Leurs visages s’éclairent. Elles sont devenues jolies… Et c’est en revoyant cette métamorphose qu’au fil des ans Mr Prévert ne trouva point le courage de se débarrasser de cette « bondieuserie… Voilà, et je peux y ajouter cet aphorisme de Maitre Jacques : « Notre Père qui êtes aux Cieux, restez-y », afin de ne pas le fâcher, le cimetière est proche !

Nelly restait bouche bée, surprise par cette pirouette chimérique de son poète à elle ! Mais, déjà ils pressaient le pas, ils coururent même en contemplant le ciel à la fois hostile…. et arrivés à la voiture, rassurés, un nouvel haïku s’inscrivit dans le calepin :

Mince voile humide
Le tulle, la robe de mariée…
Parure pastorale…
Nelly regardait son mari avec tendresse il lui plaisait de le suivre lorsqu’il imaginait des scénarios, il lui plaisait de l’attendre lorsque subitement il s’arrêtait pour noter l’inspiration avant qu’elle ne s’envole. L’inspiration n’est-elle pas comme l’ange ? Avec les années et la passion croissante de son mari pour l’écriture, elle vivait elle aussi avec un ange dans sa maison, elle le réalisait aujourd’hui. Tout comme Janine auprès de Jacques, sa vie auprès de Jean-Yves était avec la poésie une succession de pirouettes, de voltiges qui pulvérisaient le sérieux de la vie. Les poètes comme les anges planent, ils volent au-dessus des êtres et des choses.
L’homme a des ailes que la vie atrophie, la poésie allège le poids de la condition humaine. L’objet le plus banal devient trésor et l’esprit s’aventure sur d’autres pistes. La poésie est le soupçon de légèreté qui transforme le regard, modifie les relations, fait naître la confiance chez l’autre. Ouah !
Janine était auprès de Jacques quand il a troqué l’ange contre un billet. Le couple aurait pu passer son chemin, mais l’ange a attiré leur regard, il a provoqué la relation entre Prévert et la jeune brocanteuse. Liberté d’un instant, riche de regards échangés et l’objet joufflu à la mine joyeuse est resté dans le salon des Prévert comme un symbole de légèreté, le signe du sourire retrouvé.

La vie est une cerise
La mort est un noyau
L’amour est un cerisier*
Et l’ange est ce rien comme l’idée d’un sourire sur un visage « soleil de chiffon noir* ».

Nelly haussa les épaules pour sortir de sa rêverie. Ils arrivaient à St Germain des Vaux où, malgré la pluie, ils souhaitaient se promener dans le jardin que Janine avait paysagé avec ses amis artistes. Un hommage à Jacques, son poète.

Mais le couple n’était pas au bout de ses surprises. En arrivant sur la place de St Germain des Vaux, un petit cirque y avait jeté l’ancre, bouchant à lui seul le principal accès au jardin, objet de toutes les espérances de Nelly. Son envie d’y entraîner son homme était grande, de nouvelles plantes étaient certainement venues embellir les parterres, depuis la dernière fois qu’elle était venue, et elle se faisait un plaisir de les présenter à son faiseur de vers. Mais comment résister à l’attraction quasi magnétique que distillait présentement ce petit cirque, si minuscule comparé à ses lointains et gigantesques frères Pinder ou Jean Richard. Et comme il se faisait tard, que contourner le village allait encore leur prendre pas loin d’une demi-heure et que par moments pour tout vous dire, elle n’était pas loin d’éprouver une certaine lassitude à tresser des couronnes à son auguste époux, elle entraîna ce dernier à sa suite. Le jardin, attendrait, est-ce qu’ils ne devaient pas attendre eux-aussi jusqu’à demain pour visiter la maison de Jacques Prévert !

C’était un de ces petits cirques ambulants comme il en existe encore quelques-uns dans toute la France. Son chapiteau ne dépassait pas les vingt mètres de diamètre. Quelques camions peints dans des couleurs vives portaient le nom ronflant de cirque « Morino ». Mais ce qui les fit se figer sur place, c’est lorsqu’ils aperçurent la tête imprimée sur les affiches : c’était celle d’une très jeune femme dont le visage apparaissait auréolé d’étoiles et portant sur les épaules une jolie paire d’ailes argentées.

L’affiche proclamait que Mademoiselle Angelina Morino, célèbre trapéziste se produisant dans les plus grandes capitales du monde, ne faisait certes pas le « saut de l’ange », mais que sa virtuo-
sité donnait le sentiment d’appartenir davantage à la sphère céleste qu’à celle bien terrestre de tout un chacun. En dehors de ce numéro qui promettait d’être sensationnel, le petit cirque mettait en avant des numéros d’animaux savants remarquables.
Un peu déçu que la visite du jardin qui lui était réservée, ait été rangé momentanément au rang de distraction secondaire, Jean-Yves ne put s’empêcher de s’exclamer en désignant une photo :

- Regarde Nelly, c’est incroyable !

En effet, la photo montrait un clown faisant effectuer à une bande de chats une scène fort intéressante : il s’agissait d’une sorte de marché aux esclaves dans lequel les créatures destinées à la vente, n’étaient autre que des souris. Tout y était un gros matou noir en commissaire priseur, un chat patelin, racoleur en diable ne cessait de faire tourner les esclaves sur elles-mêmes. Une affiche précisait que les souris n’étaient pas destinées à garnir les panses de leurs acheteurs, non, elles allaient devenir des animaux de compagnie…

À ce moment-là, ce fut au tour de Nelly d’attirer l’attention de son compagnon. Un longiligne homme aux longs cheveux blonds filasse, habillé d’une longue veste grise et d’un pantalon à damier noir et blanc, bouscula la petite troupe qu’ils formaient. Il avançait en protégeant de sa main droite quelque chose qu’il tenait enveloppé sur son bras gauche. Comme ils étaient tout près de lui, ils ne purent pas l’ignorer : il s’agissait d’un ange. D’un ange !
Nelly serra fortement le bras de son mari :

- Incroyable, non !
- Tu crois que…
- Absolument, c’est le même…

Cet homme faisait parti de la petite troupe d’artistes ambulants. Il n’avait pas l’air très à l’aise, cherchant sans équivoque à dissimuler son trophée. Il se dirigea très vite vers une caravane et, sans se retourner, il claqua la porte. Nelly et Jean-Yves étaient troublés et par la vision de l’avatar de l’ange de la maison de Prévert et par l’attitude de cet homme bizarrement accoutré. Ils décidèrent, d’un commun accord, d’abréger leur aventure et de regagner le lieu de leur villégiature. Une bonne nuit de sommeil et demain sera un autre jour !

Omonville, terrasse du bar central, 9 heures, nos deux amis déjeunent en feuilletant un quotidien local : « La maison de Jasques Prévert va être fermée plusieurs jours et les peintres ont été priés de quitter le jardin à 19 heures hier soir ». Cet entrefilet, en très peu de lignes évoquait un vol commis en ces lieux : une enquête était en cours. Le dernier croissant eut du mal à passer et Nelly préféra même y renoncer quand l’homme longiligne aux cheveux blonds filasse prit place à la table voisine et de suite leur adressa la parole :

- Je vous ai repérés hier soir et je devine ce que vous imaginez !

Il reprit son souffle et commanda un « allongé ».

- Vous pouvez me dénoncer à la gendarmerie car c’est moi l’auteur du larcin…

Il alluma un cigarillo, tira deux bouffées et reprit :

- Cependant, vous auriez tort, ceci n’est pas vraiment un vol mais plutôt une…oui une restitution. Cette sculpture a beaucoup de valeur chez nous, les Tziganes, et ce personnage qui se l’est procuré à un vil prix auprès de la tante Rita, c’est lui le filou car, au vu de ses fréquentations, il ne pouvait en ignore la véritable valeur de l’objet.

Il sortit l’Ange d’une grande poche de sa gabardine d’un autre âge.

- Je vous confie ce trésor et vous supplie de le rendre à la fille de Rita. Elle est aux Saintes Maries de la Mer à veiller sa mère morte depuis quatre jours. Voici le nécessaire pour entrer en relation avec elle.

Le manouche s’était déjà éclipsé quand Jean-Yves esquissa un geste de refus ; il était trop tard !
Nelly recouvrit la statue avec son chapeau qui de toute évidence ne servirait à rien aujourd’hui : le ciel étant encore très obscurci ce matin.
Cette histoire avait débuté avec la toile de Cannelle aussi, après avoir réglé les consommations, celle du Grand Blond incluse, ils se mirent à la recherche de l’artiste qui ne devait pas encore avoir quitté le village….

Ils avaient remarqué la veille le camping-car de leur amie sur la place, par bonheur il était toujours là, alors ils laissèrent un mot sur le pare-brise. Ils enjoignaient à leur amie de les rejoindre à l’hôtel où ils « créchaient » car ils avaient des révélations à lui faire concernant le « Cher Rubens ».
Le message était volontairement énigmatique pour échapper aux soupçons que pourrait avoir un lecteur indiscret. Nelly redouta toute la journée que Cannelle, prenant le message pour une plaisanterie, ne vienne pas. Jean-Yves quant à lui tempêtait :

« Mais il se prend pour qui cet homme avec ses ch’veux d’ange* et sa barbe de fleuve*, il se prend pour qui pour se permettre de nous imposer une mission sans se soucier le moins du monde de notre avis ! Et comment allons-nous faire pour aller aux Saintes Maries de la Mer alors que nous sommes sensés reprendre le travail lundi ! ».

Ce qu’aucun des deux n’osa dire, c’est que l’idée d’aller à la gendarmerie ne les effleura même pas ; ils redoutaient qu’une malédiction leur tombe dessus au cas où ils trahiraient la confiance du gitan.
Cannelle, poussée par la curiosité, rejoignit ses amis au moment où ils finissaient leur repas. Nelly aussitôt la conduisit dans la chambre.

- Voilà ! dit-elle en dévoilant, d’un geste nerveux, l’ange qu’elle avait enroulé dans un drap.

Cannelle la regarda incrédule :

- Mais, enfin, ce n’est pas possible…vous êtes fous !
- Ce n’est pas ce que tu crois ! répondit Jean-Yves qui arrivait.
- Assied-toi nous allons t’expliquer.

Ils contèrent toute l’histoire à leur amie.

- Je comprends, dit-elle, vous aimeriez que je retourne chez moi en faisant un détour de 8OO kilomètres, pour aller aux Saintes Maries de la Mer remettre la statuette aux gitans ?!

Elle accepta !
Arrivée aux Saintes Maries, elle rechercha le terrain des gens du voyage. Elle trouva une simple aire de stationnement grossièrement clôturée. Un espace inhospitalier, où elle reçut un accueil chaleureux…Elle remarqua tout de suite une caravane entourée d’objets hétéroclites, de fleurs multicolores, de tissus bariolés… et elle pensa que ce pouvait être la caravane de Rita. Quand elle demanda à parler à la fille de Rita, l’un des hommes se dirigea vers la caravane d’où sortit Angelina Morino, Cannelle reconnut immédiatement la jeune trapéziste du cirque, elle l’avait vue sur un prospectus que Nelly lui avait montré.

- Je t’attendais dit-la jeune femme, il était dit que tu viendrais, tu as apporté le putto ?

Cannelle sortit de son coffre la statuette de bois.

- Je te remercie, tu es mon amie maintenant, grâce à toi je vais pouvoir enterrer Rita. J’ai promis à ma mère que cet ange, auquel elle tenait tant, l’accompagnerait jusqu’au ciel. Sa caravane, avec tout ce qui lui a appartenu, partira en fumée, mais l’ange, lui, se reposera en terre, à ses côtés. Ainsi doivent-être les choses pour que tout soit en ordre chez nous les Gitans.

Cannelle assista à la cérémonie, dehors, il y eut des pleurs, il y eut des chants, mais quand la fille déposa l’ange à côté du corps de sa mère, elle entendit dans l’éclatant silence de la chambre mortuaire, les plus douces paroles de l’amour retrouvé, dites par la voix même de la personne tant aimée par la gitane…et elle vit, oui elle vit, la chambre un instant s’éclairer comme jamais palais ne fut.*

…..

* « La vie est une cerise….cerisier », l’image « soleil de chiffon noir » sont de Jacques Prévert dans Chanson du mois de mai (Histoires)
* ses ch’veux d’ange et sa barbe de fleuve (un matin rue de la colombe dans Histoires de
Prévert)
* dans l’éclatant silence….(Les derniers sacrements dans Histoires de Prévert)
Carmen P.
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Message  Modération Sam 10 Déc 2011 - 20:02

(en contrepartie, je laisserai deux commentaires - ainsi de second sur la liste, il deviendra le troisième !)
C'est gentil mais inutile. Le fait de poster une version remaniée est une action totalement libre et normale pour qui veut tenir compte des remarques et évoluer dans son écriture. Un des buts de VOS ECRITS.
Donc pas de souci pour cette "auto-remontée".
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Message  Invité Dim 11 Déc 2011 - 13:45

Ce mot pour vous dire que je réaliserai sans doute la correction orthotypographique à partir de vendredi prochain. Votre texte est un peu long et je n'ai pas actuellement de temps à lui accorder. À bientôt, donc.

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Message  Carmen P. Dim 11 Déc 2011 - 14:14

Je suis tout en haut...alors je réponds à Alex : qu'il prenne son temps et que lorsqu'il lira qu'il ne tienne compte que du deuxième texte.

Désolée Alex, j'ai oublié les tirets demi-cadratins...je mets d'abord des tirets ordinaires avec l'intention d'aller dans la table des caractères à la fin pour modifier les lettres en majuscules (à, é...) et j'oublie les tirets !


"Je suis tout en haut...alors je réponds" et donc ainsi je me maintiens tout en haut en répondant à chaque fois...
Merci d'éviter également, même si c'est difficile.
La Modération >

.
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Message  Invité Dim 18 Déc 2011 - 19:51

Je ne vous ai pas oubliée, Carmen P. ! Voici ma correction :
– « à son mari Jean-yves » : « Jean-Yves » ;
– « La visite de la Maison » : pourquoi cette majuscule ici ? ;
– « journée ». » : il faut inclure le point à l'intérieur des guillemets ;
– « et de la paix pour l’esprit ». » : idem ;
– « quelques peintres en résidence artistique, étaient » : il faut supprimer cette virgule, ou en ajouter une après « peintres » ;
– « bringée d’une normande…À » : espace après les points de suspension ;
– « en découvrant, sur la toile de Carmen la présence » : virgule après « Carmen » ;
– « Un ange…chez » : espace après les points de suspension ;
– « Prévert…un ange ! » : pareil ;
– « dit-elle, j’ai voulu » : point après « elle », majuscule à « J'ai » ;
– « - car vous reviendrez n’est-ce pas ? » : pour marquer l'incise, le tiret ne suffit pas, il faut au moins utiliser le demi-cadratin « – » (Alt + 0150), voire le cadratin « — » (Alt + 0151) ; je mettrais par ailleurs une virgule après « reviendrez » ;
– « L’ange dans cette maison dénote » : attention à ne pas confondre « dénoter » (indiquer comme caractéristique), « détoner » (faire une explosion) et « détonner » (sortir du ton) ;
– « à 10 kilomètres de là » : « dix », de préférence en toutes lettres ;
– « ils avaient décidé le matin même, de faire » : pas de virgule ou virgule en plus après « décidé » ;
– « depuis près de 10 minutes » : « dix », de préférence en toutes lettres ;
– « Pourquoi y voir une explication liée à la religion. » : point d'interrogation et non point ;
– « Dieu et ses Anges » : pourquoi cette majuscule à « Anges » ? ;
– « derrière un mince voile humide, tel une femme » : « tel » non suivi de que s'accorde avec le nom qui suit. Ainsi : « telle une femme » ;
– « La lumière du soleil, certes voilé » : « voilée » ;
– « Bien que transi, Jean-Yves, tira un calepin » : pas de virgule après « Jean-Yves » ;
– « - Ça mérite un haïku » : le tiret ne suffit pas pour les dialogues, il faut utiliser le tiret cadratin « — » ;
– « - Et si ce n’était pas un ange » : pareil ;
– « c’était un avatar d’Eros » : « Éros » (accent sur la majuscule, Alt + 144) ;
– « Prévert souviens-toi, » : virgule après « Prévert » ;
– « - Écoute ma version » : le tiret ne suffit pas pour les dialogues, etc. ;
– « entre le Grec Eros » : accent sur la majuscule, « Éros » ;
– « de la Grand’Place » : « Grand-Place » ;
– « Mr Prévert ne trouva point » : « M. » est l'abréviation française de « monsieur » ;
– « de cette « bondieuserie » : manquent les guillemets fermants ;
– « cet aphorisme de Maitre Jacques » : « Maître » (accent circonflexe) ;
– « Mais, déjà ils pressaient le pas » : pas de virgule après « Mais » ;
– « le ciel à la fois hostile…. » : le point final après les points de suspension est de trop ;
– « Nelly regardait son mari avec tendresse il lui plaisait » : virgule après « tendresse » ;
– « Liberté d’un instant, riche de regards échangés et l’objet joufflu » : virgule après « échangés » ;
– « Ils arrivaient à St Germain des Vaux » : « Saint-Germain-des-Vaux » ;
– « Le jardin, attendrait » : pas de virgule ;
– « L’affiche proclamait que Mademoiselle Angelina Morino » : on préconise généralement « mademoiselle » en minuscule ;
– « mais que sa virtuo-
sité » : coupe inutile ;
– « la visite du jardin qui lui était réservée, ait été rangé » : pas de virgule après « réservée » ; « rangée » ;
– « - Regarde Nelly » : tiret cadratin pour les dialogues ;
– « les créatures destinées à la vente, n’étaient » : pas de virgule ;
– « n’étaient autre que des souris » : « autres que » ;
– « un gros matou noir en commissaire priseur » : « commissaire-priseur » (trait d'union) ;
– « racoleur en diable ne cessait » : virgule après « diable » ;
– « Un longiligne homme » : l'inversion est pour le moins étrange ;
– « - Incroyable, non ! » : tiret cadratin pour les dialogues, même remarque pour les deux répliques juste au-dessous ;
– « Cet homme faisait parti de la petite troupe » : « faisait partie » ;
– « et demain sera un autre jour ! » : plutôt « serait » un autre jour (futur du passé) ;
– « 9 heures » : « neuf » en toutes lettres dans un texte littéraire, de préférence ;
– « La maison de Jasques Prévert » : « Jacques » ;
– « à 19 heures hier soir » : « dix-neuf » en toutes lettres, de préférence ;
– « Cet entrefilet, en très peu de lignes évoquait » : virgule après « lignes » (vous m'apprenez le mot « entrefilet », merci !) ;
– « - Je vous ai repérés » : le tiret ne suffit pas pour les dialogues, il faut employer le tiret cadratin ;
– « - Vous pouvez me dénoncer » : même remarque ;
– « - Cependant, vous auriez tort » : même remarque ;
– « mais plutôt une…oui » : espace après les points de suspension ;
– « et ce personnage qui se l’est procuré » : « procurée » (la sculpture) ;
– « il ne pouvait en ignore » : « en ignorer » ;
– « en ignore la véritable valeur de l’objet. » : j'arrêterais la phrase à « valeur », « de l'objet » faisant doublon avec « en » ;
– « - Je vous confie ce trésor » : le tiret ne suffit pas, etc. ;
– « Elle est aux Saintes Maries de la Mer » : « Saintes-Maries-de-la-Mer » ;
– « Voici le nécessaire » : « Voilà le nécessaire » (à moins que le « voici » ne désigne la statue ?) ;
– « avec son chapeau qui de toute évidence ne servirait à rien » : manque une ou plusieurs virgules (« avec son chapeau qui, de toute évidence, ne servirait à rien » ou « avec son chapeau, qui de toute évidence ne servirait à rien ») ;
– « avoir quitté le village…. » : le point final est de trop ;
– « le « Cher Rubens ». » : pourquoi cette majuscule à « Cher » ? ;
– « Mais il se prend pour qui cet homme » : virgule après « qui » ;
– « pour aller aux Saintes Maries de la Mer » : « Saintes-Maries-de-la-Mer » ;
– « alors que nous sommes sensés reprendre » : « censés » ;
– « le travail lundi ! ». » : retirez ce point superflu ;
– « ils redoutaient qu’une malédiction leur tombe dessus » : « qu'une malédiction ne leur tombe dessus » (le « ne » explétif n'est pas un « ne » à omettre) ;
– « - Voilà ! dit-elle » : tiret cadratin ;
– « - Mais, enfin » : idem ;
– « pas possible…vous êtes » : espace après les points de suspension ;
– « - Ce n’est pas » : un tiret cadratin, hélas ;
– « - Assied-toi » : « assieds », tiret cadratin et virgule après « toi » ;
– « - Je comprends » : tiret cadratin ;
– « de 8OO kilomètres » : en toutes lettres de préférence (par ailleurs, vous utilisez la lettre « O » en lieu et place du chiffre « 0 »… ;
– « pour aller aux Saintes Maries de la Mer » : « Saintes-Maries-de-la-Mer » ;
– « Arrivée aux Saintes Maries » : « Saintes-Maries » ;
– « un accueil chaleureux…Elle » : espace après les points de suspension ;
– « - Je » : tiret cadratin ;
– « - Je t’attendais dit-la jeune femme » : virgule après « attendais » ; pas de trait d'union entre « dit » et « la » ;
– « il était dit » : la répétition du verbe « dit » est trop voyante ;
– « - Je te remercie » : tiret cadratin ;
– « par la gitane…et elle » : espace après les points de suspension ;
– « oui elle vit, la chambre » : pas de virgule ;
– « La vie est une cerise….cerisier » : pour marquer la suppression d'un passage entier, il vaudrait mieux employer le signe typographique « […] » ;
– Veillez à adopter les mêmes annotations en bas de page (et à les numéroter plutôt qu'à placer trois astériques identiques). Ainsi, j'écrirais, en employant par commodité des crochets, — mais je pourrais tout aussi bien user d'exposants :
[1] « La vie est une cerise […] cerisier », J. Prévert, « Chanson du mois de mai », Histoires.
[2] « Ses ch'veux d'ange et sa barbe de fleuve », J. Prévert, « Un matin rue de la colombe, Histoires. (Pour éviter de répéter le titre, vous pouvez employer « ibid ».)
[3] « Dans l'éclatant silence… », J. Prévert, « Les derniers sacrements », Histoires.

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