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La nuit quelque part dans ma pensée dans le jardin sans doute

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La nuit quelque part dans ma pensée dans le jardin sans doute Empty La nuit quelque part dans ma pensée dans le jardin sans doute

Message  Cerval Sam 4 Jan 2014 - 5:50

Je te voyais dormir sans chercher à savoir la raison de cette habitude étrange qui te prend parfois lorsqu'obstinément moi je veille... et je retranche comme fait la mer, comme le temps fait de l'ombre des choses mes gestes de cet espace vivant, leur refuse un corps, une réalité. les gestes n'ont plus de théâtre sur cette terre et ils s'éparpillent partout où les mène le vent. voilà ce qu'il y a d'ennuyeux dans l'insomnie, on touche à toutes choses mais sans en changer la nature... on se relève comme l'étoffe d'un vêtement après un pas mal assuré ou comme les projets dans la pensée après dormir... je te prends contre mon coeur en pensée. mon coeur fume comme si toutes les cigarettes étaient dans sa voix, et qu'il ne parlait plus que des brouillards. j'attends très lentement que se défasse la nuit.

mais la nuit ça vous bouleverse et c'est immense, elle s'assied en votre poitrine et vous parle de la structure des choses et voilà qu'il s'illumine en tout une grande cathédrale et que la fumée de mes cigarettes forme la teinte fragile des vitraux. la nuit, elle vous rappelle tout ce que vous essayez d'oublier dans le sommeil. d'une gent soucieuse, je ne dors plus. mais une fois l'aube venue la nuit ce ne devient plus grand-chose, lorsqu'on retrouve le monde elle tient dans la main. mais toi... c'est une autre affaire.

je t'ai attendue des jours et des jours, et je croyais que c'était ça ma vie, ce regard fébrile porté sur les choses, comme si elles allaient tout à coup se mettre à chanter, en déclinant leurs noms leurs fonctions. la chaise d'une voix fluette dira qu'elle est celle où je m'assieds aux frémissements de ta venue, la table dira qu'elle m'y a vu rouler des cigarettes en m'imaginant fumer devant toi, le lit dira... le lit... (il dira qu'il en a vu inventer des châteaux cernés par les douves de l'imagination et dedans des animaux bizarres et flous qu'on ne trouve que dans les souvenirs des rêves). et moi je dirai : je t'ai attendue des jours et des jours et j'oubliais finalement que je finissais par attendre, j'oubliais la vie de t'y oublier pouvoir paraître aussi ne la regardai-je que par à-coups, aussi la laissai-je souvent chez moi, sur la table... une vie sans odeur... puis tu es venue comme une larme au milieu de la joue (sans que l'on y prisse garde) et voilà que tout se range sous mes ongles éclos, que mes mains ont soif des objets, mes cheveux du vent... voilà...

voilà que de mes doigts goutte le soleil, c'est l'encre avec laquelle je t'écris ! je pose mon visage dans toutes les sources fraîches et je souris en imaginant tes baisers. tes baisers ce sont tes pas sur un parterre de feuilles odorantes et mouillées sous la lumière fine d'une journée de septembre qui se décline comme les désinences sur les margelles de mes lèvres sur les faîtes de toute colline où mon imagination s'assied. le ciel s'y aligne et fait une éclipse avec ton oeil. ton oeil s'ouvre comme une dent qui révèle le rire...

il y a près de moi un vin ; je le bois comme la dernière de mes nuits. voilà tout ce qu'il m'est resté, attendre. et puis quoi? tu ne vas pas à venir enfin si tu dois venir me féliciter. tu ne sauras rien de tout le cinéma qu'il y eut en moi et il ne faut pas que tu le saches surtout : il faut que moi aussi je l'oublie pour que je te sente découverte dans le miracle de la rumeur... je t'ai trouvé par accident, comme on a inventé l'aspirine ou un jour la poésie peut-être. pour rire... certes il y eut de belles choses qui ont commencé par une faute de français. mais toi tu étais juste une tâche d'encre goûtée au fond de la page. tu as pleuré sur tout le texte, j'écrivais ma vie, tu l'as toute bue.

j'écrivais ma vie ? non, n'importe quoi. je n'écrivais rien, je croisais les bras, je m'ennuyais. la vie est ennuyeuse, ennuyeuse si vous saviez. mais ce n'est pas de sa faute... ni de la mienne d'ailleurs. nous n'avons tout simplement pas les mêmes goûts.

tu étais là. tu as mis les ombres sur les choses pour qu'ainsi parées elles puissent aller au théâtre. celui que le monde fait pour moi. et pourtant ce n'est pas ça le théâtre. le théâtre, c'est quelque chose qui n'a aucune importance. les nuages partis.

ce qui est très important, c'est que tu allumes tes cigarettes avec un geste qui semble vouloir dire pardon et que dans tes cheveux il y a tous les octaves de la lumière emmêlés et je prends plaisir à te voir ordonner le matin, devant ton miroir, cette partition. ce qui est important c'est que ta petite main blanche soit dans la mienne une pierre qui brille dans le feu du tamis... et à la fois le lièvre qui palpite dans la poitrine de sa course.

voilà tu as compris, je t'aime, on arrive qu'à cela, je t'aime. eh bien je t'aime. commencent et finissent aimable choses d'une semblable façon. il suffit d'entendre jouer un air de clarinette.

Cerval

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La nuit quelque part dans ma pensée dans le jardin sans doute Empty re : La nuit quelque part...

Message  Raoulraoul Sam 4 Jan 2014 - 11:26

Laisser courir le stylo ou les doigts sur le clavier. Etre bien sûr dans un état ; habité par son sujet ; seul avec les mots qui alors viennent ; on est entre rêve et réalité. Comme tu aimes écrire et que tu as une certaine aisance, de la grâce par moment surgit... C'est un souffle. D'ailleurs il n'y pas de majuscule puisque nous sommes dans un continuum, un flux de pensées, d'associations et perceptions diverses. Pour commencer l'année ce n'est pas désagréable. Mais il faudra en sortir. Tourner une page pour appréhender peut-être différemment le sujet. Le "je t'aime" en final effectivement arrive comme une conclusion, une annonciation que préfiguraient les flots d'écriture.
Raoulraoul
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Message  Invité Dim 12 Jan 2014 - 20:54

C'est plein de belles choses, mais trop flottantes, me semble-t-il...
Agréable à lire, mais un manque de ... je ne sais comment dire : structure ? colonne vertébrale ? Quelque chose de solide pour amarrer toute cette jolie fluidité... Sûrement très difficile à introduire sans abolir l'aspect vaporeux ! Mais ça me semble indispensable, sinon on oublie très vite ce qu'on a lu... et c'est dommage.
Je te dis ça parce que je suis revenue sur ce texte deux jours après l'avoir lu... Bon, c'est vrai aussi que j'ai la mémoire qui flanche ! ;-))

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