Pierrot

Je m'en vais vous conter l'histoire de ce blanc-bec de Paris. Il a huit ans et pas un sou. Nous sommes sous la France de Napoléon, où la vie militaire rythme la vie banale, la force à suivre son pas cadencé, à ne pas se faire distancer dans la longueur des intérêts.
Notre canaille vit dans la rue, sous les tambours qui chaque jour assomment les honnêtes gens, les fait rêver de grandes batailles, de belles victoires ou d'une défaite glorieuse, et tout le temps ils se voient en héros. C'est tout une mentalité, une vision précise de la vie qui grouille sous Paris, fait battre son cœur à la cadence des grands évènements.
Pierre Ginsb est né sur un trottoir, a grandi sur les routes, se voit déjà empereur. Tous les matins il vole son pain, brandi fièrement son trophée qu'il s'empresse d'avaler. Mais c'est pas toujours facile, il faut élaborer des plans, une stratégie pour distraire l'ennemi et lui dérober sa marchandise. Quel soulagement lorsque d'un pas léger, il s'en va, butin dans la redingote, quelle satisfaction dans l'idée de se voir stratège. Il aurait voulu qu'une foule agglutinée crie son nom tout haut de part et d'autre des deux trottoirs, lui, sur la route, se pavanant, arborant les médailles qu'il mérite, la posture toujours plus provocante. Hélas, sur les pavés abîmés, il n'y avait qu'un vieillard grincheux et deux chats morts, pas de quoi ravir la vedette. Sur les coups de midi, Pierre Ginsb n'a rien à se mettre sous la dent, alors, tout faible, il s'en va mendier quelques sous aux bourgeois qu'il déteste. Avec colère, il voit les courtisanes lui dérober son dû. Pourquoi dépenser sa bourse pour des choses ignobles ? L'enfant ne comprend pas les impulsions, les passions et les désirs humains.
Le bilan de notre mendiant se résume à trois claques et deux coups de pied au cul, mêlés à une haine qui ne fait que grossir. Le soir, lorsqu'il fait sombre et que Paris s'endort, le petit orphelin vole ces messieurs à la tire, pour quelques conneries qu'il échange en vue de survivre. Parfois, il loupe son coup. Alors Pierre en voit de toutes les couleurs dans sa vie grise et monotone, et c'est bredouille qu'il s'en va coucher sous les ponts. Là, il songe à de belles choses; jusqu'à ce que l'aurore et l'agitation parisienne viennent le tirer de sa deuxième vie qu'il adore tant.

J'aime bien ce cri qui est sincère et dit ce qu'il a à dire sans fioritures !

Hello,

Petit texte un peu court, qui éveille notre intérêt pour le personnage, mais on attend qu'il se produise quelque anecdote, une rencontre, un je ne sais quoi.

Une ou deux maladresses, rien qui ne soit facile à rectifier :

Saner a écrit:Pierre Ginsb est né sur un trottoir, a grandi sur les routes, se voit déjà empereur. Tous les matins il vole son pain, brandi fièrement son trophée qu'il s'empresse d'avaler. Mais c'est pas toujours facile, il faut élaborer des plans, une stratégie pour distraire l'ennemi et lui dérober sa marchandise. Quel soulagement lorsque d'un pas léger, il s'en va, butin dans la redingote, quelle satisfaction dans l'idée de se voir stratège.

... et de jolies perles :

Saner a écrit:Avec colère, il voit les courtisanes lui dérober son dû. Pourquoi dépenser sa bourse pour des choses ignobles ? L'enfant ne comprend pas les impulsions, les passions et les désirs humains.

Saner a écrit:Le bilan de notre mendiant se résume à trois claques et deux coups de pied au cul, mêlés à une haine qui ne fait que grossir.

... dans l'ensemble, donc, un texte qui donne le sentiment que l'auteur en a "sous la pédale", et qu'il pourrait "faire tourner le moulin plus fort"...

Alors, au plaisir...

Ubik.

La phrase d’accroche fait un peu publicité mensongère, ce n’est pas vraiment toute l’histoire qui nous est contée mais une tranche de vie. Dommage, j’en lirais bien beaucoup plus parce que l’histoire et l'époque sont attirantes, l’écriture aussi.
Mais peut-être n’est-ce qu’un début ? Si oui, je viendrais voir la suite avec plaisir.

Bonsoir,

Une lecture (trop) rapide de ce petit texte laisse une impression de sérieux et de qualité : l'orthographe est bonne, la syntaxe et les règles grammaticales sont correctement maîtrisées et les quelques bizarreries peuvent passer pour des effets de style ...
Une seconde et peut-être une troisième lecture font prendre conscience d'un trop grand nombre d'erreurs et d'inexactitudes que l'on attend pas dans un texte essentiellement descriptif qui devrait améliorer notre connaissance d'un lieu et d'une époque donnée sans discussion possible.

- "Je m'en vais vous conter ..." tournure moyen-âgeuse maladroite pour évoquer une période beaucoup plus récente.

- "blanc-bec" : jeune homme sans expérience et prétentieux (dictionnaire Larousse). Ce qualificatif ne peut donc pas s'appliquer à un gamin dont nous apprenons rapidement qu'il n'a que huit ans.

- "Nous sommes dans la France de Napoléon ... par contre, nous sommes sous le règne de Napoléon serait correct.

- "... où la vie militaire rythme la vie banale (de tous les jours ?), la force à suivre son pas cadencé ..." Attention : même si les guerres napoléoniennes ont été nombreuses et de longue durée, les batailles étaient encore l'affaire de quelques régiments au coin d'un champ et les masses populaires de l'époque n'ont pas été enrôlées et embrigadées comme ont pu l'être la population et la société allemandes sous Hitler par exemple.

- " ... à ne pas se faire distancer dans la longueur des intérêts : abscons.

- " ... les font rêver de grandes batailles, ..., et les font se voir tout le temps en héros (lourd aussi, mais plus en ligne avec le reste de la phrase !).

- " ... sous Paris ..." Sommes-nous descendus dans les catacombes ?

- " ... Pierre Ginsb est né sur un trottoir ... " Ce ne peut être qu'une métaphore.

- " ... Brandit ...

- " Mais ce n'est pas ..." Pour respecter la tonalité générale du texte.

- " Redingote " Même usagée, trouée et usée jusqu'à la trame, le mot ne "sonne" pas juste.

- " ... crie son nom tout haut ..." Peut-on crier tout bas ? Effet de style ?

- " arborant les médailles qu'il mérite ..." Très belle expression !

- " ... pas de quoi lui ravir la vedette ..."

- " ... sur le coup de midi ..." au singulier.

- "Pourquoi dépenser sa bourse pour des choses ignobles" Qui parle ? Pierre Ginsb ou vous-même ? C'est être bien sévère envers nous autres, pauvres humains ! Un effet de la jeunesse ?

- la haine ? la vraie ? pas celle que l'on ressent lorsqu'on dit " J'ai les boules ..." A quinze ans peut-être, à huit, non !

- quelques conneries, là encore, ce mot ordurier ne va pas avec le ton général du texte.

- " ... il songe à de belles choses." Quelles sont-elles ? Un petit développement aurait mis une note d'optimisme.

Amicalement,
midnightrambler

- "Je m'en vais vous conter ..." tournure moyen-âgeuse maladroite pour évoquer une période beaucoup plus récente.

Cette formule, même si elle date du Moyen-Age, n'est pas incorrecte grammaticalement. De plus, il est primordial, dans l’impression première que l'on a, de faire confiance à l'auteur, d'éviter de voir des erreurs mais davantage des effets bien recherchés, c'est fondamental. C'est une notion tellement première que je doute qu'elle vous ait échappée, sans doute est-ce plutôt l’appréhension vis-à-vis de l'âge de Saner qui implique qu'il ne sait pas ce qu'il souhaite évoquer. Je vous suggérerai de ne plus y voir cela. Enfin, il est idiot de restreindre la littérature à un style, dit moderne, et de ne pas faire fleurir et progresser ce même style en y mariant différents procédés, comme il est fait ici.


< Le Greico, dans la mesure du possible on évite de "commenter les commentaires", ceci afin d'éviter de nouvelles polémiques derrière un texte qui ne le demande pas.
Ou alors on intervient ICI.
Merci.
La Modération >
.

Merci à vous pour votre lecture et vos commentaires.

Le Greico, que dire ? Merci pour ton soutien

Ubik, oui cela aurait sûrement été intéressant, c'est une vision de la chose que je n'avais pas en tête lorsque j'ai écrit le texte. Pour ce qui est d'en avoir sous la pédale, j'espère que tout ce potentiel jaillira de mon esprit, un jour !

elea, merci pour ce commentaire positif dans l'ensemble. Il est vrai que la première phrase ne s'accorde pas avec le texte, c'est à modifier.

midnightrambler, merci pour tes corrections sur la forme du texte, et celle des petites erreurs. "Blanc-bec", pourquoi ne pas assimiler le terme à un gamin de huit ans ? Sans expérience, c'est évident. Le mot "prétentieux" te gène peut-être, d'après moi, un gamin, même à cet âge-là, peut montrer certains signes de prétention, entre guillemets, en tout cas je ne trouve pas ça choquant. Pour la "haine" c'est la même chose, à savoir que d'un point de vue personnel toujours, un enfant est capable de ressentir de puissants sentiments. A vous écouter, on croirait que les mômes de huit ans ne sont que des pantins inanimés, détachés de tout sentiment humain.
L'argot employé dans l'écrit est bien volontaire. Comme dit Le Greico, j'ai tenté de mélanger différents styles. Peut-être que le résultat n'est pas fabuleux, c'est au lecteur de juger d'après son ressenti, donc je vous crois.

Saner

Il ne manque pas de panache, ce petit personnage !
Texte agréable à lire.

Un Gavroche bien torché, dans un texte trop court qui donne envie d'en lire davantage.

Il est trop court, ce texte. Ce qui est bon signe. Beaucoup de plaisir demeure au sortir de la lecture. Une bonne petite plume, bien tournée.

C'est un style qu'on pourrait lire dans un texte bien plus long : agréable, fluide, bien tourné. Les mots sont très bien choisis par rapport au contexte, j'ai bien aimé.
Je suis d'accord avec Elea concernant la phrase d'accroche : on s'attend à en découvrir plus sur ce gamin.
En même temps, c'est un morceau de vie qui se répète, et tu nous laisse le droit d'imaginer la suite.

J'ai bien aimé ce mélange d'argot et de belle plume, assez bien dosé, même bien dosé.