Ordure ordinaire. 1- Pierrot

Le noir est une couleur que l’on apprend.

Moi le chien, j’ai grandis dans les paysages à dominante sombre. Un peu de nuit dans le sang, un peu de merde, un peu de sable.
Juste de la poudre
De ces rêves sales, coupés, qui font vomir les gosses de riches.
60 euros le grammes. C’est rien dans ta vie, regarde !

Sur le trottoir d'en face deux hommes se saignent.

Tu vois on n’y peut rien, la nuit prend de l’ampleur. La ville ça use…
Et le soir les étoiles laissent des marques sur les visages saints, des tâches sur le bas du pantalon.
C’est rouge, mais c’est rien. C’est l’amour !
Et l’amour ça s’écrit au cutter sur la peau, sur l’écorce des arbres, ou ça ne s’écrit pas.
Moi j’aime l’Homme.
Je ne pense qu’a lui; à toutes ces nuits où il se retourne dans des draps qui puent la trahison.
Ton sourire c’est le sien, son sourire c’est le mien. Je suis juste un petit artisan du bonheur.

60 euros c’est pas grand chose

Et je te promet un petit peu plus.

Je trouve trop facile les images permettant d'évoquer le sordide. Drogue, sang, nuit... ennui, pour moi, désolée. Pour moi, le texte est trop léché dans le genre.

Mes remarques :
“j’ai grandi (et non “grandis”) dans les paysages à dominante sombre”
“des taches (et non “tâches”, une tache est une souillure, une tâche un boulot à faire) sur le bas du pantalon”
“Je ne pense qu’à lui”
“je te promets un petit peu plus.”

Un petit rien un petit plus, c'est le retour de Milo.
Un texte qui me tient un peu à distance, me manquent des prises.
Mais le laconisme de ces mots est fort :

60 euros c’est pas grand chose

Et je te promet un petit peu plus.

Moins aimé que d'autres fois, Milo, un peu moins insolent, un peu moins insolite... mais j'aime ça :
Tu vois on n’y peut rien, la nuit prend de l’ampleur. La ville ça use…
pour l'espèce de balance entre ampleur et use...
Un petit peu plus ?

La nuit, la ville, l'écorce, le sang et les salissures...
Milo, ton talent est évident : tu dis beaucoup avec peu de mots.
Et ils reviennent, encore et toujours...
Tu ne nous lasses pas mais...
Mais...
Essaye un texte sans arbre et sans écorce, dépourvu de rues et de nuit, un texte sang amour...
Ou autre chose...
Fais comme tu le sens après tout...

Bon mais quel est ce temps mauvais qui donne aux plumes tant de haines et tant de noirceur? Après "le doigt" nous voilà encore dans les bas-fonds. Je ne mords pas à ce genre de texte mais c'est sans doute moi qui y suis imperméable. Mauvais juge donc d'autant que je n'ai pas compris cet usurpation de mon pseudo! J'ai dû prendre tout à l'avant-premier degré et lire: "ordure ordinaire: pierrot". Je plaisante, bien entendu !
" (j'en peux plus de tourner en rond)" là je comprends car nous avons tous de tels moments. L'écriture a une dimension thérapeutique a condition d'oser traiter de sujets vraiment personnels...mais là je déborde et suis donc tout à fait contestable dans mon propos.

Noir et sombre, j'aime ça. D'autant plus quand beaucoup de choses sont dites en peu de mots.
J'ai toutefois l'impression qu'ici, le vocabulaire est un peu facile, les idées exposées rapidement sans véritable plongée dans cet univers dramatique. Les mots créent un certain effet mais que reste-t-il ensuite? Pas assez, hélas, à mon goût, désolée.

J'aime bien ce texte, ni couillon ni pédent : juste simple. Il ne constitue pas une histoire cependant.

Et l’amour ça s’écrit au cutter sur la peau, sur l’écorce des arbres, ou ça ne s’écrit pas.

J'aime le texte dans son ensemble, juste ennuyée des quelques fautes qui le jalonnent ici et là. Elles sont plus visibles sur un texte court, malheureusement. N'empêche que j'apprécie l'écriture.