Botter le cul à mon ombre

Version mieux relue, donc plus exempte de répétitions ( de "mais" entre autres !)
Mais, je ne suis pas sûre de ce qu'on comprend. J'ai essayé d'en dire le moins possible, il faut quand même que ce soit intelligible...
Vos avis me seraient bien utiles.


Vautrée dans la poussière, mon ombre m’observait en rigolant. Je lui aurais bien balancé un coup de pied, mais à cette heure-là, elle est déjà bien plus grande que moi. Maigre, mais costaude ; et salope comme une jumelle.
Il était plus de six heures, je rentrais par la carrière. La pêche avait été bonne.
Par quel miracle ce trou d’exploitation abandonné, empli d’une eau verte épaisse s’était−il peuplé de poissons, ça je n’arrivais pas à le comprendre.
J’y attrapais des silures énormes.
C’est pas bon à manger, le silure, mais c’est marrant à pêcher, méfiant et combatif…
La poussière n’était pas encore complètement retombée, le chantier déserté retrouvait ses allures de paysage de westerns. Surtout au soleil couchant, ça me faisait penser aux westerns que Papa nous passait quand on était petits, avant. J’aimais ces blocs de pierre gros comme des camions, et les traces de pneus qui à certains endroits imprimaient dans le sol des chevrons géants où l’eau s’accumulait à chaque pluie. Une odeur minérale, poudre et pierre, continuait à flotter longtemps après chaque explosion, je l’aspirais goulûment, elle me rendait aussi heureux que la capture d’un beau poisson-chat…
J’aurais dû être content : ce jour-là, j’en avais pris trois, dont un balèze.
Mais cette putain d’ombre me fichait les boules.
Le matin, ça allait. A l’heure où on se levait, elle était plus petite que moi, et après, dans la journée j’y pensais moins. Sur la fin d’après-midi, même en chantant à tue-tête, j’avais plus de mal à prendre le dessus.
Une fois, je l’avais enfermée dans ce que j’appelais la citerne, une vieille baraque de chantier au toit défoncé. L’orage menaçait et je me disais qu’avec un peu de chance, l’eau monterait assez…
Mais bien sûr, c’est des conneries, je sais bien qu’on ne peut pas s’en débarrasser comme ça, je ne suis pas débile !
N’empêche que je n’aime pas la savoir dans mon dos et que je fais tout ce que je peux pour éviter.
Je pensais que ça allait passer, ou au moins, diminuer avec le temps ; je crois bien que c’est le contraire.
Maintenant, j’en rêve même la nuit ; souvent j’en ai eu plusieurs qui me poursuivaient, bondissaient autour de moi pour me barrer toute issue. Je courais en zigzag, j’ai appris ça dans les films de guerre que Papa nous passait, avant. Mais elles étaient partout, comme la nuit où avec ces foutus projecteurs croisés, mes ombres immenses m’ont fichu par terre, et les flics criaient « Thomas, arrête, tout ira bien, allez, sois raisonnable »
Quand ils m’ont rejoint, ils ont eu l’air soulagé, et j’étais presque content, soulagé moi aussi. Presque.
C’était un jeune type qui m’a ramassé, il m’a pris dans ses bras et il disait « ça va aller, c’est fini ! » » Moi je savais bien que j’en finirais pas comme ça…
Maman m’a regardé et elle a dit « c’est pas celui−là. »
− Vous êtes sûre ? a demandé le jeune flic. Purée, comment vous faites pour les distinguer ?
Et la lettre n’était pas signée…
− Pas besoin a dit Maman. Elle a lu « J’en ai marre, je par. Je reviendré jamais » avec une drôle de voix.
C’est Thomas qui fait des fautes d’orthographe. Pas Alexis.
Et celui-ci, c’est Alexis.
Elle a toujours su nous distinguer. Elle ne se trompe jamais Maman.

Sauf que je suis capable de faire des fautes d’orthographe. En cas de besoin.

C'est une histoire de Janus ? De jumellité ? Quand on commence avec les dédoublements, on en finit jamais.
Heureusement que ton style est du "langage parlé", sinon on comprendrait encore moins. Mais je suis nul pour les devinettes. J'ai quand même été content de te lire.

Bravo coline une affaire rondement menée et tout à fait intelligible.
Peut-être même un peu trop avec ce "salope comme une jumelle" qui m'a mis la puce à l'oreille :-)))
Une atmosphère à peine inquiétante au début et puis la pression monte. Un trés bon texte.

Je ne sais pas trop Coline, il se débarrasse de son jumeau mais son ombre le poursuit (l'ombre de la culpabilité sans doute), c'est ce que moi j'ai compris, mais alors pourquoi cette phrase ? : A l’heure où on se levait, elle était plus petite que moi, et après, dans la journée j’y pensais moins. Le "on" me perd un peu parce que pour moi, à l'instant où le narrateur parle il s'est déjà débarrassé de Thomas qui n'est plus qu'une ombre. Ou alors je me plante complètement.
Je crois que c'est ça qui me perd un peu, avec l'utilisation des temps je ne sais pas exactement quand se situe le texte.

J'ai compris qu'il en a sa claque Alexis d'avoir son jumeau toujours collé à ses basques qui le suit comme une ombre...alors après une première tentative de meurtre dans la citerne il a récidivé et réussi cette fois ci....
Le flic croit avoir retrouvé celui qu'on croit être un fugueur Thomas , mais sa mère lui dit non ça c'est Alexis.
Par contre la prétendue lettre écrite par le fugueur, en réalité assassiné, l'a été par son jumeau qui a fait expres des fotes , dans l'espoir d'expliciter la disparition de Thomas

Reb, 20/20 !
Je pense que je vais encore un peu la tripatouiller, il y a des trucs qui ne me satisfont pas ( tu as raison, Elea !) Et tâcher de donner un peu plus de caractère...

Le texte fait sans doute trop dans l’ellipse et quelques indices (ou indications) supplémentaires auraient été bienvenu(e)s.
N’empêche j’ai bien aimé l'ambiance de cette noire histoire d’ombre, tout ce qu'elle sous-tend de rivalités, de sombres affaires de la toujours fascinante gémellité...

Donc Rebecca tire plus vite que notre ombre ? Heureusement qu'elle a décodé ce passage noir que j'ai lu avec plaisir sans chercher chinoiserie ;-)

toujours un style, un ton, une ambiance que j'aime chez toi.
Mais ce texte est l'ébauche d'autre chose, de bien plus fort, j'en suis sûr.

c'est balèze le silure, comme poisson, pour un gamin, on l'imagine mal le sortant de l'eau s'il est très gros... Un poisson chat aurait fait l'affaire.

Je vais attendre que tu le traficotes un peu pour commenter plus avant. J'aime ce que je lis, mais il demeure une impression d'incomplétude.

J'ai lu ce texte sans le commenter dans un premier temps mais j'avais compris la même chose que Rebecca.
J'ai l'air de tricher en arrivant maintenant, mais c'est vrai.
J'ajoute que j'ai pris plaisir à le lire grâce à l'écriture que j'apprécie.

j'attends aussi ton traficotage

Premièrement, j’aime beaucoup d’idées dans ce texte.
Notamment celle des ombres qui figurent le jumeau et la culpabilité. Super.
Pour répondre à ta question, personnellement, je pense qu’il faudrait un petit peu plus d’indices, pour rendre le sens et l’intention moins confus.
Sinon, y a un petit truc qui m’a menée en erreur, c’est le « Maintenant, j’en rêve la nuit […] comme la nuit où… », du coup je pensais au début que la scène avec les flics n’était qu’un rêve. Mais c’est peut-être fait exprès. J’aurais bien vu peut-être aussi une cassure un peu plus nette, qui montre qu’il s’est passé quelque chose (meurtre) et qu’on est passé à autre chose (la culpabilité). Je sais pas, un truc du genre : « Je pensais qu’après ma dernière tentative, cette fois, j’en serai complètement débarrassé (tentative de meurtre réussie quoi), mais en fait, étrangement, c’est pire (culpabilité) ».
Ah oui et j’aime l’idée de la fin, la dernière phrase.
Au plaisir de te lire…

J'aime ton écriture, tu le sais, coline, pourtant ce texte-ci ne m'emballe pas. Ou plutôt, c'est le sujet qui me chiffonne et la construction avec cet effet de chute à la CQFD. Peut-être cela fonctionnerait-il sur un texte beaucoup, beaucoup plus long voire un roman, why not ? Un mystère qui suinterait longuement et imprègnerait les lieux avec cet aspect de tragédie à la Giono.
Parce que tu sais y faire pour l'atmosphère et c'est ce que j'ai aimé ici, le potentiel spécifique du lieu qui est intéressant et bien rendu.

Je m'exprime comme une vache espagnole, mais j'espère que tu me comprends.