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Camille

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Chako Noir
bertrand-môgendre
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Message  bertrand-môgendre Mar 26 Juin 2012 - 9:47

Camille



— Touche pas à ça ! me sermona-t-elle.
— Pourquoi ? demandai-je tout en continuant mon tripotage.
— Je te dis de ne pas y toucher, tu m’entends ? Je parle français, oui ou non ?
— Pourquoi ? C’est sale ?
— Non, je l'ai bien savonné. Y veut pas s’envoler ton oiseau ! Alors laisse-le tranquille. Et traîne pas s'il te plait, j'ai ta cousine à laver. N'éclabousse pas partout. Tu m'écoutes quand je te parle ?
— J'aimais bien ma gouffa. Pourquoi tu m'as coupé les cheveux ?
— Pour être joli. T'es tout propre comme ça. Allez hop ! Essuie-toi et mets ta serviette à sécher sur la cuisinière. Fais attention ! Arrête avec ce gant de toilette ! Tu vois pas que tu gaspilles ? Pour ta peine tu rempliras un seau.
— Pourquoi moi ?
— Habille-toi, sinon tu vas attraper la mort.

Depuis décembre 1985 il n’y avait plus d’eau, ni à la maison, ni dans la chèvrerie et encore moins dans la bergerie du bas. La tonne à eau du tonton attelée sur le vieux Renault desservait tous les animaux, nous y compris. Pour donner à boire à mes lapins, je cassais la glace épaisse de la mare. Cette année mémorable, nous avions passé six mois sans pouvoir utiliser la pompe à eau. C’est dire combien les douches étaient rares. Du coup, c’était dans la bassine près de la cuisinière que je prenais mon bain hebdomadaire. Bain est un grand mot, puisque seuls les pieds trempaient dans l'eau.

Tandis que papa, lui, nous avait quittés de plein gré, maman m'avait offert sa vie.
Avec mes deux frères, nous vivions à la campagne dans la ferme de mon oncle et de ma tante Rosemay. Ces « terriens » ou « culs terreux », suivant l'interlocuteur qui en parlait, avaient bien accepté ce placement familial d'urgence.

Durant mes trois premières années, tatan me confiait à la voisine lorsque l’heure de la traite sonnait. Après, ce ne fut plus nécessaire, car je me débrouillais « comme un grand », c’est du moins ce qu’avait l’habitude de dire tatan. De fait, j’avais vite grandi pour ne plus aller chez Camille. Et puis, j'avais la responsabilité des lapins à nourrir. Matin et soir.

Et ce fut dans cette situation dénudée au centre de ma mini pataugeoire, que me découvrit ma voisine Camille.

Elle ne me remarqua pas. Moi oui, car j'avais peur de cette femme.
Elle était potière. Sa maison jouxtait la nôtre. Autrefois, j’adorais son atelier, dans lequel elle me laissait malaxer pendant des heures la terre mouillée. J’adorais sa manière de tourner les pots et la regarder ne m’ennuyait point, bien au contraire. J'adorais tout chez elle... Jusqu’au jour où, pour marquer mon quatrième anniversaire, elle décida de me mouler des pieds à la tête.

— Je vais te sculpter petit Moïse, tu verras, ça ne fait pas mal.

Depuis cette période, trônait près du poêle de l’atelier, un être immobile, qui me faisait penser à la mort. La statue ressemblait à mon jumeau. Ça me terrorisait, au point de ne plus jamais vouloir retourner chez la potière. Suffisamment habile, j’évitais toute rencontre avec elle. J’en étais arrivé à l’avoir oubliée.

Mais, ce matin-là, elle entra dans la cuisine, me regarda à peine et discuta longuement avec tante Rosemay.
Dans ma précipitation à vouloir m'enfuir tout en me rhabillant au plus vite, j’avais renversé la bassine. L’eau savonneuse s’écoulait sur les carreaux devenus rouge brillant. C’était beau, ce côté mouillé avec des bulles dans les rainures. Beau mais trempé.

Une engueulade plus tard, j’avais ma main fourrée dans celle de Camille. Elle m’emmena chez elle. Je refusai d’écouter sa voix douce et sécurisante, me cantonnai dans un silence têtu. Je fixai mon effigie de terre cuite au milieu d'autres sculptures mal rangées. Camille m’informa de son nouveau projet : elle voulait mouler mon buste, avec un produit à prise rapide.
Un coup de fil providentiel me permit de filer à l’anglaise par la porte-fenêtre.
Je n'allai pas très loin. Mes frères veillaient juste derrière. Ils me livrèrent à la potière.

— Salauds ! Criai-je aux deux complices qui rigolaient.
— Merci les garçons. Je ferme les portes. Laissez-nous travailler maintenant.

J'avais peur de me faire disputer.

— Alors, Moïse, tu fais des caprices de star ?
— Et pourquoi pas eux ?
— Tu es le plus beau.
— Pourquoi je dois me déshabiller ?
— Tu n’auras pas froid. J’ai mis du bois dans le poêle. Regarde, on n’est pas bien là ? Et puis il n’y a personne pour te voir, même pas ta cousine, ni tes frères. Alors, ne crains rien. Ta tante est au courant. Moi aussi, je suis comme une maman tu sais, je connais les enfants...
— … Pourquoi, tu as un enfant ?
— Non, pas encore... Tiens regarde.

Histoire de reconquérir ma confiance après l’épisode du moulage en pied que j’avais mal supporté un an auparavant, elle me présenta son catalogue de photos. Je reconnaissais certaines de ses réalisations qui prenaient la poussière dans l’atelier autour de nous. Les dernières pages ne contenaient que des bustes. Une vraie galerie de portraits déclinant les caricatures les plus expressives de la nature humaine. Jeunes et vieux rigolaient, pleuraient, ou grimaçaient.

— Tu vois ce que je fabrique ? Toutes ses personnes ont déjà posé ici, à ta place.
— Je garde mon short alors ?
— Bien entendu. Quitte ton tee-shirt, ça suffira pour le moment. Détends-toi. Je te sens inquiet.

Elle me protégea les yeux avec une paire de lunettes de piscine.

— Voilà monsieur le modèle. Ainsi équipé, tu pourras voir et respirer sans problème.

Camille me confia une position à tenir le temps du moulage. Elle me croisa les bras sur la poitrine. Puis, disposa ma main gauche sous le menton, tout en gardant l’index tendu devant la bouche fermée.

— Tu dois dire  « chut » !
— Chut ! Pourquoi « chut » ?
— C'est pour la pause. Voilà ! Très bien. Tu poses le doigt sur tes lèvres. Surtout n’ouvre pas la bouche. Je vais te recouvrir de cette pâte bleue.
— Pouquoi elle est bleue ?
— Parce que tu es un garçon. C’est comme une crème. Ça sent pas trop bon, mais je vais me dépêcher. En premier, je dois te badigeonner d’huile d’amande douce, pour faciliter le démoulage. Tu n’auras pas mal du tout. Ça va aller ?

Je fis oui en clignant des yeux. J’avais déjà adopté la posture de la sculpture muette. L’huile dégoulinait partout. Pour éviter de salir mon short, elle me le retira. Elle m’enserra la taille avec une grande serviette de bain qui traînait par terre.

— Ne bouge pas, je vais prendre une photo. Tu auras un souvenir pour plus tard.

Son appareil était drôle. Après le flash, il cracha par le devant un papier rigide. Ma photographie apparut peu à peu. Elle posa le cliché sur son établi, à côté d’une bouteille d’alcool. Camille avait soif. Moi aussi. J’aurais bien voulu de l’eau.

Elle prépara un mélange bizarre dans un seau. Puis, elle me porta sur une petite estrade. M’assit sur un tabouret. J'étais à la hauteur de son visage.

— Voilà, le travail va commencer, je vais me dépêcher. Ah mince, j’ai oublié les cheveux.

Elle se précipita sur une étagère. Je la trouvais nerveuse. Au moment où elle m'enfila sur la tête une espèce de bonnet de bain très souple, elle me pinça la nuque. Je ne dis pas un mot.
Pour l’occasion, ma tante m’avait rasé le crâne. Châtain avec quelque taches de rousseur sur le museau, j’avais tout l’air d’un « petit coquin », comme disait si bien mon oncle.

— Bouge pas, on commence, dit-elle en vidant son verre.

Je ne risquais pas de bouger.
Le téléphone sonna. Elle répondit en me surveillant du coin de l’œil et raccrocha aussitôt.
Elle travaillait. Elle buvait.
Elle mélangea à plusieurs reprises des doses de pâte bleue.
Elle but souvent. Elle utilisait un pinceau, une palette, ses doigts, sa main.
Elle buvait à petites gorgées.

Dans le miroir du fond, je me vis comme un schtroumph, le gros nez en moins. Quand elle me boucha les oreilles avec son produit, je n’entendis presque plus rien. Elle se positionna en face de moi. Je crus comprendre son ultime recommandation, toujours la même : « Ne bouge pas, Moïse. »

Elle reprit une photographie. Elle prépara des bandes de plâtre, les mêmes que l’infirmière avait utilisées lorsque je m’étais cassé la jambe. Peu à peu, je devins raide comme un morceau de bois.

Sur le bureau une foule d’objets se disputaient la place avec sa bouteille qu’elle n’arrêtait pas de saisir et de reposer. Je distinguais un cadre dans lequel trônait le portrait d’un homme et d’une femme, qui, joue contre joue, souriaient à pleines dents.

Camille scrutait l’avancement de son projet. Le plâtre lui blanchissait les mains. Le miroir me renvoyait mon image transformée peu à peu en statue d'albâtre.
Passait entre nous cette artiste triste, préoccupée.

Je sentis des gouttes qui coulaient le long de mon dos et glissaient entre mes fesses. Cela me chatouillait et me gênait aussi. Je ne pouvais rien dire.
J’avais le droit de remuer les jambes ? Je remuais la droite.

— C’est bientôt fini mon grand, arrivai-je à comprendre. Tu as beaucoup de patience. Je suis très contente. Encore dix minutes et j’enlève le moule en plâtre, puis celui en caoutchouc bleu.

Dix minutes dans ma vie c'était beaucoup. Pour un garçon de ma trempe, ça ressemblait à une éternité.
Un peu comme à l'école quand il fallait rester assis. Je détestais. On apprenait à lire et à écrire mais surtout à se taire, ne pas bouger.
La maîtresse me donnait des mots à copier ? Hop, je copiais vite fait, sans problème. Compter c'était fastoche pour moi.
Mais rester assis... Un exercice terriblement difficile.

Alors qu'au-dehors, par les fenêtres entrouvertes de la classe, j'entendais les cloches des vaches. J'écoutais le cri du faucon. J'imaginais son vol, son piqué sur la terre labourée du Bruno ou les prés fauchés par le Dédé.

Une fois, j'avais réussi à rattraper un petit lièvre blessé par la faucheuse.
Il lui manquait une patte. Je l'introduisis dans un clapier avec une autre bande de lapins de son âge. Il se tapit en boule, tout au fond, sans bouger.
Mes soins ne l'empêchèrent pas de mourir le jour suivant.
Je lui en voulais au Dédé.

C'était son chien que j'entendais aboyer. Mes deux frères criaient plus fort que lui pour l'exciter.
Y me faisait pas peur son clebs. Un jour, il m’avait attrapé le mollet. J’avais même pas pleuré. De rage, j'avais failli lui donner un grand coup de latte dans sa gueule. Ses yeux me fixèrent. Je me suis retenu in-extrémis.
Malgré tout, pour me venger, je lui avais préparé une tranche de pain beurrée avec plein de poivre dessus. Désormais, il se méfiait de moi. On avait la rancune commune. C’était moi qui avais gagné !
Et puis, maintenant que je connaissais la longueur exacte de sa chaîne, je le narguais. Il aboyait. Je lui tirais la langue. Il aboyait. Je le menaçais d’un bâton sans le frapper, parce qu’il ne faut pas taper les animaux.
Il aboyait toujours, ce con de chien.

***

Camille s'immobilisa face à son miroir, le verre à la main, au moment où un homme pénétra dans l'atelier par la baie vitrée.
J'avais comme l'impression de reconnaître mon père. Ça faisait si longtemps que je ne l'avais pas vu.

Elle n'eut pas l'air très surprise. Je n'entendis pas ce qu'ils se dirent. Elle jeta un coup d’œil sur le visiteur, porta son verre à ses lèvres puis se regarda boire lentement, avec une once de mépris bien mesuré.
Il la saisit par le bras, la bouscula.
Elle était marionnette désarticulée.
Il la lâcha, puis circula à grands pas dans l'atelier, passa devant moi sans remarquer ma présence.
L'immobilité adoptée devait me faire ressembler aux autres statues abandonnées un peu partout autour de moi.
J'observais son manège. Il avait l'air très en colère. Camille était d'une passivité exemplaire.
Il la bouscula à nouveau. Ses bras étaient chiffon. Le verre se brisa sur le sol.
J'avais l'image, pas le son.

À présent, je reconnaissais bien l'homme.
Il secoua Camille comme je secouais la poupée de ma petite cousine pour savoir si elle ressentait quelque chose.
Aucune réaction.
Il saisit la bouteille que tenta de reprendre Camille et la jeta contre l'étagère derrière moi, tout près du poêle.
Je sentis des morceaux de verre se planter dans mon armure. Le liquide fit tache devant le feu.

Je revis alors les scènes vécues auparavant à la maison avec ma tante, qui, elle, se défendait bien. La dernière fois qu'il était passé chez nous, c'était l'an dernier. Je l'avais vu battre tatan cette soirée où tonton était au syndicat paysan. Leur dispute me réveilla.

À pas de loup, je m'étais avancé pour les observer. Bien dissimulé derrière la porte, je regardais la violence de leur bagarre.
Baffes. Empoignade.
Ils finirent par se rouler par terre. Mon père prit la position du bélier qui saillit la brebis. Son zizi raide et tout rouge glissait entre les fesses de tatan.

C’était la même chose avec Camille. Elle était allongée sur le sol. Elle ne se défendait pas. Il quitta l'atelier aussi vite qu’il était entré en claquant la porte-fenêtre.

Pas de bruit.
J'avais vraiment trop chaud.
Je voulais m'éloigner du poêle.
Ça sentait la fumée.
Prisonnier dans mon habit solide, je descendis de l’estrade. Je me rendis compte combien c’était difficile de marcher en gardant l’équilibre.

Camille gisait au sol. Je la touchai avec la pointe du pied. Aucune réaction.
Impossible de crier. J'étais tenu au silence par un « chut » permanent.
Impossible d’ouvrir la porte.
J’avais la vue qui s’embrumait. La fumée envahissait la pièce. Je devais sortir.

Du côté du garage, c’était pareil. Je ne pouvais pas ouvrir la porte. Je m’allongeai sur le sol et frappai de toutes mes forces. C’est solide une porte. Je réussis seulement à démolir la chatière. Trop petite pour que je puisse m’échapper. Je revins vers Camille. Elle ne se réveillait toujours pas. Ça fumait de plus en plus. Je m’étendis contre elle. Les boutons de sa blouse étaient arrachés. Je voyais un sein tout blanc qui se soulevait doucement. Ceux de tatan étaient marron foncé. J'avais bien regardé quand j'étais caché.

Le temps s’arrêta.
Je m’endormis enfin.

***

Je me suis réveillé à l'hôpital.
J'avais faim et soif. Tatan était là avec un grand sourire qui barrait son visage d’une oreille à l’autre.

On me dit que Camille se portait bien. Elle vint m'embrasser dans la chambre où je reposais avec deux autres enfants.
Je la détestais.
Sa figure était marquée par un gros bleu au même endroit que celui de tatan quand elle me câlinait le matin.
Pourquoi les hommes tapent-ils les femmes ?
Plus tard, quand je serai grand, je les protègerai.
Alors, comme avec Tante Rosemay, je serrai très fort Camille entre mes petits bras.

Les visiteurs défilèrent les uns après les autres, me racontèrent le sauvetage, me demandant ce qui s’était passé.
Je m’en fichais. Je n'avais qu’une envie en tête : m’occuper des lapins. Je voulais leur construire une grande cabane pour les sortir des clapiers trop étroits.

Une éducatrice spécialisée, très gentille, me posa des tas de questions.
Je ne l’écoutai que d'une oreille, je ne comprenais rien du tout.
Elle voulait absolument savoir si je faisais ma toilette tout seul.
Je lui dis que non. Ma tante s'en occupait, même si je la trouvais trop brusque.

— Comment ça trop brusque ?
— Ben, elle me fait mal, un peu.
— Tu as mal où quand elle te lave ?
— Là. Je lui désignai mon entre-jambe.
— Sur le zizi ?
— Ben, oui, pourquoi ?
— Explique-moi comment elle fait tatan.
— Elle me tire la peau en arrière et avec le gant de toilette, elle frotte pour qu'il soit bien propre. Après il est raide comme une petite asperge et ça fait mal, un peu.
— C'est tout ?
— Oui, pourquoi ?
— Ta tante Rosemay, comme toutes les mamans, t'a montré comment il fallait te laver. À présent, tu es assez grand pour le faire tout seul. Non ?
— Je crois, oui.
— Il faut que tu saches que ton corps t'appartient et que si tu n'as pas envie qu'une autre personne le touche, tu as le droit de refuser.
— Même pour servir de modèle à Camille, je peux refuser ?
— Mais bien sûr Moïse.
— Chouette alors !

***

Quand je sortis de l’hôpital, j'allai dans une nouvelle maison.
« Placement provisoire » avait dit le juge.
Il y avait plein d’enfants. J’y retrouvai mes deux frères. On rigolait bien. Les éducateurs étaient sympas.
Mais dans ce foyer, il n’y avait pas de lapins.
C’était triste.
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Message  Chako Noir Mar 26 Juin 2012 - 10:26

Tristes sont ces enragés (s'ils en sont). Je ne sais pas trop quoi penser de ce texte, tous ces personnages apportent de la souffrance et on attend que vienne un rayon de soleil, à un moment ou un autre. Mais ça ne vient pas. On lit le texte jusqu'au bout, mais ce petit Moïse a bien de quoi devenir dépressif!
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Message  Marine Mar 26 Juin 2012 - 10:31

Pfiou, il est étrange ce texte. Sacrément bien écrit, mais étrange.
Cette histoire de moulage mêlé d'érotisme et de perversité, c'est original mais ça met mal à l'aise.
Je relirai plus tard. Le texte est réussi.
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Message  kolkhoze Mar 26 Juin 2012 - 10:41

Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Camille Claudel.
C'est visuel, il y a une ambiance, je trouve ça très chouette.

Juste deux choses qui me turlupinent,

"Une vraie galerie de portraits déclinant les caricatures les plus expressives de la nature humaine. Jeunes et vieux rigolaient, pleuraient, ou grimaçaient."

J'ai été un peu troublée, je la trouve un peu de trop cette phrase, de trop je ne sais pas, ça m'embête, elle flotte, on dirait une phrase toute faite pour parler des choses des plasticiens, alors que tout le reste me parle, vraiment

"On me dit que Camille se portait bien. Elle vint m'embrasser dans la chambre où je reposais avec deux autres enfants.
Je la détestais. "

Et là je crois que c'est moi qui suis un peu nulle mais est-ce que c'est la chambre qu'il déteste? C'est Camille?
C'est pas très clair je crois, mais ce n'est que mon sentiment


J'espère que c'est pas trop flou ce que je dis
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Message  Invité Mar 26 Juin 2012 - 12:12

C'est un chouette projet que le tien, Bertrand, cette volonté de rendre compte, de témoigner sinon de rendre hommage. Parce que même si on est dans la fiction, n'en doutons pas un instant, tes récits prennent racine dans la vraie vie, il ne peut en être autrement, les personnages sonnent tellement juste !

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Camille Empty ... ça descend tout seul.

Message  ubikmagic Mar 26 Juin 2012 - 18:38

C'est complexe, foisonnant, riche de détails et de messages qui s'entrecroisent. Tout ça descend tout seul, comme un Monbazillac bien frais.
Rien à redire, ou si peu...
Chouette boulot.

Ubik.
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Message  elea Mar 26 Juin 2012 - 19:01

Durant mes trois premières années, tatan me confiait à la voisine lorsque l’heure de la traite sonnait. Après, ce ne fut plus nécessaire, car je me débrouillais « comme un grand », c’est du moins ce qu’avait l’habitude de dire tatan. De fait, j’avais vite grandi pour ne plus aller chez Camille. Et puis, j'avais la responsabilité des lapins à nourrir. Matin et soir.

Et ce fut dans cette situation dénudée au centre de ma mini pataugeoire, que me découvrit ma voisine Camille.


Ce n’est qu’à la dernière de ces phrases que l’on (je) comprend que la voisine c’est Camille et inversement, c’est un détail mais qui a arrêté ma lecture.

Il aboyait toujours, ce con de chien

Jusque là j’ai beaucoup aimé, je suis entrée avec plaisir dans l’histoire de Moïse, lieu et époque bien calés dans mon imaginaire, j’ai suivi ses petites aventures sans voir défiler les lignes.

La suite me laisse plus dubitative, uniquement pour une question de liant entre les événements je crois, l’arrivée de l’éducatrice spécialisée notamment, je comprends le lien mais il ne coule pas de source à la lecture, comme s'il me manquait un élément.

Ou alors c’est moi, parce que les choses étaient racontées tellement naturellement, avec l’innocence des yeux du narrateur, que l’intervention d’un regard adulte suspicieux introduit une perversité qui ne sautait pas avant aux yeux (si je me fais comprendre).

Quoi qu'il en soit, une lecture bien agréable, très joli texte.



elea

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Message  Invité Mer 27 Juin 2012 - 10:57

Ecrit au cordeau, sans voyeurisme pour un thème délicat.
Douleur désabusée de l'enfance ; je suis heureux d'avoir pris la "peine" de le lire sereinement.
C'est très bien.

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Message  Invité Ven 29 Juin 2012 - 13:46

Très fort.
Comme Elea, j'ai mis du temps à établir le lien entre Camille et la voisine.

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Message  Invité Mar 3 Juil 2012 - 7:09

J'ai beaucoup apprécié cette téléportation, direct dans cet univers qui sonne si vrai. Tout l'art de cette prose est là: d'un naturel évident, du sur mesure pour le lecteur. C'était très agréable, merci.

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Message  Invité Mar 3 Juil 2012 - 7:10

Non, cousu main plutôt...!

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