Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts

loic Jeu 4 Déc 2008 - 4:03

soque ce texte est flamboyant, ça ressemble à un pantoum mais ..
comme je n'y connais pas grand chose, j'en trouve en tous cas la forme et le fond très originaux

loic Jeu 4 Déc 2008 - 4:09

merci à tous ceux qui laissent leur mots ici, je n'ai pas le temps ni la prétention de tout commenter, mais ce fil est réjouissant

Arielle ton texte me glace..comme le bleu d'un ciel mort

Invité Ven 5 Déc 2008 - 14:18

— Vos roses font de l'ostéoporose, annonça le botaniste consulté à l'horticulteur inquiet. C'est pour ça que les jaunes rougissent, que les rouges blanchissent et que les blanches grisissent.
— Écoutez, ma femme en a, de l'ostéoporose : une perte accélérée de masse osseuse. Comment ça pourrait arriver à mes roses ?
— Ce sont ces nouvelles maladies, de la classe des rimasses. On pense que ce sont les limaces qui les transmettent. C'est tout récent.
— Vous vous foutez de moi ?
— Mais non ! On a trouvé des cas de sida chez les résédas et des cactus ont fait des infarctus. Les edelweiss ont parfois mal aux fesses.
— Les edelweiss n'ont pas plus de fesses que les roses d'os !
— Qu'est-ce que vous croyez ? Des fesses leur poussent, et elles sont irritées. C'est une forme d'érythème ; ça arrive aussi aux chrysanthèmes.
— Putain. C'est dingue.
— Oui, et les animaux s'y mettent. On a relevé des caries chez quelques astéries, et les ophiures suppurent de plus en plus souvent. Cela n'augure rien de bon.

Sahkti Ven 5 Déc 2008 - 14:32

Socque, superbe! Quel jonglage avec les sonorités mais aussi l'humour et le sens de la répartie. Bravo !

Arielle Ven 5 Déc 2008 - 16:02

Ce sont ces nouvelles maladies, de la classe des rimasses

Excellent!

Invité Ven 5 Déc 2008 - 16:19

je me suis bien amusée avec ce texte espiègle qui laisse une impression d'écriture spontanée en dépit de formules bien trouvées.

mouss Ven 5 Déc 2008 - 18:50

la vie du crabe m’indiffère
le poisson a bien trop d’écailles
cette souffrance dite en braille
son chagrin n’est pas mon affaire

mouss Ven 5 Déc 2008 - 18:52

Désillusion dorée

D’avoir volé vers la lumière
j’en ai les ailes saupoudrées
je me souviens c’était hier
mais j’ai déjà les yeux fermés

Désillusion sépia

les lucioles sont là,
les étoiles, sans doute,
et chacun sur sa route
peut leur confier ses pas.
Mais pour moi rien n’appelle,
tout me semble sépia,
aucun froissement d’elle,
plus rien ne m’est appât

Désillusion gourmande

J’aimerais tant que tes deux mains
Autour de ma taille se serrent
Mais l’impossible est un refrain
Que le destin souvent nous sert

mouss Ven 5 Déc 2008 - 19:04

Une séparation

Qu’il m’en souvienne que m’importe
Si je suis seul à rappeler
Ces pauvres choses presque mortes
Ces souvenirs tout esseulés

De mon passé je ferai cendres
Pour m’éviter trop de regrets
Mes souvenirs je vais vous pendre
Ou vous noyer sous le secret

Invité Ven 5 Déc 2008 - 19:23

mouss a écrit:la vie du crabe m’indiffère
le poisson a bien trop d’écailles
cette souffrance dite en braille
son chagrin n’est pas mon affaire

J'aime beaucoup ce quatrain ! Les autres petits poèmes aussi (un peu moins "Désillusion sépia" et le deuxième quatrain de "Une séparation").

mouss Ven 5 Déc 2008 - 19:36

socque a écrit:J'aime beaucoup ce quatrain !

-et avec "ce" chagrin, ce ne serait pas mieux ?

Invité Ven 5 Déc 2008 - 19:41

Je ne crois pas, parce que les premiers mots du quatrain seraient "la", "le", "cette" et "ce", et cela serait peut-être un peu monotone... Le "son" apporte une rupture bienvenue à mon avis.

Sahkti Ven 5 Déc 2008 - 23:45

socque a écrit:L'âne tout efflanqué allongé sur la route
(...)
L'âne tout efflanqué allongé sur la route.

C'est décidément un exercice qui me tente, je vais essayer de tenter le coup à l'occasion. Merci Socque !

mouss Sam 6 Déc 2008 - 10:47

je remets là ce double itinéraire acrostich...ique, corrigé, un peu, pour ne pas le remettre en première page.

Il va d’un pas égal- au boulot, la fourmi !
Tu le croises parfois et ses yeux te sourient.
Il va vers son travail, et toi t’ y vas aussi.
Ni toi ni lui jamais ne vous parlez, oh non !
Et pourtant quelque chose a fini par se dire
Rien de bien clair, un truc qu’on ne sait définir…
Alors, quand ce matin, alors quand ce soir-là,
Il n’est pas apparu ça t’a comme ébahi.
Rien, non, le lendemain-et puis jour après jour...
Et tu l’as oublié comme il t’a oublié.

Jonjon Sam 6 Déc 2008 - 18:27

Socque, t'es le roi du texte court (bref?).

Kilis Sam 6 Déc 2008 - 18:35

socque a écrit:
— Vos roses font de l'ostéoporose, annonça le botaniste consulté à l'horticulteur inquiet. C'est pour ça que les jaunes rougissent, que les rouges blanchissent et que les blanches grisissent.
— Écoutez, ma femme en a, de l'ostéoporose : une perte accélérée de masse osseuse. Comment ça pourrait arriver à mes roses ?
— Ce sont ces nouvelles maladies, de la classe des rimasses. On pense que ce sont les limaces qui les transmettent. C'est tout récent.
— Vous vous foutez de moi ?
— Mais non ! On a trouvé des cas de sida chez les résédas et des cactus ont fait des infarctus. Les edelweiss ont parfois mal aux fesses.
— Les edelweiss n'ont pas plus de fesses que les roses d'os !
— Qu'est-ce que vous croyez ? Des fesses leur poussent, et elles sont irritées. C'est une forme d'érythème ; ça arrive aussi aux chrysanthèmes.
— Putain. C'est dingue.
— Oui, et les animaux s'y mettent. On a relevé des caries chez quelques astéries, et les ophiures suppurent de plus en plus souvent. Cela n'augure rien de bon.

Excellent, socque !

Merci à Jonjon sans qui je n'aurais pas vu ce texte.

Invité Dim 7 Déc 2008 - 18:31

— Le ténia du bégonia, c'est une vraie vacherie... Je vous conseille de tous les arracher.
— Oh non ! se lamenta l'horticulteur. Vous n'avez donc jamais de bonnes nouvelles pour moi ?
— ...À vrai dire, je crois que vos pâquerettes souffrent du syndrome Gilles de la Tourette.
— C'est bien cette maladie où on ne peut pas s'empêcher de cracher des grossièretés ? Comment des pâquerettes peuvent-elles faire ça ?
— D'après les dernières recherches, les plantes communiquent par une espèce de langue des signes. Et je peux vous dire que vos fleurs, là, s'en racontent des vertes et des pas mûres... Enfin, pour des pâquerettes, quoi. Là, elles parlent d'abeilles. Au fait, vous saviez que les abeilles risquent de disparaître ? Les infections de l'oreille font des ravages chez elles.
— Plus rien ne m'étonne ; l'autre jour, j'ai voulu offrir à ma femme un petit dîner de fête, histoire de nous remonter le moral. J'ai acheté des pétoncles, eh bien elles étaient couvertes de furoncles ! On a tout jeté.
— Oh, c'est terrible ! compatit le botaniste. Vous savez, de mon côté je n'ose plus emmener mes enfants se promener en forêt : la dernière fois, nous sommes tombés sur un tapis de lépismes qui pratiquaient l'onanisme.
— Ce n'est pas une maladie, ça...
— Non, mais imaginez l'effet : tout un sous-bois composé de champignons en train de se branler ! Quand je pense qu'on avait voulu sortir les gamins pour les changer un peu d'Internet et de son stupre...

Kilis Dim 7 Déc 2008 - 19:44

Ah, socque, j'aime vraiment beaucoup.
Pourquoi n'en feriez-vous pas une nouvelle.
Je pense à une intro très ordinaire, genre: par une belle journée ensoleillé. Le jardinier chantonne en travaillant dans son potager. L'autre, le botaniste, se balade en rimaillant... Puis la rencontre, conversation anodine et progressivement délirante.

Jonjon Dim 7 Déc 2008 - 19:47

Ah oui, Socque, très amusant!

Mano Mar 9 Déc 2008 - 9:42

Hier j'ai chanté une chanson pour la première fois. Je vous la passe. Il y a des jours comme ça...

Je sais, c'est de l'anglais et puis je chante mal... mais la musique est pas mal, c'est mon copain Paul. Et puis si on essaye pas de rattrapper ses rêves de punk et de rock à quarante ans, on déprime, non ?

Bref :

Click here to watch "mano-26"

Ain’t no stop signs in my hometown

Flat lands, main street, two churches and a bar,
An old schoolhouse silent since my years.

Ain’t no stop signs in my hometown
No crossroads, no lights, no parking lots
Just cars racing their ways down to the south.
To the south.

There were mash potatoes, turkey with gravy
French fries, sides of ranch, burgers and coffee
But never been any stop sign in my hometown.

The first decent girl lives forty miles away
And she’s not mine. No, not mine !

Ain’t no stop signs in my hometown
No crossroads, no lights, no parkings lots
Just a straight line up to the end.

She’s not mine. No, not mine ! Not mine.

Just the dust and my bare hands,
Bare hands.
Bare hands.
Bare hands

Ain’t no stop signs in my hometown
No crossroads, no lights, no parkings lots
Just a graveyard full of memories.

Up to the end.

Bon, on déprime encore plus après. Soit.

Sahkti Mar 9 Déc 2008 - 10:02

Socque, encore bien joué! Drôle et pertinent. Toutefois, je me demande si sur un plus long format, le procédé ne firait pas par s'épuiser.

Invité Mar 9 Déc 2008 - 10:15

Je crois ; c'est le genre de pochade qui tient sur un fragment, sans plus...

Sahkti Mar 9 Déc 2008 - 10:30

Sahkti a écrit:Socque, encore bien joué! Drôle et pertinent. Toutefois, je me demande si sur un plus long format, le procédé ne firait pas par s'épuiser.

je me relis... finirait pas, bien sûr :-)

Ole Touroque Mar 9 Déc 2008 - 14:41

Le soleil frémit comme au bagne
Traîna son poids
Ou son artifice

Soleil immobile
Impulsif et vaniteux

A coups de langue
Il ferma son palais

L'important est le ton

Ole Touroque Mar 9 Déc 2008 - 16:56

socque a écrit:L'âne tout efflanqué allongé sur la route
Vient-il donc de rêver
(Il va bientôt crever)
D'un chemin moins ardu où aucun pas ne coûte ?

Vient-il donc de rêver,
Quand le faix déformait son dos en une voûte,
D'un chemin moins ardu où aucun pas ne coûte,
D'une vie non grevée ?

Quand le faix déformait son dos en une voûte,
Un beau songe enfiévré
D'une vie non grevée
A-t-il pu provoquer quelque douloureux doute ?

Un beau songe enfiévré,
Ça sape l'énergie si jamais on l'écoute !
A-t-il pu provoquer quelque douloureux doute
Étourdi, enivré

(Ça sape l'énergie si jamais on l'écoute) ?
Il va bientôt crever,
Étourdi, enivré,
L'âne tout efflanqué allongé sur la route.

Réponse à Socque

L'âne est mort de faim
Son pelage marqué la pluie
Lui a monté une crête
Qui le poignarda
Sur le rayon d'ébène
Son arc-en-ciel

L'âne est mort de froid
Les oreilles en quinconce
Satellites de l'automne

L'âne est mort Des fées
Ont pris son herbe

Les nuages lui pleurent
Des cris de soufre
Pour l'empêcher de boire

Invité Mar 9 Déc 2008 - 19:34

Très classe, très élégant et expressif ! Bravo.

Sahkti Mer 10 Déc 2008 - 8:49

Ole Touroque a écrit:L'âne est mort Des fées
Ont pris son herbe

Les nuages lui pleurent
Des cris de soufre
Pour l'empêcher de boire

J'aime beaucoup cette partie

Invité Mer 10 Déc 2008 - 9:02

Mes yeux sont perdus quelque part en Sibérie, petits blocs glacés en attente d'un hypothétique dégel.

J'ai une oreille au sommet du Kilimandjaro, qui entend la rumeur lointaine de la lave en dessous, l'autre au fond d'une mine de sel polonaise, qui s'encroûte de beaux cristaux cubiques.
Ma moelle épinière étalée sur un axe Berlin-Paris-Londres graisse des rails de trains rapides.
Toute ma chair suspendue dans l'atmosphère retombe en pluie, parfois en neige très légèrement rosie qui inquiète.

La pensée tournoie très haut en orbite. Une nostalgie plutôt, c'est très flou. Un regret informulé, le souvenir diffus de.

La matière.

Invité Mer 10 Déc 2008 - 10:09

Socque, sans vous critiquer : vous devriez mieux ranger vos affaires !

Invité Mer 10 Déc 2008 - 10:50

Si vous voyiez mon appart. Enfin, lui au moins reste confiné entre ses murs...

Sahkti Mer 10 Déc 2008 - 11:09

socque a écrit:Si vous voyiez mon appart. Enfin, lui au moins reste confiné entre ses murs...

Raconte-t-il d'aussi jolies choses que l'habitante des lieux?

J'aime le côté hétéroclite du texte sur la matière, j'en aurais volontiers repris une tranche.

Kilis Mer 10 Déc 2008 - 15:46

Le petit Noël

Le petit Noël, il a pas de dents. Il en avait, mais il en a plus. Il a pas de cheveux. Il en avait des jaunes, oui. Il en a plus, même pas un qui s’est accroché sur son crâne rose. Il a pas de papa, pas de maman. Le petit Noël, d’ailleurs il a plus d’aile non plus. Même que maintenant on l’appelle le petit Noé. Et vrai pour le petit Noé c’est le déluge. À l’occasion de sa fête, le personnel de l’Arche a organisé un grand cancer, des cancertistes de renom s’y sont produits. C’était géant, tu meurs ! Six ans ! Même pas t’as l’âge de raison ! Alors y’a pas de raison, mourir on peut pas, non ?
Le petit Noé il a pas de sapin. Paske… ça existe pas ça, des sapins de Noé. Il a pas de sapin mais il a une guirlande. Et pas de la gnognotte, non, une qui clignote ! C’est quelque chose une guirlande qui clignote ! C’est un peu comme… la vie d’un petit Noé sans L, hein ?

bertrand-môgendre Mer 10 Déc 2008 - 16:51

bien vu Pili

mouss Mer 10 Déc 2008 - 19:52

Où sont l’été et les étais de mon passé ?
L’été s’est délité, les étais effondrés
Pendant que mon pas s’espaçait
Le présent- un présent !- s’effaçait.
J’aurais voulu crier : la balle était let et
Mais déjà m’avalaient les eaux du Léthé
Tandis qu’insouciant, moi, je buvais mon thé.
Monté
Compté
Ponté
Honte et
Pourtant je me souviens, c’était… c’était l’été
C’était avant, avant que ne se pose la taie
Sur ma mémoire- et bon, j’me tais.

mouss Mer 10 Déc 2008 - 19:53

Se dépouiller des voiles

- On m’a dit « tu es nu » un jour avec surprise
J’avais fait une mue, ôté peaux et chemises

mouss Mer 10 Déc 2008 - 19:57

Ma bouche est morte ô mon amour
bouchée l’aorte et le coeur sourd
syncope ainsi que le tambour

mouss Mer 10 Déc 2008 - 19:59

le tombeau, notre langue
tout à la fois nacelle
linge lange gangue
la mer et le sel

Mano Mer 10 Déc 2008 - 20:24

bon ben ma chanson je vais faire comme Renaud à son époque je vais me la remettre dans le caleçon...

Ole Touroque Mer 10 Déc 2008 - 20:53

Mets les sirènes en démesure
A hurler bleu jusqu'à l'usure
Tue le monde au lance-pierre

Invité Mer 10 Déc 2008 - 21:19

Ole Touroque a écrit:Mets les sirènes en démesure
A hurler bleu jusqu'à l'usure
Tue le monde au lance-pierre

oh ! ça j'aime beaucoup. Bien troussé, expressif. Joli.

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