FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
+92
Phoenamandre
ideerange
Hellian
Ba
JeanJean
evaetjean
vinse
Roz-gingembre
roro
afaf
Rome-xx
célibne
Jacinthe
lemon a
Mano
mouss
Bunje
Romane
Halicante
Uli62
Admin
loic
marcus
mille-visages
Annween
BloodY
Funambule
claude
muzzo
kazar
carrie23
Ana*
grieg
Wild Hunt
milo
plume blanche
Lull
jameline07
Manu(manisa06)
Luna
Cerise7
Lunatiic
lululucas
Evanescent
Lou
bmarie
gunter
Mehdi-L
Peach
Anne Veillac
Lucy
ulysse-yel
Yaäne
Skualys
Vaguerrance
Ole Touroque
Chako Noir
Numériplume
méthylène
Reginelle
pierre-henri
pestebec'o
Louise Germain
Kash Prex
à tchaoum
lol47
Arielle
Couscous
alprazolam
Nechez
verspomme
brumes
Krystelle
Barabo
Charlemagne
BB
Jonjon
claire
Zou
Charles
Lyra will
Gobu
Orakei
Loupbleu
Yali
bertrand-môgendre
Sahkti
Tristan
Le Singe
Macaire
Kilis
mentor
96 participants
Page 20 sur 25
Page 20 sur 25 • 1 ... 11 ... 19, 20, 21 ... 25
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
Pili a écrit:Le petit Noël
Le petit Noël, il a pas de dents. Il en avait, mais il en a plus. Il a pas de cheveux. Il en avait des jaunes, oui. Il en a plus, même pas un qui s’est accroché sur son crâne rose. Il a pas de papa, pas de maman. Le petit Noël, d’ailleurs il a plus d’aile non plus. Même que maintenant on l’appelle le petit Noé. Et vrai pour le petit Noé c’est le déluge. À l’occasion de sa fête, le personnel de l’Arche a organisé un grand cancer, des cancertistes de renom s’y sont produits. C’était géant, tu meurs ! Six ans ! Même pas t’as l’âge de raison ! Alors y’a pas de raison, mourir on peut pas, non ?
Le petit Noé il a pas de sapin. Paske… ça existe pas ça, des sapins de Noé. Il a pas de sapin mais il a une guirlande. Et pas de la gnognotte, non, une qui clignote ! C’est quelque chose une guirlande qui clignote ! C’est un peu comme… la vie d’un petit Noé sans L, hein ?
Ouille, ça fait mal ! Quelle rage dans l'expression, sans avoir l'air d'y toucher... Bravo.
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
Immobile et impulsif... ça doit demander une sacrée maîtrise de soi !Ole Touroque a écrit:Soleil immobile
Impulsif et vaniteux
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
ça doit être une réaction à l'anglais :-)))Mano a écrit:bon ben ma chanson je vais faire comme Renaud à son époque je vais me la remettre dans le caleçon...
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
Si un jour le soleil dessèche ma carcasse
Dans un désamour désertique,
Qu'on ne me croie pas pathétique
Car j'aurai appelé ce sort-là sur ma face.
Je m'octroie gentiment les meilleures des places,
De manière systématique.
Je suis contente, c'est pratique,
Mais le bâton retourne et l'égoïsme agace.
Je mourrai seule, sans conteste,
Ce sera bien fait. Quelle peste
Écartera de moi les bonnes volontés ?
Je sais parfaitement écœurer les amis :
Ils ont tous reculé, défaits, déçus, démis
Par mon attitude éhontée.
Dans un désamour désertique,
Qu'on ne me croie pas pathétique
Car j'aurai appelé ce sort-là sur ma face.
Je m'octroie gentiment les meilleures des places,
De manière systématique.
Je suis contente, c'est pratique,
Mais le bâton retourne et l'égoïsme agace.
Je mourrai seule, sans conteste,
Ce sera bien fait. Quelle peste
Écartera de moi les bonnes volontés ?
Je sais parfaitement écœurer les amis :
Ils ont tous reculé, défaits, déçus, démis
Par mon attitude éhontée.
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
Socque, je trouve ce texte magnifique. Peu de mots pour exprimer ce qu'il arrive à éveiller en moi mais j'admire la force de l'émotion qui s'en dégage, traduite par des mots bien agencés, bien choisis.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
Mano, j'ai écouté ta chanson : j'aime le texte, j'aime l'accompagnement, la mélodie gagnerait à être un peu moins monocorde ( même si ça sert le propos) et surtout, je trouve la prise de son mauvaise : il y a quelque chose qui ne va pas au niveau du micro voix, il me semble. Mais je ne suis pas spécialiste, hein !
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
Merci Colline Dé.
J'y travaille à ma chanson. Mais je crains que les conditions d'enregistrements ne permettent pas de dépasser ce type de résultat au niveau qualité. Et encore, je ne parle pas là de mes extraordinairement piètres qualités de chanteur.
En plus du côté hypnotique de chanter encore et encore le même texte en espérant arriver quelque part, on se rend compte que petit à petit les mots se placent. Même en anglais qui n'est pas ma langue comme l'accent le prouve bien. Je trouve que c'est un bon apprentissage d'écriture. Des pistes sonores s'ouvrent et font évoluer le texte dans des directions que l'on avait pas forcément anticipé. c'est une autre manière de faire des associations d'idées.
J'ai commencé un travail de lecture de texte avec ma série "Montaniens", puis lecture avec guitare. Maintenant j'essaye de chanter un peu. Le but étant de me sentir plus confortable lorsque je serai face à un public pour lire mes textes dans un bar ou une médiathèque par exemple.
Lors de mon séjour américain j'ai assisté à de nombreuses lectures et ça a toujours été un grand plaisir. Je pense que c'est quelque chose qui devrait se développer en France. Je crois aussi que le Net et l'ordinateur simplifient le processus et qu'il devrait y avoir de la place pour les audios sur Vos écrits comme il y en a sur d'autres forum.
Voilà. Merci du passage en tout cas.
J'y travaille à ma chanson. Mais je crains que les conditions d'enregistrements ne permettent pas de dépasser ce type de résultat au niveau qualité. Et encore, je ne parle pas là de mes extraordinairement piètres qualités de chanteur.
En plus du côté hypnotique de chanter encore et encore le même texte en espérant arriver quelque part, on se rend compte que petit à petit les mots se placent. Même en anglais qui n'est pas ma langue comme l'accent le prouve bien. Je trouve que c'est un bon apprentissage d'écriture. Des pistes sonores s'ouvrent et font évoluer le texte dans des directions que l'on avait pas forcément anticipé. c'est une autre manière de faire des associations d'idées.
J'ai commencé un travail de lecture de texte avec ma série "Montaniens", puis lecture avec guitare. Maintenant j'essaye de chanter un peu. Le but étant de me sentir plus confortable lorsque je serai face à un public pour lire mes textes dans un bar ou une médiathèque par exemple.
Lors de mon séjour américain j'ai assisté à de nombreuses lectures et ça a toujours été un grand plaisir. Je pense que c'est quelque chose qui devrait se développer en France. Je crois aussi que le Net et l'ordinateur simplifient le processus et qu'il devrait y avoir de la place pour les audios sur Vos écrits comme il y en a sur d'autres forum.
Voilà. Merci du passage en tout cas.
Mano- Nombre de messages : 233
Age : 55
Localisation : hyères
Date d'inscription : 17/01/2008
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
Le bleu fut gris entre les cheminées,
Orange, blanc,
L'ombre du coin,
Blanc d'orage.
Le bleu fut gris. Uni.
Le bleu et le gris accrochés au vent
Dépendants,
S'accusent et se poursuivent.
Orange, blanc,
L'ombre du coin,
Blanc d'orage.
Le bleu fut gris. Uni.
Le bleu et le gris accrochés au vent
Dépendants,
S'accusent et se poursuivent.
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
J'ai lu, deux fois, "le bleu fuit gris" et j'aime bien aussi.Ole Touroque a écrit:Le bleu fut gris entre les cheminées,
Orange, blanc,
L'ombre du coin,
Blanc d'orage.
Le bleu fut gris. Uni.
Le bleu et le gris accrochés au vent
Dépendants,
S'accusent et se poursuivent.
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
Pas mal du tout, ça ! Après la succesion des dégradés.Ole Touroque a écrit:Dépendants,
S'accusent et se poursuivent.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
Il est parti, blême, la folie en tête
Trouver Maldoror sur un château brûlant
Il suspendra haut les blessures ouvertes
La bulle d'orfèvre qu'on crève en naissant
Trouver Maldoror sur un château brûlant
Il suspendra haut les blessures ouvertes
La bulle d'orfèvre qu'on crève en naissant
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
Beau quatrain, mystérieux et ample à la fois...
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
Mano a écrit:Merci Colline Dé.
J'y travaille à ma chanson.
Allez, envoie !
mouss- Nombre de messages : 208
Age : 51
Date d'inscription : 27/11/2008
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
Belle image !Ole Touroque a écrit:Trouver Maldoror sur un château brûlant
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
Un avantage du piercing :
il ne fait pas de mal à ceux qui n'en portent pas
il ne fait pas de mal à ceux qui n'en portent pas
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
quel désœuvrement
ici bas
rien à faire
rien à dire
rien à lire
rien à écrire
tout à dormir
sauf la nuit
ici bas
rien à faire
rien à dire
rien à lire
rien à écrire
tout à dormir
sauf la nuit
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
Si l'araignée au plafond contourne la marque de ta chaussure, le sujet demande réflexion :
soit tu marches sur la tête,
soit tes mains ont des orteils !
soit tu marches sur la tête,
soit tes mains ont des orteils !
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
quand l’amer monte en toi,
ne retient pas ce vague à l’âme,
traduisant le besoin énergisant,
de ramer plus fort à contre courant
ne retient pas ce vague à l’âme,
traduisant le besoin énergisant,
de ramer plus fort à contre courant
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
voilà ce qui arrive quand on écume !bertrand-môgendre a écrit:quand l’amer monte en toi,
ne retient pas ce vague à l’âme,
traduisant le besoin énergisant,
de ramer plus fort à contre courant
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
J’écume les mers de draps de coton
J’accoste à tâtons, ta rive est de chair.
J’accoste à tâtons, ta rive est de chair.
Jonjon- Nombre de messages : 2908
Age : 40
Date d'inscription : 21/12/2005
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
jonjon21 a écrit:J’écume les mers de draps de coton
J’accoste à tâtons, ta rive est de chair.
ah! les rivets de chair dans les mers de coton...
mouss- Nombre de messages : 208
Age : 51
Date d'inscription : 27/11/2008
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
ITINERAIRE D'UNE LARME
Un rond deux points une colline
Quelque peu vieille
Un rond le X une vague
Pas trop de vent fouettée
Un rond une coupole fendue en deux le D
Correctement éméché
Et des bulles aimantées
Un rond deux points une colline
Quelque peu vieille
Un rond le X une vague
Pas trop de vent fouettée
Un rond une coupole fendue en deux le D
Correctement éméché
Et des bulles aimantées
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
Certains aveugles sont même débraillés !
Je n'ai pas compris le sens, mais je peux m'en passer pour apprécier la beauté du balancement. J'aime beaucoup les sentiers de cresson.
Si tu pouvais me dire à quoi raccrocher le qui dans
Mes pieds saignent toujours, claquant sur les trottoirs
Et ma démarche sourde aux appels des Voyants
Qui ne sont que de houle,
Je n'ai pas compris le sens, mais je peux m'en passer pour apprécier la beauté du balancement. J'aime beaucoup les sentiers de cresson.
Si tu pouvais me dire à quoi raccrocher le qui dans
Mes pieds saignent toujours, claquant sur les trottoirs
Et ma démarche sourde aux appels des Voyants
Qui ne sont que de houle,
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
Mano, ta chanson est un peu comme je t'imagine à travers tes écrits.
Bonne retransmission des idées, de l'ambiance, du côté délavé dont je te parlais dans un commentaire.
Le chewing-gum limé, sans goût, dans une gueule ouverte.
Après, question qualité, même si je sais bien que les moyens sont limités, tu devrais :
- faire gaffe à tes sons de gratte. Y'a beaucoup trop d'aigus et pas assez de basse (ça claque trop, la disto est pas top)
- pareil pour la voix : j'ai compris l'effet que tu voualis, mais trop d'aigus. Sature plus en medium, coupe les aigus, enlève masse de basses.
- faire attention à la clarté : c'est comme dans un dîner tu vois, chacun doit parler à son tour et utiliser une voix qui n'empiète pas sur la musique de fond. Mais c'est toute la difficulté d'un bon mix.
- Tu bosses sur quoi ?
- Essaye de mettre un peu de chorus !
Bonne retransmission des idées, de l'ambiance, du côté délavé dont je te parlais dans un commentaire.
Le chewing-gum limé, sans goût, dans une gueule ouverte.
Après, question qualité, même si je sais bien que les moyens sont limités, tu devrais :
- faire gaffe à tes sons de gratte. Y'a beaucoup trop d'aigus et pas assez de basse (ça claque trop, la disto est pas top)
- pareil pour la voix : j'ai compris l'effet que tu voualis, mais trop d'aigus. Sature plus en medium, coupe les aigus, enlève masse de basses.
- faire attention à la clarté : c'est comme dans un dîner tu vois, chacun doit parler à son tour et utiliser une voix qui n'empiète pas sur la musique de fond. Mais c'est toute la difficulté d'un bon mix.
- Tu bosses sur quoi ?
- Essaye de mettre un peu de chorus !
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
Morose le visage de l’ami perdu
Pendu au cou, une corde, une rose
Doses oubliées dans l’infini étendu
Rendu sous terre, sa tête lui a dit : « ose »
Pendu au cou, une corde, une rose
Doses oubliées dans l’infini étendu
Rendu sous terre, sa tête lui a dit : « ose »
Bunje- Nombre de messages : 215
Age : 109
Date d'inscription : 17/06/2008
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
Toussez. Je tousse.
Tous ces gens, tous ces mots qui,
moqueries.
Toussez. Je tousse.
Tout s’épand, s’étend,
tout ce temps- Serpent.
Tous ces tous ces
va comme j’te pousse
nous sommes ces
pierres qui moussent
nous sommes ces
pierres qui moussent
Tous ces gens, tous ces mots qui,
moqueries.
Toussez. Je tousse.
Tout s’épand, s’étend,
tout ce temps- Serpent.
Tous ces tous ces
va comme j’te pousse
nous sommes ces
pierres qui moussent
nous sommes ces
pierres qui moussent
mouss- Nombre de messages : 208
Age : 51
Date d'inscription : 27/11/2008
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
Je ne connais rien de plus fort que cet amour.
J'en exploserais presque
Et repeindrais à fresque
De ma merde et mon sang les murs de ton séjour.
Mes organes épars te seraient-ils toujours
Aussi chers ? Le grotesque,
Les folles arabesques
De chauds lambeaux de chair parsemés dans la cour
Te répugneraient-ils ?
Car je hais le futile :
Aime-moi goulûment, de ma moelle à ma peau !
Je ne sais pas où niche l'âme, l'Arlésienne.
À défaut, prends ce corps dont chaque fibre est tienne,
Donne-lui le repos.
J'en exploserais presque
Et repeindrais à fresque
De ma merde et mon sang les murs de ton séjour.
Mes organes épars te seraient-ils toujours
Aussi chers ? Le grotesque,
Les folles arabesques
De chauds lambeaux de chair parsemés dans la cour
Te répugneraient-ils ?
Car je hais le futile :
Aime-moi goulûment, de ma moelle à ma peau !
Je ne sais pas où niche l'âme, l'Arlésienne.
À défaut, prends ce corps dont chaque fibre est tienne,
Donne-lui le repos.
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
Il faisait nuit. On m’avait dit « suis-la ». Je la suivais. Pourquoi allait-elle à pied le long des avenues bordées de marronniers, je l’ignorais. Son pas résonnait doucement sur le bitume mouillé. Chaussures souples, mocassins probablement. J’ai l’oreille exercée. De trente à cinquante mètres nous séparaient. Et la nuit. Et l’ignorance d’être suivie.
De rares automobiles trouaient l’obscurité pour s’en aller, dormir, danser, rouler et rouler encore sur des routes rectilignes que gardent des platanes aux branches élaguées, leurs moignons dressés vers les cieux pour que, prière exaucée, dans un crissement rauque de pneus, elles viennent s’écraser contre leur tronc noueux.
J’ignorais tout d’elle et tout de ceux qui m’avaient contacté. Elle m’était une proie, l’animal qu’on traque, le gibier qu’on poursuit patiemment, qu’on étudie, avant même qu’il vous ait repéré.
Silhouette fine. Imperméable gris souris. Pas rapide. Une femme. Jeune. Et pressée.
La filature m’a toujours excité, autant vous l’avouer. Emotion grisante que de pister quelqu’un, à son insu ; émotion magnifiée quand elle a lieu dans l’obscurité ; émotion féline, émotion fauve qui vous prend au plexus tandis que le calme annonciateur de tempête, de cyclone, apaise votre respiration, aiguise vos sens et vos appétits. Vous devriez essayer. Même sans objet.
Elle allait bientôt s’engager dans la rue du Four, Ils ne s’étaient pas trompés. Je l’entendais respirer.
Ils, c’était peut-être un amant délaissé, un mari trompé, un admirateur éconduit, n’importe qui. Quelqu’un qui n’appréciait pas son parfum, sa façon de marcher ou de lui serrer la main. Quelqu’un qui avait quelque chose à lui reprocher. D’être née le même jour que lui, d’avoir écrasé sa femme ou son chien, d’avoir vendu de la drogue à son fils, de ne plus parvenir à le faire bander, est-ce que je sais ?
D’elle, j’avais maintenant une certaine et intime connaissance. Je pouvais la reconnaître, désormais, identifier son pas léger.
Elle s’est engagée dans la rue du Four. Un coup de feu a retenti. Gros calibre. Le bruit d’un corps qui s’affaisse, celui d’un homme qui court, d’une portière qui claque, d’une voiture qui démarre.
J’ai hésité. J’aurais voulu m’approcher d’elle, regarder si elle était belle. Peu m’importait qui et pourquoi on l’avait tuée, mais, depuis, je n’ai cessé de me demander de quelle couleur ses yeux étaient.
De rares automobiles trouaient l’obscurité pour s’en aller, dormir, danser, rouler et rouler encore sur des routes rectilignes que gardent des platanes aux branches élaguées, leurs moignons dressés vers les cieux pour que, prière exaucée, dans un crissement rauque de pneus, elles viennent s’écraser contre leur tronc noueux.
J’ignorais tout d’elle et tout de ceux qui m’avaient contacté. Elle m’était une proie, l’animal qu’on traque, le gibier qu’on poursuit patiemment, qu’on étudie, avant même qu’il vous ait repéré.
Silhouette fine. Imperméable gris souris. Pas rapide. Une femme. Jeune. Et pressée.
La filature m’a toujours excité, autant vous l’avouer. Emotion grisante que de pister quelqu’un, à son insu ; émotion magnifiée quand elle a lieu dans l’obscurité ; émotion féline, émotion fauve qui vous prend au plexus tandis que le calme annonciateur de tempête, de cyclone, apaise votre respiration, aiguise vos sens et vos appétits. Vous devriez essayer. Même sans objet.
Elle allait bientôt s’engager dans la rue du Four, Ils ne s’étaient pas trompés. Je l’entendais respirer.
Ils, c’était peut-être un amant délaissé, un mari trompé, un admirateur éconduit, n’importe qui. Quelqu’un qui n’appréciait pas son parfum, sa façon de marcher ou de lui serrer la main. Quelqu’un qui avait quelque chose à lui reprocher. D’être née le même jour que lui, d’avoir écrasé sa femme ou son chien, d’avoir vendu de la drogue à son fils, de ne plus parvenir à le faire bander, est-ce que je sais ?
D’elle, j’avais maintenant une certaine et intime connaissance. Je pouvais la reconnaître, désormais, identifier son pas léger.
Elle s’est engagée dans la rue du Four. Un coup de feu a retenti. Gros calibre. Le bruit d’un corps qui s’affaisse, celui d’un homme qui court, d’une portière qui claque, d’une voiture qui démarre.
J’ai hésité. J’aurais voulu m’approcher d’elle, regarder si elle était belle. Peu m’importait qui et pourquoi on l’avait tuée, mais, depuis, je n’ai cessé de me demander de quelle couleur ses yeux étaient.
mouss- Nombre de messages : 208
Age : 51
Date d'inscription : 27/11/2008
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
Biches, lapins loups, etc.
(Un homme passe, à moins qu’on ne l’imagine passant…)
A- Une biche ?
B- Une biche ou un lapin ?
A- Une biche.
B- Un lapin.
A- Je dirais plutôt une biche.
B- Un lapin.
A- A cause de la légèreté du pas. De l’œil humide… précautionneux. Une biche, c’est quoi l’adjectif qui colle à la biche ? (mouvements du cou, de la tête…)
Effarouchée. Défiante, quoi, toujours prête à fuir. Inquiète.
B- Et le lapin, alors ? Je dis le lapin, je pourrais dire le lièvre, note bien.
Ce côté bondissant. Suspicieux. Prudent. Prudent jusqu’au bout des dents. (Il mime le lapin).
A- Je me demande…
B- Oui ?
A- Je me demande…
B- Oui.
A- Si le lapin n’est pas le mâle de la biche.
B- Je me demande…
A- Oui ?
B- Je me demande si on ne serait pas déjà rencontrés, vous et moi ?
A- Vous et moi ?
B- Nous.
A- Ho là ! Attendez ! Pas si vite ! Je, d’accord. Vous, je vous l’accorde. On, pourquoi pas. Mais « nous » ! Vous allez un peu vite.
B- C’est toujours là que le bât blesse… Quand il s’agit de faire du nous… Reconnaître du moi dans l’autre, voire même, de l’autre dans le moi… Mais faire du nous avec du je et du vous… ça !
(Un homme passe, à moins qu’on ne l’imagine passant…)
B- Un loup ?
A- On en voit de plus en plus.
B- Ou un chacal ?
A- de ça aussi.
B- Oui.
A- Quand il y a des biches…
B- Il y a des loups.
A- Et quand il y a des loups.
B- Il y a des biches.
A- Parfois, je me demande même si les loups…
B- Ne sont pas les mâles des biches ?
A- Exactement !
(Un homme passe, à moins qu’on ne l’imagine passant…)
A- Une biche ?
B- Une biche ou un lapin ?
A- Une biche.
B- Un lapin.
A- Je dirais plutôt une biche.
B- Un lapin.
A- A cause de la légèreté du pas. De l’œil humide… précautionneux. Une biche, c’est quoi l’adjectif qui colle à la biche ? (mouvements du cou, de la tête…)
Effarouchée. Défiante, quoi, toujours prête à fuir. Inquiète.
B- Et le lapin, alors ? Je dis le lapin, je pourrais dire le lièvre, note bien.
Ce côté bondissant. Suspicieux. Prudent. Prudent jusqu’au bout des dents. (Il mime le lapin).
A- Je me demande…
B- Oui ?
A- Je me demande…
B- Oui.
A- Si le lapin n’est pas le mâle de la biche.
B- Je me demande…
A- Oui ?
B- Je me demande si on ne serait pas déjà rencontrés, vous et moi ?
A- Vous et moi ?
B- Nous.
A- Ho là ! Attendez ! Pas si vite ! Je, d’accord. Vous, je vous l’accorde. On, pourquoi pas. Mais « nous » ! Vous allez un peu vite.
B- C’est toujours là que le bât blesse… Quand il s’agit de faire du nous… Reconnaître du moi dans l’autre, voire même, de l’autre dans le moi… Mais faire du nous avec du je et du vous… ça !
(Un homme passe, à moins qu’on ne l’imagine passant…)
B- Un loup ?
A- On en voit de plus en plus.
B- Ou un chacal ?
A- de ça aussi.
B- Oui.
A- Quand il y a des biches…
B- Il y a des loups.
A- Et quand il y a des loups.
B- Il y a des biches.
A- Parfois, je me demande même si les loups…
B- Ne sont pas les mâles des biches ?
A- Exactement !
mouss- Nombre de messages : 208
Age : 51
Date d'inscription : 27/11/2008
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
Deux beaux textes, mouss ! J'ai beaucoup aimé (le dialogue, je l'imagine joué sur scène).
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
MoussC’est toujours là que le bât blesse… Quand il s’agit de faire du nous… Reconnaître du moi dans l’autre, voire même, de l’autre dans le moi… Mais faire du nous avec du je et du vous… ça ! !
Parfois, je me demande même si les loups…
B- Ne sont pas les mâles des biches ?
A- Exactement ![/i] Et ça oblige les loups...
Bien aimé ce texte. L'autre aussi, d'ailleurs.
Socque: splendide!
Particulièrement ceci:
Aime-moi goulûment, de ma moelle à ma peau !
Je ne sais pas où niche l'âme, l'Arlésienne.
À défaut, prends ce corps dont chaque fibre est tienne,
Donne-lui le repos.
Parfois, je me demande même si les loups…
B- Ne sont pas les mâles des biches ?
A- Exactement ![/i] Et ça oblige les loups...
Bien aimé ce texte. L'autre aussi, d'ailleurs.
Socque: splendide!
Particulièrement ceci:
Aime-moi goulûment, de ma moelle à ma peau !
Je ne sais pas où niche l'âme, l'Arlésienne.
À défaut, prends ce corps dont chaque fibre est tienne,
Donne-lui le repos.
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
Merci, socque- je vous voussoie - , c'est ma première tentative "théâtrale", je suis content qu'elle vous agrée.
mouss- Nombre de messages : 208
Age : 51
Date d'inscription : 27/11/2008
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
Coline, pas pigé: le gros point d'exclamation, là:
Quand il s’agit de faire du nous… Reconnaître du moi dans l’autre, voire même, de l’autre dans le moi… Mais faire du nous avec du je et du vous… ça ! !
Parfois, je me demande même si les loups…
B- Ne sont pas les mâles des biches ?
A- Exactement ![/i] Et ça oblige les loups...
Là non plus, je n'ai pas pigé. Les loups, ça les oblige à quoi, selon toi ?
Quand il s’agit de faire du nous… Reconnaître du moi dans l’autre, voire même, de l’autre dans le moi… Mais faire du nous avec du je et du vous… ça ! !
Parfois, je me demande même si les loups…
B- Ne sont pas les mâles des biches ?
A- Exactement ![/i] Et ça oblige les loups...
Là non plus, je n'ai pas pigé. Les loups, ça les oblige à quoi, selon toi ?
mouss- Nombre de messages : 208
Age : 51
Date d'inscription : 27/11/2008
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
Le point d'exclamation était une approbation enthousiaste.
Et ça ne les oblige pas à mais tout court.
Et ça ne les oblige pas à mais tout court.
Invité- Invité
Re: FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
Emporte-moi, wagon ! Enlève-moi, frégate !
Loin ! Loin ! Ici la boue est faite de nos pleurs !
Charles Baudelaire
Tu peux faire le tour du monde,
Enfourcher un avion bourré de kérosène,
Te gorger de visions et d'émotions lointaines :
La Terre sera toujours ronde.
L'étrangeté, une seconde,
T'envoûte. Incline-toi devant l'illusion reine
De l'immensité planétaire. Quelle antienne
Quand l'uniformité abonde !
La longitude va, la latitude vient...
Tu r'agites, tu cours, exalté comme un chien
Arpentant une arrière-cour
Et qui, apercevant sa queue,
Cherche en vain à la mordre. Que
N'aimes-tu simplement les beautés d'alentour !
Loin ! Loin ! Ici la boue est faite de nos pleurs !
Charles Baudelaire
Tu peux faire le tour du monde,
Enfourcher un avion bourré de kérosène,
Te gorger de visions et d'émotions lointaines :
La Terre sera toujours ronde.
L'étrangeté, une seconde,
T'envoûte. Incline-toi devant l'illusion reine
De l'immensité planétaire. Quelle antienne
Quand l'uniformité abonde !
La longitude va, la latitude vient...
Tu r'agites, tu cours, exalté comme un chien
Arpentant une arrière-cour
Et qui, apercevant sa queue,
Cherche en vain à la mordre. Que
N'aimes-tu simplement les beautés d'alentour !
Invité- Invité
Ah, les voyages...
Oui, haïr le voyage
L'agitation lointaine
Le tourisme pépère,
Le raid snobinardeux
Les croisières qui ne croisent
Rien si ce n'est l' ennui,
Les visites déjà faites de nobles mausolées
Qu'on imaginait plus grands, ou plus beaux ou plus…
Qui, photos, étaient mieux.
Oui, se garder de tout enthousiasme suspect
Pour un ailleurs situé,
Pour ces coutumes étranges qui font des exotismes,
Pour ces cultures inaperçues, mais quoi !
Pour ce qui va rentrer dans ce qu'on prévoyait
Pour tous les brimborions de rencontres avortées
Et ces amis instantanés qui sont solubles dans le retour…
Prendre son billet pour ici, visiter son plafond
Déchirer le rideau
Laver des yeux vieillis,
Et doucement, doucement
Te dessiner demain.
L'agitation lointaine
Le tourisme pépère,
Le raid snobinardeux
Les croisières qui ne croisent
Rien si ce n'est l' ennui,
Les visites déjà faites de nobles mausolées
Qu'on imaginait plus grands, ou plus beaux ou plus…
Qui, photos, étaient mieux.
Oui, se garder de tout enthousiasme suspect
Pour un ailleurs situé,
Pour ces coutumes étranges qui font des exotismes,
Pour ces cultures inaperçues, mais quoi !
Pour ce qui va rentrer dans ce qu'on prévoyait
Pour tous les brimborions de rencontres avortées
Et ces amis instantanés qui sont solubles dans le retour…
Prendre son billet pour ici, visiter son plafond
Déchirer le rideau
Laver des yeux vieillis,
Et doucement, doucement
Te dessiner demain.
Invité- Invité
Page 20 sur 25 • 1 ... 11 ... 19, 20, 21 ... 25
Sujets similaires
» FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts
» Pour les demandes à la Modération : modifications, catalogue VOS ÉCRITS, c'est ici !
» FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
» Celeron02 - Textes courts
» textes courts (et tristes) en écriture libre
» Pour les demandes à la Modération : modifications, catalogue VOS ÉCRITS, c'est ici !
» FRAGMENTS : le fil de vos textes courts
» Celeron02 - Textes courts
» textes courts (et tristes) en écriture libre
Page 20 sur 25
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum