Exo "Péchés capitaux" : Conversation féminine

Non mais attends, il me parle de blessures,
De vies d'avant, d'arriérés, de comptes bloqués,
Que veux-tu que je fasse ? Je lui susurre :
Donne-moi dix euros, hein, pour mon paquet,

Rien ! ce que je récolte ? Un taquet.
On roule en Peugeot deux cent trois, monsieur
Biche sur la Mégane des Reluquet
S'empiffrant de chocolats, « Délicieux ! »,

Je ne te le fais pas dire. « Les cieux,
Dans tout cela, tu les vois au moins, chérie ? »
La chose ? C'est un cochon prétentieux
Qui pense avoir le mètre étalon. J'en ris

Mais, quand je le vois, là, assis sans rien faire
A glander devant la télé, j'ai les nerfs.

Époustouflant
Tu endosses la toque élizabéthaine avec un chic fou.
C'est un sonnet et pourtant, ça se lit comme une prose extrêmement vivante.
Bon, je ne vais pas trop insister pour t'éviter de pécher par orgueil.

J'aime, c'est couillu vivant

Verve et maesrtia. Bravo !

maestria
Heureusement que je suis repassée par là !

Oulala ! Moi aussi j'aurais les nerfs avec un bonhomme pareil !
La forme, super. Comme quoi le sonnet peut faire feu de tout bois : foin du sempiternel romantisme.

Pussicat, je ne suis pas le genre à compter sur les doigts et je n'avais pas remarqué qu'il s'agissait d'hendécasyllabes
tout au plus avais-je été emballé par la nervosité du rythme
j'ajoute donc une petite louchée à mes compliments
respect

Moi j'ai relevé du dix, du onze, du douze pieds
Mais c'est pas mal du tout ça donne le sourire

version hendécasyllabique rectifiée

Non mais attends, il me parle de blessures,
De pleurs, de vies d'avant, de comptes bloqués,
Que veux-tu que je fasse ? Je lui susurre :
Donne-moi dix euros, hein, pour mon paquet,

Et sais-tu ce que je récolte ? Un taquet ! ou "Sais ce que je récolte ? Un taquet !"
On roule en Peugeot deux cent trois, monsieur
Biche sur la Mégane des Reluquet
S'empiffrant de chocolats, « Délicieux ! »,

Je ne te le fais pas dire. « Les cieux,
Dans tout cela, tu les vois au moins, chérie ? »
La chose ? C'est un cochon prétentieux
Qui pense avoir le mètre étalon. J'en ris

Mais, quand je le vois, là, assis sans rien faire
A glander devant la télé, j'ai les nerfs.

Poussicat, puisque tu tiens à ce qu'il ne soit pas du tout boiteux, je vois encore un petit chouia à corriger, me semble-t-il.
Sais-/tu/ ce/ que/ je/ ré/col/te?/ Un/ ta/quet! Tu ne peux pas faire la liaison entre récolte et un à cause du point d'interrogation. Donc tu dois mettre Sais-tu.
Le vers suivant n'a que 10 syllabes:
On/ rou/le en/ Peu/geot/ deux/ cent/ trois/, mon/sieur
Pour obtenir un hendécasyllabe je suggère
Nous/ rou/lons/ en/ Peu/geot/ deux/ cent/ trois/, mon/sieur
Quant à ces rimes en ieux, pour avoir le compte, il faut faire la diérèse:
déli/cieux, ci/eux, préten/tieux
Je ne sais si tu aimes prononcer ces mots de cette façon, moi je trouve ça un peu suranné.
Quoi qu'il en soit, j'avais eu du plaisir à lire ton poème, avant tous ces tripatouillages,
mais c'est sûr que, rafistolé, il sera encore mieux.

Pardon, je me suis trompée en indiquant les diérèses:
délici/eux, ci/eux, prétenti/eux

version hendécasyllabique définitive

Non mais attends, il me parle de blessures,
De pleurs, de vies d'avant, de comptes bloqués,
Que veux-tu que je fasse ? Je lui susurre :
Donne-moi dix euros, hein, pour mon paquet,

Sais-tu ce que je récolte ? Un taquet !
On roule en Peugeot deux cent trois, monsieur
Biche sur la Mégane des Reluquet
S'empiffrant de chocolats, « Délicieux ! »,

Je ne te le fais pas dire. « Les cieux,
Dans tout cela, tu les vois au moins, chérie ? »
La chose ? C'est un cochon prétentieux
Qui pense avoir le mètre étalon. J'en ris

Mais, quand je le vois, là, assis sans rien faire
A glander devant la télé, j'ai les nerfs.

En tout cas c'est curieux : tout en t'imposant une forme assez carrée machinbique, tu as débridé ton propos et c'est assez fameux.

J'apprécie ce contraste entre la forme et la chose
et j'ai bien souri

Je suis super fière de mon boulot sur cet exercice difficile à transformer en poésie, non je ne suis pas orgueilleuse Yes !
Alors merci Tizef (encore) et Legone pour son satisfecit couillu sincère, embellie, Iris, Rebecca et Janis aussi pour avoir saisi le défi que j'ai tenté de relever entre une forme corsetée (un sonnet élisabéthain impair, à onze syllabes) et un vocabulaire enlevé, léger, de tous les jours.

Défi bien relevé. Et oui, cent fois sur le métier...

Ô poétesse castratrice débordante de verve! Le mélange entre ce niveau de langue familier et la forme élisabéthaine donne un résultat curieux mais qui vaut le détour!